Universit´ e Claude Bernard Lyon 1
M1 HPDS EADM – G´ eom´ etrie
Corrig´ e de l’examen du 30 novembre 2015
Les documents et les calculettes sont interdits. Il sera tenu compte de la qualit´ e de la r´ edaction pour l’attribution d’une note.
Les questions. – Les questions sont ind´ ependantes les unes des autres.
Chaque question rapporte 2 points.
1.– Soient p nombres r´ eels λ
1, ..., λ
ptels que λ =
p
X
i=1
λ
i6= 0 et f d´ efinie par
f : E −→ − → E M 7−→ P
pi=1
λ
i−−→
M A
i.
Montrer que f est une bijection.
R´ep.– SoitO∈E.La relation de Chasles entraˆıne f(M) =f(O) +
p
X
i=1
λi
!−−→
M O.
Soit−→u ∈−→
E ,l’´equationf(M) =−→u a une unique solution donn´ee par
−−→OM = 1
λ(f(O)− −→u).
2.– Montrer que si − →
F ⊂ − →
E est stable par une application orthogonale
−
→ f : − →
E −→ − →
E alors − →
F
⊥est ´ egalement stable par − → f .
R´ep.– Soity∈−→
F⊥,il faut montrer que−→
f(y)∈−→
F⊥.Par d´efinition y∈−→
F⊥ ⇐⇒ ∀x∈−→
F : hx, yi= 0.
Puisque −→
F est stable−→ f(−→
F)⊂−→
F) et comme−→
f est une application orthogonale, elle est bijective et on a en fait−→
f(−→ F) =−→
F . Ainsi y∈−→
F⊥ ⇐⇒ ∀x∈−→
F : hy,−→
f−1(x)i= 0
⇐⇒ ∀x∈−→ F : h−→
f(y), xi= 0
⇐⇒ −→
f(y)∈−→ F⊥.
3.– Soit la famille de droites (D
t)
t∈Idonn´ ees par a(t)x + b(t)y + c(t) = 0 o` u les fonctions a, b, c ∈ C
1(I) sont telles que
∀t ∈ I, (a(t), b(t)) 6= (0, 0) et δ(t) = a(t)b
0(t) − b(t)a
0(t) 6= 0.
Montrer que la courbe enveloppe t 7−→
γ(x(t), y(t)) est donn´ ee par x(t) = 1
δ(t)
b(t) c(t) b
0(t) c
0(t)
et y(t) = − 1 δ(t)
a(t) c(t) a
0(t) c
0(t)
.
R´ep.– Les conditions
∀t∈I, γ(t)∈Dt et γ0(t)∈−→ Dt
conduisent aux deux ´equations
a(t)x(t) +b(t)y(t) +c(t) = 0 a(t)x0(t) +b(t)y0(t) = 0
En d´erivant la premi`ere ´equation et compte tenu de la seconde, ce syst`eme implique le suivant
a(t)x(t) +b(t)y(t) +c(t) = 0 a0(t)x(t) +b0(t)y(t) +c0(t) = 0 dont la r´esolution fournit les expressions dex(t) ety(t) de l’´enonc´e.
4.– Ecrire l’´ equation cart´ esienne de la tangente au point P = (1, 1) de la conique euclidienne C = {(x, y) ∈ E
2| 5x
2− 10xy − y
2+ 4x + 3y − 1 = 0}.
R´ep.– Soient F(x, y) := 5x2−10xy−y2+ 4x+ 3y−1 etP = (x0, y0)∈C.D’apr`es le cours, si (Fx(x0, y0), Fy(x0, y0))6= (0,0), C admet une tangente enP dont une ´equation cart´esienne est donn´ee par
(x−x0)Fx(x0, y0) + (y−y0)Fy(x0, y0) = 0.
On aFx(1,1) = 4 etFy(1,1) =−9 doncCadmet une tangente en (1,1) dont une ´equation cart´esienne est 9y−4x= 5.
5.– Soit γ : [a, b] −→ R
2une courbe r´ eguli` ere, S : [a, b] −→ [0, L]
t −→ S(t) = R
ta
kγ
0(u)kdu
son abscisse curviligne et ϕ : [0, L] −→ [a, b] l’inverse de S. Montrer que s −→ γ ◦ ϕ(s) est une courbe param´ etr´ ee par la longueur d’arc.
R´ep.– PuisqueS◦ϕ=idon a
∀s∈[0, L], ϕ0(s) = 1
S0(ϕ(s))= 1 kγ0(ϕ(s))k. Or
(γ◦ϕ)0(s) =ϕ0(s)γ0(ϕ(s)) = γ0(ϕ(s)) kγ0(ϕ(s))k. Par cons´equentk(γ◦ϕ)0(s)k= 1 pour touts∈[0, L].
