A MPÈRE
Dynamique. Solution d’un problème de dynamique, suivie de considérations sur le problème général des forces centrales
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 20 (1829-1830), p. 37-58
<http://www.numdam.org/item?id=AMPA_1829-1830__20__37_0>
© Annales de Mathématiques pures et appliquées, 1829-1830, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de Mathématiques pures et appliquées » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale.
Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
37
DYNAMIQUE.
Solution d’un problème de dynamique , suivie
de considérations
surle problème général
des forces centrales ;
Par M. AMPÈRE , de l’Académie royale des sciences ,
etc.PROBLÈME DE DYNAMIQUE,
Au Rédacteur des Annales,
MONSIEUR ,
A LA
pag. 285 du tom. XIX de ces Annales demathèatiques qui
rendent auxsciences
par les excellens articles que vous y fai-tes
paraître ,
un desplus grands
servicesqui puissent
leur êtrerendus , j’ai
étésurpris
de rencontrer un mémoire relatif à un pro- blème dedynamique
dont la solution meparaît
d’une inexactitudefrappante.
Ils’agit,
dans cemémoire ,
d’un tuberectiligne qui
tourne,dans un
plan vertical,
autour d’un axehorizontal ,
tandisqu’une sphère pesante
se meut dans l’intérieur de ce tube. Il est évident que l’auteur anégligé
de faire entrer en considération l’effet de la forcecentrifuge
àlaquelle
lasphère
est nécessairement soumise en vertu du mouvement que le tubel’oblige
deprendre
autour dupoint
fixe parlequel
l’axe de ce tube passe constamment etqu’on
doit considérer comme le centre de son mouvement. L’erreur de
cette solution
s’aperçoit
immédiatement enremarquant
que , suivantTom.
XX , n.° 2,
I.er AoûtI829
6PROBLÈME
les idées de
l’auteur ,
si lagravité
étaitnulle,
ainsique
lavitesse initiale,
le centre de lasphère
mobile devrait constamment par- courir la circonférence d’un cercleayant
pour centre le centre du mouvement, tandisqu’il est évident qu’alors
cettesphère,
en vertttde l’action de la force
centrifuge , devrait s’éloigner
sans çessede
ce
point.
Comme les
problèmes
de ce genre sont du nombre de ceux queje traite chaque année,
dans mes cours,j’ai pensé qu’il pourrait
vous être
agréable
de faire connaître à vos lecteurs la solution di-recte que
j’en donne depuis
bienlong-temps.
Cette solution par-tant des
équations générales
de ladynamique,
on n’a pas besoinde
considérer,
enparticulier,
l’effet de la forcecentrifuge,
maison le reconnaît ensuite dans les résultats
qu’on
obtient.On trouve dans les 0153uvres de l’un des
Bernouilli,
deJean ,
sinia mémoire ne nie trompe pas, la solution - de ce
problème
pour le cas ou le tube se meut dans unplan horizontal ,
autour d’unaxe
vertical ,
etou, conséquemment ,
lapesanteur
n’a aucuneaction,
ce
qui
rentre dansl’hypothèse
queje
faisaisplus haut;
aussi la so-lution à
laquelle je parviens
devient-elle celle de Bernouilliquand
on y suppose g=o, ce
qui
n’arrive pas pour cellequ’on a
donnéedans votre XIX.me volume.
yolcl présentement
masolution
DYNAMIQUE. 39
Soit AB l’axe du
tube,
tournant dans leplan
de lafigure ,
sup-posé vertical,
autour d’un axehorizontal , perpendiculaire
à ceplan,
et
passant
par lepoint
A. L’horizontale AP étantprise
pour l’axe des x et lepoint
A pourorigine ;
si M est lepoint
de AB où setrouve le centre de la
sphère
mobile àl’époque
t , en abaissant dece
point
laperpendiculaire
AP sur l’axe des x ,désignant
par a l’in- clinaison du tube àl’origine
des temps, par T la durée de sa ré-volution ,
par 6l’angle
variable que fait sa direction avec l’axe desx , et enfin par r la distance variable du centre de la
sphère
mo-bile au centre du maouvement, on aura
donc
d’où l’on déduit
formule connue , sur
laquelle
est fondée la rectification desspirales.
