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Vision transversale : les coupes synthétiques Une série de quatre coupes permet de saisir la configuration des

différents ensembles sédimentaires en balayant le site d’ouest en est (fig. 30). Espacées de 210 m environ et orientées sud-nord, ces coupes ont une longueur variable selon l’importance de la zone explorée. Leur construction s’appuie non seulement sur les relevés effectués au cours des travaux de fouille, mais aussi sur les données de sondages géotechniques 10 et archéologiques (Guélat 1988 ; Masserey et al. 1990). Les différents ensembles sédimentaires (chap. 2.2.2) sont ainsi représentés, avec leur lithologie symboli-sée en surcharge, tandis que les domaines morphosédimentaires traversés sont précisés (fig. 30).

Les datations à disposition pour les couches concernées sont éga-lement reportées ; leur référence complète est indiquée par un renvoi au paragraphe concernant la chronologie (chap. 2.5.3), ou bien à l’aide d’une note s’il s’agit d’une date ne figurant pas ailleurs dans l’ouvrage. De manière générale dans ce sous-chapitre, il s’agit de dates 14C calibrées à 2 sigma 11.

2.3.1.1 La coupe I

La coupe Ia se localise vers l’extrémité occidentale du gisement. Elle traverse les domaines morphosédimentaires A au nord et B au sud, plus précisément le lobe du méandre occidental de ce domaine, et s’interrompt au pied du versant molassique où s’écoule le ruisseau La Pran. La zone de berge, vu sa relative com-plexité stratigraphique, est agrandie dans la coupe Ib.

Fig. 29 Domaine H : plaine d’inondation orientale. Stratigraphie simplifiée.

Partie nord Partie sud (lit protohistorique)

Interprétation Couche

ou série Description ou série DescriptionCouche

H1 Terre végétale. H1 Terre végétale. Agriculture moderne, horizon de labourage.

H2 Limons argileux brun clair, bioturbés. H2 Limons argileux brun clair, bioturbés. Dépôt d’inondation. H3.1 Limons sableux gris foncé ; charbons, gravillons et bouts de terre cuite épars. H3.1 Limons sableux gris foncé ; charbons, gravillons et bouts de terre cuite épars. Horizon archéologique du Haut Moyen Age. H3.2 Limons sableux, brun jaunâtre. H3.2 Limons sableux ou argileux, jaune-brun ; raccords latéraux avec chenaux graveleux. Dépôt d’inondation et remblaiement de chenaux. H3.301 Sables limoneux, jaunâtres, carbonatés. Dépôt d’inondation proche du chenal. H4.1 Limons argileux gris, à paillettes de charbon de bois éparses. H4.111 Limons argilo-sableux brun-gris ; charbons épars et rares fragments de céramique. Horizon protohistorique, comblement de chenaux.

H4.112 Graviers à matrice sableuse grise ; char-bons et rares fragments de céramique. Remblaiement de fond de chenal. H4.2 Limons argileux, sableux vers la base ; jaune rouille-gris, traces d’hydromorphie. Dépôt d’inondation altéré par pédogénèse.

La coupe Ia

D’une longueur de 100 m, cette coupe révèle que les sédiments holocènes se développent en épaisseur surtout dans le bord sud de la plaine. Disposés de manière progradante, ils reposent sur la molasse tertiaire, l’ensemble 5 ayant subi une ablation totale à cet endroit. Vers le nord apparaît une séquence isolée représentant un stade terminal de la mise en place du cailloutis de fond de val-lée. Ces dépôts limono-graveleux renfermaient, tout à la base, des charbons de bois qui ont livré un âge de 21 950-21400 cal. BC 12

(fig. 45). Cette date tendrait donc à montrer que les graviers de l’ensemble 5 se sont mis en place au LGM, dans la seconde partie du Pléniglaciaire supérieur.

L’ensemble 4, plutôt condensé, apparaît uniquement sous forme d’un revêtement de limons d’inondation altérés. Au-dessus, l’hori-zon médiéval se marque de manière discontinue suivant la répar-tition des vestiges, en l’occurrence le bâtiment C de la ferme 1, daté de 600 cal. AD environ (CAJ 13, chap. 5.7.2).

