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PROBLÈMES D’APPLICATION

Dans le document RECHERCHES SUR ZONE ARIDE (Page 23-26)

L’application

de

la notion d’évapotranspiration poten- tielle

à

des problèmes pratiques concernant la déter- mination de l’économie hydrique

d’un

sol pose le problème de savoir avec quelle rapidité la valeur de la transpiration s’écarte

de

sa valeur potentielle

à

mesure que l’humidité

du

sol diminue. Thornthwaite et

Penmin

ont tous

deux

recouru

à

l’hypothèse la plus simple,

qui

revient

à

admettre que l’évaporation demeure

à

son taux potentiel jusqu’à ce que la tension d’humidité dans le sol, au voisinage des racines, atteigne le point où les plantes commencent

à

se flétrir, après quoi la transpiration est très réduite. Faute de données concluantes,

il

est difficile de dire dans quelle mesure cette hypothèse correspond

à

la réalité et on ne peut que renvoyer le lecteur

à

une étude de P e n m a n sur l’évaporation

[91],

où cette question est traitée. Nous noterons cependant

que

des données récentes prove- nant

de

la situation lysimétrique de Wageningen

[83]

montrent que lorsque

le

taux potentiel n’est pas très élevé

(4

mm par jour), le taux réel est de

30 y0

inférieur

-

dans le cas

d’un

gazon croissant sur sol argileux et pour une tension d’humidité de

0,7

a t m

à 5

c m de profondeur. D a n s les m ê m e s conditions édaphiques, l’évaporation reste exactement à son taux potentiel

si celui-ci est égal au plus

à 2

mm par jour.

Il

en découle

que

la méthode simpliste

du

((tout ou rien 1)

peut ne

plus être utilisable dans les régions arides, où la trans- piration est intense, ce

qui

corrobore les résultats obtenus par Slatyer en Australie

du

Nord

[98]

en ce qui concerne les profils d’humidité correspondant

à

plusieurs types

de

culture.

Dans les régions arides où la pluviosité a souvent un caractère nettement saisonnier,

il

est moins néces- saire d’établir un bilan détaillé, c o m m e l’exige la méthode de Thornthwaite

[101]

que lorsqu’on a affaire

à

des climats humides. Aussi, les travaux

de

l’Institut Waite,

à

Adélaïde, ont-ils porté davantage sur la longueur de la saison de croissance végétale et sur l’efficacité des pluies; des indices empiriques ont été établis pour faciliter des études de ce genre [93, 951.

Un

travail antérieur, fondé sur le rapport entre la hauteur des pluies et la valeur de l’évaporation en réservoir a donné de bons résultats en Australie-Méri- dionale et ces résultats concordent avec la configu- ration réelle

des

zones de végétation et la répartition géographique des différents modes d’utilisation des terres; les critères employés se sont cependant révélés inapplicables dans le nord

du

continent. Des formules remaniées semblent pouvoir être plus largement utili- sées

11951.

L’emploi

de

moyennes de la pluviosité, d’indices et de la durée des saisons de croissance végétale peut évi- demment conduire à de dangereuses erreurs dans des régions semi-arides, et

il

faut pleinement tenir compte

du

risque de sécheresse prolongée. Cette question sort

du

cadre

de

la présente étude, mais nous

pouvons

néanmoins souligner la nécessité d‘unifier les défini- tions de la sécheresse en fonction de l’efficacité des pluies sous différents climats. Par exemple,

il

est évi- dent que la définition

du British

Meteorological Office, selon laquelle toute pluie de

0,Ol

pouce

(0,25

mm) ou davantage suffit pour pallier la sécheresse, ne convient pas en agronomie, m ê m e sous ce climat; d’ailleurs, aucune valeur choisie en fonction des caractéristiques

d’un

tel climat

ne

rendrait

de

grands services dans des régions plus sèches.

Ce

fait est admis par les cher- cheurs opérant en pays arides, lesquels, dans l’ensemble, fixent

à

une quantité de l’ordre

de 5 mm en

quarante- huit heures la quatité de pluie nécessaire pour pro- duire un effet réel, mais une meilleure connaissance

de

l’efficacité des pluies faciliterait l’étude

de

la séche- resse.

Évaporation et bilan hydrique

L A R O S G E

F O R M A T I O N D E L A ROSEE

L a production de la rosée implique des phénomènes atmosphériques inverses

de

ceux qui interviennent dans l’évaporation, mais qu’on peut étudier

à

partir des m ê m e s principes.

