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L’environnement selon l’analyse des macrorestes végétaux

de l’alimentation et de l’environnement

5.5 L’environnement selon l’analyse des macrorestes végétaux

5.5.1 Introduction

Les modifications anthropiques de la végétation et du paysage sont très anciennes dans la région, comme le montrent différen-tes analyses polliniques (Rachoud-Schneider 1993 ; Richard et Eschenlohr 1998). Les défrichements ont atteint, au plus tard à l’époque romaine, des proportions considérables. Nous nous inté-resserons ici, toujours en relation avec les investigations archéo-botaniques, autant à la végétation climacique 8 qu’à l’étendue des territoires anthropisés au Haut Moyen Age. Il existe différentes approches pour tenter une reconstitution paléoenvironnemen-tale (Ludemann 1994). En plus des résultats des analyses de macrorestes végétaux, de pollens et de bois (chap. 4 et 8 ; CAJ 13, chap. 15.4.1 et 17.4.5), d’autres sources d’informations exis-tent. Les archives écrites et iconographiques sont des documents importants, mais peu utiles car rares. La possibilité de reconsti-tuer les modifications du paysage et de la végétation à l’aide d’étu-des pédologiques et de la végétation actuelle est plus prometteuse dans notre région. Cela permet de tirer des conclusions quant aux conditions anciennes, puisque la végétation actuelle reflète sous divers aspects des processus historiques (chap. 2 et chap. 6). Pour reconstituer l’environnement à l’aide des analyses archéo-botaniques, nous avons pu disposer, en plus des données de Develier-Courtételle, de trois échantillons de sédiment recueillis dans un sondage à Delémont, La Communance, à environ 1,5 km du site et datant de la même époque (chap. 3). En plus de la végétation des milieux humides, nous nous intéresserons

spécialement aux forêts en raison de leur rôle très important comme réserve de bois pour la sidérurgie, la construction et le chauffage, mais aussi parce qu’elles ont subi une transformation anthropique moindre et représentent les milieux encore les plus proches de la végétation climacique.

5.5.2 Le milieu végétal à faible influence anthropique Les macrorestes comprennent un grand nombre de plantes sauva-ges pouvant pousser dans des milieux divers. Leur appartenance à des groupes écologiques bien définis permet de tirer des conclu-sions sur la physionomie du paysage aux alentours du site en combinant ces données avec les caractéristiques environnemen-tales de la région. Par plantes sauvages, on comprendra toutes les espèces non cultivées poussant dans leur milieu naturel et dont l’apparition a éventuellement été favorisée ou gênée par les acti-vités anthropiques. Ceci englobe également toutes les plantes de cueillette potentielles.

5.5.2.1 La végétation forestière

Quarante-deux taxons appartenant à plusieurs associations de forêts feuillues des environs du site ont pu être attestés (annexe 3) à l’aide des graines, fruits et aiguilles trouvés lors de la fouille archéologique de Develier-Courtételle et du sondage S7-238 de Delémont, La Communance. Il s’agit en majorité d’arbres et de buissons dont une grande partie est aussi présente sous forme de bois (CAJ 13, chap. 15.4.1). Beaucoup d’espèces appartiennent aux formations de hêtraies et quelques-unes aux frênaies-aulnaies de la zone alluviale des bords de ruisseau. Plusieurs taxons peu-vent aussi bien pousser en forêt que dans l’ourlet forestier (lisière), comme Corylus avellana (noisetier), Sambucus nigra (sureau noir) ou Origanum vulgare (marjolaine sauvage). Les espèces herbacées comprennent également quelques plantes de cueillette (Rubus,

Fragaria, Physalis). La fructification de plusieurs de ces plantes est

réduite dans les formations forestières denses à cause du manque de lumière. Beaucoup d’entre elles n’ont pu se propager qu’après d’importants défrichements. En plus, quelques espèces typiques des hêtraies calcicoles, comme Mercurialis perennis, Asarum

euro-paeum ou Scrophularia nodosa, ont été identifiées.

Abies alba (aiguilles), Fragaria vesca, Humulus lupulus, diverses

espèces de Rubus et de Sambucus ont livré une majorité de restes. Ce sont toutes des plantes qui ont probablement été utilisées par l’homme et donc ramenées sur le site. Trois taxons sont unique-ment présents sous forme de bois (Ulmus, Quercus et Taxus ; CAJ 13, chap. 15.4.1). Lorsque nous passons à un classement plus précis des espèces d’après leur écologie actuelle (principe d’actualité, annexe 2), nous obtenons l’image suivante.

