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ZOOM : EFFETS DE L’EFFACEMENT D’OBSTACLES ET DE LA RESTAURATION D’UNE ZONE HUMIDE SUR LE PEUPLEMENT DU COURS D’EAU ET LA

Dans le document ÉTAT DES LIEUX 2019 (Page 75-79)

SOUTERRAINES SONT MULTIPLES

ZOOM : EFFETS DE L’EFFACEMENT D’OBSTACLES ET DE LA RESTAURATION D’UNE ZONE HUMIDE SUR LE PEUPLEMENT DU COURS D’EAU ET LA

SENSIBILITÉ AUX CRUES.

L’activité historique de Condé sur Iton a conduit à créer sur l’Iton deux ouvrages infranchissables (3,3 m de hauteur de chute cumulée), à aménager un système complexe de bras perchés laissant peu d’eau dans le lit naturel, et à creuser un étang dans le fond de vallée (12 ha).

L’abandon des activités basées sur ces installations et le désintérêt pour l’étang, combinés avec les dégâts entraînés sur les digues, déversoirs et vannes par la tempête de 1999, ont conduit la commune à envisager un projet de renaturation. Au regard des enjeux écologiques du site (habitat humide, biodiversité), le département l’inscrit en espace naturel sensible en 2004. Associant les acteurs locaux via des groupes de travail, des solutions sont recherchées pour permettre à chacun de se réapproprier la naturalité du village et de contribuer à la restauration du bon état de la rivière.

En 2008, l’étude de restauration de l’Iton et sa vallée est lancée, le projet est partagé par tous. Les travaux sont réalisés en 2014 et 2015, supprimant 4 ouvrages et recréant un lit en fond de vallée en réduisant sa largeur pour lui permettre de retrouver sa dynamique de débordement naturelle dans le lit majeur (zone humide restaurée). Le projet est un succès à plus d’un titre. Les suivis naturalistes mettent en évidence une restauration de la biodiversité. Le suivi piscicole (3 ans après) indique une restauration des espèces des rivières courantes et typiques de la rivière (eaux plus fraîches et oxygénées), comme le montre la Figure 22. La biomasse a été multipliée par deux et l’anguille est réapparue suite aux travaux. En outre, lors de la crue de 2016, Condé sur Iton a été épargné par les gros dégâts, la rivière ayant débordé dans le fond de vallée et la zone humide restaurée en lieu et place de l’ancien étang.

Figure 22. Évolution du peuplement piscicole entre 2014 et 2018 sur l’Iton exprimé en indice d’abondance et comparaison avec le peuplement théorique

Chabot Truite Fario

Lamproie de planer

2018 2014 Peuplement théorique

Espèces eaux courantes et “fraîches” Espèces eaux lentes et “chaudes”

Figure 22 : Fonctionnement hydrologique de la Blaise avant et après travaux exprimé en indice d’abondance

0 1 2 3 4 5

Vairon Loche Franche

Ombre Epinoche

Chevesne Goujon

Anguille Blenie fluviatile Hotu

Barbeau fluviatile

Vandoise Spirlin

Brochet Perche

Gardon Brème

4.1.4 Une légère augmentation de la pression morphologique sur le bassin

La pression morphologique est la composante la plus altérée sur le bassin et les améliora-tions ne sont pas significatives à cette échelle.

Ainsi, depuis 2013, la pression morphologique est stable sur 40 % des masses d’eau, s’améliore sur 28 % et se dégrade sur 32 % d’entre-elles.

Ces altérations sont pour partie la résultante d’aménagements anciens mais les pressions se poursuivent, notamment sur les territoires où l’urbanisation reste forte. Elles concernent l’ensemble du territoire, y compris les petits cours d’eau de tête de bassin.

L’amélioration mesurable sur certaines masses d’eau, par exemple à l’ouest de la Normandie, est à mettre à l’actif des travaux de restauration des milieux aquatiques : reméandrages, reconnexion du lit majeur avec le lit mineur… Ces derniers sont menés dans le but de restaurer les fonctionnalités des rivières, leur rendant leur caractère vivant.

Sur le bassin, les travaux de restauration de la morphologie du lit réalisés depuis 2013 ont porté sur plus de 2 500 km au total, ce qui représente 5 % du linéaire du bassin. Les travaux portant sur des linéaires conséquents (plusieurs kilomètres) permettent de réduire significativement la pression morphologique. Ainsi, des impacts

positifs sont visibles sur certains fleuves côtiers et sur certains cours d’eau en amont du bassin : la Salmagne, l’Oise amont, la Charentonne. La Digeanne, sur le territoire de Seine amont, après des travaux de renaturation qui ont consisté notamment à lui faire retrouver son tracé naturel en fond de vallée, s’est vue colonisée par 14 espèces de poissons, contre 7 avant les travaux.

À l’inverse, les effets des travaux portant sur des linéaires plus réduits ne sont pas encore visibles à l’échelle de la masse d’eau. Ils peuvent permettre ponctuellement la croissance de popu-lations de certaines espèces piscicoles sensibles à l’amélioration des habitats aquatiques telles que le barbeau fluviatile, le vairon ou le chabot.