En

particulier, elle exige une inversion

du

gradient hydrique, (hydrolapse), ce

qui

fait qu’elle a lieu plus aisément par les nuits claires.

Les gradients d’humidité

qui

apparaissent alors sont en général plutôt moindres

que

ceux de signe opposé que l’on observe pendant le jour

[112]

et les coefficients de transfert vertical sont inférieurs d’au moins un ordre de grandeur. Les quantités d’eau mises en jeu par le phénomène de la rosée sont proportionnelle- ment moindres que dans le cas de l’évaporation.

Attendu que le transfert de vapeur d’eau sur la surface

de

condensation dépend en fin

de

compte de l’activité tourbillonnaire de l’air, m certain vent est plus favo- rable

à

la formation de la rosée qu’un air immobile.

L a faible importance relative

du

dépôt de rosée fait qu’en général les météorologistes et les climatolo- gistes ne s’y sont guère intéressés

(bien

qu’on recon- naisse qu’il s’agit là, dans les régions arides et semi- arides,

d’un

phénomène de la plus haute importance);

ce sont surtout des biologistes qui sont à l’origine des très nombreuses publications sur ce sujet, si bien que certaines idées assez vagues ont trouvé plus de crédit que si le phénomène avait

été

plus souvent abordé sous l’angle

de

la physique. Nous nous proposons d’insister ici sur les aspects physiques les plus négligés

de

la question et sur ceux qui présentent un intérêt particulier pour les régions arides, plutôt que d’essayer

de

dresser un inventaire complet des travaux consa- crés à ses aspects biologiques, ce

qui

a d’ailleurs déjà été entrepris

[112, 119, 1201.

Si

l’on considère une aire

de

grande étendue, la quantité nette

de

rayonnement émis par unité de suqface de la projection horizontale

de

la surface consi- dérée dépend

de

la température et

de

l’humidité.

Il

est fort

peu

vraisemblable que la chaleur latente de la quantité totale de rosée dégagée

-

rosée descen- dante plus rosée ascendante

-

dépasse cette valeur et, dans la plupart des cas, elle doit s’en écarter forte- ment attendu que la surface considérée reçoit aussi

de

la chaleur par convection, à la fois d’en haut et d’en bas.

Ce

raisonnement nous amène

[126],

après avoir fait entrer en ligne

de

compte le rôle considé- rable que peut jouer la chaleur propagée à travers le sol

[122],

à assigner a u dégagement de rosée une valeur limite

de 0’5

mm

à 1

mm par nuit. H o f m a n n

[114]

a procédé

à

des évaluations détaillées, valables

pour

l’Europe centrale.

M ê m e dans u n air

humide

et calme, cette quantité

de rosée représenterait la quantité totale de vapeur contenue dans une couche d’air

de 50 à 100

m au- dessus

du

sol;

il

est donc évident que la rosée descen- dante provient d’une couche d’air beaucoup plus épaisse.

Il

s’ensuit également qu’on ne saurait af”mer que la quantité de rosée reçue par le feuillage soit proportionnelle

à

la surface de celui-ci, c o m m e on l’a cru parfois; cette hypothèse a d’ailleurs conduit dans certains cas

à

des évaluations

bien

supérieures aux valeurs limites déduites plus haut

de

considérations physiques.

Ces principes ne sauraient être appliqués tels quels

à

des plantes isolées, parce que le flux de rayonne- ment et d’humidité peut ne plus être de la forme unidimensionnelle envisagée dans les paragraphes

pré-

cédents. U n e plante isolée de grande taille, a u milieu d’une étendue de sol nu o u couvert d’une végétation plus petite, aura un rayonnement supérieur a u rayon- nement proportionnel

à

la projection de sa surface;

les plantes

à

feuillage abondant, ayant une diffusivité thermique moindre, se refroidiront davantage que les autres et par suite attireront

à

elles la rosée.

Ce

phénomène d’attraction de la rosée ne modifie cepen- dant en rien la quantité glohale

de

rosée qui peut se déposer sur une étendue horizontale donnée, ce qui est gagné en un point étant perdu en

un

autre.

