Universit´ e Claude Bernard Lyon 1
M1 – G´ eom´ etrie
Corrig´ e du contrˆ ole continu 2 du 25 octobre 2017
Les documents sont autoris´ es mais les calculettes et les t´ el´ ephones por- tables sont interdits. Il sera tenu compte de la qualit´ e de la r´ edaction pour l’attribution d’une note.
Probl` eme. – Soit I un intervalle et η : I −→ R
2une courbe plane pa- ram´ etr´ ee par la longueur d’arc. Soit ` > 0 et γ : I −→ R
2une courbe telle que, pour tout t ∈ I, on ait :
a) kη(t) − γ(t)k = `
b) γ
0(t) est proportionnelle au vecteur η(t) − γ(t).
Une telle courbe est appel´ ee tractrice de la courbe η : le point γ(t) est tract´ e depuis η(t) via la tige η(t) − γ(t) qui est de longueur `.
Premi` ere partie.– On suppose que I = R et que η(t) = (t, 0) pour tout t ∈ R . On consid` ere la courbe γ : R −→ R
2donn´ ee par
γ(t) = t − ` th t
`
, ` ch
`t! .
1) D´ eterminer kγ
0(t)k et trouver les points r´ eguliers de γ (un formulaire de
trigonom´ etrie hyperbolique figure en fin de sujet).
R´ep.– On a
γ0(t) = t−`th t
`
, ` ch t`
!0
= 1− 1
ch2 t`,−sh `t ch2 t`
!
= 1
ch2 `t
ch2 t
`
−1,−sh t
`
= 1
ch2 `t
sh2 t
`
,−sh t
`
= sh t` ch2 `t
sh
t
`
,−1
d’o`u
kγ0(t)k2=sh2 t` ch4 t`(sh2
t
`
+ 1) = sh2 t` ch2 t` et finalement
kγ0(t)k=
sh `t ch t` =
th t
`
.
Seul le pointt= 0 est donc irr´egulier.
2) Montrer que γ
0(t) est proportionnel ` a η(t) − γ(t) et d´ eterminer le coeffi- cient de proportionnalit´ e.
R´ep.– On a
η(t)−γ(t) = `th t
`
,− ` ch `t
!
= `
ch t`(sh t
`
,−1)
d’o`u
γ0(t) = sh t` ch2 t`
sh
t
`
,−1
= 1
` sh t`
ch t`(η(t)−γ(t)) Le coefficient de proportionnalit´e est donc 1`th t`
.
3) Montrer que pour tout t ∈ R on a kη(t) − γ(t)k = `. En d´ eduire que γ est une tractrice de η.
R´ep.– On a
kη(t)−γ(t)k2= `2 ch2 `t(sh2
t
`
+ 1) =`2.
La courbe γsatisfait aux conditions a) et b), c’est donc une tractrice deη.
4) On note α(t) l’angle orient´ e entre η
0(t) et η(t) − γ(t). Montrer que cos α(t) = th
t
`
.
R´ep.– Puisqueη est param´etr´ee par la longueur d’arc et que le vecteurη(t)−γ(t) est de norme`on a
cosα(t) =h1
`(η(t)−γ(t)), η0(t)i.
Deη0(t) = (1,0) etη(t)−γ(t) = `
ch(t`)(sh t`
,−1) on d´eduit cosα(t) = sh(t`)
ch(t`).
5) Montrer qu’en tout point t tel que α(t) 6= kπ, k ∈ Z , on a α
0(t) + 1
` sin α(t) = 0.
R´ep.– On d´erive la relation obtenue `a la question pr´ec´edente.On a d’une part (cosα(t))0=−α0(t) sinα(t)
et d’autre part
th t`0
= 1
`(1−th2 t
`
)
= 1
`(1−cos2α(t))
= 1
`sin2α(t).
Il ne reste plus qu’`a ´egaler et `a simplifier.
Seconde partie.– On ne suppose plus que η(t) = (t, 0). On consid` ere le cas g´ en´ eral o` u η : I −→ R
2est une courbe C
∞r´ eguli` ere et param´ etr´ ee par la longueur d’arc. On note k
alg: I −→ R sa courbure alg´ ebrique et γ : I −→ R
2une tractrice de η (attention, γ n’est pas param´ etr´ ee par la longueur d’arc en g´ en´ eral). On suppose que R
2est orient´ ee de fa¸con standard et on note J v le vecteur obtenu par rotation d’angle +
π2du vecteur v.
1) Trouver les coordonn´ ees du vecteur η(t) − γ(t) dans la base (η
0(t), J η
0(t)) en fonction de α(t) et de `.
