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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Les lycéens parisiens et les substances psychoactives

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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LES LYCÉES PARISIENS

ET LES SUBSTANCES PSYCHOACTIVES

Christine DE PERETTI, Nelly LESELBAUM

I.N.R.P. - Paris X - Convention d’étude avec l’O.F.D.T.

MOTS-CLÉS : SANTÉ - CONDUITES - COMPORTEMENT À RISQUES - LYCÉE RISQUES TOXICOLOGIQUES

RÉSUMÉ : Parmi les risques en lien avec la santé, la question des substances psychoactives fait l’objet de nombreux enjeux éducatifs. L’analyse des évolutions des consommations des lycéens parisiens entre 1991 et 1998 montre une stabilisation de la recherche d’ivresse, une légère augmentation du tabagisme quotidien et une augmentation importante de la consommation de cannabis.

SUMMARY : Among health risks, health Education focuses on psychoactive substances abuses. A third survey made in 1998 among parisians high school students shows the following trends : Since 1991, alcohol consumption has remained fairly steady and daily smoking prevalence has shown a moderate increase. The major changes concern cannabis consumptions that have shown significant increases of life, annual and monthly prevalences.

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1. INTRODUCTION

L’unité « école et santé » se préoccupe des interactions entre le système éducatif et la santé, entendue comme une ressource (et non une fin en soi). Nous avons aussi mené plusieurs études sur la question des consommations de substances psychoactives des lycéens qui sont souvent associées, surtout à l’adolescence, aux « conduites à risque ». Cette notion de conduite à risque est polysémique et multiréférentielle. Elle désigne en premier lieu des conduites dont les répercussions s'appréhendent, de façon probabiliste, en terme de risque pour la santé. Cette problématique se situe simultanément dans le champ du médical, du psychologique et du social et considère l'adolescent en évolution dans la perspective de son devenir et d'une optimisation de son état de santé, présent et futur, et de ses potentialités physiques, psychologiques et sociales. Elle recouvre diverses conduites, où prédominent des comportements auto-agressifs : abus de consommations de tabac, d'alcool, de médicaments ou de substances psychoactives illicites, accidents, tentatives de suicides, conduites à risque sexuel, troubles des conduites alimentaires... (Parmi ceux-ci, les accidents et les suicides représentent un problème majeur de santé publique et constituent les deux premières causes de décès dans la population des 15-24 ans.). Ces comportements entrent aussi bien souvent dans le cadre des conduites d'essai, voire d'initiation, d'exploration des limites ou de transgression, fréquentes à l'adolescence. Pour notre part, nous comprenons la notion de conduite à risque surtout comme une double interpellation sur leurs causes et sur leur retentissement :

- Que signifient-t-elles ? Témoignent-elles de difficultés, de situations à risque ?

- Quelles en sont les conséquences ? Comment éviter que les conduites à risque ne nuisent au développement et à l’épanouissement physique, psychologique et social des jeunes ?

2. L’ÉTUDE

Le point de départ de cette recherche est une interrogation sur le manque de données quantitatives, concernant les usages de substances psychoactives des lycéens (en 1996-1997) et leurs évolutions. En effet, malgré l’apparente abondance d’études sur les consommations de substances psychoactives des jeunes scolarisés, jusqu’à récemment la France, ne s’était pas doté de procédures d’études régulières, systématiques, permettant de suivre les évolutions dans ce domaine.

L’I.N.R.P. ayant réalisé en 1983 puis en 1991 deux études auprès des lycéens parisiens, une troisième a été menée en 1998 afin de préciser les évolutions survenues dans la capitale durant ces quinze années.

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2.1 Objectifs

Les objectifs principaux de cette étude sont les suivants :

- décrire les consommations de substances psychoactives (médicaments psychotropes, tabac, alcool, drogues illicites) des lycéens parisiens scolarisés en 1998 ;

- comparer ces résultats à ceux des précédentes études parisiennes pour préciser les évolutions ; - examiner les variations géographiques en comparant les données parisiennes à celles des études françaises et européennes les plus récentes.

Au-delà des usages très occasionnels, nous nous sommes attachés à préciser les prévalences des usages importants, qui interpellent la problématique de l’usage nocif et de la dépendance.

2.2 Méthodologie

Dans un premier temps, le service statistique de l’Académie de Paris a constitué un échantillon représentatif des lycées parisiens, publics et privés sous-contrat. Nous avons ensuite effectué un tirage au sort des élèves à convoquer à partir des listes des élèves scolarisés dans le second cycle du second degré général, technologique ou professionnel. L’étude s’est déroulée dans 26 lycées parisiens.