Il y

aurait donc un espacement optimum des végétaux

qui

permettrait

à

ceux-ci d’attirer la plus grande part possible de rosée a u détriment des intervalles dénudés, et le groupement spontané de certaines espèces désertiques en bouquets séparés par des espaces dénudés représenterait jusqu’à un certain point une tendance naturelle vers ces conditions optimums.

Lorsqu’on abaisse la diffusivité thermique réelle de la surface, par exemple en la labourant, en la recou- vrant d’humus ou en la cultivant, on abaisse

du

m ê m e coup la température superficielle. Lorsqu’il s’agit d‘une grande surface, l’application

du

principe de la conseï- vation de l’énergie montre que le taux de rosée n’en sera vraisemblablement pas modifié. Mais s’il s’agit d’une étendue de terrain dont certaines parcelles seule- ment sont, ainsi travaillées, l’advection sporadique d’air venant de zones plus chaudes et plus humides favorisera la formation de la rosée; ce qui fournit un autre exemple,

à

plus grande échelle, de l’importance que présente le phénomène d’attraction de la rosée.

L e risque de gelée sur les parcelles travaillées s’en trouvera également accru, encore que le dépôt de la rosée contribue

à

ralentir le refroidissement nocturne.

L e rapport

qui

existe entre la rosée et la gelée est fonction à la fois

du

m o d e de culture et de la topogra- phie, c o m m e on l’observe en particulier

à

la partie inférieure des vallées de drainage atmosphérique.

A

une échelle plus grande, on constate que les flancs

25

Climatologie, compte rendu de recherches

d e montagnes exposés au vent sont favorables

à

la rosée tandis que les pentes abritées

lui

sont contraires.

Au

total,

il

semble exister de grandes possibilités de provoquer le phénomène

de

la rosée, ou tout au moins d’agir par divers moyens sur celui-ci, en tenant soi- gneusement compte des

eEeLs de

variations horizon- tales. Dans les limites physiques indiquées

plus

haut, tout artifice agissant dans le plan vertical peut aussi donner

de

bons résultats; un toit servira

à

diriger la rosée vers la partie la plus froide

qui

est normalement la partie supérieure

du

tapis végétal et, moyennant certaines dispositions, les parties inférieures de celui-ci pourraient être absolument exemptes de rosée

[112].

Ces facteurs dépendent uniquement de la nature de la végétation et

il

n’y a pratiquement aucun intérêt à étudier pour elle-même la variation de la rosée en fonction

de

la hauteur au-dessus du sol.

L’exemple des x puits aériens 1) (entassements

de

pierres) de l’antiquité

[IO71

montre comment

il

est possible d’agir sur le phénomène de la rosée.

Ceux qui

alimentaient la ville de Théodosia fournissaient, dit-on,

70 O00

litres d’eau par jour

[125].

Leur fonctionne- m e n t s’explique en partie par un phénomène d’attrac- tion de la rosée et en partie par le fait qu’il est plus facile de recueillir la rosée sur des pienes

que

sur le sol;

il

est démontré que le dépôt de rosée est d’au- tant plus abondant

qu’il

fera plus chaud dans la journée (abaissement

de

la tension superficielle)

;

l’essentiel est

qu’il

s’agisse

d’une

surface lisse de faible dsusivité réelle, et un dispositif simple conforme à ces principes serait susceptible de nombreuses applica- tions, notamment pour

des

usages domestiques.

D e s mesures ou des évaluations dignes de foi

[104,115]

ont établi

que

la rosée représentait quelques dixikmes d e millimètres d’eau; si elle se dépose, c o m m e en Israël

[103],

pendant un grand nombre de nuits par an, son importance en tant que source d’humidité n’est pas niable. Elle peut alors avoir

un

double rôle.

Tout d’abord un rôle passif, en restant

à

la surface et en retardant l’élévation

de

température et le

début

d e l’évaporation durant le jour : en Israël, la rosée persiste dans les champs pendant plusieurs heures et, à l’ombre, jusque dans l’après-midi

[104],

alors que dans les climats tempérés les fortes rosées d’automne peuvent demeurer jusqu’à

midi,

m ê m e sur des gazons très courts

[log, 1161.

D’autre part, la rosée joue un rôle actif lorsque la plante l’absorbe, soit par les feuilles, soit par les racines, et qu’elle entre dans le cycle hydrique végétal. Les différentes espèces sont loin d‘être toutes également capables d‘absorber la rosée

qui

se dépose sur elles

[116]. On

a m ê m e constaté en laboratoire que la rosée peut traverser la plante et passer dans le sol par les racines

[121, 1231,

mais le mécanisme

phy-

siologique exact d’un tel phénomène est encore mal connu et

de

nouvelles recherches sont nécessaires sur ce point.

