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LES PRESSIONS MICROBIOLOGIQUES, EN LIEN DIRECT AVEC LA SANTÉ HUMAINE

Dans le document ÉTAT DES LIEUX 2019 (Page 131-139)

SOUTERRAINES SONT MULTIPLES

LES PRESSIONS MICROBIOLOGIQUES, EN LIEN DIRECT AVEC LA SANTÉ HUMAINE

Les résultats des classements des baignades sur le littoral et en eau douce, établis suivant la directive sur la gestion de la qualité des eaux de baignade, montrent une amélioration de la qualité des plages, portant en 2018 à plus de 91 % le nombre de site en qualité « bonne » ou « excellente » pour le bassin. L’analyse des classements depuis 2013 fait ressortir le fait que 25 sites sont passés au niveau « bon » ou au-delà, alors que 3 sites ont vu leur qualité se dégrader et que 3 plages ont été fermées. Le constat concernant le classement des zones conchylicoles par niveau de qualité, quant à lui, montre une situation relativement stable entre les périodes 2010-2012 et 2015-2017. Cette stabilité est toutefois très fragile, l’analyse montrant une tendance à la dégradation, notamment sur la côte Ouest de la Manche.

Quelles sont les sources de contamination microbiologique et les risques associés ?

La contamination bactériologique entre en compte dans l’évaluation de l’atteinte des

objectifs liés aux zones protégées pour la baignade, la conchyliculture et la pêche à pied des bivalves filtreurs, même si elle n’est pas prise en compte dans l’évaluation de l’état des eaux selon les critères de la DCE.

Des seuils réglementaires adaptés à la baignade et la conchyliculture existent pour la bactérie Escherichia coli et les entérocoques fécaux. Ce sont tous les deux des germes témoins de conta-mination fécale, indicateurs d’un risque sanitaire d’origine bactérienne, mais qui rendent toutefois compte de manière peu satisfaisante des risques d’origine virale ou parasitaire.

Des eaux de baignade (eau douce et littorale) en amélioration grâce à des mesures de gestion actives

La qualité microbiologique des eaux de baignade est appréciée suivant des seuils de qualité différents entre eau douce et eau de mer et un classement annuel calculé sur 4 années de suivi.

Les résultats montrent une tendance à l’amélio-ration depuis 2013 : le nombre de plages classées en qualité insuffisante passe de 6 à 3 en eau de mer et de 7 à 1 en eau douce en 2018 (Figure 55).

Pour 2018, plus de 91 % des sites sont en qualité

« bonne » ou « excellente » pour le bassin Seine-Normandie.

Les principales améliorations sont essentiel-lement le résultat des travaux réalisés sur

l’assainissement collectif (station et réseau) et concernent le littoral (stations d’épuration de Saint Valéry en Caux, Veules les Roses, Le Tréport…).

La maîtrise de l’accès du bétail aux cours d’eau a également contribué à cette amélioration.

2013 2014 2015 2016 2017 2018

Figure 55: Evolution

0 50 100 150 200 250

Excellent

Nombre de baignades

Bon Suffisant Insuffisant Non classé

118

46 13 13 12

117

48 17 99

137

53

18 69

139

54

166

144

52

15

36

46 141

55

12 8

Figure 55. Évolution du classement des baignades du bassin Seine-Normandie de 2013 à 2018

Carte 42. Carte de la qualité des eaux de baignade, bassin Seine-Normandie, année 2018

Le nouvel enjeu des baignades en milieu urbain (Seine, Marne, Essonne…), porté par la dynamique de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris 2024, a déjà permis la mise en place d’une première baignade parisienne ouverte au public depuis 2017 sur le bassin de la Villette, classée en excellente qualité.

Les mesures de gestion active (arrêté municipal d’interdiction temporaire de baignade) permettent d’éviter les risques sanitaires et contribuent ainsi à limiter les déclassements.

Toutefois, il faut noter que ces interdictions sont en hausse sur le littoral depuis 2013

24 Selon l’annexe II du règlement (CE) n° 854/2004

(33 interdictions préventives correspondant à 59 jours en 2013 contre 39 interdictions préventives correspondant à un total de 106 jours pour 2017) ce qui montre que les secteurs sensibles restent vulnérables aux événements météorologiques.

Des eaux conchylicoles qui restent fragiles La qualité des 47 zones conchylicoles du littoral normand est appréciée sur la base de 3 classes (A, B ou C) selon des critères microbiolo-giques (Escherichia coli) et chimiques (métaux et composés organiques de type HAP, PCB et dioxines)24.

