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La connaissance de l’Autre : état des lieux

DEUXIEME CHAPITRE : Approches du réel

A) L’histoire falsifiée

1) L’Afrique et le négationnisme

Le négationnisme : compréhension et extension

D’après Valérie Igounet, Henry Rousso aurait été, en 1987, le premier à utiliser le terme de « négationnisme1 ». L’habitude était alors d’employer le terme « révisionnisme » pris entre guillemets. Il faut cependant noter l’emploi du terme « négation » par Alain Finkielkraut à l’occasion de la publication de L’Avenir d’une négation en 19822. Yves Ternon cite également Jean-Pierre Rioux pour son article publié dans Le Monde du 22 septembre 19873. Mais il se trompe quand il affirme que Jean-Pierre Rioux emploie dans cet article le terme « négationnisme ». Jean-Pierre Rioux parle en effet de « négateurs » et non de « négationnistes »4. Par ailleurs cela importe peu, l’article étant paru peu de temps avant la sortie du livre d’Henry Rousso, dont la thèse du syndrome de Vichy était déjà connue. L’article y fait d’ailleurs allusion.

Au-delà de la question de la première apparition du terme, il semble plus important de savoir ce qu’il recouvre. Le contexte de son emploi n’est pas anodin. Henry Rousso y recourt dans un chapitre qui critique les thèses de Faurisson. Ce dernier nie entre autres l’existence des chambres à gaz :

« À la fin de la guerre, toutes les autorités religieuses, en particulier le Vatican, avait cru devoir déclarer qu’elles n’avaient rien su des chambres à gaz, et d’une politique d’extermination (ou génocide). C’est tout simplement que ces chambres à gaz, cette extermination, ce génocide n’avaient jamais existés que dans les imaginations enfiévrées par la propagande de guerre et la haine5. »

L’article de Jean-Pierre Rioux et le livre de Finkielkraut participent également de cette dénonciation de la négation du génocide des Juifs par les nazis. Il semblerait donc que le procès que Henry Rousso choisi de désigner par le terme « négationnisme », soit

1 Valérie Iounet, Histoire du négationnisme en France, Paris, Seuil, 2000, p. 14.

Henry Rousso, Le syndrome de Vichy (1944-198…), Paris, Seuil, 1987, p. 166 ; Le syndrome de Vichy : de 1984 à nos jours, Seuil, 1990 (deuxième édition revue et mise à jour), p. 176.

2 Alain Finkielkraut, L’Avenir d’une négation, Paris, Seuil, 1982.

3 Yves Ternon, Du négationnisme : mémoire et tabou, Paris, Desclée de Brouwer, 1999, p. 41. 4

Jean-Pierre Rioux, « Les négateurs des chambres à gaz », Le Monde, 22 septembre 1987, p. 1 -9. 5 Valéry Igounet, op. cit., p. 205. Propos de Faurisson cité par Bernard Schalsches, « L’enseignement de l’antisémitisme », dans Libération, 18 novembre 1978. Faurisson intervenait à l’occasion d’un colloque organisé du 27 au 30 janvier 1978 par le Centre régional d’histoire religieuse de Lyon sur le thème « Eglises et Chrétiens de France dans la Seconde Guerre mondiale ».

celui de la négation d’une réalité historique précise : le génocide des Juifs. Cela signifie t-il pour autant que cette acception du terme soit définitive et fermée ?

Henry Rousso introduit le couple « négationnisme / négationniste » en réaction à l’emploi inapproprié du couple « révisionnisme / révisionniste ». Il entend par-là mettre un terme à la confusion des mots sur laquelle s’appuient Faurisson et ses consorts pour entourer indûment leur thèse d’une aura de scientificité. Il s’agit donc de dénoncer une imposture, d’arracher l’étiquette d’historien que s’attribuent les négationnistes en prétendant être des révisionnistes. Le révisionnisme, est en effet un procès qui, mené honnêtement, est nécessaire et même indispensable, un procès scientifique sans lequel la recherche historique ne peut avancer.