Maintenant
, il y a deux forcesclui agissent
sur lepoint M ,
etnon pas une
seule ,
comme le suppose le mémoire cité. Ces deux forces sont lapesanteur
et lapression
exercées par le tube sur lemobile; pression
parlaquelle
ce tubel’oblige
de le suivre dans son mouvement. L’intensité de cette dernière force estinconnue ,
maissa direction est
donnée , puisqu’elle
est nécessairementperpendicu-
laire à la direction du
tube, représentée
par celle de son axe AM.En
nommant N cettepression
inconnue comme le fait M. Pois- son , pour unproblème analogue,
dans saMécanique,
tom.I.er,
n.° 250, pag. 373
et374,
il faudraégaler
àd2x dt2
les forcesparal-
40
lèles à l’axe des x
qui
tendent àangmenter l’abscisse,
moins cel- lesqui
tendentà
lesdiminuer,
et faire la même chose àl’égard
de
d2y dt2
pour les forcesparallèles
à l’axe desordonnées.
Or,
en considérant les choses comme elles le sont dans lafigure,
et en admettant que le mouvement de révolution du tube tend à
augmenter l’angle 03B8,
on voit que lagravité
g,dirigée
suivant l’or-donnée,
tend à ladiminuer. Quant
auxcomposantes
de N ,
parallèles
aux axes, on voit que lapremière
tend à di-minuer l’abscisse du
point M ,
tandis que l’autre tend àaugmenter
son ordonnée. En
conséquence
les deuxéquations
du mouvementde ce
point
serontentre lesquelles il
faudra éliminer l’inconnueN ,
enprenant
la sommede leurs
produits respectifs
par x et par y, cequi donnera
on aura d’ailleu rs
d’où
en différentiantdeux
fois consécutivementEn
remplaçant ,
dans cette dernièreéquation , dx2+dy2
par sa va- leur(i) et réduisant,
il viendrace
qui change l’équation (2)
end’où l’on voit que
l’équation ()
du mémoire cité est fausse par l’omission du termer(dd03B8 dt)2 qui
estprécisément
la force centri-fuge qui
aurait lieu sur unecirconférence
du rayon r, la vîtesseangulaire
de rotationétant ,
comme celle dutube,
dans ce pro-blème , d03B8 dt ;
car la vîtesse sur la circouférence étant alors rd03B8 dt ,
lequarré
de cette vîtesse r2(d03B8 dt)2
, divisée par le rayon r , donneprécisément
r( d03B8 dt)2 pour la force centrifuge (*).
précisément
r(d03B8 dt)2
pour la forcecentrifuge (*).
Il rie serait
peut-être
pas facile de montrer, àpriori,
que c’est(*) Je
reçois
à l’instant une lettre de M Th. Barrois, de Lille, qui con-tient des remarques toutes
pareilles
à celles de M Ampère. M. Barrois pense que M. Poncelet a commis une inadvertance, à peu prèspareille,
dans le cal-cul de sa roue à aubes courbes, ce
qui
n’ôte riend’ailleurs, ajoute-il,
aumérite pratique de l’invention. Il est évident que la solution du
problème
traité à la pag. 359 du
précédent
volume est entachée d’unepareille
erreur.Afin de consoler l’anteur ou les auteurs, autant du moins que les torts d’autrui peuvent nous consoler des nôtres,
je
saisirai cette occasion pour ob-server que le petit article que j’ai donné à la pag. 263 de mon XV.me vo-
lume, sur la stabilité
de l’équilibre
(lescorps flottans , quelque spécieux qu’en
soient les raisonnemens, est
complètement
faux de touspoints.
J. D. G.
la force-
centrifuge,
ainsicalculée, qu’il
fautconsidérer
comme la forceaccélératrice, agissant dans
ladirection
dutube , qui
doit êtrejointe
à lacomposante -gSin.03B8
de lapesanteur,
dans la mêmedirection ,
pour avoir la valeur ded2r dt2 que
nous venonsd’obtenir
mais les calculsqui précèdent
nepeuvent laisser
aucun doute à cetégard puisque
la valeur ded2r dt2
a étédéduite,
par un calcul di-rect , de celles de
d2x dt2
et ded2y dt2.
