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L’évolution de l’identité dans un environnement virtuel

L’évolution et la définition de l’identité d’objets sont également traitées dans le cas d’une modélisation d’environnements virtuels. Bien que certaines contraintes relatives à une réalité physique ne soient pas toujours nécessaires dans ces approches, nous soulignons les travaux de Campos (Campos, Hornsby et al. 2003) qui utilisent une définition intéressante de l’identité des objets géographiques pris en compte. Leur modèle, servant à la représentation d’informations notamment historiques, permet la représentation simultanée dans un environnement informatique d’information existant conjointement avec des objets n’existant plus. Le but de cette représentation est de permettre à l’utilisateur une analyse des caractéristiques de certains objets géographiques en fonction d’objets plus anciens.

Campos dresse une taxonomie de l’état des objets qui interviennent dans une modélisation dans un environnement virtuel. Il propose de croiser deux concepts orthogonaux qui sont l’existence et la visibilité. Pour lui, la visibilité d’un objet ou non est, dans les limites de son cadre de modélisation, indépendante d’une existence préalable de l’objet. En effet, n’étant pas limité à une réalité physique du monde qu’il modélise, rien de l’empêche de fixer ce postulat de départ. Il propose le tableau présenté en Figure II-17. Sa taxonomie propose une interprétation en langage naturel des différents états possibles. Il différencie l’acteur de l’espion comme étant deux objets actifs dans la modélisation, mais le premier étant visible et le second ne l’étant pas. La scène et le camouflage sont deux éléments existants mais non actifs, il s’agit typiquement de l’environnement statique dans lequel évoluent les objets. Le camouflage quant à lui n’a pas de représentation graphique, ou alors il s’agit d’objets qui sont volontairement masqués par l’utilisateur afin de permettre une meilleure interprétation des objets restants. La section des objets non-existants reprend les fantômes comme objets actifs et visibles et les fables comme objets actifs et non visibles. Finalement, les mirages et les mythes sont des éléments inactifs respectivement visibles et invisibles. Notons cependant que la notion d’existence et de non existence est surtout basée sur un choix posé par l’utilisateur afin de l’aider dans une visualisation. Bien que pouvant se baser sur une donnée relative à l’existence réelle du phénomène, rien n’empêche de la représenter alors qu’elle n’existe plus au moment de l’analyse.

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre II.

État de la recherche

Figure II-17 Taxonomie des différents objets tel qu’il est possible de les représenter dans un environnement virtuel selon Campos (Campos, Hornsby et al. 2003). Il considère l’existence et la visibilité comme des concepts orthogonaux, ce qui lui permet de les croiser afin d’obtenir 8 états possibles : l’acteur, l’espion, la scène, le camouflage, le fantôme, la fable, le mirage et le mythe.

Une liste d’opérateurs permettant le passage d’un état à un autre est également proposée, ceux-ci représentant tous les passages possibles. Toutes les combinaisons de changement d’état y sont possibles. Le temps de ce modèle est géré de manière linéaire et, bien que les auteurs proposent de le diriger, le prédicat d’ordonnancement n’est pas nécessaire dans cet environnement virtuel. L’histoire spatio-temporelle est enregistrée comme la succession des différents états possibles. Une action ou un événement sont quant à eux gérés comme l’intervalle de temps durant lequel une série de changements relatifs à des objets actifs apparaît (Figure II-18).

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre II.

État de la recherche

Figure II-18 Représentation de l’activité d’un objet en concurrence avec la représentation de son histoire. La phase d’activité de l’objet est considérée comme l’intervalle de temps entre son activation et sa désactivation. L’action ou l’événement a lieu entre les instants t1 et t2.

Cette figure est issue de (Campos, Hornsby et al.

2003)

On voit directement le grand intérêt que peut avoir ce type de modélisation dans la recherche de données archéologiques ou des projections environnementales. Ce modèle récent met également en évidence les questionnements relatifs à l’identité et à l’élargissement nécessaire des concepts qui y sont associés. Les auteurs gèrent en effet deux types d’objets actifs et actifs. Nous pourrions poser la question de l’intérêt de modéliser des objets non-existants et non-actifs à un instant donné. Aucune information n’est donnée quant à la future existence de tels objets. Dans ce cas, comment est-il possible de gérer un objet qui n’existe pas encore et qui n’existera pas ? Une infinité d’objets inconnus sont alors à prendre en compte.

6. Raisonnement spatio-temporel qualitatif

Possédant toutes les briques nécessaires à l’explication des modèles de raisonnements spatio-temporels, nous pouvons dès à présent présenter une sélection des quelques recherches ayant inspiré la nôtre. Le domaine du raisonnement spatio-temporel est en effet assez conséquent. Du moment où l’on considère qu’effectuer du raisonnement spatio-temporel est l’étude de l’évolution d’une relation spatiale, la quasi-totalité des modèles de relations spatiales peuvent prétendre avoir leur corolaire en modélisation spatio-temporelle (Wolter and Zakharyaschev 2000; Hazarika 2005). Bien que ceci soit vrai, la prise en compte de l’évolution de l’espace au cours du temps est plus qu’une simple addition de ces deux concepts (Kontchakov, Kurucz et al. 2007). La définition d’une nouvelle méréologie sur base de concepts spatio-temporels est bien souvent plus riche et apporte des solutions répondant plus aux critères des utilisateurs (Muller 1999). Ces deux grandes approches sont utilisées comme division du reste de ce chapitre.

L’identité à travers l’espace et le temps Chapitre II.

État de la recherche

A. Combinaisons de logiques spatiales et temporelles