Bureaux : R ue de la Serre, 58.

Quinzième Année. — N° 71 P r i x du numéro : 10 centimes

Jeudi 6 Septembre 1900.

Bureaux : R ue de la Serre, 58.

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Paraissant lé Jeudi et 11 OLmanche à la Ciau-de-Foidi

A N N O N C E S

snisses 20 ct., étrangères 23 et. la ligne Offres et demandes de place

10 centimes la ligne.

Les annonces se paient d'avance.

Organe de la Chambre suisse de l'Horlogerie, dès Chambres de commerce, des Bureaux dé contrôle et des Syndicats professionnels.

Les Consulats suisses à l'étranger reçoivent le j o u r n a l .

Bureau des Annonces: HAASENSTEIN & VOGLER, 32, rue Leopold Robert, CHAUX-DE-FONDS et succursales en Suisse et à l'étranger.

L'Horlogerie suisse

à l'Exposition dé P a r i s , 1900 NOTICES

I. Canton de Neuchâtel.

M. Jules Jurgensen, L e Locle.

Récompense à l'Exposition de Paris, igoo G r a n d P r i x

Devant cette vitrine, l'on se sent mieux que nulle part ailleurs en face de la synthèse de la montre dé précision ; simple, d'une rigidité que l'on pourrait presque qualifier de puritaine, mais dont l'épaisseur du boîtier, son poli et sa forme prennent un aspect cossu, comme il convient à toute montre de race. Or vous savez que la race...

de montres de MM. Jurgensen a joui de tous temps d'une excellente réputation, et ici elle ne fait que suivre l'ornière ancestrale, avec cette différence que maints perfectionnements ont en- core rehaussé la valeur des mouvements sécu- lairement signés par une lignée d'horlogers à la science exacte et consciencieuse, relatée en faits intéressants dan3 une vitrine spécialement con- sacrée à la rétrospective, seule de son espèce à la section suisse, et par cela même jouissant d'un attrait particulier. J'en énumérerai rapide- ment les grandes lignes:

•C'est un chronographe enregistreur avec ta- bleau indicatif de remontage, plusieurs modèles d'échappements ngrandis pour la démonstration et l'étude des mouvements divers, dont j'admire tout particulièrement l'ingéniosité d'un chrono- graphe compteur, répétition, quantième et phase lunaire. Invoquant presque la paternité d'un projet qu'un récent congrès vient d'étudier, voici une ancienne montre à clef, en argent, le cadran portant l'horaire décimal, qui voisine avec une montre argent, au cadran d'argent gravé, quantième et phases lunaires: et je passe plusieurs de ces pièces — et non des moindres — pour mentionner quatre montres or, à clef, extra- plates, pour dames.

L'exposition de M. Jurgensen (l'actuelle) com- porte une soixantaine de montres, d'une fort belle facture, d'une seule qualité, celle-ci toujours excellente. Le genre de la plupart de ces pièces est nord-américain.

Trois grandes pièces compliquées se détachent surtout de cette riche collection : C'est d'abord une vingt-sept lignes étendue, le double boilier or d'une épaisseur peu commune, chronographe et rattrapante, chronomètre répétition, quantième et phases lunaires. Dans son genre, c'est une pièce unique. Puis c'est la môme pièce sans chro- nographe, mais présentant une particularité que je vous signale : le quantième apparaît dans un guichet or, indépendant du jeu d'aiguilles, (placé au-dessous) pendant que le tableau des jours est placé au-dessus de ce dernier, en fer à cheval.

Puis une répétition à minutes, chronographe à

rattrapante et cinquième de secondé foudroyante, grande pièce d'un fort beau travail.

En parlant de répétitions, je me plais à signaler la netteté rarement atteint des timbres, œuvres de la maison A. Piguet. Cette vitrine présente un aspect sérieux, où tous les praticiens s'arrê- tent pour examiner montres et mouvements, d'une facture irréprochable, pièces simples et compliquées qu'il serait trop longd'énumérer ici pièce à pièce, .surtout après avoir fait ressortir les œuvres principales. Cependant je ne saurais passer sous silence les : montres cosmopolites, pièces à doubles horaires d'un modèle — l'un surtout — particullèrement"remBTqnable : Le-.ca- dran porte deux horaires superposés de douze et de vingt-quatre heures, avec double train d'ai- guilles dont l'un fait une évolution complète en douze heures, tandis que l'autre fait un tour complet en vingt-quatre heures; de cette façon l'on obtient simultanément sur cette montre-là, outre l'heure des deux méridiens différents, la même heure indiquée en douze ou en vingt-quatre heures, selon l'un ou l'autre horaire adopté. Il est à remarquer encore que de ce double train d'aiguilles, l'un est à mise à l'heure indépen- dante.

