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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Expérimenter sur l'animal pour comprendre le corps humain

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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A. GIORDAN, J.-L. MARTINAND et D. RAICHVARG, Actes JIES XXVI, 2004 1

EXPÉRIMENTER SUR L’ANIMAL

POUR COMPRENDRE LE CORPS HUMAIN

Saida KACEM*, Laurence SIMONNEAUX**

*ISEFC, Université Tunis, ENFA Toulouse **ENFA Toulouse, France

MOTS-CLÉS : EXPÉRIMENTATION – VIVANT – OBSTACLE – ANALOGIE

RÉSUMÉ : Nous montrons comment l’utilisation de l’animal dans les expériences de vivisection peut ne pas permettre aux élèves de comprendre ce qui se passe chez l’homme. L’analogie de l’homme avec l’animal est refusée par les élèves. Cette vision anthropocentriste conduit les élèves à réserver “l'intelligence” et l’usage du cerveau à l'homme pour n'accorder à l'animal que l'instinct.

ABSTRACT : We show how the utilization of the animal in experiments of vivisection cannot permit to pupils to understand what happens to mankind. The mankind's analogy with the animal is refused by pupils. This anthropocentric vision drives pupils to reserve " intelligence " and the use of the brain to human beings. They only attribute instinct to animals.

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2 1. INTRODUCTION

Dans l’introduction à la médecine expérimentale Claude Bernard note : « Pour analyser les phénomènes de la vie, il faut nécessairement pénétrer dans les organismes à l’aide de procédés de vivisection. »Mais que faire quand il s’agit de l’étude de notre corps ?

Comme on ne peut pratiquer la vivisection sur l’homme, l’analogie avec l’animal, établie depuis Aristote, fait que l’animal joue le rôle de substitut dans les expériences en classe. Les résultats sont censés être généralisés à l’homme. Mais les activités expérimentales se trouvent confrontées à de nombreuses contraintes éthiques et sécuritaires. En France, « Les pratiques de classe se sont radicalement modifiées aux cours de ces dernières années, éradiquant la vivisection : les grenouilles décérébrées et démédullées ont disparu des paillasses, » (Coquidé, 2000, p.53).

2. PROBLÉMATIQUE

En Tunisie, la vivisection est recommandée dans certaines leçons comme l’étude du réflexe médullaire chez la grenouille. Pour déterminer les structures nécessaires dans la réalisation d’un acte réflexe chez l’homme, une série d’expériences est réalisée sur l’animal. Pour les enseignants ces expériences sont nécessaires et convaincantes. Seulement, l’acquisition du concept « acte réflexe » s’avère difficile pour les élèves de 9e de base (dernière année du collège) et même pour les élèves de Terminale. Quelles sont les origines possibles aux difficultés rencontrées par les élèves ?

3. MÉTHODOLOGIE

Nous avons centré notre recherche sur les obstacles que peuvent rencontrer les élèves dans l’apprentissage de ce concept et qui peuvent être de nature épistémologiques, didactiques et psychologiques (Bachelard, 1938 ; Giordan, 1987, 1990 et Simonneaux 1995, 2000).

Nous avons procédé à des questionnaires et à des entretiens pré et post apprentissage auprès de deux classes de 9e année de base (14 à 15 ans) soit un total de 53 élèves. Ce qui nous a permis de voir les effets de ce type d’expérimentation sur la motivation et l’apprentissage. Les différentes questions ont porté sur les points suivants : l’organe qui commande le mouvement réflexe, le schéma de l’arc réflexe chez l’homme et chez l’animal et la nécessité d’expérimenter sur le vivant pour comprendre l’acte réflexe.

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3 4. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION Pré-test :

Pour la plupart des élèves, l’organe qui commande le mouvement est le cerveau, l’ordre vient du cerveau sous forme d’une flèche partant du cerveau et qui arrive au niveau du pied piqué.

Post-test :

Pour la plupart des élèves, l’organe qui commande le mouvement est le cerveau, le trajet de l’influx nerveux passe par le cerveau considéré comme centre nerveux dans le cas de l’homme. Dans le cas de la grenouille, l’influx nerveux arrive au niveau de la moelle épinière qui commande le mouvement en renvoyant l’influx nerveux au muscle.

Ainsi pour les élèves, contrairement à l’homme, l’animal peut bouger sans cerveau. Le céphalocentrisme et l’anthropocentrisme persistent.

Les résultats de notre recherche montrent la persistance du céphalocentrisme. Même après apprentissage, il reste difficile de concevoir qu’il puisse y avoir de mouvement après ablation du cerveau. L’entretien a montré que les élèves citent la moelle épinière comme centre du réflexe pour la grenouille mais ils n’envisagent pas que ce soit la même chose pour l’homme.

Les entretiens et les questionnaires ont montré que l’expérimentation sur le vivant jouit d’un prestige certain auprès des élèves et des professeurs, elle est jugée nécessaire pour comprendre et ils n’envisagent de la remplacer par aucune autre méthode (leçons filmées, simulation). Cependant, nous avons remarqué que nombreux sont les élèves qui ne supportent pas cette expérimentation et qui ont des problèmes de phobie par rapport au sang ou qui ont pitié de l’animal. Les obstacles psychologiques s’ajoutent alors aux obstacles épistémologiques et didactiques ce qui rend l’acquisition du concept acte réflexe difficile à s’opérer.

5. CONCLUSION

Les élèves refusent l’analogie entre l’homme et l’animal. Ce qui est vrai pour l’animal ne peut être vrai pour l’homme. Or nous savons que la spécificité des êtres vivants nous empêche d’établir des lois immuables. Plus encore, nous savons que chaque être vivant a son individualité propre et qu’aucun être vivant ne peut ressembler à un autre, ni réagir de la même façon. Alors, si on est amené à faire des expérimentations sur l’animal pour comprendre ce qui se passe chez l’homme on ne peut noter les résultats qu’avec d’expresses réserves : « Or l’important ici est qu’aucune acquisition à caractère expérimental ne peut-être généralisée sans d’expresses réserves, qu’il s’agisse de structures, de fonctions et de comportements, soit d’une variété à une autre dans une

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même espèce, soit d’une espèce à une autre, soit de l’animal à l’homme. » (Canguilhem, 1965, p.27)

Comment respecter la spécificité et l’individualité du vivant et en même temps faire des analogies dans les expériences ? Un enjeu de taille pour les enseignants de biologie !

BIBLIOGRAPHIE

BACHELARD G. (1938). La formation de l’esprit scientifique. 9e édition en 1975. Paris : Vrin. CANGUILHEM G. (1965). La connaissance de la vie. Paris : Vrin.COQUIDE M. (2000). Le rapport expérimental au vivant. Mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherches : Université d’Orsay Paris-Sud.

GIORDAN A. & DE VECCHI G. (1987). Les origines du savoir. Les conceptions des apprenants. Neuchâtel : Delachaux et Niestlé.

GIORDAN A. & DE VECCHI G. (1990). Les origines du savoir. Des conceptions des apprenants aux concepts scientifiques. Neuchâtel : Delachaux et Niestlé. (Première édition 1987).

SIMONNEAUX L. (1995). Les bio-technologies de la reproduction animale chez les bovins : approches didactiques et muséologiques. Thèse de doctorat. Université Lyon 1.

SIMONNEAUX L. (2000). Didactique et éducation biotechnologique. Note de synthèse pour l’Habilitation à Diriger les Recherches, Université de Rouen.

Références

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