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3. Questions et hypothèses de recherche

6.2. Vérification des hypothèses

6.2.1. Hypothèse 1

La première hypothèse mise à l'épreuve postulait que les trois quotidiens français de presse écrite Libération, Le Monde et Le Figaro avaient produit une couverture partiale du conflit syrien, orientée en faveur d'un récit unique identique à celui du débat ou discours politique officiel français.

63 Comme il a été mentionné plus tôt, H1 sera vérifiée si le récit concordant avec le débat officiel français (récit 3) est adopté plus souvent que les autres par les médias étudiés.

D'après le tableau 10, qui détaille nos résultats relatifs au ton des articles codés, on constate que la majorité de ces derniers ont adopté un ton concordant avec le récit 1, c'est-à-dire condamnant Bachar al-Assad, son régime ou ses partisans, ou soutenant les rebelles ou l'opposition. En effet, 172 articles sur 352 ont adopté ce ton, soit 48,86% des articles codés. Au contraire, seuls 11 articles sur 352 (3,13% de l'échantillon) ont adopté le récit 2, celui du soutien à Bachar al-Assad ou de la condamnation des rebelles. 35 articles sur 352 seulement ont adopté une position ambivalente, présentant les deux récits de manière égale, soit 9,94% de l'échantillon. De manière inattendue, on constate également que le nombre d'articles purement factuels, c'est- à-dire dans lesquels il est impossible d'identifier un positionnement, est élevé, avec un total de 134 articles sur 352, soit 38,07% de l'échantillon.

Tableau 10 : description du ton des articles

Ton N %

Récit 3 : négatif envers Bachar al-Assad et positif envers les rebelles ou

l'opposition 172 48,86

Récits 1 et 2 : positifs envers Bachar al-Assad et / ou négatifs envers les

rebelles ou l'opposition 11 3,13

Récit 4 : ambivalence 35 9,94

Factuel – pas de récit identifiable 134 38,07

Total 352 100

Le tableau 11 présente la fréquence du ton employé par les trois quotidiens étudiés dans l'échantillon codé, par rapport au débat officiel relatif au conflit syrien. Sur un total de 352 articles codés, 172 concordent avec le débat officiel français, soit 48,86% de l'échantillon. 46 articles discordent avec le débat officiel français (soit 13,07% de l'échantillon), c'est-à-dire qu'ils soutiennent Bachar al-Assad, ou condamnent les rebelles, ou sont ambivalents. Enfin, 134 articles (soit 38,07% de l'échantillon) sont factuels, c'est-à-dire qu'ils ne présentent aucun positionnement identifiable par rapport au débat officiel français.

Ainsi, avec une pluralité d'articles concordant avec le débat officiel français (48,86% de l'échantillon), H1 est vérifiée.

Tableau 11 : fréquence du ton employé par les articles de l'échantillon

Ton N %

Concordance avec le débat officiel 172 48,86%

Discordance avec le débat officiel 46 13,07%

Factuel 134 38,07%

Total 352 100

Par soucis de rigueur, nous avons décidé d'inclure les articles purement factuels à notre analyse. En effet, ces derniers indiquent un comportement particulier des médias, surtout lorsqu'ils sont nombreux, dans la mesure où ils témoignent d'une volonté des médias d'exposer son lectorat à des articles dans lesquels aucun positionnement n'est identifiable. Ce choix semble ainsi se rapprocher d’un principe d'objectivité ou de neutralité des médias. Il nous a donc paru plus honnête de les faire apparaître dans nos résultats, d'autant plus qu'ils représentent près de 40% de notre échantillon à eux seuls.

Toutefois, les résultats de notre étude vont d'autant plus dans le sens de l'hypothèse de l'indexation qu'on en exclue ces articles factuels. Aussi, le tableau 12 présente la fréquence du ton employé parmi les articles s'étant positionnés par rapport au débat officiel, et uniquement ces articles. Le nombre de valeurs manquantes indiqué sous le tableau, 134, correspond logiquement aux articles factuels.

Or, comme on peut le voir, la proportion d'articles concordant avec le débat officiel passe de 48,86% à 78,9% de l'échantillon codé lorsqu'on exclut ces articles factuels, soit une augmentation de 30 points de pourcentage. Les articles discordants avec le débat officiel restent minoritaires, passant de 21,10% à 13,07% de notre échantillon. Le fait d'exclure les articles factuels de l'analyse renforce donc nos résultats, même si H1 est tout de même vérifiée lorsqu'ils sont inclus.

Tableau 12 : fréquence du ton employé parmi les articles s'étant positionnés par rapport au débat officiel

Ton N %

Concordance avec le débat officiel 172 78,9%

Discordance avec le débat officiel 46 21,10%

Total 218 100

65

6.2.2. Hypothèse 2

La seconde hypothèse mise à l'épreuve postulait que les trois quotidiens français de presse écrite Libération, Le Monde et Le Figaro avaient plus souvent utilisé des sources issues du débat ou discours officiel français que des sources extérieures à celui-ci pour couvrir le conflit syrien.