La coupe Ib

En zone riveraine, l’ensemble 3 se dilate à la faveur du comblement d’un chenal secondaire, et permet une approche à résolution stra-tigraphique des plus intéressantes pour le site. Agrandissement local de la première, la coupe Ib illustre sur 7,5 m de longueur la succession des 5 séries qui constituent précisément l’ensem-ble 3 (à savoir les séries B3.5 à B3.1, chap. 2.2.4.3.2). Les dates radiocarbone disponibles sont cohérentes avec la disposition spa-tiale de ces unités : elles se sont mises en place dans un intervalle chronologique compris entre 410 cal. AD et 775 cal. AD au plus tard (fig. 45). Cette accumulation se termine par des dépôts tour-beux traduisant un atterrissement par accrétion verticale. Celui-ci a vraisemblablement été favorisé par un aménagement anthro-pique de la rive du ruisseau, sous la forme de rangées de anthro-piquets. Au-dessus de ces limons organiques, dans l’ensemble 2, deux bois datés dans des chenaux directement progradants ont livré des dates plus tardives non seulement cohérentes avec la stratigra-phie, mais également avec la chronologie du site, dont l’abandon est placé vers 750.

2.3.1.2 La coupe II

Au travers des domaines C au nord et E au sud, à un endroit où la bande d’activité du ruisseau est plutôt large (fig. 20), cette coupe atteint 145 m de longueur. Par contraste avec la précédente, les terrains holocènes prennent une certaine importance en épaisseur et les différents ensembles, emboîtés, montrent une tendance à l’accrétion verticale.

Première particularité stratigraphique, une nappe alluviale per-chée apparaît sur la bordure sud de la plaine. Elle est composée à sa base par l’ensemble 7, c’est-à-dire des graviers fluviatiles étagés de quelques mètres par rapport au fond de vallée. Sa limite supé-rieure avec l’ensemble 6 (revêtement limoneux associé) constitue sans doute un contact érosif, vu son obliquité. Aucune datation n’a pu être réalisée dans ces dépôts par manque de matériau adé-quat, mais aussi bien leur position stratigraphique que leur faciès indiquent un âge antéholocène, au moins. Ces terrains riches en argiles ont été exploités à l’époque gallo-romaine (chap. 2.2.4.6)

et les fosses d’extraction se sont comblées postérieurement, par colluvionnement durant la période médiévale (datation de 340-600 cal. AD, par exemple, dans le remplissage de la fosse 43 ; CAJ 17, chap. 14).

Colmatant le fond de vallée, les graviers de l’ensemble 5 sont profondément entaillés par des chenaux plus récents. Des forages ont montré l’existence, par endroits, de chenaux gravillonneux développés au contact entre ce cailloutis et la molasse. Quant aux sédiments de l’ensemble 4, ils n’apparaissent que sous la forme de discrets témoins, épargnés par les divagations plus tardives du ruisseau.

Au nord du ruisseau moderne (définition : voir chap. 2.5.1.2.2), un paléochenal comblé par l’ensemble 3 a été mis en évidence grâce à la coupe DEV7, qui fait l’objet d’une étude détaillée (chap. 2.4.3.3). Coiffée par l’horizon médiéval daté de 640-720 et de 740-770 cal. AD (fig. 47), cette séquence organique traduit l’at-terrissement d’une petite zone humide qui s’est développée après le fonctionnement du chenal. A sa base, le croisement de data-tions dendrochronologiques et 14C obtenues sur un chêne, soit 684-869 cal. AD (chap. 2.5.3.1), indique une insertion de ces dépôts dans le Haut Moyen Age. Au sud de la plaine, en pied de pente, se trouve également un paléochenal en partie érodé, pro-bablement plus ancien que le précédent étant donné la tendance du ruisseau à migrer vers le nord dans ce secteur (chap. 2.2.4.4.2). Cette structure est remplie de sédiments minérogènes cette fois, recouverts par l’horizon médiéval, ici de type colluvial.

Cette coupe révèle enfin le bon développement de l’ensemble 2, ce qui témoigne de l’importance des divagations relativement récentes du ruisseau dans cette zone rattachée au domaine C. 2.3.1.3 La coupe III

La coupe IIIa concerne pour ainsi dire la totalité de la plaine de la Pran. Elle a pu être dressée grâce à des tranchées ouvertes au-delà du tracé autoroutier et traverse le domaine morphosédimentaire G ainsi que l’extrémité occidentale du domaine H. La coupe IIIb consiste en un agrandissement de la section où apparaissent les chenaux protohistoriques (chap. 2.2.4.8).