Le probl` eme. – (10 pts) Soient E un plan affine euclidien orient´ e, O un point de E et k ∈ R
∗. On appelle inversion de pˆ ole O et de rapport k la transformation
I
O,k: E \ {O} −→ E \ {O}
M 7→ M
0= O + k OM
2−−→ OM
Le but de ce probl` eme est d’´ etudier les propri´ et´ es des inversions.
1) i) Montrer que I
O,k◦ I
O,k= Id
E\{O}. En d´ eduire que I
O,kest inversible.
ii) D´ eterminer l’ensemble des points fixes de I
O,kselon la valeur de k.
R´ep.– i) De la relation
−−−→ OM0= k
OM2
−−→OM on d´eduit
OM02= k2
OM4OM2= k2 OM2 Par cons´equent
IO,k◦IO,k(M) =IO,k(M0) =
O+ k OM02
−−−→ OM0
=
O+OM2 k
k OM2
−−→OM
=M.
AinsiIO,k◦IO,k=IdE\{O} et IO,k−1 =IO,k. ii) SoitM ∈E\ {O}un point fixe de f,on a :
−−→ k −−→
Par cons´equent, sik >0 l’ensemble des points fixes est un cercle de rayon √
k. Sik <0, cet ensemble est vide.
2) i) D´ eterminer la compos´ ee I
O,k◦ I
O,k0de deux inversions de mˆ eme pˆ ole.
ii) Soit h
O,λl’homoth´ etie de centre O et de rapport λ 6= 0. D´ eterminer h
O,λ◦ I
O,k.
iii) Les inversions sont-elles des applications affines ?
iv) L’ensemble des inversions muni de la loi ◦ forme-t-il un groupe ?
R´ep.– i) On a
IO,k◦IO,k0(M) =IO,k(M0) =
O+ k OM02
−−−→ OM0
=
O+kOM2 k02
k0 OM2
−−→OM
=O+ k k0
−−→OM ainsiIO,k◦IO,k0 est l’homoth´etiehO,k
k0 de centreO et de rapport kk0 restreinte `aE\ {O}.
ii) On a
hO,λ◦IO,k(M) =hO,λ(M0) =O+λ−−−→
OM0=O+ λk OM2
−−→OM ainsihO,λ◦IO,k est l’inversion de centreO et de rapportλk.
iii) Non. D’abord elles ne sont pas d´efinies sur toutE. Ensuite, sik >0 le lieu des points fixes est un cercle, et non un sous-espace affine. Sik <0, alors le lieu des points fixes de hO,−1◦IO,k est encore un cercle. Par cons´equenthO,−1◦IO,k ne peut ˆetre affine, ce qui implique, puisquehO,−1 est affine, queIO,k ne l’est pas.
iv) Non, l’ensemble des inversions n’est pas un groupe puisque la compos´eeIO,k◦IO,k0 est une homoth´etie et non une inversion.
3) On identifie le plan affine E ` a C .
i) Si A est un point d’affixe a, montrer que l’inversion I
A,kenvoie le point d’affixe z = x + iy sur le point d’affixe
z
0= a + k (z − a)
|z − a|
2ii) Soient C
0le cercle d’´ equation x −
122+y
2=
14, (D
m) la droite d’´ equation y = mx et γ(m) = x(m) + iy(m) le point d’intersection D
m∩ (C
0\ {O}).
D´ eterminer l’affixe x(m) + iy(m) de γ(m).
iii) Soit x+iy l’affixe d’un point quelconque de C
0\{O}. Montrer que γ
xy=
x + iy.
iv) Montrer que
γ : R −→ E ' C m 7−→ γ(m) a pour support C
0\ {O}.
v) Calculer I
O,1(γ(m)) et montrer que I
O,1transforme C
0\ {O} en la droite tangente T
1C
0` a C
0en z = 1.
R´ep.– i) SiM a pour affixez, la relation
−−→AM0= k AM2
−−→AM
s’´ecrit
z0−a= k
(z−a)(¯z−¯a)(z−a) d’o`u la relation demand´ee.
ii) En substituanty=mxdans x−122
+y2=14 il vient x((1 +m2)x−1) = 0.
La solution x= 0 est `a exclure car elle correspond au point O. Il reste donc x=m21+1 et y= mm2+1.
iii) On a
γ(m) =γy x
= 1
y x
2 + 1
+i
y x y x
2 + 1
= x
x2+y2(x+iy) Puisque x+iy est un point deC0 on a aussi
x−1
2 2
+y2=1
4 ⇐⇒ x2+y2=x.
