• Aucun résultat trouvé

MACROPOLLUANTS, HORMIS CERTAINS MACROPOLLUANTS D’ORIGINE DIFFUSE

Dans le document ÉTAT DES LIEUX 2019 (Page 89-93)

SOUTERRAINES SONT MULTIPLES

MACROPOLLUANTS, HORMIS CERTAINS MACROPOLLUANTS D’ORIGINE DIFFUSE

Malgré une augmentation de la pollution brute due à l’accroissement de la population du bassin, la pression liée aux rejets ponctuels de macropolluants par les stations de traitement des collectivités et des industries continue de diminuer grâce aux efforts d’amélioration et de fiabilisation de la collecte et des traitements engagés depuis plusieurs années. La majorité des flux rejetés dans le milieu naturel provient des eaux non traitées issues directement des systèmes d’assainissement des collectivités (déversoirs d’orage, fuites des réseaux, dysfonctionnements). Il s’agit d’un mélange d’eaux domestiques, industrielles et pluviales. La gestion des systèmes de collecte et de transport et la pollution par temps de pluie restent les enjeux majeurs. En revanche, la pression des nitrates diffus, d’origine agricole, persiste malgré des apports en azote minéral stabilisés et fractionnés. Le retournement des prairies et les effets de lessivage plus importants en sont les causes principales.

4.4.1 Baisse des pressions en macropolluants ponctuels

Dans un premier temps sont présentées les pressions brutes en macropolluants rejetées dans le milieu, et dans un deuxième temps, parmi celles-ci, les pressions dites significatives, carac-térisées par leurs impacts sur les milieux, et qui dépendent donc de la fragilité des milieux. Par exemple, un rejet important peut ne pas dégrader l’état d’un cours d’eau à fort débit, tandis qu’un rejet apparemment faible peut impacter l’état d’un petit cours d’eau.

Quelles sont ces pressions ?

Les macropolluants recouvrent les composés du carbone. Ils sont quantifiés par leurs effets sur la demande chimique en oxygène (DCO) et la demande biologique en oxygène sur 5 jours (DBO5), les teneurs des différentes formes de l’azote (ammonium, nitrates, nitrites, azote total (NGL)) et du phosphore (phosphates, phosphore total (Ptot)) ainsi que des matières en suspension (MES).

Les pressions ponctuelles par les macropol-luants proviennent :

• des rejets des stations de traitement des eaux

dispersés » liés aux temps de pluie, aux dysfonc-tionnements des réseaux d’assainissement, à l’assainissement non collectif (ANC) ou à l’absence d’assainissement.

• Des rejets des industries non raccordées aux systèmes d’assainissement collectif et des rejets des industries raccordées dont les flux rejetés sont comptabilisés avec les rejets des stations de traitement des eaux usées des collectivités.

Quels sont leurs impacts ?

Les principaux impacts des rejets ponctuels de macropolluants sur les masses d’eau sont :

• une diminution de la teneur en oxygène, suite à la biodégradation des matières organiques par des organismes tels que les bactéries et à la modification de la turbidité du milieu. Le manque d’oxygène peut alors être important et provoquer des mortalités piscicoles.

• Des effets toxiques de certaines formes de l’azote pour les organismes. De plus, au-delà d’une certaine concentration, les nitrates et les nitrites rendent les eaux impropres à la consommation humaine et remettent en cause la production d’eau potable.

• Une croissance excessive des végétaux due à un déséquilibre au sein du milieu provoqué par un enrichissement en nutriments (azote et phosphore) : c’est le phénomène d’eutrophisation.

L’eutrophisation peut rendre impraticables certaines activités comme la baignade ou la pêche à pied.

Méthode d’évaluation

L’inventaire des flux de pollution et des rejets est issu de l’exploitation du système d’information de l’agence de l’eau et des bases de données nationales. Réalisé sur la base des années 2015 et 2016, cet inventaire a été soumis à l’expertise locale des services des directions territoriales de l’agence et des services de l’Etat concernés.