La coupe IIIa

Cette coupe atteint 400 m de longueur. On note tout d’abord l’apparition sur son bord nord d’une unité alluviale étagée de quelques mètres par rapport au fond de vallée. Sa lithologie est comparable à la nappe perchée décrite dans la coupe II (ensem-bles 6 et 7), mais sa puissance est moindre. L’extension totale de l’ensemble 5 est révélée : on note une érosion partielle en bordure sud, les graviers passant à des coulées de gélifluxion, plus tardi-ves sans doute que la nappe alluviale grossière. Coiffant en tous points cette dernière, l’ensemble 4 a une extension beaucoup plus conséquente que dans les coupes amont. Les autres ensembles se superposent dans la partie médiane du vallon. Cette tendance à l’accumulation verticale dans la période historique a généré de part et d’autre du ruisseau des secteurs relativement déprimés, souvent détrempés. Dans le flanc nord de la coupe, cette zone marécageuse a été comblée par des remblais modernes.

La coupe IIIb

De rapport dimensionnel identique aux coupes I, II et IV, cet agrandissement de la coupe IIIa, d’une longueur de 149 m, met en évidence une certaine complexité dans la succession des paléo-chenaux. Ces derniers sont progradants et reflètent une migration assez rapide du ruisseau vers le nord (chap. 2.2.4.8).

Dans la partie centrale de la coupe, un ancien lit du ruisseau inclus à l’ensemble 4 est désigné par des fonds de chenaux graveleux ren-fermant d’assez nombreux fragments de bois et même des troncs. Deux d’entre eux ont livré des dates 14C assez concordantes, soit 4330-397013 et 3980-3790 cal. BC14, relativement anciennes par rapport aux couches sus-jacentes. Ces graviers sont en effet scellés par des limons organiques qui renferment du mobilier archéo-logique attribué au second Age du Fer (Pousaz et Taillard 1995). Deux datations combinées 15 définissent un âge de 380-50 cal. BC confirmant ainsi cette insertion. En outre, deux bois en position stratigraphique équivalente, mais situés dans des coupes adjacen-tes, ont livré des dates compatibles, soit 370-110 cal. BC 16 pour l’un et 390-200 cal. BC 17 pour l’autre.

Latéralement, l’horizon protohistorique enfoui (chap. 2.2.2.5) s’étend au sommet de l’ensemble 4, en dehors des paléochenaux. Comblés par des sédiments minérogènes, ces derniers recoupent l’horizon HPR et se rattachent donc à l’ensemble 3, au sein duquel un horizon humifère, peut-être gallo-romain, se distingue sur la rive sud. Au sommet de la séquence, de part et d’autre du ruisseau moderne, l’horizon médiéval n’a que très peu d’extension. Quant à l’ensemble 2, il s’emboîte parfaitement dans le précédent. 2.3.1.4 La coupe IV

Cette coupe de 64 m de long se situe dans le domaine H et traverse ainsi l’extrémité orientale du gisement. Elle illustre la géométrie des ensembles dans la partie médiane de la plaine, à proximité du ruisseau moderne.

Au-dessus des graviers de l’ensemble 5, qui s’épaississent beau-coup en direction du sud, on constate à nouveau un empile-ment vertical des ensembles. A l’instar de la coupe précédente, un ancien lit du ruisseau se dessine dans la partie méridionale de la coupe. Latéralement, ces paléochenaux de l’ensemble 4 se corrèlent avec l’horizon protohistorique (HPR) qui renferme du mobilier archéologique épars et des charbons de bois : ceux-ci ont livré un âge de 820-510 cal. BC 18 qui atteste l’insertion de ce niveau dans l’Age du Fer. La géométrie des dépôts de l’ensemble 3 traduit également une migration du cours d’eau : les chenaux pro-tohistoriques sont comblés et le ruisseau se déplace vers le nord de la plaine, non explorée. L’horizon médiéval, assez continu dans ce secteur où la ferme 5 a été implantée (430-640 cal. AD : cabane en fosse M ; CAJ 13, chap. 13.6), se développe sur des dépôts graveleux renfermant du mobilier gallo-romain. Seuls des limons peu épais, issus d’inondations dans la plaine, représentent l’ensemble 2. Les chenaux se raccordant à ces dépôts distaux doi-vent en toute logique se localiser, eux aussi, plus au nord. En fait, dans cette zone, le ruisseau moderne a recoupé les méandres : son tracé résulte d’une correction effectuée certainement au 18e siècle, comme le montrent les données des archives (chap. 1.3.2).

2.3.2 Vision longitudinale

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