Carte 43. Classement sanitaire des zones conchylicoles du littoral normand en 2019

En tenant compte des dernières décisions préfectorales de classement, le classement des 47 zones conchylicoles du littoral normand (Figure 56), s’établit ainsi :

0 10 20 30 40 50 60 70

Zone A Zone AP Zone B Zone B/C Zone C Zone EO

Classement en %

Classes de qualité des zones conchylicoles 18

4 7

4 2

65

Figure 56. Répartition des classements sanitaires des zones de production conchylicoles en %

Le nombre de zones classées en qualité « A » passe de 16 % en 2013 à 18 % (voir 22 % en comptant les classements « A provisoire ») en 2019. Pour les zones classées en qualité « B » le pourcentage de zone passe de 76 % à 69 % en considérant les zones avec classement alternatif B et C (classement C sur une période de l’année).

Enfin, le nombre de zones classées en mauvaise qualité « C », reste stable et proche de 2 %.

Depuis 2018, 7 % des zones sont identifiées comme zones « à éclipse » car elles font l’objet d’une exploitation occasionnelle (EO) en fonction de la ressource présente sur site (pêche à pied professionnelle), dans ce cas un suivi sanitaire est mis en place avant l’ouverture de la zone et pendant la période d’exploitation.

Plusieurs secteurs font l’objet d’interdiction de récolte des coquillages en raison de leur mauvaise qualité bactériologique et/ou chimique (toute production ou récolte y étant interdite). Il s’agit principalement d’embouchures de fleuves côtiers et de zones portuaires, la plus importante étant située à l’embouchure de la Seine où le ramassage des coquillages est interdit de Villerville dans le Calvados au cap d’Antifer en Seine-Maritime.

0 5 10 15 20 25 30

35 Nombre d’alertes REMI

2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Nombre de zones touchées par une alerte

de niveau 0 Nombre d'alertes

de niveau 1 Nombre d'alertes

de niveau 2

Figure 57. Évolution du nombre d’Alertes REMI entre 2009 et 2017

Niveau 0 : alerte préventive ; niveau 1 : alerte déclenchée sur la base d’un résultat défavorable ; niveau 2 : alerte déclenchée à partir de 2 résultats défavorables consécutifs

25 Correspondant à la racine nième du produit des donnés et permettant de donner une valeur atténuant le facteur d’erreur d’estimation des données.

Le nombre d’alertes du réseau de contrôle microbiologique des zones de production de coquillages, le REMI (Figure 57), semble repartir à la hausse depuis 2013, année particulière-ment peu impactée en termes de contamination microbiologique des coquillages. Cette légère tendance montre la fragilité de certains secteurs exposés aux flux microbiologiques.

Des flux microbiologiques à la mer en diminution

Les flux à la mer ont été estimés par des mesures de qualité et de débit sur les principaux cours d’eau de la façade littorale. Les résultats montrent une diminution globale de la pression microbiolo-gique malgré une augmentation des capacités des stations d’épuration urbaines et donc des débits de rejet. Ces résultats sont confirmés par les tendances sur les moyennes géométriques 25 en E. Coli mesurées sur les rejets côtiers pour la période de 2005 à 2017 (Carte 44).Cette étude montre que si certains secteurs sont toujours à risques ou restent fragiles, il existe plusieurs secteurs dont la qualité microbiologique des cours d’eau s’est améliorée. Les contamina-tions sont surtout observées en temps de pluie et peuvent avoir pour origine le ruissellement urbain, les débordements de réseaux d’assai-nissement ou le ruissellement sur parcelles pâturées.

Carte 44. Tendance de qualité microbiologique des rejets côtiers du bassin Seine-Normandie (E. Coli) Des assainissements collectifs performants

mais encore soumis à des épisodes de dysfonctionnement

La bande côtière qui a un impact sur la qualité microbiologique des eaux marines couvre une trentaine de kilomètres vers l’intérieur des terres. Elle compte 337 stations d’épuration, qui

représentent une capacité de traitement totale de 2,4 millions d’équivalent-habitants. Elles peuvent éliminer plus de 99 % des germes (Figure 58) malgré l’amélioration des performances épura-toires entre 2013 et 2018, des contaminations microbiennes surviennent encore, associées à des épisodes de fortes pluies et de débordement des ouvrages de collecte des eaux usées.

En EH (Équivalent Habitant)

zone immédiate zone rapprochée

Niveau de rendement bactériologique théorique des rejets de STEP

ensemble des ZIM

0 - < 99 % 99 - 99,99 % > 99,99 % 0 - < 99 % 99 - 99,99 % > 99,99 % 0 - < 99 % 99 - 99,99 % > 99,99 %

Capacité nominale totale Charge entrante maximale totale

0

Figure 58. Niveau de rendement bactériologue théorique des rejets des STEP et capacités dans les zones d’influence microbiologique (ZIM)

D’autres sources de pollution (activité portuaire et nautique, activités agricoles, assainissement non collectif, animaux) peuvent avoir des impacts sur la microbiologie.