Une grande partie des plantes pourraient provenir de la zone alluviale du ruisseau voisin. On peut nommer les espèces sui-vantes pour le domaine souvent inondé et aussi le plus humide de la frênaie-aulnaie : Alnus glutinosa, Fraxinus excelsior et Salix sp. parmi les arbres, Sambucus nigra et Humulus lupulus pour la strate arbustive, Bidens tripartita, Lycopus europaeus, Mentha

aqua-tica, Polygonum hydropiper, P. mite et Solanum dulcamara pour les

herbacées. Ranunculus repens possède également son centre de

distribution dans ce milieu. La zone adjacente, moins humide, de la forêt alluviale d’ormes, représente le milieu de distribution naturel de Urtica dioica. On peut aussi s’attendre à y rencontrer un plus grand nombre d’espèces de la hêtraie, comme Moehringia

trinerva, Scrophularia nodosa, Silene dioica ou Veronica chamaedrys. Physalis alkekengi vient probablement aussi de ce milieu, mais ne

pousse actuellement plus dans la région. Ces différentes forma-tions de plantes devaient être fortement fragmentées et en partie détériorées par l’occupation du Haut Moyen Age des abords du ruisseau. Plusieurs espèces de la hêtraie sont absentes des sta-tions humides des alentours du site et nous indiquent que des milieux plus éloignés étaient aussi fréquentés. Outre le hêtre lui-même, qui ne croît pas dans un sol subissant les variations de la nappe phréatique, il s’agit du sapin blanc, passablement fréquent encore aujourd’hui dans la région (hêtraies à sapins, chap. 6), de l’asaret (Asarum europaeum) et de la mercuriale vivace (Mercurialis

perennis), un géophyte des hêtraies calcicoles appartenant aussi

aux plantes forestières fréquentes dans la région. En plus, plu-sieurs taxons de clairières et d’ourlets forestiers ont été recensés, en particulier des espèces de lisières ensoleillées, sèches et sur sol plat. Celles-ci incluent Prunus spinosa, Origanum vulgare, Teucrium

scorodonia, Fallopia dumetorum, Bupleurum falcatum et Hypericum perforatum. De tels milieux sont à chercher plutôt sur les versants

exposés au sud. A l’exception de Teucrium scorodonia, qui indique un milieu superficiellement décalcifié, les autres plantes herba-cées ont des indices de pH, d’après Ellenberg, neutres à basiques (fig. 76).

Atropa belladona (belladone), Lapsana communis (lampsane) et Rubus idaeus (framboisier) s’installent de préférence dans des

zones de coupes. Viola reichenbachiana et Fragaria vesca se trouvent aussi plutôt dans les zones forestières peu denses. Les diaspores de différentes essences forestières de stations de hêtraie méso-phile sont aussi régulièrement présentes parmi les restes, comme

Acer campestre (érable champêtre), Cornus sanguinea (cornouiller

sanguin), Corylus avellana (noisetier) et Crataegus monogyna (aubé-pine à un style). La présence de Betula pendula/pubescens indique l’existence de zones forestières dégénérées avec beaucoup de sur-faces ouvertes, mais il ne faut pas oublier que les graines ailées du bouleau volent très bien et peuvent avoir une origine plus lointaine. L’épicéa, dont une seule aiguille a été trouvée, n’appar-tient probablement pas à la forêt de hêtre. On ne peut s’attendre à trouver des populations naturelles dans les proches alentours, la zone de distribution de ce conifère se situant à des altitudes plus élevées dans les domaines des éboulis de gros blocs et de dépres-sions à microclimat frais, fréquents dans les Franches-Montagnes. Il n’est donc pas étonnant que Picea ne soit pas attesté par les analyses de bois (CAJ 13, chap. 15.4.1).

