A la Mère du Bel Amour, de la Crainte de Dieu,
de la Science et de la Sainte Espérance, A Celle qui, de son pied virginal, a écrasé la
tête du serpent,
Je dédie humblement ces études et lui en confie l'avenir.
D GORCE, Grenade-sur-Adour, Landes
IMPRIMATUR :
† Clément MATHIEU, Evêque d'Aire et de Dax.
La « Crainte de Dieu » en péril ! I
« Jansenius redivivus : Jansénius qui revit ! », dira certainement quelque lecteur prévenu en lisant mon titre. A-t-on idée, en plein XX siècle, siècle par excellence d'émancipation et d'affranchissement de l'individu, d'agiter encore le spectre de la crainte ! Que celle-ci convienne aux époques peu évoluées, passe encore, mais nous en sommes loin heureusement.
Non, décidément, le vent n'est plus à elle ; il est à l'amour. Au surplus, et cela est plus grave encore, sur le plan religieux proprement dit, vous ignorez totalement votre Evangile. Avez-vous donc oublié cette scène si caractéristique où un docteur de la loi ayant interviewé insidieusement Jésus et lui ayant demandé : « Maître, quelle est dans la loi le plus grand commandement ? celui-ci de répondre avec le Deutéronome (VI, 5) : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C'est là, ajoute-t-il, le plus grand, le premier commandement, et voici le second tiré du Lévitique (XIX, 18), qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se réduisent toute la loi et les pro- phètes » (Matt., XXII, 36-40).
C'est là en somme comme un raccourci, comme une synthèse de l'Evangile, l'amour résumant tout et se présentant sur les lèvres du divin Maître comme le dernier mot de tout. « Aussi bien, commentera l'Apôtre (Rom., VIII, 15), vous n'avez pas reçu un esprit de servitude pour vivre encore dans la crainte, mais vous avez reçu l'esprit d'adoption qui nous fait crier : Abba, père ! » Si je n'ai pas la cha-
rité, proclame-t-il en ce qui le concerne, rien ne me sert (I Cor., XII, 3. » « Le parfait amour, professe à son tour saint Jean (I Jean, IV, 18), chasse la crainte », et « celui qui n'a pas la charité reste dans dans l'amour du péché » (I Jean, III, 14). Si Made- leine a été pardonnée, n'est-ce point précisément parce qu'elle a « beaucoup aimé » (Luc, VII, 47) ?
I
Il semble bien qu'après un tel réquisitoire, appuyé de textes si pertinents, une seule ressource me reste, qui est de m'incliner en un geste d'acquiescement et de déclarer à jamais perdue la partie. Et pourtant, bravant toutes les contradictions, allant contre toutes les apparences, je n'hésite pas à m'enfermer dans ma position et à redire, obstiné dans mon point de vue, comme en un delenda Carthago à l'adresse de mes détracteurs : « La crainte de Dieu est en péril ! » Or, mésestimer celle-ci dans la vie chré- tienne, c'est tout simplement se fourvoyer, c'est vouloir construire sur le sable mouvant, sans assise ferme aucune, accepter de laisser errer au gré des flots, sans gouvernail ni bouée de sauvetage, le frêle esquif sur lequel s'accomplit notre traversée, sou- vent orageuse, du temps à l'éternité.
Expliquons-nous tout d'abord, — la saine théolo- gie a toujours vécu de précisions, non d'impressions,
— sur ce qu'il convient d'entendre au juste par le mot « crainte ». Dans l'ordre des choses naturelles, c'est le sentiment qui nous fait redouter un mal quelconque nous menaçant, quel qu'en soit d'ailleurs l'objet. La cause de cette crainte, quand on l'analyse, c'est en somme, ainsi que le fait remarquer saint Augustin (1), l'amour, tout ce qui est un obstacle à la conquête ou à la conservation de ce que nous aimons étant par le fait objet de crainte. Sur le plan
(1) Saint Augustin, De diversis quaestionibus, XXXIII; P.L., XL, col. 22.
17. Saint François de Sales, missionnaire ambulant.
Van HOUTRYVE (épuisé).
18. L'Effroyable Martyre de Martin Luther. — Ch. TIANI CRIS- 19. « Toujours prier ? » — R. P. COSTER.
20. Monsieur Vincent. — Mgr MATHIEU, évêque d Dax (épuisé).
21. Le Grand Siecle devant la Mort. — D Denys GORCE.
22. Sa Sainteté Pie XII. — Jean IMBERT.
23. Le péché de bal, par le Chanoine DUMAS.
24. La Messe, par le R. P. DEDEBAN
25. Le Dogme de l'Assomption, par S. E, Mgr MATHIEU.
26. Le Bienheureux Pie X, par le D Denys GORCE.
27-28. Le Rosaire médité avec Bossuet, par A. EGRET 29-30. Discours de S. S. Pie XII.
31. Modernisme Social, par Mgr HARSCOUET.
32. Le Curé d'Ars nous parle, par Jacques VIER.
33-34. Le mal du siècle, par le D Denys GORCE.
35. « Allons aux vêpres», par le D Denys GORCE.
36-37: Que doit l'Etat à la Réligion catholique ? par Card OTTAVIANI.
38. « Qui a le sens du péché ? » par S. E. Mgr MATHI EU 39. Pour mieux suivre les vêpres, par le D Denys GORCE 40. Le Secret de Saint Françoîs de Sales, par le R. Van P.
HOUTRYVE.
41. Saint François de Sales, missionnaire ambulant, par le R. P.
V a n H O U T R Y V E
42. La « crainte de Dieu » en péril par le D GORCE.
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