R E C H E R C H E S S U R L A Z O N E A R I D E
R E C H E R C H E S . S U R L A Z O N E A R I D E - X
C L I M A T O L O G I E
C O M P T E R E N D U D E R E C H E R C H E S
D a n s cette collecLion :
1.
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
H u m a n and Animal Ecology, Reviews of Research /.@cologie humaine et animale, compte rendu de recherches.IX.
X.
XI.
Depuis 1955, les c o m p t e s rendus d e recherches sont publiés SOUS couverture jaune, les actes des colloques sous couverture grise.
Compte rendu des recherches relatives ù l’hydrologie de la zone aride.
Actes du colloque d’Ankara sur l’hydrologie de la zone aride.
Directory of Institutions Engaged in Arid Zone Research (en anglais seulement).
Utilisation des eaux salines, compte rendu de recherches.
Plant Ecology, Proceedings of the Montpellier Symposium /Écologie végétale, actes du colloque de Montpellier.
Plant Ecology, Reviews
of
Research /Écologie végétale, compte rendu de recherches.W i n d and Solar Energy, Proceedings of the New Delhi Symposium/.@nergie solaire et éolienne, actes du colloque de New Delhi/
Energfa solar y eblica. Actas del coloquio celebrado en Nueva Delhi.
Guide des travaux de recherches sur la mise en valeur des régions arides.
Climatologie, compte rendu de recherches.
Climatologie et microclimatologie, actes du colloque de Canberra.
C L 1 MAT O L O G 1 E
Compte rendu de recherches
..
U N E S C O
Publié CI$ 1958 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science e t la culture, 19, avenue Kléber, Paris-16e
Imprimé par Firrnin-Didot et Cie, Le Mesnil (Eure)
0 Unesco 19511 NS. 57 III. ilp
A V A N T - P R O P O S
E Programme de la zone aride, que l’Unesco a mis sur pied en 1951, comporte deux objectifs essen-
L
tiels: d’une part centraliser et difluser les résultats des recherches sur les problèmes que posent les terres arides;
d’autre part, concourir directementà
des travaux relevant d’un plan de recherches coordonnées.E n
ce qui concerne le premierobjecti5
le Comité consul- tatif de recherches sur la zone aride, qui dirige l’exécution du programme, s’est prononcé en faveur d’une méthode consistantà
établir des rapports sur l’état des recherches dans tel ou tel domaine età
organiser des colloques. Norma- lement, les rapports sont consacrés aux différents aspects de la question qui fait l’objet d’un de ces colloques et servent de documents de travail pour ce dernier. C’est ainsi que le colloque sur l’hydrologie, qui s’est tenu à Ankara en 1952, le colloque sur l’écologie végétale, qui s’est tenuà
Mont- pellier en 1953, et le colloque sur l’énergie éolienne etsolaire, p i s’est tenu à N e w
Delhi
en 1954, ont chacun donn6 lieu, au préalable,à
l’établissement d’une série de rapports de ce genre.E n
août 1955, le gouvernement australien a invité le Directeur général de l’Unescoà
organiser à Canberra, en automne 1956, u n colloque sur la climatologie et plus particulièrement la microclimatologie de la zone aride.Lors
de sa dixième session, en novembre 1955, le Cornit6consultatif s’est félicité que le Directeur général eût accepté cette invitation et a dressé le programme des séances tech- niques du colloque en question; elles devaient être au nombre de huit et porter respectivement sur les sujets suivynts :
1. Evaporation et bilan hydrique.
2. Rayonnement et bilan thermique.
3. Interaction des facteurs climatiques et de la $ore.
4. Interaction des facteurs climatiques et de la faune.
5.
Le
microclimat de l’homme et des animaux domestiques : a) le vêtement; b)
le logement.6. Modification du microclimat.
7. Salure et chimie de l’eau de pluie.
8. Orientation
à
donner aux observations climatologiquesDes
spécialistes avaient été chargés de faire le point de chacune de ces questions et ce sont leurs rapports qui forment la matière du présent volume. E n les offrant ainsi à tous ceux qu’intéressent les problèmes des terres arides, l’Unesco tientà
exprimer sa vive gratitude aux auteurs.Elle
remercie particulièrement l’Organisation météorolo- gique mondiale, qui a bien voulu confier àM.
Gilead, membre de son comité de la zone aride, le rapport sur l’orientaiion à donner aux observations climatologiques dans les régions arides.dans les régions arides.
T A B L E D E S M A T I E R E S
haporationet bilan hydrique. par
E.L.
Deacon.C . H . B .
Priestley etW . C .
Swinbank. .
Les facteurs climatiques dans l’écologie animale de la zone aride. par
F . S .
Bodenheirner Rayonnement et bilan thermique parA . J .
Drummond . . . . Climat et végétation. parA .
Vernet. . . . . . . . . . . . .
L a modification des microclimats. par
E . M .
Fournierd’Albe
Proprioclimats de l’homme et des animaux domestiques. par
D . H . K . Lee
. . . .. . . . . . .
L e climat chimique et les sols salins dans la zone aride. par
E . Eriksson . . .
L’observation climatologique dans les régions arides. par
M .
Gilead etN .
RosenanIndex . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . .
. . .
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. . .
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. . .
. .
. . .
9
40
63
84
111
140
163
199
209 ~É V A P O R A T I O N E T B I L A N H Y D R I Q U E
Par
Division de physique météorologique de la C. S. 1. R. O.
Melbourne (Australie)
E. L. DEACON, C. H. B. PRIESTLEY
etW. C. S W I N B A N K
I N T R O D U C T I O N
PûRTGE D E LA PRÉSENTE ÉTUDE
Passer en revue les aspects essentiels
du
problème de l’évaporation etdu
bilan hydrique, en s’attachant parti- culierementà
ceux qui intéressent à la fois la climato- logie et la zone aride, n e va pas sans souleverun
certain nombre de questionsqui
tiennent précisément à la dualité de ce propos.En
effet, le bilan hydrique des régions arides est, par définition, déficitaire : mais n’envisager ce bilan que dans le cas où il est déficitaire conduirait inévitablement à négliger des points essen- tiels et à laisser de côté d’importants travaux qui, bien qu’effectués dans des régions plus favorisées, ne sau- raient être passés sous silence si l’on veut envisager la question sous son vrai jour. L a présente étude ne pouvait donc être conçue uniquement en fonction de la zone aride, et c’est pourquoiil
n’y sera question de celle-ci que secondairement.Dès l’abord,
il
convient de mentionner leCompte
rendu des recherches egectuées sur l’hydroloçie de lu zone uride [Ill que l’Unesco a publié à l’occasiond’un
colloque anté- rieur.A
bien des égards, ce volume constitue déjà une étude d’ensembledu
bilan hyhique de la zone aride.Toutefois, la question
y
est envisagée sous l’angle régio- nal et les articles sont pour la plupart de caractère descriptif : aussi nous attacherons-nous ici aux aspects scientifiques fondamentaux du problème, en insistant sur ceux qui demeurent obscurs non seulement faute de données, mais pour des raisons d’ordre scientifique. Ces problèmes étant partoutles
mêmes, les considérations d’ordre géographique n’auront que peu de place dans le présent exposé.L a frontière entre l’hydrologie et la climatologie n’est pas facile à tracer, mais en l’occurrence c’est ce qui se passe dans l’air, plutôt que ce qui se passe dans le sol,
qui
doit manifestement nous occuper.Pour
envisager le problème dans son ensemble,il
nous faudra revenir sur les phénomènes de précipitation (pluie, neige et rosée), d’interception, d‘évaporation, de ruissellement, d’em- magasinement, de percolation et de propagation souter- raine de l’eau, bienqu’il n’y
ait guère, et parfois rien, à ajouter au compte rendu de1953.