Seuls les rejets des stations de traitement des eaux usées urbaines et des industries ont été quantifiés par masse d’eau réceptrice. Les données du bassin disponibles pour les pressions des rejets urbains dispersés (rejets urbains de temps de pluie, réseaux et assainissement non collectif) ne sont pas suffisantes pour permettre une quantification à cette échelle. Ces derniers ont donc été estimés à l’échelle globale du bassin à l’aide de bases de données nationales (Météo France, Corine Land Cover).

Inventaire des rejets des stations d’épuration et des industries non raccordées

Le bassin Seine-Normandie compte plus de 2 700 stations de traitements des eaux usées. La majorité de leurs effluents et surtout des flux de pollution associés sont rejetés en masse d’eau superficielle.

Pour exemple, 96 % des flux de DBO5 rejoignent les masses d’eau de surface tout comme 94 % des flux de phosphore total (cf. Figure 24).

24 %

76 %

Eaux superficielles Eaux souterraines

Figure 25 : Répartition en fonction de leur destination du nombre de rejets des stations d'épuration des eaux usées des collectivités ainsi que la répartition des flux de DBO5 et de phosphore totale en fonction du type de milieu récepteur ;

avec ESU = masse d'eau superficielle et ESO = masse d'eau souterraine

Rejets des stations par milieu récepteur 4 %

96 % Flux de DBO5

6 %

94 % Flux de phosphore total

Figure 24. Répartition en fonction de leur destination du nombre de rejets des stations d’épuration des eaux usées des collectivités et des flux de DBO5 et de phosphore total en fonction du type de milieu récepteur

Comme l’illustre la carte des rejets en DCO (cf. Carte 29), les principaux rejets en macropolluants arrivent dans les masses d’eau superficielles au regard des grandes agglomérations.

Carte 29. Flux de DCO émis par les stations d’épuration des collectivités et les industries non-raccordées vers les cours d’eau par bassin versant de masse d’eau

À l’échelle du bassin, l’essentiel des flux est

Stations de traitement des eaux usées de capacité 100 000 Équivalent Habitant Autres stations

Figure 26. Part des stations d’épuration de capacité de traitement supérieure à 100 000 EH dans les rejets des principaux indicateurs de macropolluants vers les masses d'eau superficielle

DBO5

Figure 25. Part des stations d’épuration de capacité de traitement supérieure à 100 000 EH dans les rejets des principaux indicateurs de macropolluants vers les masses d’eau superficielle

Les six stations de traitement des eaux usées du Syndicat Interdépartemental pour l’Assainis-sement de l’Agglomération Parisienne (SIAAP) sont les principaux contributeurs du bassin.

Elles traitent plus de la moitié des flux de pollution entrant dans les stations d’épuration du bassin. La station Seine Aval traite, à elle seule, quasiment 1/3 de la pollution en macropolluants du bassin. En fonction du paramètre considéré, les six stations du SIAAP rejettent entre 57 %

et 74 % des flux rejetés dans les masses d’eau superficielles (65 % pour la DBO5, cf. Figure 26 B). Le fonctionnement et les rendements épuratoires de ces stations, ainsi d’ailleurs que la composition des flux qui y arrivent, ont donc un impact fort sur le bilan global des flux du bassin. Ce constat ne doit pas occulter qu’un faible rejet dans un milieu sensible peut être pénalisant pour ce dernier, comme le confirme l’analyse des pressions significatives.

46 %

54 %

SIAAP Autres STEU

Figure 27. Part des flux entrant en DBO5 des stations du SIAAP par rapport aux flux entrant total des STEU (A) et part des rejets en DBO5 des stations du SIAAP par rapport aux rejets total des STEU

vers les masses d'eau superficielle (B)

A

35 %

65 % B

Figure 26. Part des flux entrant en DBO5 des stations du SIAAP par rapport aux flux entrant total des STEU (A) et part des rejets en DBO5 des stations du SIAAP par rapport aux rejets total des STEU vers les masses d’eau superficielle (B)

Pression « urbain dispersé » liée à l’habitat Les réseaux d’assainissement collectent des effluents de toutes natures provenant des habitations, des industries raccordées et des ruissellements urbains. Ils acheminent ces apports de pollution vers des dispositifs de traitement ou les déversent directement et sans aucun traitement vers les milieux aquatiques superficiels.

