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DEUXIEME PARTIE

II- 3 Zones du Crétacé terminal

Zone à Globotruncanita calcarata

Auteur : Herm (1962)

Catégorie : zone d’extension totale Age : Campanien supérieur

Définition : cette zone a été définie par l’extension verticale totale de Globotruncanita

calcarata.

Remarques : Seule la partie supérieure (à terminale) de cette zone a été reconnue dans la coupe des Abbouda, où elle couvre un peu moins de 10 mètres d'épaisseur. Les dépôts attribués à cette zone succèdent à une lacune d'affleurement au-dessous de laquelle les associations indiquent le Santonien supérieur. Dans cette zone, outre la bonne représentativité de l’espèce index, l’association est dominée par des Globotruncanidés (Contusotruncana fornicata, Globotruncana arca, G. bulloides, G. linneiana, G. orientalis, G. ventricosa, Globotruncanita stuartiformis, G. subspinosa…). Les Heterohelicidés (Heterohelix globulosa, H. planata, P. costulata, et Pseudotextularia nuttalli) représentent une faible proportion dans les associations.

Globotruncanita calcarata est une espèce facile à identifier, de courte distribution verticale et d’une grande extension paléogéographique. Par conséquent, la zone à Globotruncanita calcarata constitue un très bon outil de corrélation à l’échelle mondiale. En terme de Foraminifères planctoniques, cette zone a été considérée pendant longtemps comme la dernière du Campanien. Une récente révision effectuée dans la région type du Campanien (Arz et Molina, 2001 ; Odin et al. 2001), ainsi que les corrélations avec les échelles d’Ammonites (Robaszynski et Caron, 1995), remettent la zone à Globotruncanita calcarata à des niveaux nettement antérieurs à la partie sommitale de cet étage.

Zone à Globotruncanella havanensis

Auteur : Caron (1985) Catégorie : zone d’intervalle Age : Campanien supérieur

Définition : Intervalle caractérisé par la présence du marqueur, compris entre la disparition de Globotruncanita calcarata et l’apparition de Globotruncana aegyptiaca.

Remarques : Cette zone a été initialement introduite par Caron (1978) pour la partie inférieure de la zone classique à Globotruncana falsostuarti (sensu Sigal, 1977), antérieure à l’apparition de G. aegyptiaca. En Atlantique sud, Huber (1991b) attribue à cette zone les dépôts compris entre l'apparition de G. aegyptiaca et l'apparition de Abathomphalus mayaroensis, et considère que sa base coïncide avec le début du Maastrichtien. En Tunisie, Bellier (1983) utilise cette zone pour l'intervalle compris entre l'apparition du marqueur G. havanensis et l'apparition de Gansserina gansseri. A Zumaya (NW Espagne), Arz et Molina (2002) désignent sous le nom de zone à G. havanensis l'intervalle compris entre la disparition de G. calcarata et l'apparition de Gublerina acuta, cette dernière étant antérieure à l'apparition de G. aegyptiaca.

Dans la coupe des Abbouda, la zone à Globotruncanella havanensis couvre un peu moins de 10 mètres de dépôts qui succèdent à la zone à G. calcarata. Ces dépôts sont compris entre à la disparition de Globotruncanita calcarata et des niveaux marneux contenant des associations de Foraminifères indiquant la partie supérieure du Danien (zone à Praemurica uncinata). L’apparition de Globotruncana aegyptiaca n'étant pas repérée, l’intervalle étudié ne représente vraisemblablement que la partie inférieure de la zone à Globotruncanella havanensis (sensu Caron, 1978). Une importante lacune existe ainsi entre le Crétacé et le Paléocène dans la coupe des Abbouda; un banc carbonaté microconglomératique et sombre, à indices de dissolution, sépare le Campanien supérieur d’un Danien assez élevé. Les associations de la zone à G. havanensis sont assez diversifiées. Les fractions grossières (>160µm) sont dominées par les Globotruncanidés hérités de la zone précédente; les proportions des Heterohelicidés augmentent, particulièrement dans les fractions fines (<160µm).

Zone à Globotruncana aegyptiaca

Auteur : Caron (1985) Catégorie : zone d’intervalle Age : Campanien terminal

Définition : Intervalle compris entre l’apparition de Globotruncana aegyptiaca et l’apparition de Gansserina gansseri.

Remarques : L’utilisation des zones à G. havanensis et à G. aegyptiaca (Caron, 1985) permet de subdiviser l’intervalle attribué à la zone à Globotruncana falsostuarti Sigal (1977) utilisée par plusieurs auteurs, particulièrement dans le domaine téthysien.