N o u s examinerons brièvement quelques-uns de ces faits dans la présente introduction, réservant les sections suivantesà
deux autres phénomènes, celui de l’évaporation et celui de la rosée,qui
n’occupaient que peu de place dans le précé- dent travail etqui
posent cependant certains problèmes scientifiques desplus
ardus,du
fait notamment qu’on ne dispose pas actuellement de techniques de mesure réelle- m e n t satisfaisantes.D u
point de vue régional ou compa- ratif, ces phénomènes ne devraient pas soulever beau- coup de difficultés dès lors que les aspects fondamentaux en auront été élucidés; toutefois, à proposdu
bilan a u double échelon planétaire et régional, nous mettrons l’accent sur les principes et les techniques qui permettent d’établir un bilan régionalà
partir de données purement aérologiques, car c’est là un domaine relativement neuf dontil
n’a encore été question dans aucune des études antérieures.PLUIE ET NEIGE
Les pluviomètre8 ordinaires et les pluviomètres enre- gistreurs de quantité et d’intensité sont généralement considérés c o m m e des instruments de mesure d’une 1. Les numeros entre crochets renvoient à la bibliographie, en fin
d’article.
9
Climatologie, c o m p t e rertdu de recherches
précision suffisante et la détermination de la pluviosité ne présente guère que des difficultés d’ordre matériel tenant aux conditions d’accès et
de
prélèvement, notam- ment lorsqu’un relief montagneux ou la présencede
forêts est
à
l’origine de fortes irrégularités locales. Dans le cas des continents,il
est cependant possible de repré- senter sur une carte la répartition d’ensemble des pluies avec une exactitude satisfaisante;à
ce sujet, nous renvoyons aux cartes insérées dans le Compte rendu des recherches effectuées sur l’hydrologie de la zone uride[Il
et à celles que publient les services nationaux de météo- rolo gie
.
D a n s la zone aride’la pluviosité est faible et
son
régime généralement irrégulier. Plutôt que l’éloignementde
toute masse d’eau, la cause principale en est certaine- ment que, dans l’ensemble, l’air
y
est animé d’un m o u - vement descendant et que de ce fait l’humidité est réduite; on peut d’ailleurs constater[14]
que presque toutes les régions arides sont situées soit dans la zone de hautes pressions comprise entre les18e
et35e
degrés de latitude, soit exactement sous le vent de grandes chaînes de montagnes. Depuis quelques années,de
nombreux travaux ont été consacrés aux phénomènes physiques de la
pluie
et aux méthodesqui
permettraient éventuellement de provoquer celle-ci. Ces questions ont fait l’objet d’autres conférences internationales, et nous renvoyons le lecteur aux études d’ensemble publiéesà
leur sujet[Z, 5,
91.Le
succès de telles méthodes dépend de la présencede
courants ascendants et de nuages;aussi, quelques résultats que 1’011 puisse en attendre,
il
est peu probable qu’elles réussissentà
modifier fonda- mentalement le caractère des régions arides. D a n s ce domaine, le problème le plus urgent n’est pas tant de pénétrer le mécanisme de la précipitation que d‘en étudier les effets;il
s’agit essentiellement de phénomènes d’évaporation et de percolation.D a n s les régions les plus arides, les difficultés d’accès et l’irrégularité des pluies font que les cartes de la pluviosité moyenne sont sujettes
à
caution et, à certains égards, trompeuses. Bagnold[3]
a soutenu que le nombre d’années ou de fractions d’annéequi
s’écoulent entre deux orages constituerait un meilleur indicedu
régime des pluies dans de telles régions.Les chutes de neige posent des problèmes de prélève- ment et de mesure
[?., 11,131,
mais la question n’a qu’une importance mineure pour la plupart des régions arides.Linsley
[12]
apublié
une utile bibliographie des ouvrages parus en Amériquedu
Nord sur ce sujet.INTERCEPTION
:LE ROLE DES F O R ~ T S
L e problème de l’interception de la pluie par les diEércnts types d’arbre est à l’étude depuis plus
de
cinquante ans[4¶ 81.
L a quantité de pluie qui parvient au sol dans lesforêts varie considérablement
‘d’un
endroità
un autre161;
la déperdition nette est en moyennede
l’ordrede 15 %
et peut aller jusqu’à4LO y0
en certains points[IO].
En
revanche, les gouttelettesqui
constituent le brouil- lard et les nuages tendentà
se déposer sur les obstacles età
s’écoulervers
le sol, auquel elles apportent une quantité supplémentaire d’eau parfois supérieureà
celle qu’il reçoit sous forme de pluie[16].
Les arbres contri- buent indirectementà
entretenir l’humiditédu
sol en maintenant celui-ci poreux. Tous ces facteurs sont liésà
la densité de la forêt, dont le rôle dans le maintien de l’équilibrehydrique
est par suite des plus complexes.Des études précises de ces phénomènes peuvent et doi- vent être entreprises localement; mais on peut tout au plus en généraliser les résultats qualitatifs et non les résultats quantitatifs
qu’il
serait hasardeuxde
trans- poser.INFILTRATION, PERCOLATION ET RUISSELLEMENT
Nous ne pouvons dire ici que quelques mots de ces trois problèmes, qui sont liés.
Il
s’agitde
phénomènes d’ordre essentiellement hydrologique et géologique et nous renvoyons le lecteur aux manuels classiques de ces disciplines [voir par exemple,151.