5.5.2.2 Les végétations aquatiques et de milieux humides Globalement, le relativement grand nombre de plantes aqua-tiques et de rives parmi les restes de Develier-Courtételle est étonnant. Ceci peut surprendre au premier coup d’œil, mais la proximité immédiate d’un ruisseau rend le fait compréhensible. Les diaspores de ces plantes ont pu être acheminées sur le site par voie naturelle et se déposer dans les sédiments. En plus, les surfaces à laiches étaient probablement déjà utilisées pour la

production de litière. Ces zones appartiennent aux rares surfaces naturelles ouvertes, à côté des roselières associées aux eaux cou-rantes et stagnantes. Plus de 20 taxons proviennent de ces milieux avec plus de 3853 restes attestés, ce qui représente 9 % de tout le spectre des espèces présentes. Parmi les vraies hydrophytes,

Ranunculus aquatilis est une espèce qui se plait dans les étangs

comme dans les cours d’eau à léger courant. Les autres plantes aquatiques attestées (Alisma sp., Chara sp.) préfèrent des eaux

stagnantes. A noter la faible présence d’oogones de Chara. Ces algues prospèrent dans des eaux stagnantes faiblement eutrophes et sont aujourd’hui devenues rares dans la région.

Les genres Typha et Eleocharis attestent la présence de petites for-mations de roselières ; Galium palustre, Glyceria plicata et beaucoup d’espèces de Carex sans identification plus précise sont origi-naires d’une zone d’atterrissement de marais à grandes laiches.

Les trouvailles de Juncus bufonius et de plusieurs taxons déjà men-tionnés pour les forêts alluviales comme Bidens tripartita et Lycopus

europaeus indiquent des formations végétales anthropiques de

rives boueuses et de mares éphémères.

Les plantes aquatiques et de rives sont très nombreuses dans deux échantillons (CH1 et CH3) du sondage S7-238 de Delémont, La Communance (chap. 5.9). En plus de la présence fréquente d’Alisma sp. et de Scirpus sylvaticus, on trouve ici aussi des restes de

Chara sp. et de Ranunculus aquatilis. En outre, trois plantes

absen-tes de Develier-Courtételle ont pu être identifiées : Sparganium

erectum, Viburnum opulus et Rosa sp. A noter aussi la présence de

sphaignes, connues comme précurseurs de la tourbe.

5.5.3 Les groupements végétaux d’origine anthropique Les terrains anthropisés des alentours du site ont donné naissance à une multitude de formations végétales dictées par leur utilisa-tion. Les plus importantes sont celles des champs cultivés, repré-sentant la base de la production agricole, mais aussi celles des prairies et des pâturages qui ont acquis une grande importance en relation avec l’élevage du bétail.

5.5.3.1 Les végétations de prairie et de pâturage

Mis à part les surfaces situées dans le domaine des roselières et des étendues à laiches, toujours dépourvues d’arbres et abritant une végétation de prairie et de pâturage, les formations végéta-les à usage économique se situent sur des surfaces déboisées par l’homme. Elles atteignaient au Haut Moyen Age déjà une assez grande étendue (chap. 4). Un total de 42 taxons (1133 diaspores) des zones de prairie et de pâturage a pu être attesté, ce qui repré-sente 20 % de toutes les espèces de plantes sauvages.

Si l’on considère le nombre de restes et de taxons, les espèces de prairie et de pâturage représentent le groupe de plantes sauvages le plus important (fig. 73). En fonction de leurs indices écologi-ques (fig. 76), nous avons classé ces espèces en un groupe prove-nant de stations plutôt fraîches à humides et riches en matières nutritives, et un autre provenant d’emplacements plutôt secs et pauvres en matières nutritives. Il apparaît que la nette majorité des restes émane de milieux humides, alors que les taxons d’en-droits secs ne sont présents qu’en nombre restreint. Quelques espèces de prairie humide, difficiles à déceler en raison de leur affinité floristique avec les prairies à laiches, n’ont pas été incluses ici, ayant déjà été traitées avec la végétation des rives.

Le grand nombre de diaspores carbonisées de graminées est remarquable. Elles comptabilisent plus des trois quarts des res-tes de planres-tes de prairie et de pâturage avec près de 4900 pièces. Les macrorestes non carbonisés représentent moins d’un quart avec 1100 pièces. Le spectre des espèces comprend, d’une part, des plantes qui selon les vues actuelles attestent la pâture et, d’autre part, des espèces qui ont leur centre de distribution dans les prairies de fauche. Parmi les indicatrices de pâture et de piéti-nement, on peut citer Cynosurus cristatus et Prunella vulgaris parmi les plus fréquentes, Trifolium repens et Plantago media parmi les plus rares. Pour les plantes de prairie classées de nos jours dans

