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La question de la responsabilité : modalités et enjeux

DEUXIEME CHAPITRE : Mémoire et responsabilité

A) Mémoire, histoire et vérité

1) Des usages de la mémoire

La mémoire et l’oubli

L’oubli est souvent associé à la néantisation des événements du passé. A l’inverse, la mémoire assurerait la conservation de l’événement, elle serait la garantie que le passé ne sera pas effacé. Par extension, la mémoire conserverait la vérité du passé. Il y a donc une certaine tendance à légitimer la mémoire en saluant le combat qu’elle mène contre l’oubli.

Certains usages de l’oubli ne sont pas étrangers à cette propension à lui opposer la mémoire. Il en est ainsi par exemple de l’usage juridique de l’oubli. Jean Pradel avance à ce sujet que lorsque le magistrat annonce que telle plainte sera classée sans suite, l’infraction afférente est considérée comme étant oubliée, alors que toute condamnation signifie au contraire la nécessité de conserver les faits ne serait-ce que dans le cadre du casier judiciaire1. Dans un tout autre registre, l’usage de l’oubli dans une perspective de néantisation peut intervenir à des fins politiques. Evelyn Mesquida dénonce ainsi la manière dont il a été fait silence à propos des soldats espagnols de la Nueve qui ont libéré Paris, le discours officiel étant occupé à imposer que la capitale a été libérée par des Français2. Plus parlant encore, est l’usage qui est fait de l’oubli dans les tentatives visant à effacer les traces des crimes de masse. Il suffit de penser aux efforts déployés par les nazis en vue d’effacer toute trace du génocide. Les stratégies des négationnistes vont dans le même sens. Les responsables du génocide des Tutsi

1

Jean Pradel, « La justice pénale française entre oubli et mémoire », dans Stamatios Tzitzis (dir.), La mémoire, entre silence et oubli, Sainte-Foy (Québec), Les presses de l’Université Laval, 2006, p. 242-258.

2 Evelyn Mesquida, « Résistance et mémoire : "les soldats oubliés de la Libération de Paris" », dans Stamatios Tzitzis, op. cit., p. 91-125.

n’ont pas fait autre chose en cherchant à masquer toute trace d’une organisation du génocide.

Cependant si ces usages de l’oubli semblent confirmer l’opposition généralement admise entre la mémoire et l’oubli, il ne faudrait pas pour autant perdre de vue que les deux notions entretiennent en réalité des rapports beaucoup plus complexes. D’une part, l’oubli ne se limite pas à cette seule fonction de la néantisation. Il peut dans d’autres contextes se révéler positif et constructif. Yves Roucaute rapporte ainsi que chez les aristoï – cette classe de guerriers qui dominait la Grèce de la période archaïque –, l’oubli était considéré comme étant un réservoir de souvenirs, souvenirs des pactes, souvenirs des règles de vie en société qu’il convient d’aller puiser chaque fois que nécessaire.1 Chez les mêmes aristoï, l’oubli remplissait également une fonction de réhabilitation : les fautes, les manquements du guerrier qui aura su se racheter seront oubliés. Yves Roucaute donne l’exemple d’Ajax qui fut enterré avec les honneurs divins alors même qu’il avait dans un premier temps fui devant Hector. Pour prendre un exemple plus contemporain, l’oubli peut à travers l’amnistie ou la prescription participer à la bonne santé de la société, encore que l’amnistie et la prescription restent assez problématiques2. D’autre part, il convient de considérer que la recherche de l’oubli n’est pas toujours le fait des coupables qui chercheraient ainsi à fuir toute condamnation. La victime aussi peut réclamer l’oubli. Tzvedan Todorov note ainsi qu’il est cruel de rappeler à quelqu’un les moments douloureux de sa vie. Défendant l’idée d’un droit à l’oubli, il cite en exemple la manière dont son usage a contribué à guérir Jorge Semprun de son expérience concentrationnaire3.