Cette zone a été reconnue en partie dans la coupe des Mkarcha, sur une épaisseur d'environ 25 mètres de dépôts. Cet affleurement surmonte une lacune d’observation (de 30m) qui succède à des niveaux qui ont livré une association indiquant la zone à Globotruncanita elevata (du Campanien inférieur). La limite inférieure de la zone à G. aegyptiaca n’a donc pas été repérée dans cette coupe; la qualité de l'affleurement ne permet pas non plus de localiser sa limite supérieure. A côté du marqueur Globotruncana aegyptiaca, les espèces qui dominent les associations de cette zone sont : G. arca, G. falsostuarti, G. orientalis, Globotruncanita stuartiformis, G. subspinosa, Contusotruncana fornicata, Pseudoguembelina costulata, Pseudotextularia elegans et Heterohelix globulosa. La diversité augmente aussi bien chez les Globotruncanidés que chez les Heterohelicidés; les espèces Globotruncanita stuarti, Rugoglobigerina hexacamerata, R. macrocephala et Pseudoguembelina excolata enrichissent les associations dans cette zone. Une lacune d’affleurement de 250 mètres environ couvre l’intervalle succédant à cette zone (Maastrichtien et Danien?) et la sépare des affleurements frais à associations indiquant le Paléocène supérieur.

Zone à Racemiguembelina fructicosa

Auteur : Smith et Pessagno (1973) Catégorie : zone d’intervalle Age : Maastrichtien inférieur

Définition : Intervalle compris entre l’apparition de Racemiguembelina fructicosa et l’apparition de Abathomphalus mayaroensis.

Remarques : Les échantillons de la partie basale de la coupe d'Ouled Haddou nous ont livré des associations diversifiées, dans lesquelles les grands Heterohelicidés (dont le marqueur) et les Globotruncanidés montrent des proportions voisines. A côté du marqueur, la zone à Racemiguembelina fructicosa se caractérise particulièrement par une diversification des genres Planoglobulina, Pseudoguembelina, Contusotruncana et Rugoglobigerina. Les associations sont typiques du Maastrichtien, mais l'absence de l'espèce Abathomphalus mayaroensis indique la partie inférieure de cet étage (en domaine téthysien, l'apparition de R. fructicosa étant nettement antérieure à celle de A. mayaroensis). Cette zone couvre donc les dépôts de la partie basale de la coupe d'Ouled Haddou, qui reposent en contact anormal sur des marnes du Crétacé moyen. La limite inférieure de la zone à Racemiguembelina fructicosa

n'a pas été repérée, les 8 mètres de dépôts contenant le marqueur ne représentent donc qu'une partie de cette zone.

A El Kef, Nederbragt (1991) utilise, en terme d’Heterohelicidés, la zone à R. fructicosa pour les dépôts du Maastrichtien terminal. Cette zone, à caractère local, peut se substituer à la zone classique à Abathomphalus mayaroensis, marqueur rare à El Kef. R. fructicosa est également utilisée comme marqueur de zone pour les dépôts du Maastrichtien non sommital, avant l’apparition de A. mayaroensis (Premoli Silva et Sliter, 1994; Li et al., 1999; Arz et Molina, 2002).

Dans la coupe d’Ouled Haddou, les marqueurs R. fructicosa et A. mayaroensis se retrouvent jusqu’au sommet du Maastrichtien.

Zone à Abathomphalus mayaroensis

Auteur : Brönnimann (1952a) Catégorie : zone d’extension totale Age : Maastrichtien supérieur

Définition : Cette zone correspond à l’extension verticale totale du marqueur

Abathomphalus mayaroensis.

Remarques : Les premiers échantillons de cette zone nous livrent des associations diversifiées, contenant, à côté de Abathomphalus mayaroensis, d’autres marqueurs du Maastrichtien supérieur (Contusotruncana contusa, Pseudoguembelina hariaensis, Pseudoguembelina palpebra, Racemiguembelina fructicosa…), ainsi que les derniers représentants de l’espèce Gansserina gansseri (espèce signalées dans plusieurs études jusqu'à la partie supérieure de la zone à A. mayaroensis). Le long de cette zone, les Globotruncanidés et les Heterohelicidés montrent des proportions presque identiques dans les fractions de résidus de lavage supérieures à 160µ. Dans les fractions plus fines, les genres Globigerinelloides, Guembelitria et Hedbergella, ainsi que les Heterohelicidés, dominent nettement, avec des proportions légèrement variables. La limite supérieure de cette zone est nettement marquée par l'extinction en masse de tous les Globotruncanidés (dont le marqueur A. mayaroensis) et de la majorité des Heterohelicidés (voir § limite Crétacé/Paléogène). Les dépôts attribués à cette zone peuvent être subdivisés en deux sous-zones limitées par l’apparition de Plummerita hantkeninoides : la sous-zone à P. hantkeninoides et la sous-zone à Pseudoguembelina hariaensis (voir ci-dessous).