Leur influence clima- tologique directe, c’est-à-dire abstraction faite de leur rôle dans l’évaporation, est négligeable, encore que l’on ne puisse se servir des indices combinés précipitation- évaporation(voir
plus loin) sans apporter les corrections voulues a upremier
terme.Le
taux d’infiltration dépendde
la nature et de la pentedu
terrain, du type etde
l’étatdu
sol ainsi que de la pluviosité tant au m o m e n t considéré qu’antérieure- ment.Un
terrain sec absorbe entièrement des pluies modérées, mais dans le cas de très fortes pluies d’orage le iaux d’absorption devient très faible au boutd’un
certain temps,qui
peut varier dedix à
soixante minutes;
on a cependant signalé que des terrains boisés peuvent absorber jusqu’à1270
mm de pluie par semaine si les précipitations sont uniformément réparties dans le temps[17]. On
doit à Sherman et Musgrave[15]
une bonne étude durôle des divers facteurs.L a percolation résulte d’une infiltration prolongée, soit que l’eau s’en aille alimenter des rivières o u des nappes souterraines, soit qu’elle s’accumule
à de
faibles profondeurs. Dans une région désertique, ce dernier phénomène se manifeste souvent par la présence d’étroi- tes bandes de végétation le longdes
axes de drainage[3].
Pour l’ensemble des régions entièrement situées dans la zone aride, le ruissellement net est faible et peut m ê m e devenir négatif quand une forte proportion de l’eau provient de bassins versants n’appartenant pas
à
la région considérée.Le
débit des cours d’eau peut être mesuré de manière satisfaisante mais, c o m m e dans le casde
la pluviosité, on se trouve alorsen
présencede
Évaporation et bilan hydrique dues
de
plaines, c o m m e c’est le cas dans la région cen- tralede
l’Australie. L a seule solution consiste alorsà
survoler la zone inondée, mais on ne peut procéderrp’à
de grossières évaluations.difficultés qui sont essentiellement d’ordre matériel, notamment pour se rendre sur place. Cette mesure n’est cependant plus aussi aisée lorsque les cours d’eau débordent régulièrement et inondent d’immenses éten-
L E S P H Z N O M E N E S P H Y S I Q U E S D E L ’ E V A P O R A T I O N
INTRODUCTION
Sur des surfaces naturelles, par exemple un plan d’eau libre, un sol nu ou un tapis végétal, l’évaporation repré- sente un processus de diffusion, au cours duquel l’eau passe
de
la surface considéréeà
I’atmosphere, sous forme de vapeur. C e passage d’unmilieu à
un autre est en partie un phénomène de turbulence et en partie un phénomène moléculaire, mais le premier élément pré- domine, sauf SOUS certaines conditions, dans une couche très mince a u contact de la surface d’évaporation.On
distingue souvent entre le passage direct
de
la vapeurdu
sol oudu
plan d’eauà
l’air et le transfertdû
à la transpiration des végétaux, mais nous nous proposons d’éviter ici cette distinction et d’appliquerà
l’ensembledu
phénomène, Telle qu’en soit la forme, le terme général d’évaporation.L a vapeur d’eau a pour origine une masse d’eau liquide
qui
peut se trouver soit en contact direct avec l’air c o m m e dans le cas d‘un plan d‘eau libre, d’un tapis végétal ou d’un sol humide nu, soità
quelque distancede
la surface c o m m e dans le cas d’un sol partiellement desséché. Dans l’un et l’autre cas, nous sommes amenésà
considérer les deux conditions physiques nécessaires pour que se produise le phénomène de l’évaporation:
d’une part la présence d’une source de chaleur suscep- tiblede
provoquer la vaporisation de l’eauliquide,
etqni
proviendra soit de l’énergie solaire, soitd’un
courant d’air balayant la surface d’évaporation, soit de la surface considérée elle-même; un corps ne peut se diffuser que si sa concentration présente un certain gradient. Aussi, l’évaporation n e peut-elle se produire que lorsque la concentration de vapeurà
la surface d’évaporation est plus forte que dans l’air ambiant.Il
en résulte nécessai- rement un transfert et la chaleur latente indispensableà
la vaporisation sera empruntéeà
la sourcequi
peut le plus aisémentla
céder.L a première de ces considérations est
B
la base de la méthode d’étude de l’évaporation dite méthodedu
((bilan énergétique
»,
et la secondeà
celle de la méthode aérodynamique(sink-strength) ;
c’est cet ordre que nous suivrons au coursdu
présent exposé.(On
trouvera un travail d’ensemble sur le sujet dans l’ouvrage de Pen- m a n[52]).
L a méthode aérodynamique a été appliquée essentiel- lement de deux façons. L’une empirique et
qui
consisteà
établir une corrélation entre le taux d’évaporationd’une
surface étalon, généralement un plan d’eau libre, et les caractéristiques générales (vitesse, température, degré hygroscopique)du
courant d’airqui
la balaie. (Ce procédé n’exige pas la connaissancedu
mécanisme d’emprunt de la vapeur d’eau.) L’autre procédé fait appelà
des données fondamentales de l’hydrodynamique et notamment à ce que l’on sait des modesde
diffusion par tybulence dans l’air ambiant.Il
a permis d’établir des relations entre l’évaporationà
partir de surfaces humides ou partiellement sèches et la distribution verti- cale de la vitesse, de la température et de la teneur en vapeur d’eau de l’air.L a méthode
du
((bilan énergétique N n’exige pas non plus une connaissance approfondiedu
processus; il
suffit de mesurer ou d‘évaluer les différents facteurs de l’équilibre thermique à la surface considérée
pour
connaître l’évaporation.HISTORIQUE
L’étude scientifique de l’évaporation remonte
à
Dalton, lequel, en énonçant la loi des pressions partielles et en montrant que le phénomène de transfert est conditionné par des différences de pression, a été le premierà
émettre, touchant la nature et les propriétés des vapeurs en général, des idées précises, auxquelles on n’a prati- quement rien trouvéà
reprendre jusqu’ici. Dalton a conçu diverses expériences permettant de déterminer les facteurs dont dépend l’évaporation naturelle et montré qu’elles corroboraient la formulequi
porte aujourd’hui son n o m-
encore que rien ne permette de penserqu’il
ait réellement exprimé ses résultats sous cette forme 1 :(1) D a n s
un
essai rédigé en1834,
Dalton a également pressenti la possibilité d’aborder le problème sous un 1. On trouvera à la fin de la présente étude une liste des symboles11 E =
u (es-
~ 6 ) (1 f bu)utilisés, avec la signification de chacun d’eux.