Il faut cependant attendre la deuxième édition de Le Syndrome de Vichy pour que Henry Rousso apporte plus de précision quant à la nécessité qu’il y a à distinguer « négationnisme » et « révisionnisme » :

« Le grand public découvre à cette occasion le milieu interlope des " révisionnistes ", un qualificatif qu’ils s’attribuent impunément (le révisionnisme de l’histoire étant une démarche classique chez les scientifiques, on préférera ici le barbarisme, moins élégant mais plus approprié, de " négationnisme ", traduction du No holocaust américain). »

« Le grand public découvre à cette occasion le milieu interlope des " révisionnistes ", un qualificatif qu’ils s’attribuent impunément : le révisionnisme de l’histoire étant une démarche classique chez les scientifiques, on préférera ici le barbarisme, moins élégant mais plus approprié, de " négationnisme ", car il s’agit bien d’un système de pensée,

d’une idéologie et non d’une démarche scientifique ou même simplement critique1. »

Les modifications apportées à l’occasion de la seconde édition montrent plus clairement que Henry Rousso quitte momentanément le cadre des « faurissonades » pour inscrire sa réflexion dans le champ général de la recherche historique. Au-delà de la négation du génocide des Juifs qui est au cœur de la critique entreprise par l’auteur, est pointé un procès plus général, un procès qui obéissant à une idéologie précise, vise à nier le réel. La distinction ainsi opérée entre « négationnisme » et « révisionnisme » insiste sur le caractère non scientifique de l’entreprise négationnisme. Elle autorise à penser que la négation du génocide des Juifs est une forme de négationnisme parmi d’autres.

1 Henry Rousso, op. cit., 1987, p. 166 et op. cit., 1990, p. 176. Le texte d’origine n’est pas souligné.

A noter également que dans la première édition le chapitre concerné est intitulé « Faurissonades ». Le titre devient « Le négationnisme » dans la seconde édition.

Bien que forgé dans le cadre de la dénonciation de la négation du génocide des Juifs, le « négationnisme » est donc propre à désigner d’autres formes de négation. La question se pose cependant de savoir jusqu’à quel point il peut être permis d’élargir l’extension du terme. Convient-il d’en réserver l’emploi à la négation des génocides ?

Il semble qu’un tel critère, loin d’apporter de la clarté, ne ferait qu’ajouter à la confusion, le concept de génocide étant lui-même suffisamment problématique dans sa définition1. La reconnaissance d’un génocide ne va pas toujours de soi. Il ne serait pas davantage satisfaisant de réserver l’emploi du terme à la négation des crimes contre l’humanité pour des raisons similaires de définition et de reconnaissance. S’il apparaît évident que la gravité du crime nié importe dans la définition du négationnisme, force est de constater qu’elle ne constitue pas un critère suffisant. Les modalités de la négation doivent également être prises en compte. Qu’est ce qui permet d’affirmer avec certitude que le réel est nié ? Qu’est-ce qui permet de faire la part des choses entre un procès de révision de l’histoire et un procès de négation, entre un discours qui se veut critique et un discours dont l’objectif est de semer le doute qui mène à la négation ? Il y a là deux risques qu’il faut chercher à circonscrire. Le premier consiste à voir le négationnisme là où il n’existe pas avec le danger de compromettre la réalisation de travaux comme ceux de Peter Novick2, travaux qui pourtant s’imposent. L’histoire est condamnée à rester figée lorsque révisionnisme et négationnisme sont confondus. Le second consiste à l’inverse, en un déficit de diagnostic. Il est d’autant plus inquiétant que les négationnistes ont compris l’avantage qu’ils ont à soigner leur image, à limer les aspérités de leur discours.

Les négationnistes eux-mêmes sont au courant de ces risques et savent en tirer avantage. Ils sont habiles à évoquer la liberté d’expression, la nécessité de « réviser » l’histoire officielle, pour tenter de multiplier les tribunes auxquelles ils ont accès, de diffuser leurs doctrines au public le plus large. Ils sont habiles à brouiller les pistes de manière à ce que la critique hésite avant de disqualifier leurs propos, avant de les reconnaître pour ce qu’ils sont.