L'autre cosmopolite comporte les deux méri- diens différents (douze et vingt-quatre) sur ca- drans séparés.

Avec un magnifique chronomètre tourbillon, deux ou trois belles répétitions seize et dix-sept lignes, la kyrielle des belles montres recom- mence, mais je la passe pour terminer cette étude écourtée par deux mots sur une petite pen- dulette, aiguille rattrapante, avec chronographe et foudroyante, chronomètre, sonnerie à volonté, pièce d'une fort belle exécution simplement en- fermée dans un petit coffret d'ébène.

Je ne terminerai pas cet aperçu rapide de l'exa- men de l'exposition de la maison Jurgensen, sans rappeler que le chef actuel de la maison est le descendant d'une lignée d'horlogers de grand renom, dont le premier, Urban Jurgensen, au- teur des « Principes de l'exacte mesure du temps»

fonda à Copenhague, en 1740, la célèbre maison de Chronometrie de marine, et dont l'un des fils fonda au Locle, en 1835, la maison actuelle.

CH5 MINCIEUX.

A propos des récompenses à l'Exposition L ' u n de n o s abonnés nous signale la mention suivante parue sur u n e feuille détachée d u journal Américain « The Je- welers » Circular-weekly « A. W i t t n a u e r :

The grand prize. Highest award, as al- ways, at the Paris exposition, 1900. »

Ce qui signifie en résumé que la maison A. Wittnauer, — de New-York et Genève —

aurait o b t e n u ie grand prix à l'exposition de Paris.

Notre correspondant nous d e m a n d e si la maison W . a exposé dans la section suisse ou dans la section américaine.

A notre connaissance, la maison W . n ' a pas exposé d u tout à Paris. E n tout cas, son n o m ne figure nulle part sur le cata- logue officiel de l'exposition, ni dans la section suisse, ni dans la section améri-

caine. ... . , _ . D u reste, au n o m b r e des 6 maisons a-

méricaines qui ont exposé dans la classe 96 horlogerie, u n e seule y figure p o u r d e s m o n t r e s , c'est la maison Ingersoll et Bro- thers, à New-York, qui n'a obtenu q u ' u n e mention honorable.

Prorogation prévue

Le Temps confirme que par lettre offi- cielle du 30 août le ministre d u commerce a notifié à M. Paschal Grousset, député de la Seine, que la proposition concernant la gratuité, et la prorogation de l'Exposition universelle au printemps de 1901 est trans- mise au commissaire général pour qu'il soit procédé à un examen approfondi.

Revision des récompenses

On lit dans le Moniteur de la bijouterie et de l'horlogerie :

Des journaux annoncent qu'il va être procédé à une nouvelle revision des récompenses. Je ne sais si la nouvelle est exacte. Elle le serait que cela ne me surprendrait nullement. L'administra- tion reçoit de nombreuses plaintes, etil faut bien reconnaître que beaucoup sont des mieux fondées.

Plusieurs jurys ont conduit leurs opérations en dépit du bon sens — et du règlement. Or, il n'est pas admissible que, dans une exposition où de si graves intérêts sont en jeu, le règlement ne soit pas strictement appliqué, car il est la seule ga- rantie des exposants, contre la fantaisie des jurés.

J'ai questionné un assez grand nombre de mem- bres des divers jurys, et j'ai appris ainsi qu'il y avait eu presque autant de manières de procéder, pour l'attribution des récompenses que de jurys.

Je me bornerai à un exemple.

Dans la classe d'orfèvrerie, les jurés avaient trois bases d'appréciation : invention, exécution, importance de la maison. Ils écrivaient leurs points sur une feuille de papier. Pour connaître les récompenses, il suffisait ensuite d'une multi- plication et d'une addition.

. •

445 LA F E D E R A T I O N H O R L O G É R E S U I S S E Dans la classe d'horlogerie, on mettait simple-

ment la récompense aux voix et on votaità mains levées. Il ne fut pas même question de.points.

