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DES PRESSIONS EN PRÉLÈVEMENTS QUI S’ACCROISSENT

Dans le document ÉTAT DES LIEUX 2019 (Page 84-89)

SOUTERRAINES SONT MULTIPLES

DES PRESSIONS EN PRÉLÈVEMENTS QUI S’ACCROISSENT

À l’échelle du bassin Seine-Normandie, sans compter les 0,8 milliards de mètres cube susceptibles d’être retenus par les 4 grands lacs-réservoirs en amont du bassin, près de 3 milliards de mètres cube sont prélevés chaque année.

Ces prélèvements constituent une pression sur les ressources en eau qui peut se manifester de différentes façons : baisse du niveau des nappes ou du débit des cours d’eau, altération du fonctionnement de la vie aquatique ou des zones humides.

Après avoir présenté la répartition des prélèvements entre provenances et entre usages, ce chapitre évalue le niveau des pressions quantitatives sur le bassin. Cette évaluation est d’abord réalisée à l’échelle des masses d’eau souterraine, l’état quantitatif étant un des indicateurs au sens de la directive cadre sur l’eau.

Puis, compte tenu de la taille des masses d’eau souterraine qui peut masquer des problèmes locaux, les secteurs à l’équilibre quantitatif fragile ont été identifiés aussi bien pour les eaux souterraines et que pour les cours d’eau.

4.3.1 L’eau potable représente 53 % des prélèvements

Conformément à la méthode nationale, une année de référence a été identifiée. Malgré une certaine variabilité, l’année 2014 a été choisie comme année de référence car elle est considérée comme moyenne en termes de prélèvements parmi les années disponibles15. Elle est proche de la normale en termes de précipitations moyennes sur le bassin. La répartition des prélèvements sur le bassin montre que 65 % des prélèvements sont réalisés dans les cours d’eau et 35 % dans les eaux souterraines. La moitié (48 %) des prélèvements en eau de surface sert au refroidissement industriel qui en restitue plus de 99 % sur place, avec une température plus élevée. L’alimentation en eau potable représente l’usage principal avec 53 % des prélèvements.

Vient ensuite le refroidissement industriel avec 33 %, puis l’industrie avec 11 % et enfin l’irrigation avec 3 % des prélèvements totaux du bassin, mais sur une partie de l’année seulement.

Les eaux souterraines représentent 48 % des prélèvements pour l’eau potable et 93 % des prélèvements pour l’irrigation.

Figure 23 : Répartition des prélèvements par usage et ressource (données 2014) 53 %

Figure 24 : Répartition des prélèvements par usage et ressource (données 2014)

Eau potable Industrie Irrigation Refroidissement Eaux de surface Eaux souterraines

Volume (Mm3)

15 Pour illustrer cette variabilité, les données disponibles pour 2016 montrent un prélèvement de 119 Mm3 pour l’irrigation, soit 25% de plus qu’en 2014, année de référence.

4.3.2 Des secteurs dont l’équilibre quantitatif n’est pas assuré ou fragile

Les masses d’eau souterraines sont des unités de grandes dimensions, à la fois latéralement et verticalement (plusieurs aquifères superposés).

Les indicateurs présentés dans l’évaluation de l’état ou des pressions significatives (voir partie 2.3.2), calculés à l’échelle de la totalité de la masse d’eau souterraine, ne permettent donc pas toujours de représenter la diversité des comportements hydrogéologiques et des impacts locaux. L’analyse à la masse d’eau, peut même, dans certains cas, masquer des déséqui-libres locaux.

De plus, la méthodologie européenne ne prévoit pas d’évaluer un état quantitatif pour les eaux superficielles. Ceci apparait cependant d’autant plus important que le risque de déséquilibre ne peut que s’accentuer de fait de la baisse du débit des cours d’eau en période d’étiage et de la diminution de la recharge des nappes attendues en raison du changement climatique.

En outre, les zones de répartition des eaux (ZRE), définies par le code de l’environnement, ont permis d’identifier les secteurs du bassin où est constatée « une insuffisance, autre qu’ex-ceptionnelle, des ressources par rapport aux besoins »16.