L’oubli n’a donc pas que des fonctions négatives auxquelles opposer absolument le rempart de la mémoire. Il se trouve par ailleurs que cette dernière est elle-même loin d’être sans reproches. Elle sait quand le besoin s’en fait ressentir, s’arranger de la fonction néantisante de l’oubli. La France lorsqu’elle entend imposer que ce sont des

1 Yves Roucaute, « La menace archaïque dans les républiques contre le devoir de mémoire et de silence », dans Stamatios Tzitzis, op, cit, p. 466-486.

2 Il semble que l’amnistie ait plus que la prescription vocation à construire une paix publique. L’amnistie s’explique par la volonté de mettre fin aux poursuites pénales et partant d’autoriser la vie sociale à reprendre un cours normal. La prescription intervient en revanche lorsque le temps a trop passé pour permettre une instruction efficace du dossier, lorsque le passage du temps a pour ainsi dire effacer les preuves. On notera cependant que dans le cadre de l’amnistie et de la prescription, ce ne sont pas les actes en eux-mêmes qui sont oubliés mais plutôt leur qualification pénale, ce qui pose la question du pardon. Le souvenir de l’acte persiste, avec lui les passions, particulièrement du côté des victimes. Paul Ricoeur dira ainsi de l’amnistie qu’elle « éloigne en vérité du pardon après en avoir proposé la simulation ». Voir Paul Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Seuil, 2000, p. 586.

3

Français, et seulement des Français qui ont libérés Paris, ne recourt pas au seul oubli. Elle tient avant tout un discours mémoriel. Les rapports entre la mémoire et l’oubli sont tels que l’instrumentalisation de l’un ne va pas sans l’instrumentalisation de l’autre. C’était déjà le cas à propos de l’imaginaire archaïque avec pour objectif de préserver l’unité de la communauté. Il s’agissait alors de faire silence sur ses faiblesses et de veiller à ce que cette stratégie du silence ne soit pas éventée. Il en résulte que dans la perspective de l’imaginaire archaïque, « la mémoire actuelle c’est ce qui reste quand le silence est passé sur la mémoire potentielle1 ». La mémoire ne dit donc pas toujours tout. Il arrive également que ce qu’elle dit ne soit pas fiable. L’idée selon laquelle elle rapporte fidèlement le passé est de fait contestable. Elle a ses propres faiblesses en dehors même de toute volonté d’instrumentalisation. Ces faiblesses découlent du fait que la mémoire étant exercée, elle demande un véritable travail de recherche, de rappel des souvenirs. Et chacun sait que là où il y a travail, exercice, il y a risque d’erreurs2. De là, la méfiance généralement affichée à l’égard des témoignages.

Les risques d’erreurs apparaissent plus clairement dès lors que la question de savoir à qui appartient la mémoire est posée. La mémoire trouve à s’exprimer à la fois dans l’individu et la collectivité avec un jeu d’influences réciproques3. On voit ainsi que non seulement la mémoire dépend d’un travail de rappel, mais qu’en plus ce travail s’autorise des relais, s’appuie sur des réseaux de sous-traitance qui ne disent pas leur nom – la mémoire individuelle prétend trouver sa source dans le seul individu et reconnaît difficilement sa dette envers les cadres sociaux de la mémoire4 ; la mémoire collective en revanche entend nier toute possibilité d’effectuation d’une mémoire individuelle – mais qui ne multiplient pas moins les risques d’erreurs.

Il ne s’agit évidemment pas ici de procéder à une apologie de l’oubli à travers la dénonciation des lacunes de la mémoire. Il s’agit principalement de mettre en avant les limites de la conception qui entend opposer le rempart d’une mémoire fidèle par essence à une volonté toujours néantisante de l’oubli. Il va de soi que pareille conception autorise mal un questionnement serein de la responsabilité alors même qu’il entend trouver dans cette interrogation sa justification. Cela semble par exemple être le cas du Collectif Devoir de Mémoire qui se donne pour objectif de « restaurer le passé dans son

1 Yves Roucaute, op. cit., p. 472. 2

Pour davantage de détails sur l’exercice de la mémoire et les risques afférents, lire « La mémoire exercée, us et abus » dans Paul Ricoeur, op. cit., p. 67-111.