Une proportion importante d’effluents de temps de pluie est acheminée vers les stations d’épu-ration par les réseaux unitaires pour y être

traitée. Une proportion moindre mais non négli-geable est directement rejetée via les déversoirs d’orage, ou en raison de dysfonctionnements et de fuites de réseaux. Pour exemple, ces rejets de temps de pluie représentent plus de 75 % du total des flux rejetés pour la DBO5 et plus de 50 % pour la DCO (hors flux issus de l’agricul-ture). La grande majorité des effluents collectés par les réseaux séparatifs pluviaux sont déversés sans aucun traitement. Par exemple, en 2016, 16 000 tonnes de DCO ont été rejetées directement par les réseaux séparatifs dans le

milieu, soit 8 % des flux totaux rejetés de DCO (hors flux issus de l’agriculture). Le fonc-tionnement par temps de pluie des réseaux unitaires s’est amélioré mais reste à parfaire sur l’ensemble du bassin. Les réseaux séparatifs pluviaux restent un patrimoine méconnu vecteur de contaminations croisées (inversions de branchements…).

Pression en macropolluants liée à l’assainissement non collectif

Bien que quasiment la moitié des communes du bassin (45 %) soient en assainissement non-collectif total, elles représentent uniquement 7 % de la population du bassin. Les rejets de l’assainissement non-collectif restent

marginaux à l’échelle du bassin par rapport aux autres sources de pollution (moins de 3 % pour la DBO5, la DCO et l’azote réduit et aux alentours de 1 % pour le phosphore total).

Pression en macropolluants liée à l’industrie Comme pour les stations de traitement des eaux usées des collectivités, l’essentiel des flux est généré par un nombre réduit de rejets directs industriels. Selon le paramètre considéré, 5 à 13 % des rejets représentent 80 % des flux totaux rejetés. Les industries chimiques, papetières et agro-alimentaires représentent les principaux flux à l’échelle du bassin. Quasiment la moitié des sites industriels sont raccordés à un système d’assainissement collectif.

Selon le paramètre de pollution considéré, les industries non-raccordées à un système d’assainissement collectif représentent entre 7 % et 38 % des flux annuels rejetés dans les eaux de surface (Figure 27).Figure 28. Part des flux annuels rejetés, paramètre par paramètre, des industries non-raccordées

par rapport aux flux annuels rejetés par les systèmes d’assainissement collectifs DBO5:

demande biologique en oxygène à 5 jours DCO :

demande chimique en oxygène MES :

matières en suspension

Figure 27. Part des flux annuels rejetés, paramètre par paramètre, des industries non-raccordées par rapport aux flux annuels rejetés par les systèmes d’assainissement collectifs

Plus de 80 % des rejets des industries se font en masse d’eau superficielle. En particuliers, les flux de pollution en carbone, azote et phosphore sont majoritairement rejetés en masse d’eau superficielle (93 % de la demande chimique en oxygène, 76 % des composés azotés totaux).

Pour résumer, les pressions à l’échelle globale du bassin peuvent être représentées sur un même schéma, hors pressions liées à l’agri-culture (Figure 28). Cette figure illustre bien

que la majorité des flux rejetés dans le milieu naturel provient des eaux non traitées issues des systèmes d’assainissement des collectivités (déversoirs d’orage, fuites réseaux, dysfonc-tionnements) et qu’il s’agit d’un mélange d’eaux domestiques, industrielles et pluviales. Pour exemple, 109 000 tonnes de demande chimique en oxygène sont ainsi rejetés par an dans le milieu naturel.

Figure 28. Bilan sources et des flux de pollution à l’échelle globale du bassin Seine-Normandie pour le paramètre de demande chimique en oxygène (DCO) hors flux issus de l’agriculture

PLUVIAL

Assainissement collectif :

~ 17,4 millions d’habitants Assainissement non-collectif :

~ 1,2 million d’habitants Bilan des sources de pollution (hors agriculture) : paramètre DCO

16 2 63 109 6 14

Pluvial Collectivités (STEU, Réseaux, ANC, RUTP) Industries

Pluvial Collectivités (STEU, Réseaux, ANC, RUTP) Industries

Émissions brutes

Rejets

* Donnée estimée sur les flux industriels rejetés

Unité : KT/an

0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %

0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %

Dans le document ÉTAT DES LIEUX 2019 (Page 89-93)