1 Comme le fait remarquer Yves Ternon (op. cit. p. 10), chaque théoricien donne sa propre définition du génocide. Par ailleurs, la définition adoptée par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948 est loin d’être claire et précise, et ce, malgré le fait qu’elle dresse une liste des faits qui relèvent du génocide. Cette recherche d’exhaustivité qui est d’emblée vouée à l’échec accentue au contraire le caractère problématique de la définition.

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Il est de ce fait indispensable d’apprendre à identifier avec exactitude les motivations des négationnistes ainsi que leurs méthodes. Le négationnisme est la tentative non seulement de réhabiliter mais aussi de réactiver un passé criminel. Comme le fait remarquer Yves Ternon, il « s’inscrit dans un programme politique qui tend à préserver les bénéfices du crime ou à reproduire les conditions dans lesquelles il a été perpétré1 ».

La méthode négationniste si elle varie et s’adapte en fonction des événements à nier et des interprétations courantes qui en sont données, n’est pas sans présenter des constances. Elle consiste en falsifications et sélection des preuves, en dérobades. Elle excelle à exploiter les failles de l’histoire dite officielle dont elle sait grossir les moindres faiblesses interprétatives, faiblesses ensuite présentées comme preuves du mensonge officiel. Elle transforme la victime en bourreau et réciproquement. Là où les faits ne peuvent être niés, elle sait les relativiser, les banaliser, les fondre dans la masse d’autres tragédies, les normaliser, les vider de leur exceptionnel.

Le négationnisme ne se résume donc pas en la négation brutale, maladroite, et rapidement identifiable du réel. De là vient la nécessité d’être vigilant. Il apparaît alors que l’intention et la méthode négationnistes ne concernent pas l’interprétation des seuls génocides. Elle contamine également l’interprétation d’événements historiques très divers dont le colonialisme.

Colonialisme et négationnisme

Ceux qui à l’instar de Faurisson nient que les chambres à gaz aient existé, n’emploient jamais le terme de génocide. La raison en est que la négation de la réalité des chambres à gaz n’est qu’un moyen, la véritable fin étant la négation du génocide en lui-même. Dans ces conditions, il n’est pas question d’employer le terme puisque cela reviendrait à reconnaître la réalité qu’il désigne. En revanche, les négationnistes du fait colonial ne sont guère indisposés à employer le terme de colonialisme. Cela s’explique peut être par le fait que la réalité du colonialisme s’impose trop pour pouvoir être niée

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sans risque de ridicule. Ceci dit, la réalité du génocide ne s’impose pas moins1. Une autre raison serait qu’il est unanimement reconnu que le terme de génocide contient intrinsèquement l’idée du crime. En employant et en revendiquant le terme de colonialisme, le négationniste entend sans doute éviter que pareille association ne se produise. Le système colonial devient ainsi un système semblable à tout autre. Mieux, il est un lieu de fierté nationale. Il y a donc déjà dans l’emploi du terme un premier niveau de négation. Employé par un Bernard Lugan2, il revêt un sens entièrement autre, dans lequel les idées d’efforts français, d’abnégation française écrasent complètement celles de domination, de spoliation… Et c’est ce sens que le négationnisme colonial va s’efforcer de défendre, va chercher à imposer. C’est par là sans doute qu’il diffère par exemple du négationnisme du génocide des Juifs : il ne s’agit pas ici de nier que le colonialisme ait existé mais de nier qu’il ait pu être criminel. L’intention négationniste n’en est pas pour autant moins présente. Affleure la même tentative de réhabiliter le passé, la même volonté de « préserver les bénéfices3 » du système colonial, voire de renouveler l’expérience. En ce qui concerne la méthode, l’examen de l’écriture de Bernard Lugan peut aider à la comprendre.

Cet auteur ne se contente pas de nier le caractère criminel du système colonial. Il va plus loin en le dépeignant comme une œuvre exclusivement positive et bénéfique pour l’Afrique. Pour ce faire il oppose systématiquement l’Afrique coloniale aux Afriques post et pré coloniales. Cette stratégie lui permet de mettre en relief les apports de la France et de l’Occident en général à l’Afrique.