Si l’onsupprime
le terme dû àl’action de la
pesanteur ,
dans cette valeur ded2r dt2 ,
en y faisantg=o , on a
équation qui
revient à celle de Bernouilli. Jem’occuperai plus tard .
de son
intégration ; je
mebornerai
seulement ici à faire remarquer que , dans lesprécédens calculs
, il n’est pas nécessaire desuppo-
ser que le mouvement du tube est
uniforme ,
et d’admettre con-séquemment qu’on
aitainsi
que
nous l’avons faitjusqu’ici ;
il suffit que le mouvementde
rotation dutube,
autour dupoint A , soit déterminé par
une re-lation donnée entre t et
03B8,
telle que03B8=f(t).
Si l’on veut connaître la
pression
N que le tube exerce surla
sphère,
en fonction de la distance r et del’angle 0 ,
on déduirad’abord des valeurs
de x, y, da;, dy,
obtenuesplus haut , l’équa-
tion connue 1
d’où,
endifférentiant,
DYNAMIQUE. 43
on
reprendra
enstiite les deuxéquations
en faisant la somme de
leurs produits respectifs
par -y et par+x,
tt en se
rappelant
quex2+y2=r2,
on auracomparant
cetteéquation a l’équation (3)
on en concluraet, par
suite,
Cette
pression
du tube sur lasphère
se compose de deuxparties;
l’une , exprimée
pargCos03B8,
est l’effortqu’il
doit exercer sur cettesphère
pour faireéquilibre
-à lacomposante
de lapesanteur
per-pendiculaire
aittube,
tandis que sa composantgSin.9,
dans le sensdu
tube ,
tend à mouvoir cettesphère
dans ce sens, sans exercer aucunepression ;
et voilàpourquoi
cette composante faitpartie
dela valeur de d2r dt2 .
L’autreportion
de la force
N ,
est cellepar laquelle
le tube enpressant
lasphère,
44
augmente
sa vitesseperpendiculairement
à l’axe de cetube ,
afinqu’elle
le suive dans son mouvement derotation.
Dans le cas où ce mouvement est
uniforme,
etoù, par
consé-quent,
on a
ainsi alors
et
l’équation
entre r et testéquation
linéaire du secondordre qui peut s’intégrer
parles
mé- thodes connues, mais sonintégrale
neparaît
passusceptible
d’uneforme
simple,
et le calcul en seraittrop long
pour trouverplace
dans cette lettre.
Dans le cas de
Bernouilli,
où le tube se meuthorizontalement
autour d’un axe
vertical,
il fautsupprimer
le termegSin03B8,
et l’ona à
intégrer l’équation
En
multipliant
sesdeux
membres par 2dr etintégrant) il
vientDYNAMIQUE. 45
Si
l’ondésigne par V
la vitesseinitiale, répondant
à ladistance
R,
on aurad’où ,
enretranchant, transposant
etextrayant
lesracines,
c’est cette
valeur qu’il
faudrait substituer danspour
avoir la valeur de lapression N,
en fonction de ladistance
On en tirequ’il
suffitd’intégrer
de nouveau pour avoirl’équation
entre t etr , dans
laquelle
substituantensuite
pour t sa valeuron aura
l’équation polaire
de latrajectoire
décrite.Supposons
que lasphère
soit liée aupoint
A par un fils inex- tensible d’unelongueur égale
àR ;
il est clairqu’alors
son centredécrira uniformément une circonférence dont R sera le rayon et
qui
aura cepoint A
pour centre.Supposons qu’au
moment où cerayon R fait un
angle
oc avec l’axe desabscisses,
le fil vienne su-bitement à se rompre on se trouvera alors dans le cas
particulier
du
problème qui
nous occupe , où iln’y
aurait pas de vitesseinitiale ; l’équation
ci-dessusdeviendra
donc alorssimplement
Tom XX 7
46
dont
l’intégrale
estSi l’on
compte
lestemps
de l’instant où le fil serompt ,
on aurad’où,
enretranchant,
ce
qui donne d’abord
et ensuite
d’où,
enajoutant
et divisant par 2 ,Si l’on nommes l’arc de la circonférence dont le rayon est R
et le centre est
A, compté depuis
lepoint où
le fil s’est rompujusqu’à celui
quedétermine
l’axe ducanal ,
àl’époque t ,
onaura
DYNAMIQUE. 47
en
conséquence ,
on auraet
conséquemment ,
pour l’excès da rayon vecteur de latrajectoire
sur le rayon du cercle
Or,
on sait que , si l’onprend
pour l’axedes x
d’une chaînette uniformément pesante l’horizontale menée par lepoint
leplus bas,
et ce même