Ainsi ces travaux contribuent à la croissance de ces populations sur le bassin.

D’une façon générale, les aménagements futurs risquent d’aggraver la pression morphologique et de masquer les effets des travaux de restau-ration déjà réalisés. Pour diminuer les atteintes au fonctionnement des rivières, chaque projet, s’il est nécessaire de le réaliser, doit être conçu afin de réduire au maximum son impact sur les milieux naturels. Si des impacts persistants sont inévitables, il s’agira de les compenser en restaurant d’autres milieux dégradés.

Carte 21. Pressions morphologiques sur les cours d’eau du bassin

4.1.5 Une pression hydromorphologique globale qui reste très forte avec de légères améliorations

Carte 22. Pressions hydromorphologiques sur le bassin Seine-Normandie

Comme le montre la Carte 22, les pressions hydromorphologiques restent très significatives sur le bassin.

L’analyse précédente a montré que pour une même masse d’eau, chacune des composantes pouvait évoluer de manière divergente. De plus, les dynamiques d’évolution des pressions sont contrastées géographiquement. Ces phénomènes expliquent la faible évolution de l’indicateur global à l’échelle du bassin.

Les secteurs non altérés sont rares et concernent quelques petites et très petites masses d’eau sur l’ouest de la Normandie et en amont du bassin principalement sur l’amont de l’Yonne.

L’amélioration du fonctionnement hydromorpho-logique reste un enjeu majeur pour l’atteinte du bon état écologique. Elle peut influencer tous les indices biologiques, ainsi que la qualité physi-co-chimique des cours d’eau et leur capacité d’auto-épuration. Elle est essentielle pour la vie aquatique et la résilience du territoire face au changement climatique.

4.1.6 Des pressions hydromorphologiques constantes sur le littoral et dans les estuaires Sur le littoral, la quantification des perturbations hydromorphologiques se heurte au manque de connaissances et de données mesurées ou modélisées. La méthodologie nationale développée par le Bureau de recherches géolo-giques et minières (BRGM) pour évaluer l’état hydromorphologique s’appuie par conséquent sur des indicateurs qui reflètent 4 types de perturba-tions des processus hydromorphologiques :

• Pertes d’habitats marins : surfaces gagnées sur la mer / surface de la masse d’eau,

• Modification des échanges sédimentaires à la côte : taux d’artificialisation du trait de côte,

• Perturbations des fonds marins (hors ouvrages côtiers) : surface perturbée / surface de la masse d’eau & pour la conchyliculture, surface cadastre / surface de la zone intertidale,

• Modification des débits liquides et solides : utilisation Syrah-CE (classe d’altération la plus probable).

Rappelons que les masses d’eau de transition sont toutes classées comme masses d’eau fortement modifiées (MEFM) à l’exception de la Baie du Mont-Saint-Michel.

Ainsi, pour le présent état des lieux, on vérifie que leur état hydromorphologique est dégradé, ce qui était la raison de leur classement en MEFM. Ce déclassement s’explique essentiellement par la très forte artificialisation de ces milieux. Pour l’estuaire de la Seine, les impacts du barrage de Poses sur les débits liquides et sédimentaires sont également à considérer. Les peuplements de poissons de toutes les masses d’eau de transition viennent confirmer ces pressions, à l’excep-tion de la Baie du Mont-Saint-Michel. Toutefois, malgré les altérations morphologiques ayant conduit au classement de ces masses d’eau en MEFM, l’expertise a conclu que l’amélioration de l’état des peuplements piscicoles est possible.

Sur les 19 masses d’eau côtières de la façade, 8 ne sont pas soumises à des pressions hydro-morphologiques impactantes. Les masses d’eau restantes sont essentiellement dégradées par l’artificialisation des côtes (avec notamment les renforcements de berge, les épis, etc.).

Les différences de classement par rapport à l’état des lieux précédent (déclassements de la rade de Cherbourg et de la anse de Saint-Vaast La Hougue) proviennent de changements méthodologiques : davantage de données ont été mobilisés et moins d’avis d’expert.

Enfin, une diminution importante de la surface des herbiers à zostères est constatée sur l’herbier de l’anse de Saint-Vaast La Hougue. La forte artificialisation du secteur et la présence de la digue perturbent le transit sédimentaire ; en fond d’anse, des observations confirment le phénomène d’accumulation. Ce processus pourrait être à l’origine de la régression de l’herbier. Des études complémentaires sont néanmoins nécessaires pour confirmer cette hypothèse. La pression hydromorphologique sur cette masse d’eau est donc jugée significative.

Au final, 7 masses d’eau côtières et de transition sur 27 présentent actuellement des pressions hydromorphologiques significatives. Sur ces 7 masses d’eau, 5 ont été classées en masses d’eau fortement modifiées du fait de ces pressions. Pour celles-ci, c’est le bon potentiel et non le bon état qui est visé.

4.2.

LES PRESSIONS SUR LES MILIEUX

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