D’après les études de profils des zones de baignades, les bateaux de plaisance et activités nautiques ont, en général, un impact relative-ment modeste sur les zones d’usage, excepté sur les zones très fréquentées ou ne disposant pas de bassin portuaire telles que Chausey. Les ports littoraux sont en effet, dans leur majorité, équipés en termes de sanitaires et de récupéra-tion des matières de vidange. De plus, les bassins portuaires ont souvent un rôle d’autoépuration microbienne par des temps de résidence de l’eau importants.

Dans certains secteurs, on peut trouver plusieurs installations ANC défectueuses qui nécessi-teraient d’être réhabilitées ou qui ne sont pas suffisamment performantes d’un point de vue microbiologique (microstations avec rejets en milieu superficiel…). Les rejets de ces installa-tions peuvent représenter un risque sanitaire équivalent à un rejet direct dans le milieu naturel dont l’impact est équivalent à plusieurs centaines d’équivalents habitants correctement assainis.

En eau douce, l’équipement épuratoire des ports, bateaux et établissement flottants (restaurants…) est nettement moins développé, les rejets se font souvent directement dans le milieu.

L’élevage peut constituer une source de pollution microbiologique non négligeable au niveau des bâtiments d’exploitation et des parcelles agricoles recevant des épandages d’effluents (jusqu’à 50 % de la contamination selon l’étude de profil sur la baie des Veys). De plus, dans les pâturages bordant les cours d’eau, le piétinement du bétail sur les berges des cours d’eau et dans les lits mineurs peut être à l’origine d’une dégradation de la qualité microbiologique du fait des écoulements de déjections animales, même si des actions ont déjà été menées, permettant de limiter localement ces dégradations. En zone de pâturage, des études sur des bassins-versants pilotes à forte pente (ex. Saultbesnon dans la Manche) montrent un flux microbiologique multiplié par 100 durant quelques heures lors de fortes pluies. Le flux spécifique résultant du pâturage des moutons de prés-salés peut être équivalent à celui d’un fleuve côtier important (jusqu’à 1014 E. Coli sur 4-5 h soit un flux correspondant à un rejet de plusieurs milliers d’équivalents habitants non assainis) lors des grandes marées avec la submersion des herbus.

La présence de faune sauvage (oiseaux principalement) peut constituer une source de pollution microbienne dont les conséquences sur les zones d’usage, très localisées, peuvent être importantes.

L’antibiorésistance

L’émergence ces dernières années de bactéries multirésistantes aux antibiotiques représente un enjeu majeur de santé publique, animale mais également environnementale. En effet, le phénomène d’antibiorésistance, défini comme étant la capacité d’une bactérie à ne pas être sensible à l’action d’un antibiotique ou d’un antimicrobien, affecte l’ensemble des écosystèmes et des êtres vivants, comme l’illustre le concept One Health (« une seule santé ») mis en œuvre par l’Organisation Mondiale de la Santé. L’antibiorésistance peut provenir d’une mutation génétique affectant le chromosome de la bactérie, ou bien être liée à l’acquisition de matériel génétique étranger porteur d’un ou plusieurs gènes de résistance en provenance d’une autre bactérie. La contamination des milieux aquatiques et des sols par les antibiotiques utilisés en médecine humaine et vétérinaire, leurs résidus, les biocides et les bactéries résistantes, contribue au développement du phénomène d’antibiorésistance. Au niveau du bassin Seine-Normandie, des travaux de recherche et études ont déjà été menés notamment sur les niveaux de contamination et sources de résidus médicamenteux (antibiotiques, analgésiques, anti-inflammatoires, hormones, antidépresseurs,…) dans les milieux aquatiques. Ils ont permis, dans un premier temps, de déterminer les principales voies de contamination des milieux aquatiques (rejets des stations d’épuration urbaines, élevages industriels animaux et piscicoles,…) ainsi que le comportement environnemental de ces substances et les risques potentiels pour les écosystèmes (effets de type perturbateurs endocriniens, modifications de comportement, apparition d’antibiorésistance,…). Actuellement, les programmes de recherche du bassin s’intéressent à caractériser les relations entre antibiorésistance, antibiotiques et autres micropolluants antibactériens, pour mieux comprendre le rôle de l’environnement dans la dissémination des gènes d’antibiorésistance.

Les diverses pressions subies par les milieux ayant été décrites, reste à présenter comment leur évolution à 2027 a été effectuée afin d’estimer le risque de non atteinte des objectifs. C’est l’objet du chapitre suivant.

5 PROJECTION

DES PRESSIONS

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