3 Voir, « Mémoire individuelle, mémoire collective », dans Paul Ricoeur, op. cit., p. 112-162.

4 Voir Maurice Halbwachs, Les cadres sociaux de la mémoire, [1925], Albin Michel, 1994. Paul Ricoeur en propose une lecture dans La mémoire, l’histoire, l’oubli.

intégrité et dans son intégralité1 ». Il est évident que ce collectif, lorsqu’il émet le vœu d’une mémoire à la fois totale et fidèle considère son effectuation comme allant de soi. Il semble cependant qu’il aurait gagné à interroger dans un premier temps les tenants et les aboutissants du devoir de mémoire.

Du devoir de mémoire

L’exemple du Collectif Devoir de Mémoire le montre assez bien : le devoir de mémoire fait partie de ces concepts assez flous, souvent mobilisés mais rarement définis. Il convient d’en interroger la pertinence. Jean-Pierre Cléro pose ainsi la question de savoir qui peut imposer un devoir de mémoire et à qui. Surtout, la mémoire relève-t-elle d’une éthique du devoir ? Est-il permis d’imposer à quiconque de se souvenir ? Quand bien même la pertinence d’un devoir de mémoire serait avérée, comment se traduira-t-il dans les faits ? Sous la forme d’un enseignement spécifique ? Sous la forme de commémorations ? Sous la forme de dédommagements2 ? Autant de questions qui conduisent à des impasses.

Faut-il pour autant évacuer la notion sous prétexte que la mémoire est porteuse de limites et échappe au champ du devoir ? En ce qui concerne Paul Ricœur, s’il ne méconnaît pas les limites de la mémoire, il reconnaît dans le même temps qu’elle est un lieu privilégié de la connaissance du passé : « Pour le dire brutalement, nous n’avons pas mieux que la mémoire pour signifier que quelque chose a eu lieu, est arrivé, s’est passé avant que nous déclarions nous en souvenir3 ». De fait, il s’avère qu’il est possible de défendre l’idée d’un bon usage du devoir de mémoire. Paul Ricœur avance ainsi que le devoir de mémoire peut trouver une légitimité dans un devoir de justice :

« C’est la justice qui, extrayant des souvenirs traumatisants leur valeur exemplaire, retourne la mémoire en projet ; et c’est le même projet de justice qui donne au devoir de mémoire la forme du futur et de l’impératif. On peut alors suggérer que le devoir de mémoire, en tant qu’impératif de justice, se projette à la façon d’un troisième terme au point de jonction du travail de deuil et du travail de mémoire4. »

1

Voir le site Internet du Collectif à l’adresse suivante : http://collectifddm.free.fr/collectif.htm [Référence du 30 juin 2007]

2 Jean-Pierre Cléro, « Le devoir de mémoire », dans Stamatios Tzitzis, op. cit., p. 337-362. 3 Paul Ricoeur, op. cit., p. 26.

4

La question se pose alors de savoir ce qui constitue cette valeur ajoutée de la justice qui permet de tirer des souvenirs traumatisants une valeur exemplaire. Paul Ricœur donne trois éléments de réponse. Il fait état d’une vertu de la justice tournée vers autrui : « Le devoir de mémoire est le devoir de rendre justice par le souvenir à un autre que soi1 ». Il évoque ensuite une dette indifférente à l’idée de culpabilité, une dette qui nous invite à être redevables à ceux qui nous ont précédés et, à qui nous devons en partie d’être ce que nous sommes. Enfin notre priorité doit être dirigée vers ceux qui nous ont précédés et qui se distinguent en tant que victimes. A ce niveau de l’argumentation, Paul Ricœur prévient, suivant en cela Todorov contre la propension à réclamer réparation en tant qu’héritiers de victimes. La victime qu’il importe selon lui de reconnaître est la « victime autre, autre que nous2 ».

