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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Réflexions sur l'enseignement de la chimie dans les centres d'apprentissage.

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Academic year: 2021

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RE FLEXIONS SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA C HIMIE

DANS LES C ENTRES D'APPRENTISSAGE

Si l'on considère la place relative que doit tenir, dans les centres d'apprentissage, l'enseignement de la chimie au sein de l'enseignement scientifique, il convient de r e m a r q u e r que celle-ci semble être très modeste. Les p r o g r a m m e s sont extrêmement réduits, et j'incline à penser qu'ils sont même exagérément réduits, car ils laissent dans l'ombre l'étude de corps qui occupent une place importante d a n s l'industrie chimique : il en est ainsi, en particulier, de l'ammo-niaque et de l'acide nitrique. On ne f a i t qu'effleurer l'étude de quelques corps de la série organique et, si l'on étudie bien les combustibles en deuxième année, l'étude du pétrole n'est pas explicitement portée au programme.

Mais là n'est pas la question ; on peut regretter que le p r o g r a m m e soit aussi rétréci, mais, tel qu'il est, il s'agit de savoir quel caractère on devra donner à cet enseignement, et d'étudier les moyens d'y parvenir.

Quel profit doivent retirer de cette étude nos jeunes élèves de centres ? Je pense qu'il f a u t arriver à leur faire concevoir aussi clairement que possible les caractères essentiels du phénomène chimique, ces profondes t r a n s f o r m a t i o n s qui s'opèrent au cours des réactions, et les règles principales qui président à ces bouleversements moléculaires. La notion de fonction chimique, mise en évidence par l'étude de la notion d'acide et de base sera le premier palier sur le chemin de l'abstraction et de la générali-sation. Quand nos élèves comprendront la ressem-blance profonde qui amène à r a n g e r dans une même catégorie l'acide chlorhydrique, l'acide sulfurique, l'acide azotique (il en .faut bien au moins trois, et c'est une raison de plus de regretter l'absence de ce dernier dans les p r o g r a m m e s officiels), quand on les a u r a amenés à apercevoir les ressemblances pro-fondes derrière les dissemblances apparentes, ils auront acquis, à côté de connaissances d'ordre pure-ment technologique, une notion fondapure-mentale qui les amèner a à discerner un peu de cet ordre que le labeur des savant s a su mettre dans l'immense diversité .des corps de la chimie. Peu à peu ils comprendront l'énorme importance de cette science éminemment créatrice qu'est la chimie, et combien ses manifestations pénètrent notre vie quotidienne. Ces notions de chimie générale sont au moins aussi .importantes que les connaissances

technolo-giques, même au centre d'apprentissage. Elles amè-neront nos élèves à comprendre de façon plus claire ce qui se passe en particulier dans le phénomène de la combustion autour duquel est centré tout le programme de deuxième année et, par voie de conséquence, comment fonctionne un moteur à explosion ou à combustion interne.

Amener les élèves des centres à saisir clairement ces notions abstraites, suppose deux conditions né-cessaires :

1° Tout d'abord, l'enseignement de la chimie devra revêtir un caractère expérimental, comme la physique et la mécanique. Les phénomènes ne pour-ront être expliqués et compris q u ' a u t a n t qu'ils aupour-ront été réalisés expérimentalement. L a simplicité du programme permet de f a i r e le m a x i m u m dans ce sens et, il f a u t bien le reconnaître, si la matière à enseigner devenait trop abondante (je dis « trop »), l'enseignement prendrait presque nécessairement un caractère plus abstrait, et en conséquence, ne pourrait en aucune façon convenir à des élèves de centres ;

2° Cependant, sur cette base concrète, le maître devra amener l'élève à réfléchir, à comparer et à s'élever progressivement jusqu'à la compréhension de la chimie symbolique.

P a s de chimie sans formules : elle ne serait sans cela que leçon de choses et perdrait tout à la fois et son caractère éducatif et son efficacité.

Ces principes généraux étant posés, il s'agit m a i n t e n a n t de passer à leur application.

La chimie doit être expérimentale ; Chaque leçon sera donc axée :

—- Soit sur une expérience réellement f a i t e devant les élèves, et à laquelle ils prendront p a r t dans toute la mesure possible. Ce sera le cas pour la presque totalité des leçons de première année.

— Soit sur l'examen ou la description précise et raisonnée d'un phénomène déjà bien connu des élèves, mais qu'il serait difficile, sinon même impos-sible de reproduire devant eux. Ce sera souvent le cas en deuxième année quand on étudiera les carbu-r a n t s et la combustion.

Le maître débutant se voit quelquefois bien em-barrassé quand il lui f a u t mener de f r o n t , au cours de sa leçon, le montag e et la réalisation de l'expé-rience, l'explication du phénomène en même temps

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que sa mesure, sans oublier la mise au point du résumé sur les cahiers des élèves, et les sondages nécessaires pour s'assurer de l'attention et de la compréhension de l'auditoire. Il f a u t que l'expérience réussisse et il f a u t qu'elle soit convaincante. Pour cela :

— Opérez toujours dans de la verrerie p a r f a i -tement propre, et avec des produits nets de toute souillure ;

— N'employez que des solutions diluées (sauf indication contraire formelle, lorsqu'il s'agit par exemple de l'action d'un acide concentré sur un métal) ;

— Ayez la main légère quand vous employez les indicatifs colorés ; c'est goutte à goutte qu'il f a u t les verser. Craignez, sans cela, avec la teinture de tournesol, d'obtenir des solutions plus ou moins bour-beuses et des virages peu caractéristiques ;

