CAS CLINIQUE 3
elauréat Grand Prix 2016
Adénose microglandulaire
• Phénotype basal • Pré- disposition génétique • Incidentalome.
Microglandular adenosis • Basal phenotype • Genetic predisposition • Incidentaloma.
Phénotype basal
pour une lésion peu banale
Basal phenotype for an unusual lesion
C. Franchet 1 , C.N. Ong 2 , E. Jouve 3 , F. Dalenc 4 , M. Lacroix-Triki 1
1 Anatomie et cytologie pathologiques, Institut universitaire du cancer Toulouse-Oncopole.
2 Imagerie, Institut universitaire du cancer Toulouse-Oncopole.
3 Chirurgie, Institut universitaire du cancer Toulouse-Oncopole.
4 Oncologie médicale, Institut universitaire du cancer Toulouse-Oncopole.
U
ne lésion trompeuse pour le radiologue et le pathologiste, dont la connaissance permet d’évoquer une prédisposition génétique au cancer.Examen
Une femme, âgée de 48 ans, était atteinte d’un carcinome infiltrant du sein gauche mesurant 38 mm, de grade III de Elston et Ellis et triple-négatif. Cliniquement, les aires ganglionnaires étaient libres et la palpation du sein droit, sans anomalie. En vue d’une chirurgie conservatrice, une chimiothérapie néo-adjuvante a été proposée. L’IRM pré- thérapeutique mettait en évidence, outre la tumeur du sein gauche, une lésion du sein droit caractérisée par un rehaussement de type non masse, de 28 mm de diamètre, mal limité, avec prise de contraste intense (figure 1A, p. 34). Cette lésion du sein droit n’était retrouvée ni en échographie ni en mammographie, et était classée ACR2.
Après chimiothérapie, l’IRM montrait du côté gauche une réponse partielle de bonne qualité, et du côté droit une persistance de la lésion initiale avec désormais un léger hypersignal T2 par rapport au tissu fibroglandulaire. La lésion avait des contours spiculés et le rehaussement était intense, précoce avec lavage. Elle ne mesurait alors que 16 mm de diamètre (figure 1B, p. 34), invitant à la classer ACR5. À nouveau, la mammographie et l’échographie ne permettaient pas de visualiser cette lésion. Une exérèse chirurgicale diagnostique a été réalisée.
Microscopiquement, il s’agissait d’une prolifération de petites structures tubulo glandulaires dispersées entre les lobules adipeux et les structures glandulaires normales (figures 2A et 2B, p. 34). Les glandes étaient bordées de cellules cubiques sans atypie ni mitose. L’absence de cellule myo-épithéliale était confirmée par la négativité de l’immunomarquage anti- p63 (figure 2C, p. 34). L’étude immunohistochimique montrait une positivité intense de la protéine S100 (figure 2D, p. 34) et une négativité des récepteurs hormonaux et de HER2. Le diagnostic d’adénose microglandulaire a été retenu et une consultation d’oncogénétique, proposée.
Discussion
L’adénose microglandulaire est une lésion bénigne rare. Elle est rarement palpable et souvent de découverte fortuite sous forme d’une masse mal définie parfois spiculée, pouvant s’accompagner de microcalcifications (1). Histologiquement, elle peut être prise à tort pour un carcinome tubuleux compte tenu de l’aspect infiltrant et de l’absence de cellule myo-épithéliale. L’absence de stroma réaction, l’immunophénotype triple-négatif et l’expression de la protéine S100 corrigent le diagnostic.
Bien que bénigne, l’adénose microglandulaire est une lésion précancéreuse. Elle serait un précurseur de carcinomes mammaires triple-négatifs (2). La présence de lésions triple-négatives bilatérales doit faire évoquer une prédisposition génétique et rechercher une mutation germinale de BRCA1.
L’adénose microglandulaire est une lésion bénigne rare qui ne doit pas être prise à tort pour une tumeur maligne. Elle fait partie du spectre des lésions triple-négatives de phénotype basal.
1. Sabaté JM, Gómez A, Torrubia S et al. Microglandular adenosis of the breast in a BRCA1 mutation carrier: radio- logical features. Eur Radiology 2002;12(6):1479-82.
2. Geyer FC, Lacroix-Triki M, Colombo PE et al. Mole-
cular evidence in support of the neoplastic and precursor nature of microglandular adenosis. Histopathology 2012;60(6B):E115-30.
Références bibliographiques
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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La Lettre du Sénologue • N° 71 - janvier-février-mars 2016 | 33
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1A
Légendes
Figure 1. IRM mammaire droite en séquence T1 avec injection de produit de contraste, avant (A) et après chimiothérapie néo-adjuvante (B).
Figure 2. Aspects microscopiques de la lésion mammaire droite en coloration standard (A et B) et en immunohistochimie à l’aide des anticorps anti-p63 (C) et antiprotéine S100 (D).
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1B
2A
2C
2B
2D
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