Lequel des deux systèmes est d^accord -a'vec le règlement? Je n'en sais rien, mais ce que je sais bien, c'est que le premier est'infiniment pré'féra- H'e,au second. J'ai vu ce dernier à'l'oeuvre. Il est détestable, et cela pour des raisons que" j*ai déjà indiquées, dans mes notes d'un juré. J'y reviendrai d'ailleurs. " " •

Information

•<-Les intéressés peuvent d e m a n d e r des .renseignements sur la maison :

v. A . - L . R o u x , H o r l o g e r i e , . 4 8 , Rue de la R é p u b l i q u e , R o u e n a u Secrétariat général de la Chambre can- tonale du Commerce, à la Chaux-de-Fonds.

Augmentation du droit de poinçonnage sur les objets d'or et d'argent Le droit de poinçonnage sur les objets d'or et d'argent vient d'être augmenté en Russie.

J u s q u ' à présent, ce droit était de 30 ko- pecks par zolotnick, soit 20 centimes par g r a m m e pour les objets en or, et de 2 ko- pecks par zolotnick, soit 0 fr. 01 */< par gramme p o u r les objets d'argent.

La taxe est dorénavant élevée à 0 fr. uO p a r gramme p o u r l'or et à 0 fr. 02 '/s pour l'argent.

r ' Chambre suisse de l'horlogerie Comme n o u s l'avons dit dans l'un de rips derniers n u m é r o s , les statuts de la Chambre ont été modifiés dans ce sens que le Canton de Berne est représenté au Co- mité central par trois délégués au lieu de deux. Le Conseil d'Etat bernois a désigné M. Fritz R e y m o n d , à Bienne, président de la section d'horlogerie de la Chambre Can- tonale du commerce et de l'industrie.

Dessins et modèles

Nous avons publié, dans notre dernier n u m é r o , un avis du Bureau fédéral de la p r o p r i é t é intellectuelle, concernant la pu- blication graphique des modèles de mon- tres. Nous l'avons fait suivre de la mention q u e le secrétariat général de la Chambre Cantonale recevrait les souscriptions.

L e secrétaire-adjoint de la Chambre Can- tonale bernoise du commerce et de l'in- dustrie, n o u s avise qu'il est, dans le même b u t , à la disposition des intéressés bernois.

Son bureau est, nouveau bâtiment de la Préfecture, 14 rue de l'Hôpital, à Bienne.

Affaires d'horlogerie en Suède

O n constate un développement anormal d e s offres de montres dans ce pays, quoi- q u e le commerce de l'horlogerie y soit pas- sablement stationnaire, vu l'état général des affaires et la pénurie d'argent en ce p a y s . Avis à nos exportateurs d'horlogerie.

Nouvelles diverses

D é b o u c h é s c o m m e r c i a u x à Cuba. Voici, d'après le Consul général d'Angleterre à La Ha- vane, les articles qui, outre les nouveautés et la lingerie, auront chance d'être importés avec succès à Cuba, lorsque les conditions économi- ques du marché se seront quelque peu améliorées:

machines de toute espèce, surtout pour les su- creries; Quincaillerie et spécialement les articles pour construction ; Chaussures à bon marché, dont la consommation est très grande dans l'île;

Conserves alimentaires, y compris le lait condensé; -Salaisons et viandes' conservées : Bières ; Papeterie et fournitures de bureau.

Les c h a r b o n s b r i t a n n i q u e s et l e u r é p u i s e m e n t . — M. Ch. Lozé donne, dans so"n ouvrage intitulé « Les charbons britanniques et leur épuisement »,. un résumé .de la production cTé la houille par Bassin. Six bassins fournissent plus des neuf dixièmes de l'extraction totale:

bassin de Durham et Northumberland, bassin de Lancashire et Cheshire, bassin du Midland, bas- sin du Staffordshire et Worcestershire, bassin du South Wales, bassin d'Ecosse.

. La consommation de la houille eh Angleterre, qui remonte probablement jusqu'à l'antiquité, n'est devenue considérable que depuis l'invention de la machine à vapeur. En 1816, la production est évaluée approximativement à 15 millions de tonnes, en 1845 à 34 millions ; en 1870, la statis- tique, devenue précise, accuse 109 millions de tonnes; en 1898,.202 millions et même en 1899, année exceptionnellement forte, à 220 millions.

Cette extraction sans cesse croissante a, depuis un demi siècle, alarmé des publicistes anglais.

On a cherché quelle était la richesse de la Grande-Bretagne en houille, et dans combien d'années elle pourrait être épuisée. Les auteurs ne sont pas parfaitement d'accord à ce sujet. Le calcul le plus autorisé peut se résumer ainsi : jusqu'à la profondeur de 610 mètres, il reste environ 15 milliards de tonnes qui suffiront à la consommation, avec la progression probable pendant cinquante ans. Si l'on descend jusqu'à 1219 mètres, on trouvera (y compris les 15 mil- liards) environ 82 milliards qui pourront ali- menter la consommation pendant trois siècles.

