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Contexte climatique et évolution du paysage .1 Cadre climato-chronologique

7 habitants de Develier-Courtételle

1. Inventaire général du matériel ostéologique de Develier-Courtételle 2. Distribution des restes osseux dans la partie orientale du site

8.1 Contexte climatique et évolution du paysage .1 Cadre climato-chronologique

Voyons tout d’abord quelle fut l’évolution du climat au cours du Haut Moyen Age selon les données récentes. Auparavant, le Bas Empire, soit de la fin du 3e siècle à la fin du 5e siècle ap. J.-C., sem-ble avoir bénéficié de conditions assez favorasem-bles : il s’agit en effet d’une période à climat continental marqué, plus chaude et plus sèche que celle du Haut Empire dont l’ambiance climatique était plutôt humide (Schmidt et Gruhle 2003). Cette amélioration se traduit, entre autres, par une accalmie des dynamiques érosives et fluviales, ainsi que par un abaissement du niveau des lacs juras-siens et subalpins (Magny et Richard 1992 ; Berger 1996, 2001 ; Magny 2004). Le début du Haut Moyen Age, dès le 6e siècle, se caractérise en revanche par une ambiance fraîche et humide, occa-sionnant une reprise hydrologique et érosive. Plusieurs auteurs proposent de rattacher cette dégradation climatique avec la phase transgressive Petit Maclu 2 (Berger 2001 ; Bossuet et al. 2002 ; chap. 2.6.2). Enregistrée par des lacs du Jura français, celle-ci s’in-sère en effet entre 650 et 850 (Magny 2004). Dans le domaine alpin, des signaux morphoclimatiques comme l’avancée des gla-ciers (Maisch et al. 2000) et l’accroissement de la fréquence des glissements de terrain (Dapples et al. 2003) indiquent une phase froide corrélative, dénommée Göschenen II (Zoller 1960, 1977), qui est mal calée chronologiquement (Magny 1995). Par com-paraison des données dendroclimatiques alpines avec celles des isotopes de l’oxygène dans les forages du Groenland 1, on consi-dère qu’aux alentours de 500 le climat devait être relativement froid et humide, tandis que de 700 à 1000 environ celui-ci était au contraire plutôt chaud et sec (Tinner et al. 2003). Enfin, en consi-dérant différents indicateurs, C. Maise (2005) arrive à la conclu-sion que le nombre et la durée des phases froides ont été plus élevés durant l’intervalle allant de 250 à 800 que durant les pério-des antérieure et postérieure ; ces péjorations auraient culminé aux environs de 530 et 690 pour le Haut Moyen Age.

8.1.2 Données des sources écrites

Les rares documents écrits consultés, qui de par leur titre étaient susceptibles de contenir des informations d’ordre climatique relatives au Haut Moyen Age, n’évoquent en fait que de manière assez vague quelques événements météorologiques. On remar-quera cependant un article synthétique qui fait le point sur les données relatives aux variations de la température entre 750 et 1300 ap. J.-C. (Pfister et al. 1998). Ainsi, pour la période allant

Synthèse

Christoph Brombacher, Michel Guélat, Claude Olive et Lucia Wick

8

froid le plus remarquable de notre ère. Puis, au 9 siècle, quatre

grands hivers sont connus 2, tandis que pour le 10e siècle, les don-nées sont plus fragmentaires.

En ce qui concerne le Bas Moyen Age, l’« optimum climatique médiéval » désigne une période s’étendant de 900 à 1300 environ au cours de laquelle les hivers sévères étaient moins fréquents et plus modérés qu’au 9e siècle et aux 14e-19e siècles. Au 13e

siècle en effet, le climat hivernal fut régulièrement chaud 3, l’hi-ver 1289-1290 étant attesté comme très doux et très sec. Enfin, la période 1300-1329 fut plus froide et marque la transition au Petit Age Glaciaire qui s’est prolongé jusqu’en 1850. A noter que pour les 13e-14e siècles, une certaine contradiction existe entre les informations tirées des sources écrites et les données paléoenvi-ronnementales : selon M. Magny (2004), la période 1200-1300 correspond à une phase transgressive 4 des lacs du Jura français, corrélative à une oscillation froide et humide du climat, tandis que l’intervalle 1300-1400 montre l’inverse, à savoir une régres-sion du niveau moyen de ces lacs. Enfin, des conditions climati-ques plutôt fraîches se sont établies entre 1100 et 1400 (Tinner et al. 2003), période qui a vu deux avancées marquantes du glacier d’Aletsch 5.