Climatologie, compte rendu de recherches
autre angle, en considérant l’évaporation c o m m e un élément
du bilan
thermique.L’étude de l’évaporation s’est intensifiée pendant les cent années
qui
ont suivi les premiers travauxde
Dalton, en raison principalement de l’importance économique que présente ce phénomène pour l’agriculture et pour l’emmagasinement des eauxà
l’air libre.On
s’est borné, le plus souvent,à
mesurer l’évaporation à partir de petits plans d’eau en plein air, considérés c o m m e étalons, en pensant que les résultats pouvaient être étendus au cas de grandes retenues.D e
telles mesures présentaient relativement peu de difficultés, mais elles devenaient beaucoupplus
complexes dans le cas de surfaces partiel- lement sèches ou m ê m e humides, pour lesquelles les progrès furent plus lents. Cependant, les essais de mesuredu
drainage faitesà
Rothamsted par Lawes et Gilbert[40],
ainsi que les travaux d’Eser[32]
et de Wollny[71]
constituent
à
cet égard des exceptions que l’on n e saurait passer sous silence. D’autres chercheurs ont essayé d’étudier l’évaporationà
partirde
vastes récep- tacles naturels en mesurant la différence entre les préci- pitations et le ruissellement, mais ces tentatives ont été peu nombreuses et leurs résultats sont sujets à cau- tion.Les recherches sur l’évaporation
à
partir de petites surfaces d’eauà
l’air libre ont été faites, pour laplu-
part,, dans des régions situées a u centre et à l’ouest des Etats-Unis d’Amérique et les résultats en ontgéné-
ralement été exprimés dans une formuledu
type(1).
D’autres chercheurs, notamment Visentini [69], ont préféré rattacher l’évaporation
à
une grandeur plus facilement mesurable, ((le déficitde
saturation », soit e,-
ed.Certains chercheurs, notamment les spécialistes de 1’agi.o-climatologie, continuent
à
se servii.du
d6ficit de saturation pour l’étude de l’évaporation, bien ape cette grandeur ne puisse, en soi, être considérée c o m m e une véritable quantité physique dans un processus de diffusion verticale de la vapeur d’eau. Lorsque la surface d’évaporation est saturée etque
l’air se trouve à la m ê m e température qu’elle, la différence e,-
edprend évidemment la m ê m e valeur que es
-
ed et peut alors servirde
variable permettant de coordonner plusieurs mesuresde
l’évaporation. Mais, en général,il n’y
a pas égalitéde
température, notamment lorsque la surface d’évaporation est petite.Il
peut arriverque
le déficit de saturation, mesuréà
tel ou tel m o m e n t de la journée, coïncide avec la valeur moyenne de e,-
ed pendant la période durant laquelle s’effectue la mesure de l’évaporation1, maisil
ne s’agira que d’une coïncidence, sans doute regrettable car elle risque de conduire à employer cet indice dans des cas oùil
n’est manifestement pas valable.Si
l’on v a plus loin encore,il
apparatt clairementque
de façon générale plus la surface d’évaporation est sèche moins l’évaporation est forte, mais plus le déûcit de saturation est élevé, et cela en grande partie par voie de simple conséquence.Il
serait donc plusconforme
à
la réalité, en pareil cas,de
considérer e,-
ed c o m m e l’inverse d’un indice d’évaporation.Bien que
ces réserves sur la notiondu
déficit de saturation soient maintenant généralement admises, on continueà
penser que cette quantité peut fournir une bonne mesure de ce que l’on appellele
c pouvoir desséchant ))de
l’air; c’est certainementde
cette idéeque
procèdent de prétendus évaporimètres, notam- ment ceuxde
D e L a Rue, Lamont,Wild
et Piche, dont les indications sont encore plus obscures et plus difficilesà
interpréter età
utiliser que le déficit de saturation proprementdit.
L’ÉVAPORATION A PARTIR DE RÉSERVOIRS ET D E BACS
L a mesure
de
la déperdition d’eau par évaporationà
partir de réservoirs et de bacs a tenu une place de choix dans les études expérimentalesde
ce phéno- mène.On
a surtout cherchéà
trouver le moyen de déduirede
telles mesures-
faites souvent dans des bacs dont les dimensions, le type et l’exposition étaient fixés arbitrairement-
des indications sur l’évapora- tionà
la surfacede
grandes retenues d’eau.En
théorie,il
s’agit de découvrir un seul et unique facteur d e conversion utilisable en tout temps et en tout lieu.L’exposé ci-après montrera sans doute
que
cette tenta- tive n’a qu’une faible chance de succès.Il
ressortde
la bibliographie très complète que Mme Livingston[41]
a consacrée a u problème de l’éva- poration, c o m m ede
celles p’ont dressées plus récem- ment un certain nombre d’auteurs c o m m e Rohwer[57],
que la formule de Dalton, malgré l’élaboration d’un certain nombre de formules empiriques conçues pour coordonner les mesures de l’évaporation sur des plans d‘eau libres, continue de fournir le meilleur m o y e n d’établir une relation entre l’évaporation et des varia- blesqui
peuvent être facilement mesurées2. Toute- fois, les avis sont partagés en cequi
concerne les cons- tantes : la plupart des chercheurs donnentà
a une valeur comprise entre0’3
et0,5
(lorsqueE
est exprimé en millimètres par jour, u en milles à l’heure, e, et e, en millimètresde
mercure), mais ils sont loin d‘être d’accord sur la valeurà
donnerà b. On
peut donner plusieurs explicationsde
ce fait; l’une étant que la taille, la profondeur et l’exposition des bacs d’évapo- 1. voir par exemple la section intitulée ((Évaporation et climat n,p. 20.
2. Bigalow [21] a proposé une formule qui, h son avis, correspond mieux $I la réalit6 que celle de Dalton, h laquelle il reconnaît cependant la valeur d’une bonne approximation. C‘est la suivante :
où b est une constante, les autres symboles conservant leur signification usuelle.
Lhaporation et bilan hydrique un certain nombre de ses prédécesseurs dans un
dia-
gramme
qui
donne les taux d’évaporation pour des surfaces atteignant prèsde 30
m d’étendue, et qui indique que le taux d’évaporation par unité d’air décroît en fonction de l’étendue de la surface consi- dérée.D u
résultat de ses mesures, Rohwer a conclu qu’il était possible d’évaluer l’évaporation quoti- dienne sur une grande surfaceà
partir des valeurs fournies par le bac de91
c m de côté et en utilisant un facteur de conversionde
0’77. L a diminution rela- tivedu
taux d’évaporation par unité d’air par sapportà
l’accroissement de l’étendue totale de la surface d’évaporation s’explique tout simplement par le fait que l’air se charge d’humidité lorsqu’il circule au- dessus de la surface d’évaporation, toutes choses étant égales d‘ailleurs. Mais P e n m a n[52]
fait observer que, sauf par vent léger (c’est-à-dire de moins de5 k m
à l’heure), le facteur de conversion qu’il convient d‘appli- quer, d’après les résultatsde
Rohwer, n’est pas de 0’77 mais de 1,O.A
première vue, ce résultat assez surprenant s’explique mal.C’est sans doute lorsqu’on étudie l’évaporation
à
la surface de masses d’eau de grande étendue et d e grande profondeu que la difficulté de déterminer des facteurs de conversion apparaît le plus clairement.L a figure ci-dessous (Wisler et Brater
[70])
indique ration utilisés ne sont pas toujours les mêmes. U n eautre tient à ce que la vitesse
du
vent a été mesuréeà
des altitudes et en des sites arbitrairement choisis.Il
resterait aussi à préciser l’emploide
ed7gui
repré- sente la tensionde
vapeur de l’air au-dessus de la surface, car s’ily
a bien évaporation, e, doit décroître avec l’altitude. Mais c’est dans une mince couche d’air voisine de la surface que la chute de pressionde
vapeur est de loin la plus forte; au delà, la diminutionde
la teneur en humidité avec la hauteur (hydrolupse) est faible et on ne s’expose pasà
de graves erreurs en mesurant ed à quelques pieds au-dessus de la sur- face. Aussi est-il généralement admis que e,-
edconstitue l’indice
de
la distribution verticale de la vapeur d’eau permettant de coordonner avec le plus d’exactitude les mesures d’évaporation. D’ailleurs, on peut considérer que la recherche d’une formule de l’évaporationà
partir d’une surface d’eau, dans l’hypothèse oùil
s’agitd’un
phénomène de diffusion, se ramène essentiellementà
la déterminationd’un
coefficient de transfert dans l’établissement duquel intervient la vitessedu
vent (et éventuellement d’au- tres quantités), qu’on associe à la différencede
poten- tiel es-
ed. Rohwer [57], travaillantà
Fort Collins (Colorado), à 1500 mètres au-dessusdu
niveau de la mer, s’est livré à des études détaillées, qui ont été résumées et discutées par P e n m a n [52,531.