R´ep.– La base (η0(t), J η0(t)) est orthonorm´ee directe, le vecteurη(t)−γ(t) est de norme
`et fait un angle αpar rapport `a η0(t), on a donc
η(t)−γ(t) =`cosα(t)η0(t) +`sinα(t)J η0(t).
2) Montrer que pour tout t ∈ I on a
γ
0(t) = (1 + `(α
0(t) + k
alg(t)) sin α(t)) η
0(t) − `(α
0(t) + k
alg(t)) cos α(t)J η
0(t).
R´ep.– De la relation obtenue `a la question pr´ec´edente, on d´eduit γ(t) =η(t)−`cosα(t)η0(t)−`sinα(t)J η0(t).
En d´erivant, il vient
γ0(t) = η0(t) +α0(t)`sinα(t)η0(t)−`cosα(t)η00(t)
−α0(t)`cosα(t)J η0(t)−`sinα(t)J η00(t) Notons queη00(t) =kalg(t)nalg(t) et quenalg(t) =J η0(t) ainsi
η00(t) =kalgJ η0(t).
De plusJ(J η0(t)) =−η0(t), on en d´eduit :
J η00(t) =−kalgη0(t).
Ainsi
γ0(t) = (1 +α0(t)`sinα(t) +`kalg(t) sinα(t))η0(t)
−(α0(t)`cosα(t) +`kalg(t) cosα(t))J η0(t) ce qui est l’expression demand´ee.
3) Montrer que pour tout t ∈ I on a α
0(t) + 1
` sin α(t) = −k
alg(t).
Indication : On pourra calculer γ
0(t)∧ (η(t) − γ(t)) en consid´ erant R
2comme un sous-espace de R
3pour donner un sens au produit vectoriel.
R´ep.– Puisqueγest une tractrice deη, sa d´eriv´eeγ0(t) est proportionnelle `aη(t)−γ(t) ce qui signifie que γ0(t)∧(η(t)−γ(t)) = 0.Le calcul explicite donne
γ0(t)∧(η(t)−γ(t)) = (Aη0(t) +BJ η0(t))∧(`cosα(t)η0(t) +`sinα(t)J η0(t))
= `(Asinα(t)−Bcosα(t))η0(t)∧J η0(t)
avecA= 1 + (α0(t) +kalg(t))`sinα(t) etB =−(α0(t) +kalg(t))`cosα(t). Ainsi 0 =Asinα(t)−Bcosα(t) = sinα(t) + (α0(t) +kalg(t))`
d’o`u
α0(t) +1
`sinα(t) =−kalg(t)
ce qui est la relation demand´ee.
Troisi` eme partie.– On suppose maintenant que I = R et que η(t) = R cos
Rt, R sin
Rto` u R > `.
1) D´ eterminer k
alg(t) (on prendra soin du signe) ?
R´ep.– Avec la param´etrisation donn´ee pourη, on a η00(t) = −R12η(t). Or la normale alg´ebrique estnalg(t) =R1J η0(t) =−R1η(t) et donckalg =k=R1.
2) Soit α
0∈ ] −
π2,
π2[. Sous quelle(s) condition(s) la fonction constante α ≡ α
0peut-elle ˆ etre solution de l’´ equation obtenue au 3) de la seconde partie ?
R´ep.– La fonctionα≡α0est solution deα0(t) +1`sinα(t) =−kalg(t) si et seulement si 1
`sinα0=−kalg i. e. sinα0=−` R.
Puisque 0 < ` < R, on a −R` ∈ ]−1,0[. Donc α ≡ α0 est solution si et seulement si α0∈]−π2,0[ et`=−Rsinα0.
3) On suppose que α est une fonction constante ´ egale ` a α
0∈ ]−
π2, 0[. Montrer que kγ(t)k
2= √
R
2− `
2et en d´ eduire la nature du support de la tractrice.
R´ep.– Notons d’abord queη(t) =Rn(t) =−Rnalg(t) =−RJ η0(t). De γ(t) =η(t)−`cosα(t)η0(t)−`sinα(t)J η0(t) on d´eduit
γ(t) =−RJ η0(t)−`cosα0η0(t)−`sinα0J η0(t).
Puis, comme sinα0=−R`,on a aussi cosα0= q
1−R`22 d’o`u
γ(t) =−`
r 1− `2
R2η0(t) + (−R+`` R)J η0(t) et
kγ(t)k2 = `2
1− `2 R2
+R2
−1 + `2 R2
2
= `2− `4
R2 +R2−2`2+ `4 R2
= R2−`2.
Par cons´equent le support de γ est un cercle (ou une portion de cercle) de rayon r =
√R2−`2 et de centre l’origine deR2.