Mais quels seront les moyens d'extraction et quelle sera la consommation de l'avenir? Les calculs de probabilité de ce genre sont assuré- ment très intéressants: mais on ne doit pas se dissimuler qu'ils sont très hypothétiques. Pour éclairer le problème, l'ouvrage de M. Lozé four- nit une grande abondance de documents bien présentés.

Un s e c o n d J a q u e t - D r o z . — L'horloger Martin à Worms travaille déjà depuis quelques années à un chef-d'œuvre mécanique, qui ap- proche de sa terminaison. Environ 200 figures, pourvues d'un mécanisme ingénieux, exécutent différents tableaux stfr/ une scène libre, par exemple : une chasse au lion, un voyage au pôle nord avec chasse à l'ours blanc, des scènes de la côte et de la mer, ainsi qu'une série de scènes humoristiques.

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Diminution de 1430 boites or et augmentation de 48010 boites argent sur le mois correspon- dant de 1899.

Variété

Avez-vous l'heure?

On sait que certains indusriels nous of-

frent et cela, à des prix dont c'est le cas de dire qu'ils sont «ridicules de bon marché»

des montres qu'ils décorent p o m p e u s e m e n t du n o m de chronomètres.

Vous vous y êtes laissés p r e n d r e , lec- teurs, et nous aussi. E t cette erreur où l'on nous a induits, les u n s et les autres, pourrait, si nous avions le temps, voire le droit de philosopher, nous fournir le thème de gloses où le plaisant le disputerait au sévère.

Mais, aussi bien nous n'avons pas le droit de marcher dans des plates-bandes réservées, nous n'empiéterons donc pas sur celles qui appartiennent à la chronique et nous nous b o r n e r o n s à l'examen des faits.

Gobeurs!

Donc, on nous vend des chronomètres qui n'ont du chronomètre que le nom. Le congrès d'horlogerie—remercions-l'en, bien qu'il nous ait enlevé cette illusion après tant d'autres ! — s'en est ému et nous a dit tout net qu'on nous en contait et que si nous nous imaginions avoir l'heure en poche, l'heure exacte, la seule qui vaille, bien entendu, nous étions de b o n s gobeurs.

C'est embêtant, mais c'est ainsi.

Il importait, en présence d'une éventua- lité... aussi grave, de s'enquérir des moyens à employer pour n'être pas mis dans la cruelle nécessité de [chercher midi à qua- torze heures. Et comme certains de nos confrères avaient d o n n é des versions dif- férentes du vœu émis par le congrès d'hor- logerie qu'ils appelaient du reste impro- p r e m e n t « congrès chronométrique », n o u s avons procédé à une rapide enquête au- près de deux des plus importantes person- nalités du m o n d e de l'industrie de l'horlo- ' gerie en France.

Chez M. Paul Garnier

Nous voici chez M. Paul Garnier, u n savant qui se double d'un collectionneur passionné. Il nous reçoit dans son cabinet ' de travail tout encombré de vitrines qui renferment les plus curieux spécimens de l'horlogerie et qui feraient une merveilleuse ^s <- illustration à l'histoire de cette industrie.

Avec une r o n d e u r , u n e b o n n e grâce dont *"

nous tenons à le remercier encre, M. Paul Garnier veut bien répondre à la question que nous lui posons.

— A h ! oui, nous dit-il, la question des chronomètres. Mais d'abord s'il est exact que le congrès ait voulu mettre le public en garde contre les entreprises de certains industriels, il n'est pas vrai qu'il ait décidé qu'aucune m o n t r e ne pourrait être désor- mais livrée au public sous le n o m de chro- nomètre, si elle n'était munie de son cer- tificat d'observatoire. D'abord cela ne ser- virait à rien car certains observatoires, les seuls ou à peu près qui délivrent des cer- tificats de marche, le font avec u n e facilité qui rend cette précaution illusoire, ensuite, même si une plus grande sévérité présidait à la délivrance des certificats, il y aurait impossibilité à avoir un réglage chronomé- trique exact, puisque les observatoires ont chacun une méthode différente et que les réglages varient suivant les établissements dans lesquels ils ont été effectués.

— Mais alors, disons-nous, comment sa- voir lorsqu'on achète une montre si l'on est en présence ou n o n d'un c h r o n o m è t r e ?