l’Arrhenatheretalia, c’est-à-dire les prairies à fromentales, ce sont les restes d’Agrostis avec près de 3000 restes qui dominent. Il faut cependant relativiser ce nombre, car cette plante possède une pro-duction de graines assez importante. A noter aussi les fréquentes attestations de Leucanthemum vulgare, Phleum pratense et Plantago

lanceolata. Anthriscus sylvestris, Taraxacum officinale, Trifolium pra-tense et le taxon Euphrasia/Odontites peuvent également provenir

de surfaces fauchées. Il ne faut toutefois pas oublier que même au Bas Moyen Age, la séparation entre prairie fauchée et prai-rie pâturée n’était pas aussi nette qu’aujourd’hui. Beaucoup de prairies étaient pâturées au printemps et à l’automne, mais fau-chées une fois l’an, à la fin de l’été. Une telle forme d’exploitation des prairies peut aussi être envisagée pour le Haut Moyen Age. L’interprétation du spectre des plantes basée selon le principe d’actualité est donc délicate.

Nous avons observé une faible représentation des taxons de milieux secs et pauvres en matières nutritives. Seuls onze taxons appartiennent à ce groupe qui, avec un total de 74 restes, repré-sente une part extrêmement faible des restes (0,5 %). Quelques rares espèces comme Ajuga genevensis, Medicago minima et Prunella

grandiflora se retrouvent aujourd’hui dans les prairies maigres du

Mesobrometum, assez répandues dans le Jura sur sols plats jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle (Zoller et al. 1986). Cependant, les espèces caractéristiques de cette formation font défaut dans l’as-semblage archéobotanique. Nous devons admettre que les rares plantes potentiellement issues de prairies sèches ne proviennent pas de véritables gazons maigres, mais d’une mosaïque de zones plus sèches, plus plates et plus maigres des prairies et des pâturages exploités, comme on l’observe sur des surfaces fertilisées de façon irrégulière. Ce type de milieu pouvait se retrouver sur les surfaces fortement en pente au nord du domaine habité (chap. 6).

Les indices d’azote (d’après Ellenberg) des plantes provenant de milieux secs (fig. 76) révèlent que les surfaces de prairie et de pâturage ne se trouvaient pas exclusivement dans des zones riche-ment fumées. Un grand nombre de taxons avec des indices entre 2 et 3 caractérisent des milieux pauvres en matières nutritives. La moyenne de tous les taxons se situe à 4,5 et indique tout de même des milieux modérément riches en matières azotées. Malgré tout, on ne peut pas totalement exclure l’existence de prai-ries sèches dans cette région au Haut Moyen Age, avant tout parce que les zones correspondantes, pentes lisses et sèches, étaient plu-tôt loin des habitations. Il faut aussi tenir compte du fait que, si ces surfaces étaient déjà exploitées, elles n’étaient que rarement fauchées à cause de leur faible rendement et servaient plutôt de pâturage pour le bétail. Aussi, les taxons de prairie sèche n’appa-raissent en zone d’habitation que via les excréments des animaux et non par le foin ou la litière, comme c’est le cas pour les prairies de fauche (Lundstrom-Baudais et al. 1993, p. 83).

Les restes provenant des échantillons de terre tamisés ne permet-tent pas de déterminer si les diaspores présentes sont arrivées sur le site sous forme de fumier animal ou de foin. Des analyses de coprolithes seraient nécessaires pour cela, comme celles en cours pour plusieurs sites lacustres (Akeret 2002).

5.5.3.2 Les mauvaises herbes des cultures

Les champs destinés à la production agricole ont subi les plus grands changements par rapport à la situation d’origine. Le tra-vail des sols a créé de nouvelles conditions de croissance pour les plantes domestiques, mais a aussi permis l’apparition d’espèces sauvages adaptées à ces formes d’exploitation et en partie origi-naires du bassin méditerranéen.

