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Oncologie : Article pp.69-70 du Vol.7 n°2 (2013)

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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ÉDITORIAL /EDITORIAL

Éthique et cancer : un impératif catégorique ?

Ethics and cancer: a categorical imperative?

E. Marx · M. Reich

© Springer-Verlag France 2013

Le développement de l’oncologie moderne et d’une prise en charge globale du patient atteint de cancer confronte les soi- gnants à des problématiques où se retrouvent les grands prin- cipes éthiques : vérité et équité de la relation médecin– malade lors de l’annonce du diagnostic et du droit à l’infor- mation médicale, respect de l’autonomie lors de l’instaura- tion des thérapeutiques, soulagement de la souffrance et res- pect du principe de bienfaisance lors des situations palliatives, respect de la vie face aux demandes d’euthanasie.

Kant, dans son célèbre ouvrage des Fondements de la métaphysique des mœurs, élabore le concept d’impératif catégorique qui met l’accent sur ce qui doit être fait de manière inconditionnelle pour être conforme aux principes moraux. Cet impératif catégorique s’impose de manière naturelle sans avoir besoin d’être justifié. Est-ce à dire que la place de l’éthique dans la pratique du soin et plus particu- lièrement dans le champ de l’oncologie va constituer un impératif catégorique ? En 2013, nous serions tentés de répondre par l’affirmative tant il nous semble inconcevable d’envisager la pratique médicale en cancérologie sans la moindre élaboration d’une réflexion éthique. La deuxième formulation de cet impératif que Kant résume par la maxime suivante : « Agis toujours de telle sorte que tu traites l’hu- manité aussi bien dans ta personne que dans la personne des autres en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen » peut constituer le fil conducteur de tout soignant désirant s’inscrire dans une démarche éthique.

Pour étayer cette affirmation, il nous a semblé opportun de permettre à des cliniciens, à des soignants, à des éthiciens,

à des professionnels du soin psychique d’évoquer leur expé- rience de terrain et de nourrir la réflexion sur un plan concep- tuel et théorique.

Le Pr Emmanuel Hirsch montre que nombre de questions éthiques et politiques se posent dans le contexte du cancer comme pour d’autres maladies. Il souligne l’importance de devoir assumer nos responsabilités sociales à l’égard de la personne malade et de son maintien dans le cadre d’une rela- tion qui la respecte. « Socialiser » le vécu de la maladie, le comprendre en termes d’exigence politique, de citoyenneté à restituer et à préserver est essentiel.

Le Pr Bernard-Marie Dupont nous interpelle sur les ris- ques d’une perte du sens éthique du soin induit par les pro- grès scientifiques en oncologie et d’un clivage entre la mala- die somatique et l’éthique qui pourrait selon lui, confronter le patient au dilemme « éthique » de devoir choisir entre cancer et éthique.

Eric Rossini s’interroge sur la pertinence du consente- ment éclairé du patient et des difficultés de sa mise en appli- cation dans la clinique au quotidien. Il souligne le fait que l’obtention de ce consentement ne doit pas uniquement être régie par des considérations juridiques. Le partage de l’infor- mation dans le cadre d’un colloque singulier avec le patient et la personnalisation de l’information donnée s’intègre dans les principes de l’éthique du soin.

Le Dr Marie-Brigitte Orgerie questionne la place de l’éthique et de la responsabilité du médecin dans sa pratique de soignant. Elle pointe comment le cadre éthique à travers la mise en place de groupes d’éthique clinique peut servir de garde-fou pour préserver les repères de chacun face à une médecine en permanente évolution et aux modifications des modalités de travail au sein des institutions.

Grégory Aiguier et son équipe d’enseignants-chercheurs du centre d’éthique médicale apportent un éclairage original sur la formation en éthique et comment le cancer peut repré- senter un paradigme de l’éthique du soin. Prônant une appro- che contextuelle, réflexive et pragmatique de cette éthique du soin, ils en évalueront les représentations auprès des étu- diants en médecine durant leur cursus en sciences sociales et humaines.

E. Marx (*)

Psychologue et psychothérapeute - Unité de Psycho-Oncologie - Centre Paul-Strauss, 3, rue de la Porte-de-lHôpital,

BP 30042, F-67065 Strasbourg cedex, France e-mail : emarx@strasbourg.unicancer.fr M. Reich (*)

Psychiatre - Unité de Psycho-Oncologie - Centre Oscar-Lambret, 3, rue Frédéric-Combemale, F-59020 Lille, France

e-mail : m-reich@o-lambret.fr Psycho-Oncol. (2013) 7:69-70 DOI 10.1007/s11839-013-0420-8

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-pson.revuesonline.com

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Nous espérons que la lecture des différents articles de ce numéro consacré à la place de l’éthique dans le champ de la pratique oncologique permettra à tout lecteur de nourrir sa propre réflexion éthique.

Bibliographie

1. Kant E (1785) Fondements de la métaphysique des mœurs. Édition Delagrave, Paris, 1999 (trad. Delbos V), 210 p

70 Psycho-Oncol. (2013) 7:69-70

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