D’après lui, l’Afrique aurait connu trois phases. Avant la colonisation, elle aurait été remarquable dans son incapacité à maîtriser les techniques qui font le génie humain. Cette incapacité ne s’expliquerait pas par l’absence en Afrique d’outils nécessaires, mais par le simple fait que l’Africain soit « autre ». L’exception égyptienne serait due au fait que l’Egypte « faisait partie du monde "blanc" et tournait le dos au monde des Noirs4 ». Bernard Lugan n’hésite donc pas à réactiver la catégorie de l’Autre pour expliquer le « retard civilisationnel » de l’Afrique, retard « unique dans l’histoire de

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On n’oubliera cependant pas que les génocidaires mettent en général tout en œuvre pour effacer les traces du génocide à travers par exemple le recours à une rhétorique du camouflage. En ce sens la réalité du génocide est censée ne s’imposer véritablement qu’a posteriori. En revanche personne ne cherche à camoufler qu’une entreprise coloniale est en cours, mais seulement à rendre ses abus le moins visibles possible tout en faisant l’éloge de ses vertus.

2 Bernard Lugan, Afrique : de la colonisation philanthropique à la recolonisation humanitaire, Paris, Christian de Bartillet, 1995.

3 Yves Ternon, op. cit., p. 15. 4

l’humanité1 ». Il use de la même catégorie pour expliquer pourquoi, après la parenthèse coloniale marquée par la prospérité, l’essor des systèmes éducatif et de santé, l’Afrique décline à nouveau :

« La catastrophe s’est véritablement produite dans la décennie 1970, plus de dix ans après les indépendances, une fois les héritages coloniaux gaspillés, dilapidés ; quand le fantastique mouvement de mise en valeur entamé dans les années 1950 cessa de faire sentir ses effets ; quand, dans tous les domaines l’africanisation des cadres fut achevée2. »

La faute en incombe donc au seul Africain qui, après s’être montré incapable d’entrer en civilisation, échoue à y rester dès lors que l’Occident n’est plus là pour le guider. L’on retrouve là les arguments du discours colonial.

Les apports de l’entreprise coloniale une fois affirmés, Bernard Lugan s’attaque à la déconstruction du discours anticolonialiste. Il s’insurge contre la thèse voulant que la France ait pillé l’Afrique, et inverse les perspectives : loin d’être coupable, la France serait victime. N’a-t-elle pas, avant 1960, versé des subventions aux producteurs africains à hauteur de 60 milliards de francs par an tout en achetant leurs produits plus chers que sur le marché mondial ?

« Et pourtant, mal conseillée par les tiers-mondistes, l’Afrique s’est placée, depuis la décolonisation, dans une position d’accusatrice [….], partant du postulat qu’elle avait été pillée par la colonisation. [….] Or depuis les travaux de Jacques Marseille, nous savons que c’est le contraire qui est vrai3. »

L’écriture de Bernard Lugan vise ainsi à pousser le lecteur à faire sienne cette conclusion :

« Aujourd’hui, avec le recul du temps, une réalité s’impose à ceux qui ne refusent pas de voir : ce n’est pas la colonisation mais la décolonisation qui a ruiné les Afriques4. »

1 Idem.

2 Ibidem, p. 42. 3 Ibidem, p. 44.

Bernard Lugan force ici quelque peu le propos de Jacques Marseille. Ce dernier soutient en effet dans une thèse qui date de 1984 et dont une version augmentée vient d’être publiée (Empire colonial et capitalisme français : Histoire d’un divorce, Albin Michel, 2005), que les colonies ont été loin d’avoir participé à l’essor économique de la France. Elles ont au contraire été un gouffre financier. En conséquence, les décolonisations ont profité à l’économie française, ce qui n’est pas forcément le cas en ce qui concerne celle des anciennes colonies. Il s’agit là d’une thèse que chacun est libre de partager ou non. En revanche, elle n’absout à aucun moment, comme le suggère ici Bernard Lugan, l’entreprise coloniale et surtout elle ne fait pas son éloge.