Pour ses mesures,il
a utiliséun
bac carré de 0’91 m de côté, et ses résultats, provenantà
la fois de mesures faitesà
l’air libre etde
mesures faites sous abri, sont conden- sés dans la formule suivante :E =
0,430 (1 -/- 0,27 uo) (es-
ed) mm/jour (2) dans laquelle uo est exprimé en millesà
l’heure, es et ed en millimètres de mercure. P e n m a n[53]
a modifié cette formule eny
faisant entrer la vitessedu
vent mesurée à2
m , ce qui donne :E =
0,IO (es-
ed) (1+-
0,17 u2) mm/jour (3)Dans un article ultérieur, Rohwer
[58]
a comparé les taux d’évaporation obtenus dans des bacs de taille et de profondeur différentes,de
façon à pouvoir en appliquer les résultats, par extrapolation, au cas de lacs.Il
a constaté que la profondeur n’importe guère au-delà de30
c m , probablementdu
fait que la majeure partiedu
rayonnement solaire est absorbée avantde
parvenirà
cette profondeur;il
se crée ainsi une couche stable et la température de surface dépend dans unebien
moindre mesurede
la profondeur lorsque celle- ci dépasse ce chiffre.L a
naturedu
milieu environ- nant ne joue pas un rôle déterminant et P e n m a n[52]
pense que la turbulence engendrée localement par le bord
du
bac est sans douteplus
importante.Le
niveau de l’eau a certainement une influence notable; Bony- thon[22]
a en effet signalé qu’une différence de5
c m provoquait une variationde 15 y .
de l’évaporation.P e n m a n
[52]
synthétise les données obtenues par‘ v i 2 . 3
2 0 - 2
w g 6
2,~’
2;
8=3,
0 5 ~
i=g
II$ 3 no
w “ L J F M A M J J A 5 O N O
Évaporation mensuelle : A. Lac Supérieur;
B.
Petit lac peu profond. (D’après Wisler et Brater [70].)d’une part le taux mensuel d’évaporation
du
lac Supé- rieur (courbeA)
et d’autre part le taux d‘évaporation d’un lac peu profond situ6 au voisinagedu
premier (courbeB),
l’un et l’autre taux établis à l’aide de la formule de Rolrrwer.Les
causes physiquesdu
dépha- sage des deux courbes (six mois environ) sont assez claires; grâceà
sa grande capacité thermique, e n effet, la plus importante des deux masses d’eau a une température superficielle supérieure au point de rosée de l’air froid qui la parcourt en hiver, mais en été elle ne s’échauffe pas suffisamment pour dépasser le point de rosée de l’air, celui-ci se chargeant d’humidité au-dessusdes
terres où l’évaporation est forte.Pour une masse d’eau
de
cette importance, le fac- teurde
conversion varierait donc avec la saison, cequi
montre-
encore qu’il s’agisse évidemmentd’un
cas extrême
-
que m ê m e pour des plans d’eau de moindre étcndue,il
est peu probable que le facteurde
conversion soit simple et constant. Une telle coiiclu- sion paraît d’aulant plus légitime que ce facteur dépend de la vitessedu
vent, ainsi que nous l’avons dit1.3
Climatologie, compte rendu de recherches
plus haut, et cela m ê m c en ce
qui
concerne des surfaces relativement petites.Dans le compte rendu
de
ses travaux sur le lac Hefner,M. A.
Kohler[39]
récapitule d’une manière très instructive et très révélatrice (tableaux24
et25)
les coefficients mensuels et annuels reliant les valeurs de l’évaporation dans des bacsde
divers typesà
celles de l’évaporationà
partir de masses d’eaude
dimen- sions variables (lacs et retenues). Pour ce qui estdu
lac Hefner en particulier,
il
montre (tableau28)
que le coefficient mensuel applicable aux bacs est étroite- ment fonction de la saison, puisque dans le casdu
bac
BPI, il
est passéde 1’56
en novembre1950 à 0’22
en février1951.
Pour un m ê m e mois, on constate également des variations considérablesd’une
annéeà
l’autre; elles sont d’ailleurs plus prononcées en cequi
concerne certains types de bac. Pour des durées supérieuresà
un mois, la variabilitédu
coefficient applicable aux bacs diminue et, lorsqu’il s’agit d’éva- luer la déperdition annuelle de grandes retenues, les bacs peuvent fournir une indication précieuse encore que le coefficient puisse varier de l’unà
l’autre de près de50 %.