Ainsi, pour disposer d’une photographie complé-mentaire des ZRE et plus précise à l’échelle du bassin, une analyse des secteurs dont l’équilibre quantitatif est fragile ou n’est pas assuré a été réalisée aussi bien sur les eaux souterraines que sur les eaux superficielles. Pour les deux types de ressources, l’échelle spatiale retenue est celle du secteur quantitatif, résultant du croisement entre masses d’eau souterraines et unités hydrographiques.

L’objectif est d’identifier les secteurs où des déséquilibres liés aux pressions en prélève-ment apparaissent dès à présent, ou pourraient apparaître prochainement. L’identification de ces secteurs permettra aux instances locales de définir les études et actions à mener pour améliorer la connaissance et mettre en œuvre, le cas échéant, une gestion concertée de la ressource.

Fragilité de l’équilibre quantitatif sur les eaux souterraines

Cette première analyse est basée sur la même méthodologie et les mêmes critères que ceux utilisés pour l’évaluation de l’état. Elle consiste à calculer le ratio entre les prélèvements en eaux souterraines (2014) et la recharge des nappes (valeurs moyennes sur la période modélisée 1981-2016) à l’échelle des secteurs quantitatifs. Lorsque ce ratio dépasse 15 % (3 % pour les secteurs géologiques caractéri-sés par le socle de l’ère primaire), l’équilibre est considéré comme fragile. Il est à noter que comparer un prélèvement d’une année récente avec une recharge moyenne sur 35 ans gomme la variation temporelle et débouche sur une carte

« optimiste » par construction.

Les zones de répartition des eaux (ZRE) existantes, qui correspondent aux secteurs sur lesquels des déséquilibres récurrents ont déjà été identifiés et étudiés, ont été intégrées à l’analyse.

Carte 26. Secteurs à l’équilibre quantitatif fragile sur les eaux souterraines

Le bassin présente peu de secteurs où l’équi-libre entre les prélèvements et la recharge est précaire. Cependant, certains secteurs des nappes du Tertiaire du centre du bassin (Croult, Seine Mantoise, Mauldre, Vaucouleurs) présentent un ratio significativement déséquili-bré entre les prélèvements en eaux souterraines et la recharge des nappes. On peut l’attribuer de manière structurelle à une forte demande en eau et une recharge assez faible des nappes. À l’Ouest, la pointe du Cotentin est aussi identifiée avec une fragilité quantitative du fait de la réserve limitée des aquifères en domaine de socle.

Globalement sur le reste du bassin, même si des fragilités peuvent être constatées très localement, le niveau de recharge actuel des nappes par les précipitations hivernales permet de maintenir un équilibre satisfaisant des eaux souterraines.

Fragilité de l’équilibre quantitatif sur les eaux superficielles

Les débits des cours d’eau en étiage sont impactés aussi bien par les prélèvements directement réalisés en rivière que par les prélè-vements en nappe libre dès lors que nappe et rivière sont connectées.

La fragilité de l’équilibre quantitatif des cours d’eau a été évaluée sur la base du ratio suivant, réalisé à l’échelle des secteurs quantitatifs entre :

• le volume mensuel consommé à l’étiage sur chaque bassin versant, en prenant en compte non seulement les prélèvements en rivière mais aussi une partie des prélèvements en nappe dans le cas où une connexion nappe-rivière est établie.

• le débit mensuel quinquennal sec (QMNA5) calculé par bassin versant.

Lorsque ce ratio dépasse 20 %, le secteur est considéré comme présentant un risque de déséquilibre à l’étiage. Comme pour les eaux souterraines, les ZRE visant les eaux superfi-cielles sont intégrées car présentant un équilibre fragile.

Les cours d’eau des secteurs à l’équilibre quan-titatif fragile (Carte 27) sont très sensibles aux pressions anthropiques (prélèvements), et ce d’autant qu’ils ont des débits naturels faibles à l’étiage. Il peut en résulter des impacts sur leurs fonctionnalités hydrologiques, hydromorpholo-giques et leurs caractéristiques écolohydromorpholo-giques.

