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Visualisation conceptuelle

Bien que la définition des STS-i soit le meilleur moyen d’expliquer les concepts qu’ils représentent, il est possible d’en donner une vision conceptuelle. Une vision conceptuelle est une représentation géométrique des différents états spatio-temporels que peut prendre un objet durant son évolution. Si un seul objet est représenté sur le diagramme, alors les distances et tailles des sections de la droite peuvent représenter le temps. Si plusieurs objets sont représentés, alors il s’agit d’une vision conceptuelle. Cette représentation sera utilisée par la suite lors de l’application de la théorie de la dominance (voir section 4). De plus, cette représentation est également utilisée afin de dériver une représentation de « pattern » aidant à l’utilisation des STS-i.

L’évolution d’un objet peut être visualisée sur une ligne temporelle. Si l’on ne considère pas, dans un premier temps, de possibilité de non-présence, l’évolution d’un objet passe toujours par une étape de non-existence, une étape d’existence suivie elle-même par une étape de non-existence. Les étapes précédant et suivant ce cheminement sont des étapes d’oubli ou de non-connaissance. Durant ces deux étapes, l’objet n’est pas modélisé du tout. Ce schéma de vie peut être expliqué facilement par le fait que, comme l’on considère un temps infini dans le passé et le futur, il existera toujours un intervalle de temps pour lequel l’objet n’existe pas encore et pour lequel il n’existe plus. Il existe donc des points caractéristiques sur la ligne temporelle de l’évolution d’un objet. Ceux-ci sont symbolisés à la Figure IV-5.

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre IV.

Figure IV-5 Représentation conceptuelle des différents états de l’évolution d’un objet dans un contexte spatio-temporel. Les STS-i considérés ne prennent pas en compte la présence et la non-présence. L’objet A n’existe pas encore, l’objet B existe, l’objet C n’existe plus. L’objet D est en phase de transition. Les phases d’oubli sont les périodes durant lesquelles l’objet n’est pas modélisé.

La représentation de l’évolution d’un objet montre les différentes situations par lesquelles un objet passe au cours de son évolution. L’objet A n’existe pas encore, l’objet B existe, l’objet C n’existe plus. L’objet D quant à lui est en phase de transition, il passe d’un état d’existence à un état de non-existence. Comme nous l’avons déjà précisé, cet état est instantané, c’est pourquoi il est représenté par un point sur la droite conceptuelle de l’évolution d’un objet. La droite d’évolution est orientée car, comme précisé dans notre logique temporelle, l’ordonnancement des instants rend impossible le retour dans le passé. La figure présente quatre points de transition. Par définition, ces points sont identiques, ils symbolisent uniquement le passage instantané d’un état à un autre. Les deux points de transition des phases d’existence vers les phases de non-existence étant identiques, il n’est pas logique de les représenter comme deux entités distinctes. La représentation bien qu’orientée peut donc être bouclée autour de ces deux points afin de les rendre uniques. La Figure IV-6 représente cette boucle.

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre IV.

Figure IV-6 Représentation conceptuelle des différents états spatio-temporels de l’évolution d’un objet. Dans cette représentation, un seul point de transition est représenté. Celui-ci permet de passer de l’état de non-existence vers la boucle d’existence. L’objet D est en état de transition, l’objet A n’existe pas encore, l’objet C n’existe plus et l’objet B est dans la boucle d’existence.

Les phases d’oubli représentent les périodes durant lesquelles les objets ne sont plus modélisés.

L’état d’existence forme, dès lors, une boucle orientée sur laquelle peut circuler l’objet B. L’objet A n’existe pas encore et va y arriver. On peut considérer que la distance conceptuelle qui sépare l’objet A du point de transition représente le temps qu’il reste avant que l’objet A n’apparaisse. L’état d’existence est ici considéré comme le regroupement des deux états de présence et de non-présence. Si l’on prend en compte cette distinction, on peut diviser la boucle d’existence en deux entités distinctes dont le point de passage reste l’état de transition.

La représentation symbolise le sigle infini (∞) afin de montrer qu’il est possible pour un objet de circuler un grand nombre de fois sur les deux boucles. Notons qu’il n’est pas possible de considérer un changement infini d’état d’un objet. D’une part parce que seule la considération temporelle que nous appliquons est infinie et, de plus, selon Wolter (Wolter and Zakharyaschev 2000), afin de raisonner sur des objets spatio-temporels il est nécessaire de prendre en compte un « finite change assumption » (un postulat de changement fini).

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre IV.

État spatio-temporel d’un objet

p

∄∄

transition np

A

E B

D

C

p np

phase de non-existence phase de non présence phase de présence

Figure IV-7 Représentation conceptuelle des différents états spatio-temporels possibles pour un objet. La figure symbolise le sigle infini afin de montrer le la possibilité de traverser un grand nombre de fois les boucles de présence et de non-présence.