— Oh ! nous r é p o n d M. Paul Garnier, la condition essentielle est d'y mettre le prix. Et vous devez bien penser que ce

LA FEDERATION HORLOGÈRK SUISSE 435 n'est, pas pour vingt-cinq francs qu'on peut

avoir un chronomètre dont il aura fallu suivre et observer assez longtemps le ré- glage.

Perplexité

Deux opinions valant mieux qu'une et M. Paul Garnier nous ayant dit que nous trouverions, auprès de M, A.rH. Rodanet, qui fut vice-président du congrès et est l'auteur du rapport sur le vœu .dont nous nous occupons, des renseignements beau- coup plus complets encore que ceux qu'il avait pu nous donner, nous nous sommes -donc rendus'chez le président de Ja'chambre

syndicale d'horlogerie. \ ..'.... ... _.

De la rue Taitbont à la rue Yivienne « la route n'est pas longue » comme on chante

<lans Carmen, mais tout de même nous eûmes le temps de nous faire un mauvais sang de tous les diables.

Nous essayâmes de régler notre « 25 fr. » mais nous dûmes bientôt y renoncer, pas une horloge publique ou privée qui mar- quât ert même temps la même heure.

Celle-ci avançait, celle-là retardait, pas une ne donnait la moyenne et même l'eût- elle donnée que nous n'eussions pas eu la certitude d'avoir ainsi l'heure exacte. Force nous fut donc de renoncer à jamais savoir à quelle minute précise nous arrive-

rions chez M. Rodanet, à quelle seconde exacte nous l'entendrions nous répéter ce que déjà nous venions d'entendre, à savoir que les horlogers, ceux qui ne fabriquent pas de chronomètres se moquent agréable- ment de nous et nous vendent des instru- ments d'une précision beaupoup plus que relative.

Chez M. Rodanet

Enfin, nous arrivons chez M. Rodanet;

est-il trois heures, trois heures deux, trois heures trois ou trois heures cinq? Dieu seul le sait et peut-être aussi notre interlo- cuteur, mais nous n'avons pas osé le lui demander.

M. Rodanet entre, d'ailleurs, immédiate- ment dans J e vif du sujet.

— La question, nous dit-il, est de toute importance pour le public. Dans l'historique que j'ai fait de la Chronometrie dans mon rapport, je me suis attaché, à définir le genre d'échappement que comporte un chronomètre et ce n'est qu'après un exa- men approfondi de la question que le con- grès a adopté le vœu que je lui proposais et que je ne peux mieux faire que de vous donner intégralement.

Un chronomètre.

« Le chronomètre est un instrument donnant la mesure exacte du temps. Il comporte l'emploi d?un échappement libre dont le caractère principal est de permettre au balancier d'opérer sa vibration dans une complète indépendance du mouvement, sauf toutefois l'instant fort court de l'im- pulsion.

« Réservant les horloges d'observatoires désignées de tous temps sous le nom de régulateurs astronomiques ;

« Le congrès estime que c'est donc à bon droit qu'on peut désigner sous le nom de chronomètres :

« 1° Les montres. inarine avec échappe- ment à détente à ressort :

« 2° Les montres de poche avec échappe- ment à détente ou à ancre, si ces instru- ments ont des marches absolument régu- lières à l'ambiant aux températures de 0°

et 30° et aux différentes positions.

« Ces conditions d'ailleurs, ajoute M.

Rodanet, n'impliquent pas la nécessité d'un bulletin^, d'observatoire puisque," et mon confrère Paul Garnier vous l'a dû dire, les conditions d'épreuves sont différentes entre les divers établissements de ce genre.

« Aussi bien, et je tiens à vous le répé- ter, le vœu- émis par le' congrès a surtout pour but de mettrele public en garde con- tre l'offre qui lui est faite, sous le nom de chronomètres, de montres communes dont le réglage ne peut qu'être tout à fait im- parfait. »'

Et. maintenant, nous dira-t-on, la conclu- sion?

Elle est bien simple : si vous n'avez pas les cinquante louis nécessaires à l'acquisi- tion d'un chronomètre qui soit un chrono- mètre, un vrai, un chronomètre selon la formule enfin, faites votre deuil de jamais savoir exactement l'heure qu'il est, car, n'est-ce pas ? il y a longtemps que vous avez renoncé à régler les instants de votre vie sur les cadrans quinteux dont l'admi- nistration a orné — si l'on peut ainsi dire — les carrefours de nos rues.

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