Carte 27. Secteurs à l’équilibre quantitatif fragile en étiage sur les eaux superficielles

La carte 27 montre que l’arc crayeux à l’Est du bassin (du Loing à l’Oise) présente de nombreux secteurs à l’équilibre quantitatif fragile à l’étiage.

Sur ces secteurs, malgré un équilibre au niveau des eaux souterraines entre prélèvements et recharge, les prélèvements peuvent affecter le débit des cours d’eau. Ces impacts peuvent être transférés vers l’aval, même s’ils ne sont pas détectés par la méthodologie retenue ici.

Au centre du bassin, les zones de fragilité quanti-tative concernent l’aval du bassin de l’Yerres, de la Seine-Mantoise, de l’Aronde, de l’Esches et de la Marne aval.

À l’Ouest, l’Isthme et la pointe du Cotentin présentent des bassins fragiles comme la Taute ou la Sèves (affluent de la Douve). C’est le cas aussi pour le secteur de l’Avre ou de la Lézarde.

Au Sud du bassin, seul le bassin versant du Serein présente une fragilité quantitative marquée.

4.3.3 Bilan sur l’équilibre quantitatif du bassin La disponibilité relative de la ressource en eaux souterraines du bassin Seine-Normandie ne suffit donc pas toujours à assurer l’équi-libre quantitatif de certains cours d’eau en période d’étiage. Par ailleurs les projections du changement climatique sur le bassin convergent vers une tendance à la baisse des débits des cours d’eau et une aggravation significative des étiages sévères, aussi bien en fréquence qu’en intensité, ainsi qu’une diminution de la recharge des nappes C’est pourquoi la connaissance du fonctionnement hydrogéologique de ces secteurs est essentielle, et doit permettre d’orienter dès à présent les actions utiles à la préservation de l’équilibre de la ressource.

À l’échelle du bassin Seine-Normandie, d’autres bassins versants rencontrent de façon récurrente ou occasionnelle des déficits hydrologiques qui se traduisent notamment par des assecs sur les cours d’eau amont, ou la prise d’arrêtés de restriction d’usages par les préfets des départe-ments concernés.

Carte 28. Arrêtés de restriction des usages de l’eau sur le bassin Seine-Normandie (2010-2018)

La carte 28 permet de visualiser les arrêtés pris à partir du dépassement du seuil d’alerte, selon la décision du préfet, sur la période allant de 2010 à 2018. Le Sud-Est du bassin connait le plus grand nombre d’arrêtés traduisant des périodes de sécheresse. Même si les prélèvements peuvent localement renforcer les déséquilibres (amont du bassin du Loing, bassin du Serein), ces secteurs peuvent connaitre des étiages naturel-lement très marqués du fait des caractéristiques géologiques (karstification) et de la position des bassins versants en tête de bassin.

Pour les bassins de l’Eure, d’Île-de-France, du sud-est et du nord-est du département de l’Oise, et pour les bassins de la Vesle et de la Suippe (affluents de l’Aisne), la fréquence des arrêtés coïncide avec les secteurs fragiles représen-tés dans la Carte 27, et donc à la pression des prélèvements.

En Normandie, c’est essentiellement en 2011 et 2017, années où la sécheresse a été la plus marquée, que des arrêtés ont été pris, les situations les plus critiques (niveau de crise) concernant la Seine-Maritime (et le bassin de l’Eure déjà cité).

On constate que les ZRE ne sont pas les secteurs sur lesquels on a le plus d’arrêtés sécheresse, ce qui laisse supposer qu’une gestion concertée pour la maitrise des prélèvements permet de limiter la mise en œuvre de mesures d’urgence.

Au-delà des secteurs actuellement identifiés comme fragiles du point de vue de l’équi-libre quantitatif, d’autres parties du territoire, aujourd’hui non identifiées, pourraient connaitre des déséquilibres dans le futur ; une vigilance est de mise sur cette question.

4.4.

Dans le document ÉTAT DES LIEUX 2019 (Page 84-89)