L’emploi des bacs d’évaporation en météorologie a souvent provoqué de vives critiques et, en effet, m ê m e dans les cas où
il
semblerait toutà
fait légitime d’y recourir, les remarques précédentes montrent que les indications Qu’on peut en tirer sont souvent aber- rantes et difficiles à interpréter. Cependant, c o m m e on l’a W. plus haut, ils peuvent rendre des services dans certaines limites en donnant une idéede
l’inten- sité de l’évaporation sur des parcelles de terrain ou de gazon de dimensions comparables, tantque
celles-ci sont abondamment pourvues d’eau; mais dès que la surface sous-jacente commenceà
se dessécher, on n e peut plus attendredu
bac aucune indication concer- nant l’évaporation. Davantage:
à mesure que la dessic- cation se poursuit, l’évaporation en bac tendrait plutôt, c o m m e c’était précisément le cas pour le déficit de saturation,à
varier en raison inverse de l’évapora- tion effective.BILAN BNERGBTIQUE
Il
serait possible de déterminer avec précision l’inten- sité de l’évaporation sur une surface quelconque, humide ou partiellement sèche, si l’on connaissait exactement tous les autres facteurs de l’équilibre ther-mique
à la surface d’évaporation. Ces facteurs sont : le rayonnement de courte longueur d’onde (rayonne- ment directdu
soleil et rayonnement diffusdu
ciel), le rayonnement de grande longueur d’onde pi.ovenantdu
ciel et des nuages, le rayonnement thermique émis par la surface d’évaporation (laquelle, quelle qu’en soit la nature, se compoiTe effectivement c o m m eun parfait radiateur), la quantité de chaleur sensible émise et le rayonnement
de
courte longueur d’onde réfléchi par la surface, ainsi que le transfertde
chaleur de la surface au milieu sous-jacent. Schmidt[60]
et Angstroem~201
ont été les premiersà
employer ce m o d ede
mesurede
l’évaporation.A
l’aide d’instruments appropriés,il
est possible de mesurer avec précision tous les rayonnementsqui
interviennent dans le phénomène, sans que le trans- fert de chaleur vers le milieu sous-jacent soulève
de
difficulté réelle, notamment si le tapis végétal est
d’une
faible épaisseur. Mais la mesuredu
passagede
la chaleur sensible
à
l’air,lequel
s’opèreà
peu près selon le m ê m e mécanismede
transfert tourbillonnaire que dans le cas de la vapeur d’eau, présente les m ê m e s difficultés. Faute de pouvoir mesurer cette quantité directement,on
doit nécessairement recourirà
une hypothèse, par exemple cellede
B o w e n[23].
Il
convientde
souligner que le principe de la conser- vation de l’énergie fondamental en cette matière et qu’eny
recour lus fréquemment on éviterait bien des erreurs, notamment dans les déductions rela- tivesà
l’influence éventuelle de la naturede
la surface d’évaporation sur l’intensité de celle-ci.On
a prétendu en effet (voir par exemple Thornthwaite et Holzman[68])
que-
toutes choses égales d’ailleurs-
un sol nusuffisamment irrigué est plus propice
à
l’évaporation qu’un plan d’eauà
l’air libre, parce que K les minuscules irrégularités(du
sol) augmentent la fiurface d’évapo- ration et que, pendant la partiedu
jour où l’évapora- tion est la plus intense, les températures superficielles sont plus élevées sur le sol que sur l’eau ». Mais ce raisonnement implique un accroissementà
la foisdu
transfert de chaleur sensible, tant vers le haut que vers le bas, etde
l’émissde
rayonnementde
grande longueur d‘onde, et par e une plus forte consom- mation d’énergie, alors qu’iln’y
a pas nécessairement accroissement de la quantité disponible. L’erreur consisteà
ne pas tenir comptedu
changement dans la distribution de la vapeur d’eau et de la température au-dessus de la surface d’évaporation. L e problème serait considérablement simplifié,là
c o m m e ailleurs, si l’on considérait l’évaporation autant c o m m e une cause que c o m m e un effetde
la distribution verticale de la vapeur d’eau. L’observation montre d‘ailleurs que, dans des conditions identiques, elle est plutôt moins intense sur un sol nu et humide qu’à la surface d’un plan d’eauà
l’air libre (Penman[52, 531).
L a méthode
du
bilan énergétique permet également de montrerqu’il
est fauxde
dire, c o m m e on le fait parfois, que plus la surfacede
feuillage est grande plus l’évaporation est intense (voir également la section((L a rosée )),
p. 25). De
m ê m e ,il y
a de sérieuses raisonsde
se demander si Sverdrup[64]
et Nonis[47]
étaienten
droit de conclure,à
partirde
considérations aérody- namiques, que l’évaporation est de deuxà
quatre fois plus intense sur une eau agitée que sur une eau au repos.@vaporation et bilan hydrique de cet avantage,
il
faut attendre le résultat de recher- ches expérimentales d’ensemble plus détaillées.En
cequi
concerne l’équation(4)’
on peut mesurerG
assez aisément et, en tout état
de
cause, son impor- tance relative diminueà
mesure que s’accroît la périodede
temps considérée. Pour déterminerE
à l’aide de l’équation,il
reste à mesui’erR.
Plusieurs méthodes ont récemment été mises au point pour mesurer directe- ment cette quantité ou flux net de rayonnement (voir par exemple Gier et Dunkle[35]),
mais on ne dispose pas actuellement d’assez de mesures précises effec- tuées à l’aidede
ce type d’instrument pour pouvoir procéderà
des études d’ensemblede
l’évaporation.11
faut donc recourirà
des lois empiriquesgui
ratta- chent le flux de radiationà
des éléments météorolo- giques plus facilement mesurables et plus aisément accessibles.P e n m a n [52] récapitule les différentes relations empi- riques
qui
ont été établies en vuede
permettre la déterminationdu
flux net de rayonnement de grande et de petite longueur d‘onde en fonction notamment de la température,de
la pression de vapeur et de l’état d u ciel.Il
n’est pas nécessaire de s’étendre ici sur ces diverses formules; on peut cependant dire que les indications qui peuvent en être tirées sont, a u mieux, approximatives.Ainsi
la formule permettant d’éva- luer l’énergie solaire incidente en fonction de l’étaidu
ciel n e tient pas compte des variations de la nébu- losité dans le temps. D e m ê m e , l’emploi de la formulede
Brunt[24] pour
déterminer l’émission nette de rayonnement de grande longueur d’onde risque de conduireà
des résultats très inférieursà
la réalité dans le cas d‘un fort échauffement, puisqu’on utilise la température de l’air a u lieu de la température de la surface qui émet ce rayonnement.Le
calcul montre que dans le cas d’une surface gazonnée plus chaude que l’air de110 C,
cequi
n e serait pas excessif pen- dant une forte chaleur, l’émission nette de rayonne- ment de grande longueur d’onde peut être de’50 y .
plus élevée que celle que donne la formule. L’évapo- ration sera donc surestimée d’autant.
Pour le calcul de
R,
Brunt[25]
donne la formfde ci-après dans laquelle entrent toutes les composantesdu
flux de rayonnement thermique :(6) L’estimation des facteurs de cette équation sera évidemment fastidieuse et n e permettra d’obtenir, dans le cas le plus favorable, qu’une grossière iapproxi- mation de
R.