Comme il a été mentionné plus tôt, H2 sera vérifiée si les sources issues du débat officiel français sont citées plus souvent que les autres par les médias étudiés.

Le tableau 13 présente la fréquence d'apparition de chaque type de sources identifiées dans l'échantillon d'articles codés. Comme on peut le voir, les sources les plus fréquemment mentionnées dans notre échantillon sont les « autres sources extérieures au débat officiel », incluant les sources anonymes extérieures au débat officiel, avec 262 mentions sur 1118, soit une part de 23,43% dans l'échantillon. Les autres sources extérieures au débat officiel représentent donc près d’un quart des sources utilisées par les journalistes dans notre échantillon. Viennent ensuite les journalistes auteurs des articles analysés eux-mêmes ou les agences de presse AFP, Reuters et AP, qui représentent 22,18% des sources dans notre échantillon. Ceci signifie que, dans 22% des cas, les journalistes auteurs des articles analysés se sont appuyés sur leurs propres observations ou celles des agences de presse AFP, Reuters et AP pour transmettre de l'information relative au conflit syrien. La troisième catégorie de sources la plus utilisée par les journalistes de notre échantillon est constituée par les États ou gouvernements étrangers, avec 173 mentions sur 1118, soit 15,47% des sources utilisées dans l'échantillon. La quatrième catégorie de sources la plus utilisée par les journalistes de notre échantillon est celle des rebelles ou de l'opposition. On en compte 99 mentions sur 1188, soit une part de 8,86% des sources de l'échantillon.

Les autres catégories de sources identifiées dans notre grille d'analyse n'ont été que peu utilisées dans notre échantillon : les organisations ou institutions internationales n'ont été utilisées que dans 5,81% des cas, les ONG dans 5,37% des cas, les autorités officielles syriennes dans 4,92% des cas, le gouvernement français dans 4,20% des cas, le Président de la République français dans 3,13% des cas, les autres sites Internet, médias et agences de presse dans 2,50% des cas, les aautres représentants officiels du pouvoir politique français dans 1,25% des cas. Les sources restantes ont, quant à elles, été utilisées dans moins de 1% des cas : 0,54% des cas pour l'opposition parlementaire française, et 0,45% des cas pour la majorité politique hors exécutif ou opposition politique hors législatif.

Il convient de noter que les 21 sources anonymes relevées dans l'échantillon (1,88% de l'échantillon) ont été exclues de l’analyse dans le tableau 14, puisqu'elles n'apportent aucune donnée pertinente pour l'analyse et constituent donc des valeurs manquantes. Le total de sources, pour le tableau 14, est donc de 1097 au lieu de 1118.

Tableau 13 : fréquence détaillée des sources

Nature de la source n Part dans le corpus

Président de la République 35 3,13%

Gouvernement 47 4,20%

Opposition parlementaire 6 0,54%

Majorité politique hors exécutif ou opposition politique

hors législatif 5 0,45%

Autres représentants officiels du pouvoir politique

français 14 1,25%

Sources officielles anonymes 0 0,00%

Rebelles ou opposition 99 8,86%

Etats ou gouvernements étrangers 173 15,47%

Organisations ou institutions internationales 65 5,81%

ONG 60 5,37%

Autres sites Internet, médias, et agences de presse

(hormis AFP, Reuters et AP) 28 2,50%

Journalistes auteurs de l’article analysé ou agences de

presse AFP, Reuters et AP 248 22,18%

Autres sources extérieures (y compris anonymes) 262 23,43%

Autorités officielles syriennes 55 4,92%

Anonymes 21 1,88%

Total 1118 100,00%

Le tableau 14 présente la fréquence d'apparition des sources dans l'échantillon, en fonction de leur provenance. Comme on le constate rapidement, la très grande majorité des sources utilisées dans notre échantillon est constituée par les sources extérieures au débat officiel, avec 990 mentions sur 1097, soit une part de 90,25% de l'échantillon.

Au contraire, les sources issues du débat officiel ne représentent que 9,75% des sources mentionnées dans l'échantillon, avec 107 mentions sur 1097. Cette répartition est illustrée par l'histogramme 4, ci-dessous.

67 Tableau 14 : fréquence d'apparition des sources en fonction de leur provenance

Type de sources n %

Issues du débat officiel 107 9,75

Extérieures au débat officiel 990 90,25

Total 1097 100,00

Valeurs manquantes : 21

Figure 4 : fréquence d’apparition des sources en fonction de leur provenance

Ainsi, à la première analyse, on ne peut pas dire qu'H2 soit vérifiée.