8.1.3 Modifications anthropiques des écosystèmes dans la vallée de Delémont avant le Haut Moyen Age

Dans la vallée de Delémont, les premières traces de déboisement apparaissent en connexion avec les premières occupations humai-nes au Subboréal, entre 2000 et 1000 av. J.-C., c’est-à-dire au cours de l’Age du Bronze. Le paysage forestier dominant à l’époque devient moins dense et fait place aux premières zones cultivées (Rachoud-Schneider 1993). A l’Age du Fer, on peut constater des interventions répétées et plus intensives dans le milieu forestier, marquées par un éclaircissement croissant de la hêtraie à sapin des versants (Richard et Eschenlohr 1998 ; Braillard et al. 2002 ; Richard 2007a et b). L’influence de la déforestation à l’époque préhistorique sur la végétation et la faune sauvage de la vallée de Delémont est toujours difficile à estimer vu le mauvais état des connaissances. Des recherches réalisées sur le Plateau suisse (Richoz et Haas 1995 ; Jacomet et al. 1998, 1999 ; Hadorn 1994 ; Schibler et Chaix 1995 ; Schibler et Studer 1998 ; Schibler et al. 1999) et dans le Jura français (Richard et Ruffaldi 2004 ; Gauthier 2004) montrent localement des changements importants dans le cortège des espèces, même si, là encore, des phases de déboi-sements intenses alternaient avec des phases de régénération. Le recul ou la disparition des grands mammifères des forêts intactes – comme l’aurochs, l’élan ou le bison – est à mettre sur le compte d’une augmentation de l’influence anthropique. Un milieu natu-rel plus fractionné a en même temps favorisé d’autres animaux sauvages (p. ex. le lièvre ou les oiseaux de milieux ouverts). Dès le début de l’occupation gallo-romaine (attribuée au Subatlantique ancien), on observe une activité de défrichement plus intensive avec l’apparition de voies de communication bien aménagées et une intensification de l’agriculture. Les forêts alluviales de plaine

sont en forte diminution en même temps que les cypéracées aug-mentent nettement, colonisant ces milieux. On observe aussi une exploitation plus intense et un éclaircissement des forêts de feuillus sur les versants au cours de l’occupation romaine. Parallèlement, des indices, quoique rares, de la présence de

Castanea et de Juglans, des arbres introduits par les Romains,

appa-raissent dans les relevés polliniques. Toutefois, il est possible que les pollens de châtaigniers, pollens très légers pouvant parcou-rir de grandes distances, proviennent de la région de Besançon, de l’Alsace ou du pied sud du Jura. Il faut aussi mentionner la présence isolée de pollens de buis dans la couche archéologique de Develier-Courtételle. Ce sont les Romains qui ont dispersé ce buisson, apparemment planté ici aux abords du site. Les analyses palynologiques révèlent la présence fréquente de céréales (parmi lesquelles Secale) et de Cannabis/Humulus parmi les plantes culti-vées. De nouvelles herbacées anthropochores apparaissent. Les Poacées, le trèfle, les cypéracées, le plantain lancéolé, la fougère aigle ainsi que le genévrier attestent la présence simultanée de pâturages.

8.1.4 Synthèse des acquis

La plupart des études présentées dans ce volume mènent à des résultats impliquant le climat et l’évolution du paysage à l’échelle locale, voire régionale, dont il s’agit de tirer une vision synthéti-que. Ce paragraphe s’appuie donc sur un diagramme chronologi-que allant de 400 à 1100 ap. J.-C. qui, sous une forme qualitative, compile les évolutions les plus parlantes (fig. 187). Les fluctua-tions des lacs du Jura français sont représentées en parallèle. 8.1.4.1 Paléohydrologie du site de Develier-Courtételle La synthèse paléohydrologique élaborée à partir de ce gisement est schématisée par une courbe allant de 500 à 800 environ (chap. 2.5.3). Basée sur la compilation de trois séquences distinctes, elle met en évidence les variations des flux hydriques dans la plaine de la Pran. Elle révèle que l’intervalle allant de 500 à 750 environ peut être qualifié d’hydrologiquement très actif, marqué par deux crises assez bien individualisées : la première débute après 550 et semble s’atténuer après 600, tandis que la seconde intervient vers 650 et paraît se prolonger jusqu’à 700. Signalée entre autres par le processus de pédogenèse, une accalmie se dessine dès le milieu du 8e siècle et perdure au-delà de 800. A noter qu’une période d’assèchement relatif a récemment été mise en évidence à partir des 9-10e siècles sur le site de Courrendlin, En Solé, à 4 km au sud-est de Delémont, dans une séquence palustre (Guélat 2005) ayant fait l’objet d’une analyse palynologique (Richard 2007a). 8.1.4.2 Bilan hydrique à Delémont, La Communance

