Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VII - n° 3 - juillet-août-septembre 2016 158
CAS CLINIQUE
3
elauréat Grand Prix 2016
Cancer de la prostate • Méta- stase • Immunothérapie • CTLA-4 • Réponse complète.
Prostate cancer • Metastasis • Immunotherapy • CTLA-4 • Complete response.
Le cancer de la prostate
métastatique se guérit aussi !
Metastatic prostate cancer can be cured too!
P. Lavaud, L. Albigès, Y. Loriot
(Département de médecine oncologique et Inserm U981, institut Gustave-Roussy, université Paris-Sud, Villejuif)
L
es inhibiteurs des points de contrôle immunitaire, comme les anticorps monoclonaux anti-CTLA-4 (anti-cytotoxic T-lymphocyte-associated antigen 4) et les anticorps monoclonaux anti-PD-1 (anti-programmed death-1) sont maintenant largement utilisés en pratique courante pour la prise en charge de patients atteints d’un mélanome ou d’un cancer du poumon, et le seront bientôt dans le cancer du rein. Dans le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration, un essai de phase III n’a pas permis de montrer un avantage en termes de survie globale de la combinaison d’un anticorps anti-CTLA-4 et d’une irradiation des métastases par rapport à l’irradiation seule (1).Cependant, plusieurs patients ont bénéficié d’un contrôle durable de leur maladie avec la combinaison. Nous avons pu observer une réponse exceptionnelle chez l’un de ces patients.
Observation
Il s’agit d’un patient âgé de 49 ans suivi pour un cancer de la prostate d’emblée métastatique au niveau ganglionnaire et osseux. Le PSA initial était de 225 ng/ ml. Les biopsies de la prostate avaient montré un adénocarcinome de score de Gleason 8 (4 + 4).
Un blocage androgénique complet avait été commencé et avait permis l’obtention d’une réponse biologique. Dix mois plus tard, une progression biologique et radiologique était observée. Une chimiothérapie par taxane a alors été réalisée, et la maladie est restée stable pendant 9 mois. Mais, rapidement, des douleurs osseuses ont mis en évidence une progression rachidienne.
Après une séance d’irradiation unique sur le rachis lombaire, le patient a ensuite commencé un traitement par un anticorps anti-CTLA-4 (4 injections toutes les 3 semaines). Trois semaines après la première injection, le patient était de nouveau en excellent état général.
Le PSA, mesuré à 120 ng/ml avant la première injection, était devenu indétectable. Le scanner et la scintigraphie réalisés à 6 semaines ne retrouvaient aucune métastase (figure 1). Les injections ont été poursuivies tous les 3 mois pendant 4 ans. Revu 12 mois après l’arrêt de l’immunothérapie, le patient ne présentait aucun signe de récidive clinique, biologique ou radiologique, ce qui suggère une possible guérison de son cancer de la prostate métastatique.
D’un point de vue histologique, l’examen de la laminectomie a mis en évidence de rares foyers de cellules tumorales associés à des lésions inflammatoires. L’analyse des biopsies prostatiques a mis en évidence une importante infiltration lymphocytaire CD3+ CD8+ associée à la présence de lymphocytes Treg FOXP3+ (figure 2). L’inhibition des lymphocytes Treg par l’anticorps anti-CTLA-4, potentiellement associée à une augmentation du nombre de néo-antigènes tumoraux induite par la radiothérapie, pourrait expliquer l’obtention de la réponse complète et durable chez ce patient.
Discussion
Comme dans d’autres cancers, l’immunothérapie à base d’inhibiteurs de points de contrôle immunitaire pourrait permettre d’obtenir des réponses extrêmement durables. Il reste à déterminer les points de contrôle les plus importants dans le cancer de la prostate et, surtout, les moyens d’identifier les patients les plus sensibles à ces thérapies. II
Légendes
Figure 1. Réponse complète sous anticorps anti-CTLA-4.
Figure 2. Infiltrat immunitaire au sein des biopsies de la prostate.
1. Kwon ED, Drake CG, Scher HI et al. Ipilimumab versus placebo after radiotherapy in patients with metastatic castration-resistant prostate cancer that had progressed after docetaxel chemotherapy (CA184-043): a multi- centre, randomised, double-blind, phase 3 trial. Lancet Oncol 2014;15:700-12.
Référence bibliographique
P. Lavaud déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.
Les autres auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.
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