Nous avons repris, pour l’essentiel, le questionnaire utilisé en 1995 dans les lycées de banlieues sensibles. Par rapport aux études menées en 1983 et en 1991, les indicateurs de consommations avaient alors été modifiés pour se conformer aux indicateurs couramment utilisés en France et à l’étranger, afin d’assurer une meilleure comparabilité des résultats des différentes études.

Le questionnaire est strictement anonyme. En outre, pour répondre à la demande de la Commission nationale informatique et liberté, nous avons averti les parents de cette étude et leur avons laissé la possibilité de refuser que leur enfant mineur y participe. La passation s’est déroulée au cours du second trimestre de l’année 1998, toujours en présence d’un chercheur de l’équipe et les questionnaires, une fois remplis, leur ont été remis en main propre. 375 lycéens parisiens ont rempli le questionnaire.

La moitié des lycéens parisiens déclarent ne jamais fumer, 14,2% fument occasionnellement et un tiers, tous les jours. Près de 16 % fument au moins dix cigarettes par jour. Entre 1983 et 1991, les prévalences des fumeurs occasionnels, des fumeurs réguliers et aussi des « gros » fumeurs (au moins dix cigarettes par jour) avaient sensiblement diminué. Entre 1991 et 1998, l’infléchissement du tabagisme des lycéens parisiens ne s’est poursuivi que pour les consommations occasionnelles, dont la prévalence a encore diminué. Les gros fumeurs sont restés aussi nombreux qu’en 1991 (la différence n’est pas significative) et la prévalence des fumeurs réguliers atteint de nouveau en 1998 le niveau observé en 1983.

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Alcool

- Consommations au cours de la semaine écoulée

Nous avons demandé aux lycéens d’indiquer le nombre de verres de boissons alcoolisées bus chaque jour pendant la semaine ayant précédé l’enquête. Près de la moitié des lycéens (43,7%) ont déclaré ne pas avoir bu d’alcool durant la semaine, 18,3% une seule journée, 24,6% deux ou trois jours et 13,5%, au moins quatre.

Du lundi au jeudi, les proportions de lycéens déclarant avoir consommé au moins une boisson alcoolisée oscillent, selon les jours, entre 12,8% à 16,9%. La consommation augmente en fin de semaine et elle est maximale le samedi, où près de quatre lycéens sur dix ont pris au moins une boisson alcoolisée (39,2%) et 7,2% plus de cinq verres.

- Ivresses déclarées

Près de la moitié des lycéens déclarent avoir déjà été ivres au cours de leur vie et un peu plus de un sur dix, au moins dix fois. Les ivresses récentes, dans le mois, concernent près de 15% des jeunes. À Paris, où les milieux agricoles sont peu représentés, les consommations d’alcool et les ivresses sont plus répandues dans les milieux sociaux privilégiés et moins fréquentes pour les jeunes scolarisés en lycée professionnel.

Entre 1983 et 1991, nous avions observé une augmentation de la prévalence des ivresses déclarées par les lycéens parisiens. L’étude réalisée en 1998 montre une augmentation de la proportion des abstinents et une stabilisation des ivresses dans cette population. Parallèlement, les consommations de fin de semaine sont restées remarquablement stables : en 1991, 11,5 % des jeunes interrogés déclaraient l’absorption d’au moins quatre verres de boissons alcoolisées le samedi, contre 11,9 % en 1998.

Drogues illicites

Le fait le plus marquant de cette troisième étude parisienne est la banalisation importante de la consommation de cannabis durant les dernières années.

Les lycéens scolarisés à paris en 1998 connaissent davantage de consommateurs de substances illicites que les générations interrogées en 1983 et en 1991. Ils sont également plus nombreux à avoir été sollicités.

Ils banalisent plus souvent qu’auparavant la consommation de cannabis alors que pour les opiacés, mais aussi pour la cocaïne, le LSD ou l’ecstasy, la méfiance reste importante dans ce milieu scolarisé. On note que pour le cannabis, le risque le plus souvent évoqué par ces jeunes est le retentissement potentiel sur la scolarité, comme nous l’avions déjà observé en 1995 dans les lycées sensibles de banlieue.

La banalisation de l’usage du cannabis affecte notablement non seulement l’expérimentation mais aussi les usages fréquents de cette substance, qui ont beaucoup augmenté entre 1991 et 1998, alors

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qu’ils étaient restés assez stables entre 1983 et 1991. Ainsi 9% des lycéens scolarisés à Paris en 1998 indiquent un usage récent relativement important, puisque répété au moins dix fois dans le mois.