Par cons´equentγ yx
=x+iy.
iv) Par constructionγ(R)⊂ C0\ {O}. Il suffit donc de montrer la surjectivit´e deγ.Notons que six+iy est l’affixe d’un point quelconque deC0\ {O}alorsx >0.D’apr`es la question pr´ec´edenteγ yx
=x+iy d’o`u la surjectivit´e.
v) On aIO,1(z) = |z|z2 et γ(m) = 1+m1+im2 d’o`u|γ(m)|2=1+m1 2 et IO,1(γ(m)) = 1 +im
1 +m2×(1 +m2) = 1 +im
AinsiIO,1 transforme C0\ {O} en la droitex= 1, c’est-`a-dire en la droite tangente `a C0 enz= 1.
4) Soit R
A,θla rotation de centre θ d’angle θ.
i) Montrer que R
A,θ◦ I
A,k= I
A,k◦ R
A,θ.
ii) Soit C
θle cercle de centre
e2iθet de rayon
12. Montrer que I
O,1transforme C
θ\ {O} en sa droite tangente T
eiθC
θen z = e
iθ.
R´ep.– i) On aRA,θ(z) =a+eiθ(z−a) d’o`u RA,θ◦IA,k(z) = a+eiθ
a+k(z−a)
|z−a|2
−a
= a+k(eiθz−eiθa)
|eiθz−eiθa|2 et
IA,k◦RA,θ(z) = a+k((a+eiθ(z−a))−a)
|(a+eiθ(z−a))−a|2
= a+k(eiθz−eiθa)
|eiθz−eiθa|2 AinsiRA,θ◦IA,k=IA,k◦RA,θ.
ii) On a Cθ\ {O}=RO,θ(C0\ {O}) et TeiθCθ=RO,θ(T1C0).Ainsi
IO,1(Cθ\ {O}) =IO,1◦RO,θ(C0\ {O}) =RO,θ◦IO,1(C0\ {O}) =RO,θ(T1C0) =TeiθCθ.
5) i) Montrer que h
A,1λ
◦ I
A,k= I
A,k◦ h
A,λ.
ii) Soit D une droite ne passant pas par l’origine. Montrer qu’il existe θ tel que D soit parall` ele ` a T
eiθC
θ.
iii) En d´ eduire que I
O,1transforme toute droite ne passant pas par l’origine O en un cercle ´ epoint´ e C \ {O}.
R´ep.– i) On a
hA,1
λ ◦IA,k(z) =a+ k(z−a) λ|z−a|2 =IA,k
λ
d’apr`es la question 2.ii) et
IA,k◦hA,λ(z) =a+k((a+λ(z−a))−a)
|(a+λ(z−a))−a|2 =a+ kλ(z−a)
|λ(z−a)|2 =a+ k(z−a) λ|z−a|2 =IA,k
λ
ii) SoitD une droite quelconque ne passant pas par l’origine. Soit ∆ la perpendiculaire `a D passant par l’origine. Notons θl’angle entre l’axe des r´eels et ∆.Un vecteur directeur de D est doncvθ= (−sinθ,cosθ). Or, vθ est ´egalement vecteur directeur deTeiθCθ.Par cons´equent, les deux droites sont parall`eles.
iii) PuisqueDetTeiθCθsont parall`eles, il existe une homoth´etiehO,λtelle quehO,λ(TeiθCθ) = D. On a donc
IO,1(D) =IO,1(hO,λ(TeiθCθ)) =hO,1
λ(IO,1(TeiθCθ)) =hO,1
λ(Cθ\ {O})
et hO,1
λ(Cθ\ {O}) est cercle priv´e de l’origine. Pr´ecis´ement, siC est le cercle de diam`etre [OH] o`u H = ∆∩D, alorshO,1
λ(Cθ\ {O}) =C \ {O}.
6) Soient C un cercle de centre Ω et de rayon R, et A un point de E. La puissance P
C(A) de A par rapport ` a C est le nombre AΩ
2− R
2.
i) Soit D une droite passant par A et coupant C en deux points (distincts ou confondus) M et M
0. Montrer que h −−→
AM , −−→
AM
0i = P
C(A).
ii) On dit que deux cercles C et C
0sont orthogonaux quand ils sont s´ ecants et que les tangentes aux points d’intersection sont orthogonales. On note alors C ⊥ C
0. Montrer que les cercles C et C
0(de centre Ω et Ω
0et de rayon R et R
0) sont orthogonaux si et seulement si P
C0(Ω) = R
2, ou encore, si et seulement si P
C(Ω
0) = R
02.
iii) Soient I
Ω,kune inversion avec k > 0, C son cercle de points fixes, M un point quelconque de E et M
0son image par I
Ω,k. Montrer que tous les cercles passant par M et M
0sont orthogonaux au cercle C .