Yves Roucaute défend également l’idée d’un bon usage du devoir de mémoire. Pour ce faire, il effectue d’abord un détour par la démocratie grecque et la manière dont elle s’est débarrassée de l’imaginaire archaïque. On se souvient que cet imaginaire instrumentalisait et la mémoire et l’oubli avec l’objectif de ne conserver de la mémoire potentielle que la part susceptible de renforcer l’ordre établi. On se souvient également de la manière dont les aristoï ont imposé des usages autres de l’oubli qui autorisaient la réhabilitation en permettant que soient oubliés les gestes non glorieux de celui qui par la suite aura su se racheter. Yves Roucaute insiste sur le fait que ces usages ne pouvaient intervenir qu’après délibération et accord commun. Il tire de l’expérience des aristoï les conditions d’un bon usage du devoir de mémoire. La première condition consiste à ouvrir des délibérations qui accordent à l’écoute de l’autre une place primordiale. La seconde consiste à accepter que suite à la délibération, le silence recouvre certains faits sans qu’il y ait pour autant une quelconque volonté de néantisation. Il en résulte que chacun doit pouvoir accéder à la mémoire, exposer ses souvenirs lors des délibérations. Il en résulte également que l’historien doit pouvoir, malgré les décisions de faire silence, interroger tous les faits qu’il désire. La troisième condition est celle d’un devoir d’oubli que « l’on peut aussi appeler "devoir de pardon"3 ». La quatrième condition suppose l’existence d’une Loi morale universelle, dont le rôle est de garantir un devoir de mémoire qui ne soit pas seulement celle d’un groupe ou d’une fraction. Enfin, la République est nécessaire à tout bon usage d’un devoir de mémoire.

1 Ibidem, p. 108.

2 Idem. 3

Les conceptions de Paul Ricœur et de Yves Roucaute sont sensiblement différentes. Il ressort cependant l’idée d’un souci d’autrui, d’une mémoire généreuse. Cette idée est loin de relever de l’utopie, elle existe dans la pratique. On peut citer à titre d’exemple le travail de Clint Eastwood sur la mémoire d’Iwo Jima. Le cinéaste fait le choix de tourner deux films sur le sujet. Le premier, Mémoires de nos pères1 (Flags of Our Fathers) sorti en 2006, met en scène le point de vue américain et n’hésite pas à déconstruire un mythe. Le second, Lettres d’Iwo Jima2 (Letters from Iwo Jima) sorti en 2007, illustre le point de vue Japonais et pour ainsi dire salue la mémoire de ceux contre qui l’Amérique s’est battue. Il n’en reste pas moins que cette générosité n’est pas des principales caractéristiques du devoir de mémoire tel qu’il se réalise le plus souvent. Par ailleurs la manière dont la conception d’un bon usage peut différer d’un auteur à l’autre, montre assez que la notion est problématique. Le devoir de mémoire tel que conceptualisé par Yves Roucaute n’est pas sans poser la question de sa faisabilité effective. La condition d’un devoir d’oubli qui se voudrait être un devoir de pardon interroge. Elle évacue trop rapidement la question de savoir ce que pardonner signifie3. Quant à la Loi morale universelle, l’auteur reste trop vague sur sa nature. En ce qui concerne Paul Ricoeur, il énonce lui-même les limites d’un devoir de mémoire compris comme devoir de justice :

« Telle étant la légitimation d’un devoir de mémoire en tant que devoir de justice, comment les abus se greffent-ils sur les bons usages ? Ce ne peuvent être eux-mêmes que des abus dans le maniement de l’idée de justice. […] C’est ici qu’une certaine revendication de mémoires passionnelles, de mémoires blessées, contre la visée plus vaste et plus critique de l’histoire vient donner à la profération du devoir de mémoire un ton comminatoire qui trouve dans l’exhortation à commémorer à temps et contre-temps son expression la plus manifeste4. »

A l’idée de justice comme souci de l’autre se superpose donc une idée de justice qui s’autorise un ton comminatoire, qui entend imposer « une direction de conscience qui se proclame elle-même porte parole de la demande de justice des victimes5 ». A cela il faut ajouter le fait que la victime dont il est question n’est bien souvent plus l’Autre. Bien au

1 Clint Eastwood, Mémoires de nos pères, 2006. 2

Clint Eastwood, Lettres d’Iwo Jima, 2007.