point
pourorigine,
on aura 1 pourl’équation
de cettecourbe ,
a étant le
paramètre
de lachaînette, c’est-à-dire ,
lalongueur
deson rayon de courbure au
point
leplus bas ;
encomparant
donc cette valeur de y à celle de r-R on en conclura que latrajectoire
dé-crite par le centre de la
sphère
mobile n’est autre chose que la courbequ’on
obtiendrait en décrivant d’abord une chamette dont leparamètre
seraitégal
aurayon R,
en menant satangente
aupoint
leplus bas, enveloppant
avec cettetangente
le cercle dont le rayon estR,
de telle sorte que cepoint
leplus
basrépondît
al-i lieu du centre de la
sphère
mobile à l’instant de la rupture dufil
etdirigeant
enfin toutes ses ordonnées suivant lesprolongemens
des rayons de ce cercle.
On
peut généraliser
leproblème
deBernonilli
ensupposant
que l’axe du
tube,
au lieu .de se mouvoir dans unplan
horizon-tal ,
décrit une surfaceconique quelconque ;
etj’ai fait,
il y along-
temps,
à cesujet ,
une remarquequi
ne meparaît pas dépourvue d’intérêt;
elle consiste en ce quesi,
faisanttoujours
abstraction de lapesanteur ,
ondéveloppe
la surfaceconique
sur unplan ,
etqu’on
suppose
que l’axe du tube décrive exactement sur ceplan ,
dansles mêmes intervalles de
temps,
les espacesangulaires qu’il aurait
décrit sur la surface
conique
dont ils’agit ;
en traçant sur cemême
’plan
latrajectoire plane qu’y
décrirait le centrede
lasphère
mobile,
en vertu du mouvement dutube ,
il suffira deplier
cettesurface
plane
sur la surfaceconique
de manière que les situationscorrespondantes
de l’axe du tubecoïncident ,
pour obtenir latrajec-
toire
qui
devrait êtredécrite
sur cette dernièresurface,
par le cen-tre de la
sphère.
Pour le
démontrer ,
en conservant aux lettres r et 03B8 la mêmesignification
que dans lesprécédens calculs ,
où le tube était sup-posé
se mouvoir dans unplan,
on aura,d’après
cequi
a étédit plus haut,
pour
l’équation qui
donne r en fonctionde t , lorsque
03B8 est lui-même donne en fonction de t , par
l’équation qui
détermine le mou- vement du tube. Ils’agit
donc de démontrerqu’on
a la mêmeéqua-
tion en r et t
lorsque
le tube se meut sur la surfaceconique ;
orc’est ce
qu’il
est bien facile devérifier ;
car d’abord r et 03B8 restantles mêmes
lorsqu’on enveloppe
leplan
sur la surfaceconique ,
ainsique l’arc décrit par le centre de la
sphère,
enreprésentant
cet arcpar s, on aura, sur le
plan,
et cette
valeur
restera la même sur la surfaceconique; mais 1
enDE DYNAMIQUE. 49
nommant x, y, z les trois coordonnées du centre
de la sphère,
dans
son mouvement sur cettesurface ,
on aainsi
mais,
comme on fait abstraction de lapesanteur,
la seule forcequi agisse
sur lasphère
est lapression
N du tubequi
estperpendi-
culaire à la direction de son axe ; les trois
composantes
de cetteforce
sont doncrespectivement égales à
et en
posant
les
cosinus
des troisangles
que fait sa direction avec les axes sontles cosinus des trois
angles
que l’axedu
tubeforme
avec les mê-mes axes sont
et comme ces deux directions forment un
angle droit ; puisque
la
pression
exercée par le tube est nécessairementperpendiculaire
à son axe, la somme des
produits
des cosinuscorrespondans
seranulle ;
en sortequ’on
aura, ensupprimant le
facteur communI Wr, l’
équation
mais,
d’oit l’on lire successivement
c’est-à-dire (4)
ou, en
réduisant ,
donc finalement
(5)
c’est-à-dire que-
l’équation qui détermine
la courbe décrite par lecentre de la
sphère
sur la surfaceconique
est la même que cellequi
détermine son mouvement surle plan ;
et , comme l’on suppose- que l’on a la même relation donnée entre t et 03B8 dans les deux cas , la valeur de r sera aussi la même pour les mêmes valeurs de cesdeux
variables ;
cequi
démontre que ledéveloppement
de la courbedécrite sur la surface conique
estidentiquement
le même que la courbeDYNAMIQUE.
