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de l’alimentation et de l’environnement

5.6 L’économie, l’alimentation .1 Les céréales

5.7.2 La ferme 2 et la zone d’activité 1

Un total de 27 échantillons provenant de cette partie du site ont fait l’objet d’analyses, 23 de la ferme 2 et quatre de la zone d’activité 1. La plupart des échantillons ont été prélevés dans les remplissages de diverses cabanes en fosse, mais deux échantillons proviennent de la couche archéologique.

5.7.2.1 La dépression 1 et le fossé 2

Comme la dépression 701 de la ferme 1, ces deux structures de la fin du 6e ou du début du 7e siècle se trouvent à proximité du cours d’eau et sont caractérisées par une très bonne conservation du matériel botanique (CAJ 13, chap. 6.6.4 ; CAJ 17, chap. 12.2.2). Les deux échantillons analysés de la dépression 1 (DEV96, DEV1296), avec un volume total de 3300 ml et une concentration en restes de 2371, respectivement 417 restes/litre, ont fourni un spectre de plantes riche et proche de celui de la dépression 701. Ici aussi apparaissent des indices sur les pratiques artisanales instal-lées à proximité du cours d’eau. Plus de 99,9 % de tous les restes de plantes sont non carbonisés, les rares macrorestes carbonisés étant exclusivement des céréales. Il faut souligner les attestations de lin (y compris des fragments de capsules) et de chanvre : ces plantes textiles ont apparemment été travaillées à l’intérieur ou aux alen-tours de la dépression. Les restes de Dipsacus fullonum/sativa peu-vent également être mis en relation avec l’élaboration des textiles. L’essentiel des macrorestes provient de plantes sauvages de zones humides, poussant probablement à proximité immédiate. Juncus,

Poa, Ranunculus repens et diverses laiches en font partie. Des restes

carbonisés de céréales d’hiver sont également présents avec des akènes très bien conservés de Centaurea cyanus, ainsi qu’un grand nombre de graines de Bupleurum rotundifolium. Il faut remarquer que Bupleurum rotundifolium apparaît souvent avec des restes de lin et il est possible qu’il provienne des mêmes champs.

L’échantillon DEV101.2 du fossé 2 montre un spectre d’espèces similaire avec une concentration de 1512 restes/litre et du maté-riel presque exclusivement non carbonisé. Ici encore les plantes sauvages de stations humides dominent, comme Scirpus

sylvati-cus, Juncus sp., Linum catharticum, Ranunculus repens ; il faut

men-tionner une haute concentration de Setaria verticillata/viridis. Les messicoles des céréales d’hiver sont aussi relativement fréquentes, en particulier Orlaya grandiflora, Valerianella dentata et rimosa ainsi que Bupleurum rotundifolium. Parmi les plantes cultivées, il faut nommer les macrorestes de lin et de pavot somnifère. Quant aux restes carbonisés, peu nombreux, il s’agit exclusivement de céréa-les (engrain, épeautre et Cerealia non identifiabcéréa-les).

5.7.2.2 La cabane en fosse Q et les foyers 49 et 50

Six échantillons de cette cabane en fosse datée vers le milieu du 7e siècle ont été analysés. Deux proviennent de deux foyers domes-tiques installés dans la fosse après l’abandon du bâtiment (CAJ 13, chap. 6.3.4). Ils ont fourni un assez riche spectre de plantes, pres-que exclusivement carbonisées.

L’échantillon DEV1324 provient de la partie inférieure de la cabane en fosse, remplie de litière animale et végétale (CAJ 13, chap. 19.3.1). La densité est ici de 49 diaspores/litre. Parmi les céréales, les restes de battage d’engrain dominent, ce qui carac-térise des déchets du traitement des céréales. Il s’agit cependant pour la plupart de macrorestes de plantes sauvages, en particulier de plantes rudérales ou de prés et pâturages de zones humides, pouvant pousser dans les environs proches. Il faut également souligner deux attestations de restes de plantes minéralisées non identifiables, révélant un apport plus élevé en phosphates pou-vant provenir de matières fécales. La présence de coprolithes de grands herbivores a d’ailleurs été confirmée par l’analyse micro-morphologique (CAJ 13, chap. 19.3.1).

Les échantillons prélevés dans le foyer 49 (DEV103, DEV1314, DEV1315) ont livré des résultats comparables. Ici aussi les plantes rudérales, des prés et des pâturages dominent. Trois espèces de céréales sont également attestées : engrain, épeautre et froment. Ce sont par contre les grains de céréales et non les restes de bat-tage qui dominent ici. Les deux échantillons DEV103 et DEV1314, prélevés au sommet du foyer, sont nettement plus riches avec des concentrations de 140, respectivement 79 spécimens/litre, que l’échantillon DEV1315 provenant de sa partie inférieure, avec une concentration de 5 spécimens/litre.

Le foyer 50 est la structure la plus pauvre, avec seulement 70 restes attestés (DEV1323, DEV1325). Parmi les sept taxons identifiés les laiches dominent, mais il faut aussi souligner la présence de onze grains carbonisés de Hyoscyamus niger, une plante médicinale hautement toxique, poussant principalement en milieu rudéral. Vu l’absence de plantes de culture, rien ne prouve qu’il s’agisse d’un foyer domestique.