3 Il s’agit pourtant d’une question des plus complexes. Voir « Le pardon difficile », dans Paul Ricoeur, op. cit., p. 593-656.

4 Paul Ricoeur, op. cit., p. 108. 5

contraire, la victime va avoir tendance à se confondre avec le « Je »1, avec pour conséquence, le fait que la problématique identitaire vienne vicier davantage le discours mémoriel. La mémoire ne se contente plus alors de dire le passé, elle dit l’identité. Sa prétention à la fidélité se décline sur un ton péremptoire de sorte que le discours mémoriel ne supporte aucune contradiction et tend à s’absolutiser suivant en cela une logique qui relève du sophisme : le discours mémoriel étant fidèle au passé, toute contradiction est par définition infidèle. Le danger de cette absolutisation est que le politiquement correct supplante toute tentative d’approcher la vérité. Le traitement médiatique des émeutes de 2005 en est un parfait exemple. Comment expliquer sinon le fait que les médias se soient presque unanimement accordés à trouver dans le passé des émeutiers fait selon eux d’esclavage, de colonialisme, de discriminations diverses, la seule explication de leurs actes. Le danger inverse d’un discours qui sous prétexte de lutter contre le politiquement correct se fait provocateur à outrance existe également.

Au final, le devoir de mémoire aboutit à des fins inverses à celles qui semblaient au préalable l’avoir motivé. A une mémoire généreuse, soucieuse d’autrui, s’est substituée dans la pratique une mémoire jalouse qui se veut être un marqueur d’identité. A une mémoire qui fait le vœu pieu d’être à la fois totale et fidèle au passé, s’est substituée une mémoire partielle – Paul Ricœur note à ce propos que se focaliser sur un drame revient à en oublier un autre2 – et partisane, une mémoire qui entend imposer sa vérité. La situation se complique davantage lorsqu’on prend en compte le fait que ce « qui fut gloire pour les uns, fut humiliation pour les autres3 ».

Tous ces travers finissent par entraîner une méfiance vis-à-vis de la mémoire, qui de ce fait se voit préférer l’histoire. Il en résulte une opposition entre la mémoire et l’histoire qui rappelle à bien des égards celle entre l’oubli et la mémoire. L’histoire est appelée en recours contre les dérives de la mémoire. On la juge plus juste, moins encline aux jugements partisans, chargée de la vérité du passé. Cependant cette opposition de l’histoire à la mémoire n’est pas moins problématique.

1 Cela est d’autant plus vrai que le rapport au statut de victime a changé. Un temps où être victime signifiait être faible a fait place à un temps où le statut de victime est l’assurance d’une situation de rente. Le statut de victime, assure Todorov, donne le droit de se plaindre, de réclamer : on garde un privilège permanent, l’attention et donc la reconnaissance des autres vous est assurée. (Tzvedan Todorov, op. cit., p. 56).

2

« Voir une chose, c’est ne pas en voir une autre. Raconter un drame, c’est en oublier un autre.

En tout cela, la structure pathologique, la conjoncture idéologique et la mise en scène médiatique ont régulièrement joint leurs effets pervers, tandis que la passivité excusatoire composait avec la ruse active des omissions, des aveuglements, des négligences. » (Paul Ricœur, op. cit., p. 584).

3

Mémoire et histoire

L’émotion partie intégrante du travail de mémoire serait en revanche absente du travail de l’histoire marqué lui par la quête de l’objectivité :

« … la mémoire est souvenir, reconnaissance des blessures et des bonheurs dans la chair et l’âme de la culture, donc nourrie de subjectivité, habitée par les passions survivantes ;