décrite sur le
plan ;
bien entendu que laposition
et la vîtesseinitiale de la
sphère
dans letube, d’après lesquelles
doivent être de-terminées les constantes introduites par
l’intégration ,
seront les mê-mes dans les deux cas.
Je croîs devoir
observer,
en terminant cettelettre ,
quel’équa-
tion
peut
servir à obtenirdirectement ,
par une transformation très-simple ,
et enn’employant
que le calculdifférentiel ,
la solution d’unproblème
demécanique qu’on
résout ordinairement d’une manièreplus compliquée
et enemployant
le calculintégral.
Ceproblème acquiert
unegrande importance
en ce que c’est de sa solutionqu’on
déduit les trois lois de
Képler ;
il a pourobjet
de déterminer la direction et l’intensité de laforce R,
en vertu delaquelle
unpoint
mobile décrit une cotirbe
plane donnée ,
de manière que les aireg mesurées sur leplan
de lacourbe,
autour d’unpoint fixe,
situé dans ceplan,
soientproportionnelles
auxtemps correspondans.
En
prenant
lepoint
pourl’origine
des coordonnéesrectangulai-
res x et y, dans le
plan
des rayons vecteurs r, et nommant 9l’angle
que fait r avec l’axe des x v àl’époque
t, lepetit
secteurdécrit
pendant
l’instant dt a pour valeurI 2 r2d03B8,
et, comme cetteaire doit être
proportionnelle
autemps dt,
on ar2d03B8=Cdt.
Ornous avons trouvé
ainsi
et, en
différentiant,
52
PROBLÈME
ou
Or, si
l’onconsidère,
comme on le faitordinairement ,
la forceR comme
attractive, c’est-à-dire,
comme tendant àdiminuer
les:deux coordonnées,
ses deuxcomposantes
serontet leur
rapport, que
nous venons detrouver égal à y x, exprimera conséquemment
latangente tabulaire
del’angle
que fait ladirection
de cette force R avec l’axe des x ; or,y x
est aussi latangente
ta- bulaire del’angle
que fait le rayon vecteur avec le même axe,d’où
il suit que la force R estdirigée
suivant ce rayon vecteur.On aura,
d’après cela ,
pour les deuxéquations du mouvement ,
d’où ,
enprenant
la somme deleurs produits respectifs par x et
y , et observant que
x2+y2=r2 ;
or, nous avons
trouvé ci-dessus
DYNAMIQUE.
on aura
donc,
pour la valeur de laforce R ,
Cette valeur se compose de deux
parties;
dont lapremière
r(
d03B8 dt )2 est comme nous l’avons vu ci-dessus,
la force qui
de-
vrait
agir
sur lasphère
mobile pour faireéquilibre
à la force cen-trifuge qui
a lieu dans le cercle dont le rayon est r , avec la vî-tesse
angulaire d03B8 dt
du rayon vectetir; et la seconde -d2r dt2 est la forcequi
devraitagir
sur la mêmesphère,
dans le sens du mêmerayon
lorsqu’on
le supposeimmobile,
pour que son mouvement, lelong
de ce rayon, variâtprécisement
comme il varie en mêmetemps
que le rayonchange
deposition ;
résultatremarquable ,
parcequ’on
ne voitpoint
comment onpourrait prévoir à priori qu’il
fautprendre,
pour lepremier
terme de la valeurde R ,
la force cen-trifuge qui
aurait lieu dans le cercle dont il vient d’êtrequestion.