Les variations du bilan hydrique à Delémont, La Communance se basent principalement sur l’alternance tourbe-anmoor reconnue dans la séquence de ce site palustre (chap. 3.6) : les tourbes tradui-sent des périodes excédentaires, tandis que les anmoors résultent de la dégradation des tourbes à l’air libre, suite à un abaissement du plan d’eau. Ainsi, la période allant de 550 à 820 se caractérise par un bilan hydrique positif, tandis que l’intervalle 900-1050 montre l’inverse. La transition entre ces deux régimes s’effectue tout d’abord par une baisse assez brusque de la nappe phréatique

cependant suivie, vers 880, d’un bref épisode d’élévation de son niveau moyen. Dès 1050, la sédimentation détritique se réactive, puisque des limons d’inondation et des dépôts de ruissellements collatéraux se mettent en place. Cette période postérieure à l’An mille semble donc correspondre à une reprise des écoulements superficiels.

8.1.4.3 Evolution du couvert végétal

Entre la fin de l’occupation romaine dans la vallée de Delémont 6

et l’implantation du village du Haut Moyen Age de Develier-Courtételle, l’influence anthropique diminue à nouveau. Contrairement aux paysages bien ouverts et exploités de manière intensive entre le 1er et le 3e siècle ap. J.-C., la région était ample-ment reboisée durant l’Antiquité tardive. Ceci est très net dans les profils polliniques des Montoyes à Boécourt (Rachoud-Schneider 1993), alors que le diagramme pollinique de Delémont, La Communance (chap. 4.3) révèle des valeurs plutôt élevées de pollens d’herbacées, la présence de pollens de céréales et d’autres plantes cultivées, indiquant par là que la région n’était pas entiè-rement boisée ni totalement inhabitée.

Une nouvelle phase de déboisement plus intense suit vers la fin du 6e siècle, touchant principalement les zones propices à l’agri-culture. Les interventions anthropiques étaient au début encore minimes dans les forêts de hêtres, de sapins et de chênes des ver-sants de la vallée mais se sont, là aussi, intensifiées avec le temps. Aux alentours du site de Develier-Courtételle, le foisonnement soudain des herbacées illustre bien un paysage végétal fortement déboisé.

Un tel développement se renforce au Bas Moyen Age, illustré par un recul des pollens d’arbres dans les spectres polliniques et une régression de la courbe des feuillus et du sapin. Dès lors, il faut compter avec un éclaircissement et une exploitation crois-sante des forêts (utilisation du bois, pâture) allant de pair avec une forte expansion des terres cultivées. L’augmentation du pin, une espèce héliophile, pourrait être liée à l’apparition de zones à sols dégénérés et le genévrier (Juniperus) passe pour un indicateur typique de pâturages laissés à l’abandon.

8.1.4.4 Erosion et ravinement des sols

Au sud de Delémont, sur le versant nord de la colline du Montchaibeux, des sondages ont révélé la présence d’anciens ravins comblés. Profonds de quelques mètres au maximum, ils entaillent les terrains quaternaires, souvent jusqu’à la molasse, et comprennent fréquemment des dépôts organiques à la base de leur remplissage : des datations 14C sur ces débris végétaux mon-trent un bon recoupement entre 550 et 750 (chap. 3.6). Sur le site de Courrendlin, En Solé, un autre vallonnement comporte lui aussi à sa base des tourbes datées de l’Antiquité tardive et a été comblé avant 650 (Guélat 2006) ; l’analyse palynologique préli-minaire de ces tourbes montre par ailleurs une reforestation des environs du site au cours des 4e et 5e siècles (Richard 2007b). Aujourd’hui dissimulés sous une couverture colluviale, ces ravi-nements témoignent ainsi d’épisodes de ruissellements répétitifs au début du Haut Moyen Age, plus précisément dès la fin du 6e et surtout au cours du 7e siècle.

