I. INTRODUCTION :
4. Variabilité du VIH et conséquences :
Beaucoup de polémiques ont été engendrées autour de la pertinence de l’analyse
phylogénétique et de la réalité phénotypique qui pourrait lui être liée. Plusieurs études ont
démontré qu’il n’y avait pas de corrélation entre le sous-type génétique et les
sérotypes de neutralisation. Certains virus sont neutralisés d’emblée, alors que la plupart sont
relativement résistants à la neutralisation (65).
Donc, bien qu’on n’en connaisse pas les raisons, la neutralisation n’est pas fonction du
génotype viral (66, 67).
De même, certaines études ont démontré que la réponse des lymphocytes T
cytotoxiques (CTL) ne dépendait pas non plus du sous-type génétique. Mais, au contraire de
la réponse des anticorps neutralisants, la réponse CTL est plus élargie et l’activation générée
par un variant peut engendrer une réponse contre des variants d’autres sous-types (68). Chez
le singe, dans le modèle SIV/macaque, l’immunité protectrice générée à partir d’essais
vaccinaux a présenté des résultats similaires (69).
Cependant, ces études ne sont que les balbutiements de la caractérisation
phénotypique des sous-types et ont essentiellement été réalisées in vitro. Les valeurs
moyennes des distances inter-clades entre les séquences protéiques de Gag, Pol et Env, sont
respectivement de 15, 10 et 24%. Il serait étonnant que des protéines présentant une telle
divergence n’aient pas des propriétés biologiques distinctes (70).
4.1. Efficacité des tests de sérodiagnostic et de suivi des patients :
Même si l’on n’a pu encore démontrer la pertinence de la classification
phylogénétique, les implications de la variabilité du VIH sont nombreuses et il importe de
surveiller l’évolution qu’elle peut prendre pour plusieurs raisons. La première, et la plus
pragmatique, est de surveiller les performances des tests de diagnostic de la séropositivité et
de la charge virale qui présentent parfois une sensibilité et/ou une spécificité faible pour
certains sous-types (71, 72).
Ce problème se pose essentiellement en Afrique où la diversité génétique est grande,
et où, de plus en plus, ces outils sont mis en place sans que l’on connaisse réellement leur
efficacité (73).
4.2. Mise au point d’un vaccin :
La deuxième raison qui justifie l’étude de la variabilité du VIH est l’objectif de la
mise au point d’un vaccin efficace (cfr annexe 10, résumé des essais vaccinaux). Comme
mentionné plus haut, il semble que les réponses immunes ne dépendent pas des séquences
génotypiques des variants VIH, mais bien d’épitopes de conformation antigénique. Il importe
Figure 5 : Evaluation des différences de résistance aux ARVs entre sous-types B et non
B dans les gènes de la protéase et de la transcriptase inverse :
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 L10I /V/R K20I/ R
M36I L63P A71V V77I V82I
Mutations de résistance du gène de la protéase à un ARV Pourc en ta ge de poly m orphis m e B Non-B
Différences de substitutions en acides aminés dans le gène de la protéase entre sous-types B et non B, recueillies à partir de différentes souches VIH-1 publiées : 108 sous-types B et 348 non B (87A, 74C, 31D, 8F1, 13F2, 11G, 10J, 4O, 26CRF-01_AE et 84CRF-02_AG)
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 M41L T69 I A98S /G K101R V106I V108I V118I /C V179I /T/E L210F/ Y R211KL214F Mutations de résistance du gène de la
transcriptase inverse à un ARV
Pourcentage de polymorphisme
B Non-B
Différences de substitutions en acides aminés dans le gène de la transcriptase inverse entre sous-types B et non B, recueillies à partir de différentes souches VIH-1 publiées : 13 sous-types B et 206 non B (8A, 74C, 5D, 25F, 3G, 3J, 4O, 3CRF-01_AE et 81CRF-02_AG). (76)