Il est presque inutile de remarquer que si l’on trouve pour le second terme
-d2r, dt2,
et non pas seulement- ,
c’estqu’on
a re-gardé
commepositives
les forcesqui agissent
pourporter
lasphère
M vers
l’origine ,
et parconséquent
pour diminuer la distance r.M.
Binet, inspecteur
des études à l’écolepolytechnique,
adonné,
il y a
long-temps,
uneexpression
de la force Rqui
ne contientpas
dt,
et donnesur-le-champ
la valeur de cetteforce, d’après
l’é-quation
entre r et 03B8 de latrajectoire décrite ;
elle est bienpréfé-
rable,
pour lasimplicité
descalculs,
à cellequ’on
donne ordinai-rement; voici comment on
peut
la déduire immédiatement de celle que nous venons d’obtenir.Tom. XX 8
54
Nous
avons vuqu’on
avaitr2d03B8=cdt,
etqu’ainsi
on en
conclut,
enprenant
03B8 pour variableindépendante,
et par suite
substituant ces valeurs de d03B8 dt et de
d2r dt2 dans l’expression de R,
elle
deviendra,
c’est-à-dire,
c’est
l’expression
de R donnée par M.. Binet.Pour
juger
àquel point
cetteexpression simplifie
lecalcul,
danschaque
casparticulier ,
il suffitde l’appliquer à quelques exemptes.
Soit d’abord une
ellipse
dont areprésente
ledemi-grand
axe et.e
l’excentricité;
on atira pourl’équation polaire
de cette courbeainsi
DYNAMIQUE.
55ce
qui donnera,
en substituantou, en
posant
c2 a(I-e2)=03BC,
c’est là
l’expression
connue de la forceaccélératrice ,
dans le casdes
planètes, dtaprès
la seconde loi deKépler
relative àl’ellip-
ticité de leurs
orbites ;
d’où l’on voit que,p6ur
différenspoints
del’orbite d’une même
planète ,
cette force est inverse duquarré
dela distance.
Il ne
s’agit plus
que decalculer
lavaleur de
la constantecomme le fait M.
Poisson ,
dans saMécanique (
tom. I.er , n.°24I ),
pour en
conclure ,
enpartant
de tatroisième
loi deKépler,
commeil le
fait
dans cetarticle,
que cette force est aussi en raison ia-verse du
quarré
de ladistance, considérée dans deux planètes dif-
férentes
(*).
Si
j’ai
misquelque intérêt à n’employer
que le calcul différen-tiel,
dans la solution duprécédent problème,
c’est surtout parcequ’en
considérant que ce sont les mouvemens considérés en eux-mêmes , indépendamment
des forcesqui
lesproduisent, qui
sontles données de
l’observation ;
que c’estelle ,
parexemple, qui
aappris
à Galilée que , dans la chuteverticale
des corpspesans,
les espaces parcourus sont comme lesquarrés
destemps ,
ou , cequi
est la mêmechose ,
que la vitesse croîtproportionnellement
aux
temps ;
que c’est de même l’observationqui
a donné àKépler
ses trois
lois ,
il m’asemblé , d’après cela , qu’on
devait traiter d’abord enmécanique ,
et considérer comme desproblèmes
directsceux où le
mouvement
étantdonné ,
on demande la valeur de laforce accélératrice ou de la résultante de toutes celles
qui agissent
sur le corps
qui présente
ce mouvement ,lorsqu’il
y en aplusieurs ;
et que ces
problèmes directs,
comme, engéométrie,
la détermi-nation des
tangentes,
soustangentes, nornlales,
sous normales etrayons de courbure d’une courbe
donnée , n’exigent
que le calcul direct des fonctions dérivées ou calcul différentiel(**) ,
tandis que lesproblèmes inverses ,
telsqu’en géométrie
la recherche des cour-,bes
planes
ou à doublecourbure
,d’après
lespropriétés
de leurstangentes,
normales et rayons decourbure
, et enmécanique
la dé-termination des courbes décrites par les différens
points
des corps ,(*) On peut aussi consulter la pag. 7 , du VII.me volume du
présent
recueiloù la
proposition
se trouve établie, à la fois, d’une manière fortsimple,
tantpour les orbites
elliptiques
que pour les orbitesparaboliques
ethyperboliques.