Dans le compte rendu de ses travaux sur le lac Hefner, Anderson[19]
a donné les résul- tats d’une étude détaillée de la valeur pratique et du degré de précision que présentent les divers types de formules d’évaluationdu
rayonnement de grande et de courte longueur d’onde à partir de données météorologiques.En
ce qui concerne le rayonnement solaire,il
conclut en ces termes ((...
ces méthodes d’évaluation indirectedu
rayonnement solaire (c’est-2-15
R= R,
(1-
r)- <rTi
(0,56-
0,8&)(1- 0,09 m) L’équation du bilan thermiqueà
la surface d’évapo-ration peut s’écrire
.:
R = L E + H + G
(4)d’où
R - G = LE + II;
si l’on peut mesurer ou éva- luerR
etG,
la détermination deE
etH
revient doncà
assigner des grandeurs relativesà
ces quantités.Cummings
[27]
a vivement recommandé l’applica- tiondu
principe de la conservation de l’énergieà
l’évaluationde
l’évaporation, mais c’est parce qu’il proposait de considérer que ce phénomène absorbe la totalité de la quantité nette d’énergie rayonnée.Bowen
[23]
aété
conduit par réactionà
rechercher quelle part de l’énergie disponibleil y
a lieu d’atti- huer respectivementà E
etH.
Pour
plusde
détails,il
convientde
se reporter à l’article m ê m e de l’auteur. Celui-ci considérait deux cas extrêmes, et théoriques, d’écoulement laminaire au-dessus d’une surface d’évaporation, mais indiquait cependant que, dans la nature, le rapport serait repré- senté par une formule intermédiaire :H
.Ts-
Ta’ (5)p = - =
0 , 4 ( 6 ( 7 ) x p/760LE
e-
euCette hypothese a
été
mise à l’épreuve parCummings
et Richardson[28]
dont les observations auraient, selon eux, corroboré la formulede
Bowen.On
peut également obtenir une expression dep
(le ((rapport
de
B o w e nN) à
partir des principes de l’hygromètreà
thermomètre mouillé, et si les coeffi- cients de transfert tourbillonnaire de la chaleur et de la vapeur d’eau étaient dans la m ê m e relation que le6 coefficients correspondants de transfert molé- culaire,il n’y
aurait rienà
redireà
l’emploi de la for- mule ci-dessus.Or
des mesures directes de ces quan- tités (Swinbank[67])
montrent que, s’il règne une forte chaleur au-dessusdu
sol (auquel cas l’évaporation sera souvent intense), le coefficient de transfert de la chaleurà 1’50
m està
peu près le doubledu
coeffi- cient de transfert de la vapeur d’eau.En
conséquence, toute détermination deE à
l’aide dep
reviendrait, dans de telles conditions, à imputerà
l’évaporation une trop forte consommation d’énergie. Pasquill[49],
rendant compte d’une 6tude récente portant sur des mesures directesde
l’évaporation, déclare qu’en cas de forte chaleur, le calcul de l’évaporationà
l’aidedu
rapportde
Bowen donnerait sans doute un résultat de33 y0
supérieurà
la réalité. L’écart entre les coeffi- cients de transfert,qui
aété
imputéà
l’effet de la force ascensionnelle statique (buoyancy) (Priestley et Swinbank[55]),
va diminuant à mesure qu’on s’ap- proche de la surîace d’kvaporation.En
conséquence, plus prèsde
la surfaceon
mesureraTa
et ed, plusil
est
à
présumer cpe l’emploidu
rapport de B o w e n donnera des résultats exacts, mais cet avantage sera en partie détruitdu
faitque
la marge d‘erreurdue
à
l’échantillonnage s’accroîtra si la surface d’évapo- ration n’est pas uniforme. Pour être fixé sur la réalitéClimatologie, compte rendu de recherches
dire celles
de
M o s b y[45]
etde Kennedy [38]
ne per- mettront que dans certaines circonstances dc calculer l’évaporation avec la précision nécessaire. Elle convien- dront pour d’autres usages quele
calcul de l’évapora- tion, si la précision requise est de l’ordrede 15 %.
11
est nécessairede
mesurer directement le rayon- nement solaire pour atteindreà
la précision qu’exige l’application de la notion de bilan énergétiqueà
la détermination de l’évaporation».
Anderson émet un avis semblable en ce qui concerneles
radiations atmosphériques, soulignant que les diverses formules empiriques, bien qu’elles soient d’une précision suffi- sante dans la moyenne, ne peuvent être employées sans de graves risques d’erreur pour des prévisions à court terme, et en des lieux où les conditions météoro- logiques sont différentesde
celles en fonction desquelles elles ont été conçues.Ces
difficultés limitent considérablement l’applica- tion de la méthode envisagée au problème de l’évapo- ration, mais un plus large usage d’un instrument de mesuredu
rayonnement net(du
type Gier et D u n u e , par exemple) permettraitde
les surmonter.Il
reste- rait cependant un problèmeà
résoudre : la détermina- tion correcte de l’importance relative des composantesE
etH
deR
etil
pourrait être nécessaire de procéder d’une manière un peu différente de cellede
Bowen.Mais cette difficulté n’est sans doute pas insurmontable étant donné ce qu’on sait aujourd’hui des phénomènes
de
turbulence et d’ailleurs le cas de la composanteH
(chaleur sensible) peut d’ores et déjà être traité de cette manière, c o m m e on le verra dans une autre com- munication présentée à l’actuel colloque. L a méthode
du
bilan énergétique offre notamment l’avantage de s’appliquerà
n’importe quel genre de surfàce, humide ou sèche, d’une étendue suffisante pour per- mettre des lectures caractéristiquesdu
radiomètre.COMBINAISON DU BILAN ÉNERGÉTIQUE ET DE LA FORMULE DE DALTON
Que l’on cherche
à
évaluerE à
l’aide de formulesdu
type
de
celle de Dalton ou d’après le principede
la conservation de l’énergie,il
est nécessaire de connaître la température de la surface d’évaporation (saturée) pour obtenirT,s
et e,.En
général, on n e connaît pas cette grandeur et P e n m a n[53]
et Ferguson[33],
chacun de leur côté, ont proposé, pour éliminer les propriétésde
la surface considérée, des procédés semblablesqui
combinent les formules des
deux
méthodes.L’un et l’autre emploient le m ê m e type d’expression pour f(u) dans la formule
de
Dalton écrite sous la forme suivante :(7)
(8) E = ( es
-
ed) f(4
f (u)
=
0,35 (1+
9’8 X iO-3 u2) Pour sa part, P e n m a n choisit :dans laquelle u2 est en
milles
parjour
pour queE
soit en millimètres par jour,
unité
la plus commode pour effectuer des mesures sur un réservoirà
Rothams- ted.D e son côté, Ferguson
prend
:f (u)
=
0,96+
0,166~ (9)où u (mesuré
à 3
pieds) est en pieds par seconde,de
façonà
obtenirE
en cal/cm2/heure. Cette formule a été établie d’après les connaissances qu’on possède sur le transfert thermique par convection forcéeà
partirde
surfaces horizontales, et moyennantl’hypo-
thèse qu’elle peut s’appliquer
à
l’évaporation après échange des coefficients de transfert moléculaire appro- priés. L’équivalence approximative des deux formules signifie que l’emploi implicitedu
rapportde
Bowen par Ferguson est justifié par les résultats expérimen- tauxde
Penman.Ferguson examine deux faqons de résoudre l’équation pour déterminer
T,
et es; la première comporte une intégration numérique de l’équation différentielle repré- sentant la bilan énergétique avec cette seule hypo- thèse que le coefficientde
transfert est constant;cette méthode semble pouvoir fournir le moyen de déterminer l’évaporation avec précision d’après les seuls éléments météorologiques, pendant une période
du
cycle d’évaporation (vingt-quatre heures par temps clair). L a deuxième manièrede
procéder, proposée par Ferguson, offre u11 moyen simple permettant de déterminerT,
et e,, et par suiteE,
en négligeant l’accumulation de chaleur dans l’eau.Penman, bien que procédant essentiellement de la m ê m e manière que Ferguson, admet cependant davan- tage d’approximation,
Il
néglige, par exemple, la chaleur emmagasinée et le procédé dontil
use pour éliminerT,
et es en remplaçant es-
par ($)a
Ts - Ta
risque, notamment dans le cas d’une couverture
végé-
taleà
forte évaporation,de
conduireà
sérieusement minimiser l’évaporation.L e rapport Bowen entre dans les deux formules, explicitement dans celle
de
Penman et implicitement dans celle de Ferguson, et le fait qu’en ce qui les concerne l’une et l’autre, la théorie concorde avec les mesures faites en réservoir peut êtredû
soit à l’absence de forces ascensionnelles notables en pareil cas, soit ii ce que l’évaluationde
l’évaporation est indépendantedu
rapport de Bowen. O ril
en est bien ainsi lorsque l’évaporation est étroitementliée
au transfert de cha- leur sensible (cequi
est vrai dans la générdité des cas lorsqu’il s’agit d’un plan. d’eau), c o m m e le montre la formule suivante :R
L (14- P)
E =
que l’on tire
de
l’équation(4)
en négligeantG.