5.7.2.3 La cabane en fosse R

Un très riche spectre de plantes a été trouvé dans les six échan-tillons de cette cabane en fosse, datée entre la fin du 7e et le milieu du 8e siècle (DEV6, DEV10, DEV44, DEV291, DEV309, DEV431).

Un total de 9494 graines/fruits – quasi tous carbonisés – a été trié, ce qui correspond à une concentration globale de 968 restes/litre. La quantité de taxons s’élève à près de 65. Les échantillons pro-viennent de divers niveaux du remplissage (R117-7 à R117-2/4), en partie bioturbés (CAJ 13, chap. 19.3.2). Les échantillons de la première phase d’utilisation R117-7 (DEV44, DEV309, DEV431 ; fig. 88) présentent, avec 59-130 pièces/litre de sédiment, la plus faible concentration en macrorestes de cette structure. Les taxons attestés sont au nombre de 35. Les céréales carbonisées dominent (en partie l’engrain, mais aussi un peu d’épeautre, de seigle, de fro-ment, d’orge et d’avoine) et sont présentes aussi bien sous forme de grains que de restes de battage. Des messicoles de céréales (Bromus

secalinus, Sherardia arvensis) ont aussi été identifiées, ainsi que

qua-torze espèces de prairie et de pâturage, bien qu’en faibles quantités. La présence d’un sclérote de claviceps carbonisé dans l’échantillon DEV431 est particulièrement intéressante. Ce champignon, autre-fois cause de nombreuses intoxications, attaque en particulier les épis de seigle (chap. 5.6).

L’échantillon DEV10 de la couche R117-5, plus récente, montre une densité de restes nettement plus haute (4341 pièces/litre). Le spectre des plantes cultivées n’est que légèrement modifié. L’avoine domine, l’engrain et l’épeautre sont aussi largement représentés avec un peu d’amidonnier et de froment, alors que le seigle manque (fig. 89).

Fig. 88 Proportion des céréales dans les échantillons DEV44, DEV309 et DEV431 (nb=56).

On ne peut dire avec certitude si les restes d’avoine sont en lien avec l’alimentation animale. Parmi les plantes cultivées, signa-lons des graines de céréales (22 pièces) ainsi que deux légumi-neuses non identifiables. Cet échantillon a fourni les seuls restes de coriandre (5 pièces), une épice exotique originaire du bassin méditerranéen oriental, mais qui peut être cultivée chez nous dans des emplacements protégés. Mis à part les plantes cultivées et les messicoles (en particulier Bromus secalinus et des espèces de Vicia à petits fruits), il y a aussi de très grandes quantités de plantes de prairies et de pâturage, pour lesquelles une interpré-tation comme plantes compagnes des cultures est à remettre en question. Diverses Poaceae, parmi lesquelles Agrostis et Poa, mais aussi des espèces du genre Trifolium, Juncus et Leucanthemum

vul-gare apparaissent en grand nombre. Il pourrait très bien s’agir

ici de restes de foin carbonisés. On ne peut dire s’il s’agit d’un stock de fourrage, de litière pour les animaux domestiques ou si le matériel servait à l’origine à d’autres utilisations, par exem-ple comme matériel d’isolation ou de couverture de toiture. La grande proportion des plantes de prairie et de pâturage apparaît toutefois très clairement. D’après les analyses archéologiques et micromorphologiques, ce niveau est le reliquat d’une aire de combustion installée dans la fosse après l’abandon de la cabane (CAJ 13, chap. 6.3.4).

Dans les remplissages supérieurs la concentration en macrorestes est plus basse avec 117 à 737 restes/litre (DEV6, DEV291), alors que la proportion de plantes de prairie et de pâturage est toujours élevée. Parmi les plantes cultivées, seules des céréales (engrain, épeautre, avoine, amidonnier) sont attestées (fig. 90). A l’excep-tion du brome faux-seigle (Bromus secalinus), il y a peu de plantes messicoles. Par contre, les plantes de prairie et de pâturage, avec un spectre diversifié de quatorze taxons, pourraient indiquer des restes carbonisés de foin.

DEV585), les céréales représentent 68 % des restes. L’état de conservation des graines est mauvais, c’est pourquoi la grande majorité des restes a été identifiée comme Cerealia (131 grains et 4 restes de battage). Parmi les céréales identifiables, il y a l’engrain, le froment, le seigle et l’avoine, chacune représentée par quelques spécimens seulement. Le faible éventail de plantes sauvages est surtout composé de plantes ségétales ou de prai-rie et de pâturage, probablement amenées sur place avec les céréales. Nous avons découvert dans les deux échantillons des restes minéralisés isolés, ce qui indique une haute teneur en phosphates liée à la présence de coprolithes.