J. D. G.
(**) C’est ainsi que nous en avons
toujours
usé nous-même, comme le prouve le mémoire cité dans la précédente note. C’estégalement
ainsiqu’en
ont usé MM. Poisson et Franc0153ur dans leurs Traités de
Mécanique.
J. D. G.
57 DYNAMIQUE.
et du
temps pendant lequel
leur niouvements’ex(ecute , lorsqu’on
suppose connues les forces
qui agissent
sur ces corps , nepeuvent
se résoudre que par le calcul inverse des fonctions ou le calcul in-
tégral.
Ce théorème que, dans le mouvement
elliptique
autourd’un foyer ,
la force centrale attractive est en raison inverse duquarré
de la
distance ,
servaut de base au vraisystème
dumonde,
et de-vant par
conséquent
trouverplace
dans tous les traités et tous lescours de
physique
où l’on veut exposer l’ensemble des lois de la nature , il convient de le mettre à laportée
duplus grand
nom-bre de ceux
qui
lisent ces traités ouqui
suivent ces cours, etdont la
plupart
ne connaissent que lagéométrie élémentaire;
c’estpourquoi j’ai
cherché à démontrer ce théorème par lesélémens ;
d’une manièreplus simple qu’il
ne l’est dans lesPrincipes
mathé-matiques de
laphilosophie naturelle ,
en évitant de supposer connues les diversespropriétés
del’ellipse
surlesquelles
est fondée la dé- nionstration que l’on trouve dans cet admirable ouvrage , d’où ellea
passé
dans ufigrand
nombre de traités élémentaires.La démonstration à
laquelle je
suis parvenu , etqui
meparaît
satisfaire à ces
conditions,
estl’objet
d’unpetit
mémoire quej’ai
l’honneur de vous
adresser, Monsieur ,
et , commeje
pense quevous voudrez bien donner
place
à laprésente
lettre dans vos An- nales demathèmatiques, je
vousprie
de vouloir bien y insérer aussi le mémoire dont ils’agit,
commepouvant
lui servir desupplément.
La valeur
générale
deR,
due à M.Binet
, et quej’ai
démon-trée
plus haut, conduit ,
par des calculs aussisimples
que ceux dontj’ai
tiré la valeur de la force centrale dansl’ellipse , à
la dé-termination de cette force dans les courbes
qui
donnent d’autres loissimples.
Il suffit pour cela deprendre
les valeursde =
et ded2(I r) d03B82
dansl’équation polaire
dechacune
de cescourbes,
et,après
en avoir fait la somme, d’enéliminer 03B8
aumoyen
de cettemême
équation polaire ;
enmultipliant ensuite
le résultat de l’éli- minationpar c r2
on ala valeur de R.
C’est ainsiqu’on
trouve.par
exempte,
que, dans lesspirales hyperboliques
etlogarithmi-
ques,
lepoint
attirant étant au centre, l’attraction d,oit être enrai-
son
inverse
du cube de ladistance ;
que,quand
un mobiledécrit
une
circonférence
decercle,
par l’attraction d’unpoint
fixe situé-sur sa
circonférence ,
laforce
attractive est en raison inverse de lacinquième puissance
de ladistance ; que,
dans ce dernier Cas,les durées des
révolutions sont comine les cubes des diamètres des cir - conférencesdécrites,
et ainsi du reste. Bien que ces théorèmes soientconnus
depuis long-temps (*), je
m’étaispourtant
d’abordproposé,
de montrer ,
dans
cettelettre ,
avec-quelle simplicité
ils sedéduisent
immédiatement
de Id valeurgénérale
deR,
afinqu’on pût
mieuxapprécier
lesavantages
de la forme que M. Binet a donné à cettevaleur ,
maisj’ai pensé
ensuiteque-cette
lettre n’étaitdéià que trop
longue ,
et que d’aiMeurs les calculs sont si faciles que les lecteurspourront
les exécuter sanspeine , pour
sipeu qu’ils
yattachent d’in-
térêt.Agréez,
etc.(*) Voy.,
entr’autres, les additions de Clairaut à la traductionde Newton,
par la
Marquise
du Cha&tclet.J. D. G.