Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2016
184 Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2016
184
CAS CLINIQUE
1
erlauréat Grand Prix 2016
Cancer du sein • HER2 • Poly- ploïdisation • Néoadjuvant • Hormonothérapie.
Breast cancer • HER2 • Poly- ploidization • Neoadjuvant • Endocrine therapy.
Cancer du sein HER2 équivoque par polyploïdisation après
hormonothérapie néo-adjuvante
Breast cancer with equivocal HER2 status due to polyploidization after neoadjuvant
endocrine therapy
A. Maran-Gonzalez*, P. Roger**, H. Frugier*, F. Bibeau*, P. Rouanet*, S. Guiu*
* Institut régional du cancer de Montpellier (ICM).
** CHU de Nîmes.
Observation
Mme A, âgée de 72 ans, a présenté un carcinome invasif du sein gauche, de type non spécifi que (NST), de grade de Scarff, Bloom et Richardson (SBR) II (3 + 2 + 2), avec 90 % de récepteurs estrogéniques (RE) et 2 % de récepteurs à la progestérone (RP), HER2 2+, non amplifi é en chromogenic in situ hybridization (CISH) [3 copies/noyau], classé cT2N2a. Une chirurgie conservatrice d’emblée n’étant pas réalisable, au vu de l’âge de la patiente et de l’hormonodépendance de la tumeur, une hormonothérapie néo-ad- juvante par inhibiteur de l’aromatase a été instaurée. Après 4 mois de traitement, une tumorectomie et un curage axillaire gauches ont pu être réalisés : persistait un carcinome invasif NST de 23 mm, RE+, RP–, HER2 2+, équivoque en CISH (4,68 copies/noyau, rapport HER2/C17 = 0,78) [fi gure 1] , avec 2 micrométastases ganglionnaires (2N+/9) [ypT2ypN1mi, classifi cation de Sataloff T-C/N-D, de grade 3 de la classifi cation de Chevallier et Residual Cancer Burden (RCB) de classe II = 3,125]. Morphologiquement, on notait la présence de cellules à noyaux volumineux non retrouvés sur la microbiopsie avant le traitement (fi gure 2) . Une fl uorescent in situ hybridization (FISH) HER2/C17 de contrôle confi rmait le résultat de la CISH (fi gure 3) . D’autres hybridations in situ (HIS) ont alors été réalisées (gènes MDM2 sur le chromosome 12, MET sur le chromosome 7, EWSR1 sur le chromosome 22 et c-Myc sur le chromosome 8) [fi gures 4 et 5], dont les résultats, comparables à ceux de l’HIS d’HER2, étaient donc en faveur d’une probable polyploïdisation. Il n’a donc pas été retenu, en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), de traitement anti-HER2 adjuvant. La patiente a bénéfi cié d’une chimiothérapie adjuvante, d’une radiothérapie locorégionale et de la poursuite de l’hormonothérapie.
Après un suivi de 22 mois, son cancer du sein n’évolue pas.
Discussion
Le statut HER2 d’un cancer du sein peut évoluer au cours du temps (dans 8 à 10 % des cas) [1], ce qui peut avoir un effet sur le traitement. Il doit donc être évalué à chaque étape de la prise en charge. Une modifi cation du statut HER2 peut être liée à la chimio- thérapie administrée. Il a été décrit, après une chimiothérapie néo-adjuvante par taxanes chez des patientes HER2−, une augmentation du nombre de copies d’HER2 par poly- ploïdisation, et non par réelle amplifi cation (2) . La polyploïdie est une multiplication de l’ensemble des chromosomes tumoraux, et non uniquement du chromosome 17 porteur du gène HER2, pouvant faire porter à tort le diagnostic de tumeur HER2 surexprimée ou amplifi ée, si l’on s’arrête aux résultats des études en immunohistochimie (IHC) ou d’HIS HER2 monosonde. Une analyse complémentaire de gènes situés sur d’autres chromosomes est nécessaire.
Conclusion
Nous décrivons ici pour la première fois ce phénomène de polyploïdisation après trai- tement néo-adjuvant par inhibiteur d’aromatase. Les pathologistes et les cliniciens doivent connaître ce phénomène et rester prudents en cas d’apparition d’un statut HER2 équivoque ou “positif”, quand la patiente a reçu un traitement systémique préalable en situation néo-adjuvante ou métastatique, notamment devant la présence de cellules à noyaux très volumineux, dispersées.
Légendes
Figure 1. CISH d’HER2 et CISH du chromo- some 17 : les noyaux volumineux renferment de multiples spots (> 6 par noyau) du gène HER2 (A) [fl èches] et du centromère du chro- mosome 17 (B) . Les petits noyaux en renfer- ment moins de 4.
Figure 2. HES. A. Biopsie (tumeur avant traitement) : cellules monomorphes. B. Pièce opératoire (tumeur après hormonothérapie) : cellules dispersées à noyaux très volumineux (fl èches), au sein d’une population de cellules monomorphes.
Figure 3. FISH d’HER2 et du chromosome 17 : confi rmation des résultats de la CISH.
Figure 4. CISH du chromosome 12 : aspects comparables à ceux de l’HIS d’HER2 . Figure 5. FISH de MDM2 (A) , de MET (B) , d’ EWSR (C) et de c-Myc (D) .
Références
1. Penault-Llorca F, Coudry RA, Hanna WM, Osamura RY,
Rüschoff J, Viale G. Experts’ opinion: Recommendations for retesting breast cancer metastases for HER2 and hormone receptor status. Breast 2013;22(2):200-2.
2. Valent A, Penault-Llorca F, Cayre A, Kroemer G. Change
in HER2 (ERBB2) gene status after taxane-based chemo- therapy for breast cancer: polyploidization can lead to diagnostic pitfalls with potential impact for clinical mana- gement.Cancer Genet 2013;206(1-2):37-41.
A. Maran-Gonzalez, P. Roger, H. Frugier, F. Bibeau et S. Guiu déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
P. Rouanet n’a pas précisé ses éventuels liens d’intérêts.
0184_COO 184 19/12/2016 10:24:51
Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2016 185
Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2016 185
A
B
1
3
A B
C D
5
A B
2
4
0185_COO 185 19/12/2016 10:24:52