Les macrorestes de Develier-Courtételle ont livré de grandes quan-tités de mauvaises herbes spécialisées ou adaptées aux conditions créées par le travail de la terre (annexe 2, groupes 9.2 et 9.3). Pratiquement toutes ces plantes sont des thérophytes, c’est-à-dire des plantes annuelles, dont le cycle de vie est adapté à celui des plantes cultivées. La plupart des restes d’adventices sont carbo-nisés, comme c’est le cas pour la majorité des plantes cultivées. Quelques taxons ont aussi été trouvés en contexte humide sous forme non carbonisée, en particulier quelques mauvaises herbes du lin. On peut distinguer les adventices selon leur affinité avec les cultures hivernales ou estivales, donc selon la saison de labour des champs. Nous séparons les mauvaises herbes des céréales ou mauvaises herbes d’hiver, à germination automnale, de celles des champs sarclés ou mauvaises herbes d’été, dont l’optimum de germination est lié aux températures plus élevées de la fin du printemps. Toutefois, il ne faut pas oublier que le travail des sols était moins intensif au Haut Moyen Age et que, par conséquent, cette différenciation n’était pas aussi manifeste qu’aujourd’hui. En examinant les quantités de mauvaises herbes, on remarque que la part d’adventices de céréales ou mauvaises herbes d’hiver est beaucoup plus élevée que celle des adventices de cultures sar-clées ou cultures d’été. Nous avons identifié plus de 1700 restes de mauvaises herbes de céréales appartenant à 25 taxons, ce qui représente 6 % de tous les restes et 12 % de tous les taxons. Par contre, seuls quelque 650 restes de mauvaises herbes de céréales d’été répartis en 19 taxons ont été trouvés, ce qui représente 2 % de tous les restes et 10 % de tous les taxons. Ces quantités plutôt faibles ne permettent toutefois pas de conclure à une importance secondaire des cultures d’été, parce que l’avoine, culture d’été typique, est relativement fréquente à Develier-Courtételle. Ceci doit plutôt être mis en relation avec un travail peu intensif des sols. Les conditions pour ces adventices à germination thermo-phile sont défavorables lorsque les champs ne sont pas retournés ou sarclés au printemps. On a également trouvé une part minime de mauvaises herbes des cultures d’été au 10e siècle à Mulhouse ; on en a conclu que le sarclage des cultures céréalières était peu pratiqué (Lundström-Baudais et Guild 1997).

Pour près de 1050 restes de mauvaises herbes de céréales d’hiver sous forme carbonisée, il n’existe que 56 restes de mauvaises her-bes de céréales d’été carbonisés. Le fait que très peu de restes de ce dernier groupe soient carbonisés indique que la plupart des mauvaises herbes des céréales d’été ne provient pas de champs cultivés. Effectivement, les diaspores d’adventices sont récoltées en même temps que les céréales et ont une probabilité de car-bonisation identique. Les quantités importantes de restes non carbonisés dans le groupe des mauvaises herbes de céréales d’été nous indiquent donc une origine différente.

Les mauvaises herbes des céréales d’hiver sont très étroitement adap-tées aux semis hivernaux par leur germination automnale. Parmi les plus fréquentes, on trouve Bromus secalinus, Bupleurum rotundifolium,

Valerianella dentata et Avena fatua. Agrostemma ghitago, Centaurea cya-nus, Orlaya grandiflora et Fallopia convolvulus sont souvent attestées.

Certaines espèces sont devenues très rares aujourd’hui suite à l’in-tensification de l’agriculture, par exemple Agrostemma ghitago (nielle des blés), Bromus secalinus (brome faux-seigle), Bupleurum

rotundifo-lium (buplèvre à feuilles rondes), Centaurea cyanus (bleuet) et Orlaya grandiflora (orlaya à grandes fleurs).

Les espèces citées précédemment sont toutes des plantes à haute tige. Les plantes basses sont rares (Scleranthus annuus, Euphorbia

exigua, Sherardia arvensis, Viola tricolor) et ne totalisent que 0,2 %

de tous les macrorestes. Certaines espèces comme Lathyrus nissolia (gesse de nissole), Sherardia arvensis (sherardie), Valerianella

den-tata (mâche, doucette), Vicia hirsuta (vesce hirsute) ou Vicia villosa

(vesce velue) ont comme milieu de vie, outre les champs cultivés, les lisières de forêts et les surfaces rudérales.

Le cortège des mauvaises herbes comprend en majorité des plantes de stations calcaires. Ceci est bien mis en évidence par les indices d’Ellenberg (fig. 76), indiquant pour celles-ci des pH de 7 et 8. Il faut pourtant noter la présence isolée de plantes indicatrices de milieux acides, comme Scleranthus annuus, qui reflètent l’existence de surfaces cultivées au moins superficiellement décalcifiées. On ne trouvera pas ces milieux au fond de la vallée, mais plutôt sur

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