L a rosée joue dans l’ensemble un rôle bienfaisant

qui

est largement attesté,

bien

qu’elle puisse présenter

26

éventuellement certains inconvénients, notamment celui de favoriser le développement de maladies crypto- gamiques

[Ill].

M E S U R E DE LA ROSOE

Les principes essentiels

qui

doivent régir l’évaluation et la mesure

de

la rosée découlent directement

de

ce qui précède.

Il

faut d’abord se demander ce

que

l’on désire connaître : la quantité totale de rosée ou seule- ment l’importance

de

la rosée descendante. Dans les régions arides, c’est

à

cette dernière forme

de

rosée que l’on s’intéressera surtout.

En

principe, elle peut être mesurée par la méthode

du

flux

[la21 à

condition que l’on puisse obtenir la précision et le degré de sensi- bilité voulus.

Un

autre moyen consiste à peser un collecteur

[108, 1151 qui

devra autant que possible faire partie intégrante de la couverture

du

sol et pré- senter les mêmes caractéristiques que celui-ci; pour l’emploi de la plupart des dispositifs courants,

il

faut se demander si l’équilibre thermique n’a pas été troublé.

Lorsqu’on sait qu’une perturbation d’ordre thermique s’est produite

[114],

la signification qu’on peut recon- naître aux mesures demeure douteuse, quel

que

soit le soin avec lequel a été étudié l’équilibre thermique

du

collecteur. Toute méthode fondée sur un artifice et consistant

à

exposer une surface déterminée en des conditions déterminées, c o m m e dans le cas

du

drosomètre Duvdevani

[110],

met en jeu le phéno- m è n e de l’attraction de la rosée; elle ne permet donc pas d’étalonner définitivement u n appareil puisque le degré d’attraction dépendra

de

la végétation avoi- sinante. Toutefois, bien que ces appareils ne puissent fournir

que

des indications d’ordre qualitatif, la sim- plicité

de

telles méthodes en recommande I’usage lorsqu’on a besoin d’observations intéressant de grandes étendues, par exemple dans le cas d’études comparatives ou d’études d’ensemble d’une région concernant les possibilités de condensation. Les métho- des consistant

à

peser la rosée recueillie sur des rameaux isoles

[Il31

exigent également que l’on prenne certaines précautions

pour

éviter les effets

de

distorsion.

Pour la mesure

de

la quantité totale de rosée,

il

faut nécessairement recourir au procédé qui consiste à éponger le dépôt de loin en loin et à le peser. Cette méthode est laborieuse et la perte

de

quelques gouttes risque d’entraîner des erreurs, si l’on

n’y

veille, mais

il

ne semble pas qu’une autre solution soit possible.

L a mesure

de

la rosée offre donc une intéressante matière

à

des recherches nouvelles, mais

il

est

évident

que son imprécision est

bien

souvent inhérente

à

la nature

du

problème

à

l’endroit considéré, et que des perfectionnements portant uniquement SUT les méthodes instrumentales ne

peuvent

avoir qu’un inté- rêt

limité.

*vaporation et bilan hydrique

un

échange d’eau entre le sol et l’atmosphère

gui

est comparable

à

d’autres facteurs

du

bilan hydrique.

Il

se poduit des effets d’hystérésis, en ce sens que le degré hygrométrique d’équilibre pour une humidité relative connue de l’air est plus élevé au cours d’une phase de desséchement qu’au cours d’une phase

d’humi-

dification; de là résulte un changement de phase

du

cycle diurne

de

l’humidité édaphique

qui

peut avoir une influence sur les conditions

de

vie des plantes.

D a n s les régions arides tout au moins, cet aspect

du

bilan hydrique paraît être d’une importance

SUE-

sante pour justifier

de

nouvelles recherches. Celles-ci devraient porter sur les possibilités d’action hygros- copique des plantes elles-mêmes. Williams

111241

a signalé que certaine plante désertique d’Égypte ruis- selle d’eau le matin chaque fois que l’humidité rela- tive dépasse

75 %, du

fait que les petits cristaux de chlorure de sodium

qui

se trouvent

à

sa surface absor- bent de l’eau.

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