Dans l’échantillon DEV610 de la cabane en fosse U, la concen-tration en macrorestes est un peu plus élevée avec 126 spéci-mens/litre. La part des céréales y est nettement plus basse, avec 12 %, et la proportion de plantes sauvages est plus haute. Parmi les céréales, les restes de froment, d’engrain, d’épeautre et d’orge sont attestés. Cet échantillon est caractérisé par un grand nombre de plantes de prairies et de pâturage, en particulier des espèces de trèfles et diverses herbes, en plus de quelques messicoles de céréales d’hiver (Agrostemma githago, Bromus secalinus, Fallopia

convolvulus). Se pose dès lors la question de savoir si ces plantes

proviennent des champs ou s’il peut s’agir de restes de foin ou de fumier de bétail. La découverte de quelques restes non carbonisés de poisson mérite une attention spéciale. Comme dans la cabane en fosse R, nous avons ici encore retrouvé un sclérote carbonisé d’ergot, issu de céréales contaminées.

5.7.2.5 Le four 271 et le foyer 582

Les échantillons prélevés dans ces deux structures ne contenaient pratiquement pas de macrorestes. Seuls trois graines/fruits non identifiables (Indet.) ont été trouvés dans le four 271 (DEV1000), alors que le foyer 582 (DEV702 et DEV712) n’a fourni aucune diaspore.

5.7.2.6 Les bas foyers 187 et 189 et la fosse 565 de la zone d’activité 1

Les trois échantillons DEV199, DEV210 et DEV226 prélevés dans deux bas métallurgiques contenaient quelques graines et fruits. Près d’un tiers des macrorestes sont des grains de céréales mal conservés et non identifiables (Cerealia). Le solde est représenté par des espèces ségétales et rudérales, en particulier Vicia et

Galium, qui ont dû arriver sur place avec les céréales. Près d’un

tiers de tous les restes n’ont pu être déterminés (Indeterminata). Les macrorestes de ces bas foyers ne proviennent pas d’échan-tillons tamisés mais ont été triés en même temps que les restes de la sidérurgie (battitures), ce qui explique très probablement l’absence de restes de battage et la présence réduite de diaspores de petite taille. Il est difficile de trancher s’il s’agit ici de déchets brûlés ou si les grains de céréales peuvent être interprétés comme les restes d’un repas.

L’échantillon prélevé dans la fosse 565 (DEV690) contient exclu-sivement des restes non carbonisés de Sambucus (11 pièces). Comme cet échantillon ne provient pas d’un sédiment humide, mais sec, seuls des restes carbonisés devraient avoir été conservés. Il s’agit dès lors probablement de graines modernes.

5.7.2.4 La cabane en fosse V et la cabane en fosse U Dans les échantillons de ces deux cabanes en fosse de la pre-mière moitié du 8e siècle, les concentrations en macrorestes sont nettement inférieures à celles de la cabane en fosse R, avec 100 graines et fruits/litre (CAJ 13, chap. 6.3.4 ; CAJ 17, chap. 12.2.2). Dans les deux échantillons de la cabane en fosse V (DEV574,

Fig. 90 Proportion des céréales dans les échantillons DEV6 et DEV291 (nb=69).

5.7.2.7 Deux concentrations de macrorestes carbonisés dans la couche archéologique

Deux concentrations de ce type ont été repérées à l’intérieur de la couche archéologique B3.3, datant de la première moitié du 7e siècle. Elles ont livré un total de 3990 macrorestes, tous car-bonisés, avec un très riche spectre d’espèces. Les restes de plan-tes cultivées (en grande partie des céréales) représentent près de 88 % de l’ensemble. L’épeautre et l’engrain dominent, l’amidon-nier, le froment, l’orge vêtue et l’avoine sont attestés comme espè-ces additionnelles (fig. 80-81). Les légumineuses sont présentes (petit pois, lentilles et vesce cultivée, Vicia sativa). Un pépin de pomme a aussi pu être déterminé, cependant il n’est pas possible de différencier le fruit sauvage du fruit cultivé. Dans l’échantillon DEV25, la densité des restes (1880 pièces/litre) est deux fois plus élevée que dans l’échantillon DEV94 et le nombre de taxons présents est aussi significativement plus élevé. L’avoine, l’ami-donnier, le petit pois et la vesce cultivée ne sont présents que dans l’échantillon DEV25, en petit nombre. Par contre l’engrain et l’épeautre sont les céréales dominantes dans les deux échan-tillons. Les plantes messicoles (toutes des compagnes des céréa-les d’hiver) sont bien représentées dans céréa-les deux échantillons ; toutefois DEV94 comporte un peu plus de taxons. Un plus grand nombre de plantes de prairie et de pâturage, pour lesquelles une provenance des champs est à remettre en question, apparaît dans l’échantillon DEV25.

Les analyses palynologiques de cette zone offrent également de très hautes valeurs de Poaceae avec 31 % (coupe 50sm3 ; chap. 4), ce qui nous amène plutôt à penser à une origine des prés ou des pâturages (foin ?). Les plantes textiles ne sont par contre pas du tout représentées dans ces échantillons, alors qu’elles le sont dans les analyses palynologiques.

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