P e n m a n a également mesuré l’évaporation sur sol nu
(En)
et sur gazon ras(ET),
dans des récipientslhaporation et bilan hydrique Les premières études de Jefieys
[37]
et Giblett[34]
ont été faites l’une et l’autre dans l’hypothèse qu’en dehors de la mince couche où les transformations sont rapides, au voisinage de la surface,
K,
et u sont indépendants de la hauteur; aussi les solutions sont- ellesd’un
intérêt limité. Jeffreys aétudié
d’abord le cas de l’évaporation dans un air immobile et a obtenu, par analogie avec un problème d’électrostatique, une solutionqui
montre que l’évaporation totale sera proportionnelleà
la dimension linéaire de la surface d’évaporation. Mais l’air n’est jamais parfaitement calme, sinon sous abri o u pendant un temps négli- geable. Dans le casd’un
ventde
vitesse constante et indépendantede
l’altitude, Jeffreys a montré que le taux d’évaporation est proportionnelà
uos5 et, pour des aires de m ê m e forme, que l’évaporation totale varie c o m m e u1s6, expression où u est une dimension linéaire. Ce dernier indice paraît d’autant plus valable que Powell a constaté en souHerie que l’évaporation par unité de surface sur des aires circulaires de rayon Tvariait c o m m e T - ~ * ~ ~ . C e résultat, et d’autres analogues obtenus au cours de travaux ultérieurs, exprime l’humidification progressive de l’air dans son écoule- ment au-dessus de la surface d’évaporation.
L a connaissance des phénomènes de turbulence atmosphérique avait considérablement progressé
à
l’époque où Sutton[63]
a étudié l’évaporation. L a théorie discontinue de la distance de mélange (discon- tinuous mixing Zength theory)de
Taylor, Prandtl et Schmidt avaitété
modifiée par Taylor lui-même pour tenir compte de l’hmothese dus accemable de la semblablesà
son réservoir, ayant la m ê m e expositionet approvisionnés en eau comme
il
convient.Il
a constaté queE,
variaità peu près
c o m m e E , le rap- port entre ces deux grandeurs étant dans l’ensemble de 0’9 et avec une tendanceà
atteindre un m a x i m u m a u printemps. Celle-ci peut être dueà
l’inertie ther- mique de l’eaudu
réservoir. Dans le cas de la surface gazonnée, P e n m a n donne c o m m e valeurs provisoiresdu
rapportET /E
pour le sudde
l’Angleterre les valeurs suivantes : hiver (novembre-février),0,6 ;
printemps et automne (mars-avril; septembre-octobre),0’7 ; été
(mai-août),0,8;
ensemble de l’année,0,75.
L’abaissement de ce rapport durant les mois d’hiver s’explique probablement
de
la façon suivante : en cette saison, dans le sud de l’Angleterre, une part beaucoup plus forte de l’énergie nécessaire à l’évapo- ration est fournie par advection d’air chauddu sud-
ouest, ce qui favorise nuit et jour l’évaporation sur les plans d’eau à l’air libre et sur le sol nuhumide.
Mais la nuit, l’action régulatrice
des
stomates empêche l’évaporation sur les surfaces gazonnées, d’où, dans l’ensemble, upe diminutionde
l’évaporation.MÉTHODE THÉORIQUE ET HYDRODYNAMIQUE
Les recherches sur l’évaporation fondées sur de tels principes se sont orientées dans
deux
directionsdis-
tinctes.
En
premier lieu, on a recherché des solutions analytiquesde
l’équation générale de diffusion, de façonà
prévoir l’intensité de l’évaporation en fonction des différents facteurs dont elle dépend, notamment la vitesse d u vent, la stabilité atmosphérique, la dimen- sion et la forme de la surface d’évaporation. Cette méthode a été appliquée surtoutà
des surfaces satu- rées (eau à découvert ou végétation transpirant libre- ment), mais le problème resteà
peu près entier dans le cas d’une surface commençantà
se dessécher. Dans ce cas, en effet, le mécanismedu
passage de la vapeur d’eau dans le courant d’air doit être envisagé en m ê m e temps que les processusde
transfert de l’eau tantà
l’état liquide qu’à l’étatde
vapeur, au-dessus de la surface.L’équation fondamentale de la diffusion peut s’écrire c o m m e suit :
Il
n’existe actuellement aucune solution satisfaisantedu
problème sous cette forme générale; aussi s’est-on ordinairement contenté de considérer le système sta- tionnaire, en négligeant la diffusion dans le sensde
l’écoulement de l’air; l’équation
(11)
devient alors :L , A
diffusion par mouvement continu. Sutton [62] a étendu l’emploi de la méthode de Taylor pour exprimer le coeificient
de
transfert de la quantité de mouvement;le résultat est le suivant :
où n, mesure de la stabilité de l’air, prend, dans des conditions météorologiques u neutres
»,
une valeur d’environ0’25. Il
a également montré que le profildu
vent était :où u est mesuré à une hauteur de référence zl. D e m ê m e que d’autres auteurs, Sutton identifie
K,
et
K,.
Ces expressions de