Discussion : La zone à A. mayaroensis a été introduite par Brönnimann (1952a) pour des dépôts contenant le marqueur et attribués au sommet du Maastrichtien. L’espèce index étant d’une morphologie facile à identifier et d’assez courte distribution verticale, plusieurs auteurs ont utilisé cette zone pour caractériser les derniers dépôts du Maastrichtien (Bolli, 1966 ; Pessagno, 1967 ; Postuma, 1971 ; Barr, 1972 ; Premoli Silva et Bolli, 1973 ; Smit, 1982 ; Smit et Ten Kate, 1982; Caron, 1985; D’Hondt et Keller, 1991 ; Apellaniz et al., 1997). En domaine Méditerranéen l’absence de A. mayaroensis dans la partie sommitale du Maastrichtien (à Globotruncanidés) a été signalée dans plusieurs études (Said 1978 ; Salaj, 1980 ; Wonders, 1980 ; Bellier, 1983 ; Ghlis, 1987 ; Robaszynski et al., 1999). Certains auteurs considèrent que la disparition de cette espèce précède la limite Crétacé-Tertiaire (Blow, 1979 ; Sigal, 1987 ; Keller, 1988 ; Robaszynski et Caron 1995). De par l’irrégularité de la présence du marqueur dans la partie tout à fait sommitale du Maastrichtien, certains auteurs utilisent l’apparition des Globigerinidés (Robaszynski et al., 1984) ou la disparition soudaine des Globotruncanidés (Robaszynski et Caron, 1995 ; Robaszynski et al., 1999) pour définir le sommet de la zone à A. mayaroensis. La rareté de A. mayaroensis a conduit certains auteurs à utiliser la zone à Plummerita hantkeninoides pour les derniers niveaux du Maastrichtien (Ion et Szasz, 1994 ; Pardo et al., 1996 ; Molina et al., 1996 ; Arenillas et al., 2000c,d ; Dupuis et al., 2001) D’autres marqueurs d’Heterohelicidés ont été utilisés pour définir une dernière zone du Maastrichtien, surmontant généralement la zone à A. mayaroensis (ou lui substituant)

[

zone à Pseudotextularia deformis (Keller, 1988) ; zone à Racemiguembelina fructicosa (Nederbragt, 1991) ; zone à Pseudoguembelina hariaensis (Arenillas et al., 1998) ; zone à Pseudoguembelina palpebra (Li et Keller, 1998a)

]

. A Bidart, dans le Sud-Ouest de la France, Tsizaraina (1984) attribue à la «zone à Rugoglobigerines» l’intervalle compris entre la disparition de A. mayaroensis et la disparition des Globotruncanidés.

Mais des études, plus récentes, confirment la présence de A. mayaroensis jusqu’au sommet du Maastrichtien dans plusieurs sites (Canudo et al., 1991 ; Molina et al., 1998 ; Arz et Molina, 2002 ; Karoui-Yaakoub et al., 2002 ; Toufiq et al., 2002). La présence de A. mayaroensis jusqu'à la limite Crétacé/Paléogène a été observée dans différent types d'environnements : de Bassin océanique (Apellaniz et al., 1997 ; Norris et al., 1999), de zone épibathyale (Molina et al., 1996) et de plate-forme externe (Orue-Etxebarria, 1997 ; Zaghbib- Turki et al., 2000 ; Arenillas et al., 2000c,d). Bien que le marqueur semble apparaître plus tôt en hautes latitudes et en Atlantique sud (Huber, 1990, 1991b; Li et Keller, 1998a), la zone à

Abathomphalus mayaroensis a été également utilisée pour le Maastrichtien supérieur dans ces régions (Boersma, 1984 ; Huber, 1990).

Dans cette étude, nous garderons l’utilisation classique de la zone à Abathomphalus mayaroensis, pour le sommet du Maastrichtien, car le marqueur est régulièrement présent dans les niveaux précédant la limite K/P. De plus, l’utilisation de cette zone est plus pratique pour des corrélations à grande distance, étant données la distribution mondiale du marquer et sa morphologie caractéristique et régulière. Dans les latitudes tropicales à tempérées, l'intervalle correspondant à la zone à A. mayaroensis a été subdivisé en plusieurs (sous)zones utilisant en particulier la disparition de G. linneiana et les apparitions de P. hariaensis et de P. hantkeninoides (Li et al., 1999; Robaszynski et al., 1999; Arz et Molina, 2002). Pour des raisons de corrélations, nous pouvons subdiviser les dépôts attribués à la zone à A. mayaroensis, dans la coupe d'Ouled Haddou, en deux sous-zones. La sous-zone à Pseudoguembelina hariaensis couvre les dépôts antérieurs à l’apparition de Plummerita hantkeninoides. La sous-zone à P. hantkeninoides, caractérisée par la présence du marqueur, couvre environ 20 mètres de dépôts qui constituent la partie terminale du Maastrichtien. Plummerita hantkeninoides ne permet cependant que des corrélations restreintes vue son absence dans les régions de moyennes à hautes latitudes (Apellaniz et al., 1997 ; Huber, 1990; Li et Keller, 1998a). De plus cette espèce suscite des confusions taxonomiques avec des morphologies voisines (particulièrement avec Rugoglobigerina reicheli), elle est souvent rare ou d’une présence irrégulière au voisinage de la limite Crétacé/Paléogène.