Fig. 187 Paléohydrologie, évolution du couvert végétal et indices de ravinement dans la vallée de Delémont au cours du Haut Moyen Age. A gauche, la courbe évolutive établie à Develier-Courtételle met en évidence les variations des flux hydriques dans la plaine de la Pran entre 500 et 800 ap. J.-C. environ. Sur le site palustre de Delémont, La Communance le bilan hydrique montre une alternance entre des périodes excédentaires et déficitaires, établi à partir des fluctuations de la nappe phréatique. L’évolution du taux de boisement aux environs de Develier-Courtételle indique qu’une phase de déboisement intense a eu lieu vers la

fin du 6e siècle ; de nouvelles cultures apparaissent juste après. Des ravinements sur des versants de la vallée témoignent d’épisodes de ruissellement corrélatifs.

Enfin, sur la droite, les fluctuations du niveau du paléolac de Seewen (Becker et al. 2000) et des lacs du Jura français (Magny 2004) sont représentées à titre de comparaison suprarégionale.

Sur le site de Develier-Courtételle, les dépôts de crue scellant l’ho-rizon médiéval sont constitués de particules issues de l’érosion des sols sur les versants (chap. 2.5.2.3). Au début du Bas Moyen Age, cette recrudescence des apports limoneux via les accumula-tions colluviales au pied des pentes a conduit au colmatage du fond de la vallée de Delémont (Braillard et al. 2002).

8.1.4.5 Paléolac de Seewen

La séquence sédimentaire du lac aujourd’hui disparu de Seewen (SO), situé 25 km à l’est de Delémont, offre un point de com-paraison intéressant à l’échelle régionale (chap. 2.6.1). Créé au Tardiglaciaire par un glissement de terrain, cet ancien plan d’eau a atteint son extension maximale vers 600 ap. J.-C. (Becker et al. 2000). Ce haut niveau du lac reflète une période à bilan hydri-que positif. Cette phase transgressive est suivie d’un retrait très rapide du lac, qui a permis l’implantation sur sa rive d’un cime-tière mérovingien entre le milieu du 7e siècle et le début du 8e

siècle.

8.1.4.6 Lacs du Jura français

A titre de comparaison suprarégionale cette fois, les fluctuations du niveau des lacs du Jura français sont reproduites tout à droite dans la figure 187 (Magny 2004). Comme déjà évoqué (chap. 8.1.1), un épisode transgressif assez bref mais bien marqué est enregistré entre 650 et 850 (phase Petit Maclu 2).

8.1.4.7 Succession des événements

Interprétation

Les différentes courbes évolutives montrent de sensibles conver-gences permettant de proposer une interprétation du diagramme en cinq étapes principales.

Avant 550 environ, l’activité hydrologique était déjà assez sou-tenue sur le site de Develier-Courtételle, tandis que le marais de la Communance était encore sous l’influence directe du chenal actif de la rivière (en l’occurrence la Sorne). Les données de la palynologie issues de différents sites de la vallée de Delémont suggèrent que l’emprise de la forêt reste encore importante à ce stade : durant l’Antiquité tardive en effet, une reforestation sem-ble être intervenue par rapport à la période antérieure, à paysage plus ouvert, du Haut Empire.

De 550 à 750 environ, soit au début du Haut Moyen Age, l’acti-vité hydrologique est très intense à Develier-Courtételle, avec des paroxysmes vers 580 et 650. A la Communance, la nappe phréa-tique se maintient à un niveau élevé durant tout cet intervalle. Fait majeur, le couvert forestier diminue de manière drastique dès le commencement de cette étape. Dans un premier temps, la forêt ne semble être exploitée que partiellement par l’homme, en particulier pour la pâture. Puis, en quelques décennies, elle devient le théâtre d’éclaircissements massifs, conséquence des besoins importants en bois pour la construction et la sidérurgie. Ces déboisements s’expliquent aussi par le développement de l’élevage et des cultures – avant tout les céréales, le chanvre et le lin – qui nécessitent une extension des zones ouvertes. Autre fait marquant, on assiste au développement – et au comblement consécutif – de nombreux ravinements sur les versants de la

val-lée. Témoins des ruissellements superficiels et par conséquent d’une forte pluviosité, ces incisions ont pu être déclenchées par les défrichements. En outre, nous avons vu que le paléolac de Seewen atteint son extension maximale vers 600 (chap. 8.1.4.5). Cette convergence des indicateurs d’une phase climatique plus humide et peut-être plus froide à l’échelle régionale est en accord avec les données de portée plus large (chap. 8.1.1) : on relèvera particulièrement la concordance avec une transgression des lacs du Jura français, celle-ci se prolongeant toutefois jusqu’au milieu du 7e siècle. L’occupation du hameau mérovingien de Develier-Courtételle, soit de 570 à 750, s’est donc déroulée durant cette péjoration climatique, ce qui n’a certainement pas été sans consé-quence pour les villageois (chap. 8.3).