L’objet E est en état de non-présence et l’objet B est en état de présence. Les objets A et C n’existent pas tandis que l’objet D est en état de transition. Une rotation est effectuée par rapport aux figures précédentes afin d’aider à la réalisation des patterns présentés à la section suivante.

Si l’on pousse la réflexion plus loin, d’autres représentations conceptuelles sont possibles. En effet, en tenant compte de la phase d’oubli, il est possible de modéliser les situations telles que montrées aux Figure IV-8, Figure IV-9 et Figure IV-10. La prise en compte d’une « réincarnation » possible des objets implique de représenter l’état de non-existence telle une boucle. Ainsi un objet peut retrouver une spatialité tout en gardant la même identité.

La réincarnation nous apparaît comme le meilleur concept pour représenter ce phénomène.

En effet, rien n’indique que l’objet possédera la même spatialité lors de son retour dans la phase d’existence, seule son identité est conservée.

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre IV.

État spatio-temporel d’un objet

∃ transition

B

C D Ø

Ø phase d’oubli

A

r

r

Ø

phase d’oubli phase d’existence phase de non-existence

Figure IV-8 Représentation conceptuelle de l’évolution d’objets et de leur identité dans l’espace et le temps. Le graphique présente deux boucles qui sont les boucles d’existence et de non-existence ; les boucles sont traversées par la droite de l’oubli qui représente les périodes durant lesquelles l’objet n’est pas modélisé ni même connu. Comme précédemment, les objets A et C n’existent pas, le B existe, le D est en transition.

La représentation conceptuelle la plus complète que nous pourrions donner de l’état spatio-temporel d’un objet est donnée Figure IV-9. En effet, dans cette représentation figure à la fois les différents états de existence, présence, présence et transition. La non-existence est bouclée permettant ainsi la réincarnation. La droite de l’oubli traverse le point de jonction de toutes les courbes conceptuelles au point d’état de transition. Sur cette figure, on peut voir que l’objet E est non présent (donc non inclus dans l’espace de travail) et que l’objet B est quant à lui bien présent.

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre IV.

État spatio-temporel d’un objet

Ø p

Ø transition A

B

C

D

np

r E

p np

phase d’oubli

phase de non-existence phase de non-présence phase de présence

Figure IV-9 Représentation conceptuelle de l’évolution possible d’un objet et de son identité dans l’espace et le temps. La phase de non-existence est représentée en boucle. Ceci implique la possibilité d’une réincarnation pour un objet. La droite de l’oubli est quant à elle non bouclée ce qui interdit une résurrection. Les objets A et C n’existent pas, le B est présent, le D est en état de transition et l’objet E est en phase d’absence donc non inclus dans l’espace de travail.

La prise en compte de phénomènes archéologiques « redécouverts » et qui, par définition, ont été oubliés et retrouvés, peut se faire à l’aide de la représentation conceptuelle présentée Figure IV-10. En effet, dans ce cas, la droite de l’oubli est bouclée. Ce qui impose une vision cyclique du temps. Un objet peut alors se déplacer indéfiniment sur le schéma. Le point de sortie d’un objet sur le diagramme pose question. On peut raisonnablement penser qu’un objet sera indéfiniment sur la courbe de l’oubli après la destruction de sa spatialité et de son identité, et ce jusqu’à sa redécouverte. Nous pourrions assimiler ce concept à une résurrection. Cependant, des questions identitaires ou de réalité physique se posent dans ce cas et ces interrogations sont hors du cadre de notre travail.

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre IV.

État spatio-temporel d’un objet

p

transition A

B

C

D

np

r E

Ø

p np

phase d’oubli

phase de non-existence phase de non-présence phase de présence

Figure IV-10 Modélisation conceptuelle de l’évolution de l’identité et de la spatialité d’un objet dans l’espace et le temps. La représentation de la phase d’oubli en boucle autorise la résurrection ou redécouverte d’un objet, la représentation de la phase de non-existence en boucle autorise la réincarnation d’un objet. Les objets A et C sont en phase de non-existence, l’objet B est présent, l’objet D est en phase de transition et l’objet E et absent.

Par la suite, nos représentations de l’espace conceptuel d’évolution d’un objet seront essentiellement basées sur les deux Figure IV-7 et Figure IV-9. Les concepts de réincarnation et de résurrection ne font pas partie des objectifs directs de ce travail. Ils feront l’objet d’une discussion lors de nos perspectives futures. La Figure IV-7 représente la situation où un objet peut être dans les 4 états spatio-temporels définis. Les phases d’oubli n’étant pas modélisées dans le cadre de travail que nous avons défini, il ne sera plus nécessaire de les symboliser par la suite.

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre IV.

État spatio-temporel d’un objet