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La situation de Bernard Lugan est toutefois suffisamment marginale pour qu’il soit indispensable de s’attarder longtemps sur son œuvre. La falsification qui caractérise son écriture est d’un décodage relativement facile. Il suffit de considérer ses ouvrages traitant de l’Afrique du Sud pour se rendre compte que son seul objectif est l’éloge de la France1, même si cela suppose de faire l’impasse sur toute objectivité et de recourir aux formes du discours colonial. Par ailleurs, Bernard Lugan ne cache pas ses affinités politiques. Il écrit ainsi à propos de Villebois-Mareuil, militaire français ayant combattu aux cotés des Boers :

« Tout naturellement, il fut séduit par les idées de la Restauration nationale défendue par la brillante et dynamique équipe qui commençait à se constituer autour de Charles Maurras2. »

Cependant, si l’œuvre en elle-même peut paraître marginale, le contexte dans lequel elle évolue, demande plus d’attention. Il apparaît ainsi que Bernard Lugan bénéficie d’une large diffusion. Une interrogation de l’Internet indique que nombre de bibliothèques universitaires comme municipales disposent de ses ouvrages. Le risque est que Bernard Lugan devienne une référence pour des lecteurs curieux d’Afrique et qui la découvrent à travers ses écrits. Ce risque doit d’autant plus être pris au sérieux que l’auteur sait se présenter comme étant un amoureux de l’Afrique qui, à travers ses ouvrages, cherche à la réveiller de la torpeur dans laquelle le discours traditionnel la plonge. Or il existe une réelle demande de médias alternatifs accentuée par le fait que les médias traditionnels ont perdu la confiance d’un public de plus en plus méfiant. Le public, lorsqu’il est peu attentionné, peut donc voir dans le discours négationniste, l’alternative tant désirée. C’est ce que démontre cette réaction d’un internaute :

« Pas d’accord… du tout ! Je suis Sénégalais (Saint-Louisien) et j’ai lu "l'Afrique : Histoire à l'endroit" de Bernard Lugan et je souscri(s) parfaitement à son exposé très documenté, et qui casse le discours pleurnichard et mendiant de nos pays, tout en rappelant que nous avons toutes les ressources humaines et naturelles pour assurer notre propre développement sans avoir à singer les modes d’organisation occidentaux.

Un "toubab" plein de bon sens, normal pour quelqu'un qui a vécu la moitié de sa vie en Afrique. Et on sent qu'il l'aime3… »

1

Voir entre autres : Bernard Lugan, Ces Français qui ont fait l’Afrique du Sud, Paris, Editions Bartillat, 1996.

2 Ibidem, p. 251.

3Bernard Lugan / debatista : UN CAS D’ECOLE [forum de discussion en ligne]. Forum Amadoo, 22-04-2004. [Référence de juillet 2005].

Disponible sur http://www.amadoo.com/forum/topic.php?forum=11&numMax=20&tid=1277&lg=. L’internaute réagit contre un article de Didier Daenick : « L’affaire Bernard Lugan, le professeur fouettard de Lyon III », dans Quand le négationnisme s’invite à l’université. [En ligne]. Février 2000, chapitre 4. [Référence de juillet 2005].

La question se pose donc de savoir quelle est la responsabilité des bibliothèques et autres réseaux de distribution qui proposent ces ouvrages. La réponse doit prendre en considération le fait que le devoir des réseaux de distribution est de satisfaire à la demande du lecteur ; lecteur qui est en droit de pouvoir lire tout ce dont il éprouve le besoin. En l’occurrence, si le public a un droit, il a aussi, un devoir, celui de savoir lire. Aussi, plus que la responsabilité des distributeurs, celle du lecteur est engagée.

Que penser en revanche, lorsque des ouvrages de Bernard Lugan sont explicitement proposés comme faisant référence sur le sujet de l’Afrique ? C’est pourtant ce que l’on constate sur le site de « Wikipédia, l’encyclopédie libre ». Cet outil qui se veut pédagogique, gratuit et appelle à la participation de tout un chacun, termine son article sur l’Afrique par une rubrique « à lire ». En plus de la lecture d’auteurs tels que Catherine Coquery-Vidrovitch, Ki-Zerbo, François Xavier Verschave, est conseillée celle de Bernard Lugan. L’internaute est un moment rassuré à la lecture du message suivant :

« Des auteurs soupçonnent cet article de ne pas respecter la neutralité de point de vue voulue par Wikipédia (désaccord de neutralité). Considérez son contenu avec précaution : voir la page des articles non neutres et la page de discussion du présent article1. »