L’intervalle allant de 700 à 830-890 environ peut se définir comme une période de transition vers une ambiance plus sèche, signalée sur le site de Develier-Courtételle par une nette déprise hydrologique dès le milieu du 8e siècle et qui perdure au-delà de 800. On constate un certain décalage de cette évolution avec celle du marais de la Communance où le bilan hydrique ne deviendra négatif que vers le milieu, voire la fin du 9e siècle. Ceci pourrait s’expliquer par un effet retard entre, d’une part, l’activité du ruis-seau La Pran qui réagit très rapidement aux variations de pluvio-sité et, d’autre part, le niveau moyen de la nappe phréatique de fond de vallée, dont le temps de réponse est sûrement beaucoup plus lent 7. Durant cette même période, le taux de boisement res-tera identique à la précédente, il ne subira du reste aucune varia-tion notable jusque vers l’An mille. Sur les versants de la vallée, les ravins ouverts précédemment sont en voie de colmatage complet ; aucune nouvelle génération de ces entailles n’a pu être identifiée. Le niveau du paléolac de Seewen s’est abaissé semble-t-il au 7e

siècle déjà, mais nous avons vu qu’un doute subsiste à propos de cet événement (chap. 8.1.4.5). Quoiqu’il en soit, le fonctionne-ment de ce lac de barrage est certainefonctionne-ment différent de celui des lacs des hauts plateaux jurassiens, caractérisés par un temps de renouvellement plutôt lent 8.

De 830-890 à l’An mille environ, vers la fin du Haut Moyen Age, l’évolution du climat régional vers des conditions plus sèches, et peut-être aussi plus chaudes, se confirme. Cette tendance se véri-fie surtout par l’enregistrement d’un bilan hydrique négatif sur le site de la Communance, mais aussi à d’autres endroits du bassin de Delémont, comme à Courrendlin, En Solé par exemple (chap. 8.1.4.1). Les séquences de Develier-Courtételle enregistrent à ce stade des phénomènes de pédogenèse, en particulier une altéra-tion des tourbes, ce qui est en parfait accord avec cette tendance à l’assèchement général. Les autres indicateurs ne montrent pas de variation notable, le paysage végétal et les versants paraissant en équilibre. Cette amélioration relative du climat est corroborée par les fluctuations des lacs du Jura français, dont le niveau moyen s’abaisse, mais aussi par d’autres données climato-chronologi-ques disponibles dans la littérature (chap. 8.1.1).

Après l’An mille, au début du Bas Moyen Age, une réactiva-tion de l’alluvionnement est mise en évidence sur le site de la Communance. Le couvert forestier endure quant à lui de nou-velles atteintes, des essences telles que le hêtre et le sapin

subis-sant des régressions drastiques. Ces défrichements résultent d’une extension des terres cultivées, allant de pair avec une exploita-tion croissante des forêts. Ils sont certainement à l’origine de la déstabilisation des versants constatée pour cette même période, tendance qui ne fera que s’accroître dans les siècles à venir : exa-cerbée par la pratique du labourage, l’érosion des sols conduit à l’accumulation en pied de pente de colluvions qui se verront remobilisées par les cours d’eau en fond de vallée (chap. 8.1.4.4). Comme le 11e siècle s’insère dans l’« optimum climatique médié-val » (chap. 8.1.2), une détérioration du climat ne peut assuré-ment pas être tenue pour seul responsable de cette augassuré-mentation du transit sédimentaire. Nous privilégierions plutôt le facteur anthropique pour expliquer cette rupture d’équilibre dans le pay-sage local : outre l’agriculture, il faut rajouter l’impact des activités sidérurgiques qui, dans la vallée de Delémont, connaissent leur essor dès le 11e siècle (chap. 2.5.2.3).

8.2 L’environnement du hameau mérovingien

Une reconstitution imagée du hameau de Develier-Courtételle ainsi que de son paysage environnant vers 650 ap. J.-C. a été ten-tée (fig. 188). Ce paragraphe en constitue les commentaires. 8.2.1 Les éléments du paysage.

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