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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Qui fait la vaisselle ?

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Academic year: 2021

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QUI FAIT LA VAISSELLE?

Alain BÉRESTETSKY Fondation 93

A. GIORDAN, J..L, MARTINAND et D. RAlCHVARG, Actes JIES XIV, 1992 69

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Je suis rentré à ['école avec envie Je l'ai rapidement vécue avec ennui Je l'ai quittée avec soulagement. Jasper V. Samy "Retour du Thibet. après un long détour"

Pour qui a participé ne serait-ce qu'à un colloque, il est évident que les êtres humains tombent rapidement d'accord sur les grandes questions. Les "qui sommes nous ?", "où aHans-nous ?" trouvent assez rapidement leurs réponses. Celles-ci sont le plus souvent consensuelles et généreuses.

Ainsi, le monde de l'éducation convient facilement que l"'apprenant" doit être considéré dans sa plus grande largeur, qu'il est un individu à part entière, que ce qui doit être transmis par l'éducateur relève avant tout de la méthodologie, que l'école doit s'ouvrir à la vie et la vie à t'école.

Bref. et il ne s'agit pas là d'une fonnule ironique: "c'est le fond qui manque le moins". Mais qui fait la vaisselle?

Nombre de démarches appelées au plus brillant avenir ont buté sur cette question. "Je l'ai faite hier", "Il faudrait établir un tour de roulement", "D'accord si quelqu'un d'aurre l'essuie! ". Autant de réfléxions qui paralysent les aventures les plus promeneuses.

Dans l'éducation, la question centrale est la même "qui fait quoi 7". L'interrogation lancinante se trouve renforcée par une problématique nouvelle qui pourrait être résumée comme suit: face au développement des automatismes dans le traitement de l'information à process pédagogique immobile, l'enseignant est-il incontournable dans l'école de demain?Letrait de la provocation peut sembler un peu gros et pourtant, sur des matières scientifiques, humaines (histoire, géographie) ou reputées "dures" (mathématiques, physique, chimie) à finalité identique, il ne manquera pas de technocrates pour faire remarquer qu'un ordinateur peut livrer dates ou formules. Un zest d'interactivité, deux ou trois interventions extérieures et un bon gardien, le programme est bouclé et le tour est joué.

Mauvais tour certes, mais au regard du bilan globalement négatif du système scolaire, tour plausible cependant

De fait, l'enseignant se trouve confronté à sa véritable spécialisation, celle de pédagogue. Facile à dire au moment où (es formations du maître concourent à transformer celui-ci, avant tout, en encyclopédie sur pattes. perpétuellement dépassé par le rythme du progrès.

Du point de vue de la méthode, la démarche scientifique, réputée opérante nous indique des pistes de réflexion. L'enjeu premier de l'éducation réside moins dans la transmission des résultats de la science que dans une initiation portant sur ses modes de fonctionnement. L'erreur en tant qu'élément formaleur constitue une base. Le scientifique qui a vu carrière pavée uniquement de réussites n'existe pas. On pourrait ainsi développer longuement des notions telles que l'évaluation. le

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travail d'équipe, l'interférence existant entre une avancée dans un champ scientifique et les autres champs et pourquoi pas? la passion professionnelle.

La science contemporaine est axée sur un principe ambiguë; la spécialisation, voire l'hyper spécialisation. Ambiguïté car c'est toutà la fois ce qui rend la recherche efficace mais aussi ce qui l'éloigne d'une réfléx.ion sociale et éthique.

Pour être efficace, l'enseignant doit devenir plus qu'il n'est actuellement formé. le spécialiste de la pédagogie.

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n'appartient pas ici de détenniner ce qui fonde cette spécialisation, on peut toU[ au plus signaler qu'elle induit, dans la classe, un comportement d'évaluation pennanente du rythme individuel et collectif. Certains repères disciplinaires, s'ils ne sont pas partagés par la totalité du groupe, peuvent comme une bombeà retardement, paralyser l'évolution du groupeycompris de ses sujets les plus brillants.On peut suggérer de même que l'on comprend mieux. le particulier après avoir eu un aperçu du général et que les programmes souffrent douloureusement de ne pas intégrer et ce, à quelque niveau que ce soit, un temps d'information sur "les grandes histoires de la science". Celle de l'Univers, de la Terre, de la Vie, de l'Homme.

D'une façon plus centrale se pose la question de la collaboration. Entre professeurs tout d'abord. Une histoire de j'Univers, pOUf des élèves de Tenninale, gagne à être abordée avec un professeur de philosophie, de mathématiques, associés au professeur de physique.

L'interdisciplinarité n'est pas évoquée comme un principe sacralisé et abstrait. mais autour de thèmes. de problématiques réels. Plus complexe est a priori la collaboration avec l'ex.térieur. La place du pédagogue et celle des intervenants gagne à être définie dans ses principes. Le premier peut être énoncé comme suit: l'enseignant est le seul responsable du process pédagogique.

11 est la seule personne à être payée comme tel. Sa tâche première consiste à établir un processus de recherche pédagogique. La phrase est par définition abstraite. Un scientifique l'entendrait ainsi: il observe le réel(laclasse et le programme), il formule une hypothèse (faire rentrer l'un dans J'autre, le programme dans la classe). Il se livre à une série d'expériences pour vérifier l'hypothèse.

Ces expériences peuvent aussi s'appeller des protocoles dom on examinera séparément la pertinence. mais qu'on veilleraà articuler les uns aux autres. L'ensemble formant une saison scolaire. Dans ces protocoles, la parole est donnée à "ceux qui savent" ou plus justement à ··ceux qui sont susceptibles d'apporter une infonnation opérante".

Le plus souvent c'est le professeur qui est "celui qui est susceptible d'apporter ... " mais il doit nécessairement faire appelà des intervenants extérieurs. A charge pour lui de les cadrer par un travail préalable. puis par un positionnement à POSleriori de l'intervention. dans son process pédagogique. En aucun cas, l'enseignant ne délègue cette responsabilité à quiconque venant de l'extérieur.

Une fois bien défini ce "terriroire de royauté" de l'enseignant, la problématique d'une collaboration est posée en tennes moins pathologiques.

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Lerédacteur au moment de conclure ne peut être sûr d'avoir dit la vérité, il se rassure car il sait que fondamentalement celle-ci est étrangère à la demande scientifique, et il observe... car il a des enfants.

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