R´ep.– i) SoitM00 le point deC diam´etralement oppos´e `aM0. On a h−−→
AM ,−−→
AM0i = h−−−→
AM00,−−→
AM0i = h−→
AΩ +−−−→
ΩM00,−→
AΩ +−−→
ΩM0i
= h−→
AΩ−−−→
ΩM0,−→
AΩ +−−→
ΩM0i = AΩ2−R2. ii) En appliquant le th´eor`eme de Pythagore, il vient imm´ediatement
C ⊥ C0 ⇐⇒ ΩΩ02=R2+R02 Or PC(Ω0) = ΩΩ02−R2 donc
C ⊥ C0 ⇐⇒ PC(Ω0) =R02. De mˆemePC0(Ω) = Ω0Ω2−R02 et donc
C ⊥ C0 ⇐⇒ PC0(Ω) =R2. iii) SoitC0 un cercle passant par M etM0. On a
C ⊥ C0 ⇐⇒ PC0(Ω) =k car le cercle Cdes points fixes de IΩ,k est de rayon√
k d’apr`es la question 1) ii. Or PC0(Ω) =h−−→
ΩM ,−−→
ΩM0i=h−−→
ΩM , k ΩM2
−−→ΩMi=k.
7) Soit C et C
0deux cercles non concentriques de centre Ω et Ω
0et de rayon
R et R
0. On consid` ere
i) Montrer que D est une droite perpendiculaire ` a (ΩΩ
0). Cette droite s’ap- pelle l’axe radical de C et C
0.
ii) On suppose que C ∩ C
0est non vide et on consid` ere un point A ∈ C ∩ C
0. Montrer que A ∈ D.
R´ep.– i) On a
M ∈ D ⇐⇒ PC(M) =PC0(M)
⇐⇒ MΩ2−R2=MΩ02−R02
⇐⇒ MΩ2−MΩ02=R2−R02
⇐⇒ h−−→
ΩM+−−→
Ω0M ,−−→
ΩM−−−→
Ω0Mi=R2−R02
⇐⇒ h−−→
ΩM+−−→
Ω0M ,−−→
ΩΩ0i=R2−R02
⇐⇒ h2−−→
ΩM +−−→
Ω0Ω,−−→
ΩΩ0i=R2−R02
⇐⇒ h−−→
ΩM ,−−→
ΩΩ0i= 1
2(R2−R02+ ΩΩ02) Puisque les cercles ne sont pas concentriques−−→
ΩΩ06=−→
0 et la derni`ere relation montre que l’ensembleDest une droite perpendiculaire `a (ΩΩ0).
ii) Pour tout point M ∈ C, on a PC(M) = 0. De mˆeme, pour tout point M ∈ C0, on a PC0(M) = 0. Donc siA∈ C ∩ C0 alorsPC(A) =PC0(A) = 0 et par cons´equent A∈ D.
8) Soient A et B deux points de E \ {Ω}, et A
0, B
0leurs images par I
Ω,k, k > 0. On suppose que les points A, A
0et B sont tous distincts.
i) Montrer que si A, A
0et B sont align´ es alors B
0est sur la droite (AA
0).
ii) Montrer que si A, A
0et B sont cocycliques alors B
0appartient au cercle passant par A, A
0et B.
Indication : on pourra consid´ erer les puissances P
C(Ω) et P
C0(Ω) o` u C est le cercle passant par A, A
0et B et C
0le cercle passant par B, B
0et A.
R´ep.– i) N´ecessairementA0 ∈(ΩA) et B0∈(ΩB). SiB ∈(AA0) = (ΩA) alors (ΩA) = (ΩB) etB0 ∈(ΩA) = (AA0).
ii) SoitC le cercle passant parA, A0 et B.On a PC(Ω) =h−→
ΩA,−−→
ΩA0i=h−→
ΩA, k ΩA2
−→ΩAi=k
De mˆeme, soitC0 le cercle passant parB, B0 etA. On a PC0(Ω) =h−→
ΩB,−−→
ΩB0i=h−→
ΩB, k ΩB2
−→ΩBi=k
AinsiPC(Ω) =PC0(Ω).Supposons que les cerclesCet C0 ne sont pas concentriques. Alors, d’apr`es la question pr´ec´edente, Ω appartient `a l’axe radical D de C et C0. Mais puisque
C ∩ C0 = {A, B}, on a D = (AB) et Ω, A et B sont align´es. Mais puisque A0 ∈ (ΩA), B0 ∈(ΩB) on en d´eduit que Ω,A, A0,B et B0 sont align´es. Contradiction. Les cerclesC etC0 ont donc mˆeme centre. Enfin, puisqueC ∩ C0={A, B},ils ont aussi mˆeme rayon, i.e.
C=C0.