— Opérez toujours sur de faibles quantités de matière et non sur des litres entiers de solutions diverses, ainsi que je l'ai vu faire bien des fois sous prétexte de rendre l'expérience visible de plus loin. C'est la disposition des appareils, bien plus que leurs dimensions, qui assure une bonne visibi-lité. Arrangez-vous pour que rien ne dissimule aux regards l'expérience en cours, et laissez-en les résul-t a résul-t s en évidence jusqu'à la fin de la leçon ;

— Surveillez attentivement l'étanchéité de vos appareils lors de la préparation d'un gaz. C'est capital en ce qui concerne l'hydrogène. C'est moins grave, sans doute, pour le gaz carbonique ; mais pourquoi, dans ce cas, ferait-on moins bien ? E t notez bien que, s'il est bon d'utiliser la vaseline pour f a i r e glisser un tube, il est préférable de soigner le calibrage des bouchons plutôt que d'essayer de boucher les fuites avec de la paraffine ;

— Répandez le moins d'eau possible, et encore moins de liquides acides ou basiques qui souillent votre table et risquent d'abîmer vos vêtements. L'expérience ne gagne rien à se dérouler au milieu de flaques diversement colorées et plus ou moins malodorantes ;

— Employez toujours comme t a r e des matériau x lourds et de faible volume ; la grenaille de plomb ou même des morceaux de tubes de plomb propre-ment découpés sont ce qui convient le mieux. Evitez de mettre dans le plateau de la balance un livre, votre trousseau de clés, des morceaux de craie... que sais-je encore ! (et je n'invente rien)...

— Ne craignez pas, je le répète, de vous f a i r e aider par vos élèves et de les f a i r e participer acti-' vement à vôtre travail, par leurs actes ou par leurs

réflexions. L'idéal serait de leur f a i r e répéter à tous les expériences fondamentales. Vous n'avez proba-blement pas assez de matériel pour cela, ou bien vous croyez manquer du temps nécessaire ; cepen-dant, il est possible, avec des sections limitées toute-fois à une vingtaine d'élèves, de consacrer deux séances par trimestre, ou trois même au besoin, à la répétition de quatre ou cinq expériences (chimie et physique) que vous avez montées à l'avance sur une grande table, et dont vous surveillerez

l'exé-cution par des équipes de quatre ou cinq élèves. Ces exercices, je le dis par expérience, les intéressent beaucoup ; ils en feront un compte rendu succinct sur leurs cahiers, ce qui vous permettr a de vérifier s'ils ont bien compris ;

ï— Enfin, ne multipliez pas les expériences, mais f a i t e s celles qui servent à expliquer ou à montrer les propriétés essentielles du corps étudié, sa prépa-ration industrielle ou sa constitution chimique.

Laissez de côté ce qui n'est qu'illustration, ce qui ne présente qu'un intérêt secondaire. La science amusante est une chose, l'enseignement de la chimie en est une autre... ce qui ne veut aucunement dire qu'il soit ennuyeux.

Disons un mot m a i n t e n a n t de l'introduction, au cours des leçons, des notions de chimie générale et de la notation chimique. S'il convient d'être prudent et de progresser en cette matière avec- toute la lenteur désirable, il n'en est pas moins vrai qu'il f a u t habituer les élèves, dès les premières leçons sur l'eau, l'oxygène, l'hydrogène, le carbone et le gaz carbonique, à représenter les corps simples par des symboles et les corps composés par des formules. Cette manière d'écrire leur sera présentée comme une sténographie particulière, et on ne leur mon-t r e r a que progressivemenmon-t mon-toumon-t ce qu'on doimon-t voir au travers de ces graphismes. On les amènera, grâce à des exercices numériques simples, à concevoir que dans toutes les réactions on envisage des rapports précis entre les masses des corps qui inter-viennent et que la chimie, qui ne peut se passer de la balance, ne saurai t non plus se passer de l'arithmétique.

A la fin du programme de première année, lors des leçons sur les éléments de la théorie atomique, on n ' a u r a plus qu'à utiliser tous les m a t é r i a ux ainsi patiemment rassemblés ; et, en même temps qu'une révision et une synthèse des notions théoriques anté-rieurement acquises, ces leçons nous permettront de pousser une pointe dans la connaissance de la constitution de la matière.

Il semble en effet peu logique de laisser le soin aux journalistes « vulgarisateurs scientifiques »

d'expliquer à leur manière les théories modernes sur la constitution de la matière. Nos élèves, comme tous les adolescents à l'heure actuelle, se passionnent pour ces questions qui sont à l'ordre du jour. Faut-il que, sur ce point, nous gardions un silence discret, en nous r e t r a n c h a n t derrière les programmes offi-ciels ? Nous devons donner à nos élèves un ensei-gnement qui ne soit pas figé et étroitement garrot é dans les limites d'un p r o g r a m me qui ne peut évi-demment pas tenir compte de l'actualité la plus brûlante. Nous devons être des vulgarisateurs adroits et nous efforcer d'expliquer aux e n f a n t s ce qu'ils désirent savoir.

Notre enseignement, celui de la chimie comme les autres, doit être largement ouvert sur la vie, et la vie n'est pas seulement l'examen à préparer, ni même le métier à acquérir.

R. P R E T ,

Professeur à l'E.N.N.A. de Nantes. 64

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