Pour les autres substances que le cannabis, on relève une augmentation plus faible, mais néanmoins significative, des prévalences d’expérimentation de l’ecstasy, du LSD et de la cocaïne. Cependant, les prévalences de consommations répétées ou récentes de ces différentes drogues illicites (solvants, ecstasy, LSD, cocaïne, héroïne etc.) demeurent marginales dans cette population scolarisée.

Les consommations de cannabis sont plus importantes pour le sexe masculin et pour les lycéens majeurs. Si l’expérimentation est plus importante dans les établissements privés, ce facteur n’affecte pas les usages importants, également répartis dans le public et le privé. Les jeunes des lycées professionnels parisiens consomment moins de cannabis que ceux des lycées d’enseignement général et technique. Nous avons également observé une liaison statistique entre le milieu familial et les consommations de cannabis : l’interdit parental, du moins lorsqu’il est ressenti comme absolu par les jeunes, est protecteur des différents niveaux de consommations étudiés, ce qui n’est pas le cas des autorisations nuancées, pour les jeunes qui pensent que leurs parents les autorisent à en prendre « en certaines occasions ». Enfin, les résultats observés à Paris montrent que les niveaux de consommation du cannabis y sont plus élevés qu’en province (Ballion), alors que c’est l’inverse pour les solvants, le LSD, l’ecstasy, l’héroïne et la cocaïne.

Analyse multivariée

Devant la banalisation importante des consommations de cannabis, nous avons étudié les caractéristiques du groupe des « gros consommateurs de cannabis » (au moins dix fois dans le mois). Dans ce cadre méthodologique statistique, il apparaît que la banalisation de cette pratique aboutit à un recul des limites de la transgression : les résultats que nous retrouvons ici pour le groupe de gros consommateurs sont très voisins de ceux que nous avions relevés dans nos précédentes études, pour les lycéens dont la plupart indiquaient pourtant une fréquence de consommation de cannabis plus faible.

La comparaison des jeunes qui n’ont jamais pris de cannabis à ceux qui en prennent souvent montrent que ces groupes diffèrent statistiquement. Les variables les plus prédictives des consommations importantes sont les habitudes de consommations des pairs, les consommations associées (particulièrement le tabac) et l’absentéisme scolaire. On a vu aussi combien les facteurs éducatifs familiaux et scolaires pèsent : les lycéens non-consommateurs signalent moins souvent des difficultés familiales ou scolaires. Aux variables relationnelles familiales s’ajoutent les variables éducatives « contenantes ». Les non-consommateurs signalent plus souvent une limitation de leurs sorties, le rappel parental de l’interdit légal concernant les consommations de cannabis. Ils éprouvent aussi plus fréquemment un sentiment de sécurité.

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Pour les variables scolaires, nous relevons de nouveau la liaison importante entre l’absentéisme scolaire et les consommations importantes de substances psychoactives, de cannabis en l’occurrence. Outre les aspects relationnels avec les enseignants, les conditions de l’orientation et les aides scolaires influent également sur ces pratiques, moins fréquentes lorsque l’orientation scolaire est vécue comme satisfaisante ou quand les jeunes estiment recevoir de l’aide, en cas de difficultés scolaires.

3. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Ces dernières années, il s’est produit une banalisation importante de la consommation de cannabis, avec augmentation, non seulement de l’expérimentation mais surtout des usages fréquents, au moins dix fois dans le mois. Cette évolution s’accompagne d’une plus grande précocité de consommation et aussi d’une évolution des circonstances de consommations, avec augmentation de la prise de cannabis seul, hors des groupes de pairs. Il nous apparaît ainsi que les indicateurs de consommations utilisés sont déjà dépassés et qu’il serait maintenant nécessaire d’étudier la question des usages (pluri)quotidiens.

Au-delà des approches quantitatives, il conviendrait d’envisager des approches qualitatives afin d’appréhender, dans différents groupes d’âges, les trajectoires de consommations des différentes substances, leur impact psychodynamique, leurs motifs, leurs répercussions... afin de mieux connaître les risques de cette « pratique sociale » en développement.

BIBLIOGRAPHIE

BALLION R., Les conduites déviantes des lycéens, CADIS-OFDT, Rapport d’étude, 1999.

PERETTI C. de, LESELBAUM N., Les Lycéens parisiens et les substances psychoactives :

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