• Aucun résultat trouvé

De l’usage de l’uniforme à la question de la mixité : ce que la cour met en jeu Un uniforme très présent Un uniforme très présent

Chapitre 3 – Entrer dans l’établissement préscolaire par la cour de récréation récréation

3.3. De l’usage de l’uniforme à la question de la mixité : ce que la cour met en jeu Un uniforme très présent Un uniforme très présent

Entretien avec Daniella, fondatrice de Shanti Joy Nivas69, à Muthialpet, Pondichéry, le 13 août 2013:

« Au départ, on accueillait les enfants, on s’occupait d’eux pendant que les parents travaillaient. Petit à petit, nous avons recruté une enseignante qui parle anglais mais pour que davantage d’enfants viennent, il a fallu montrer que c’était vraiment une école. J’ai dessiné des uniformes avec des couleurs gaies, du bleu turquoise et du orange comme on aime en Inde. On a acheté des paniers pour que chaque enfant amène son repas et des cartables pour y mettre un petit cahier. C’était important pour l’image de l’école dans le quartier ».

Dans la cour des anganwadis, les enfants ne portent pas l’uniforme. Le respect du code vestimentaire est un signe distinctif d’appartenance à une « bonne école » visible à tous ceux qui entrent dans la cour. La tenue des préscolaires est calquée sur celles des primaires, dite « anglaise » et les attributs masculins/féminins typiques deviennent plus visibles : jupes et chemisiers pour les fillettes, short et chemisettes pour les garçonnets. La coupe semble être restée la même depuis les années 1950. Seul le jour de son anniversaire dispense l’enfant de le porter. C’est l’occasion alors de faire preuve d’une grande fantaisie même dans les familles les plus modestes: maquillage des yeux au khôl, volants, sequins, robes longues, bijoux pour les fillettes, costumes pour les garçonnets. Le reste du temps, porter l’uniforme est obligatoire. Les écoles privées individualisent la tenue par le choix des couleurs ou l’imprimé des tissus, la présence d’un badge, d’une cravate… Héritage de la période coloniale britannique70, c’est aussi une manière de se conformer aux codes de l’école et d’y être apparenté même à l’extérieur des murs. Les maîtresses, elles-aussi, doivent habituellement porter l’uniforme le lundi. Il s’agit généralement d’un sari dont les teintes varient du rose au brun. Elles aiment se parer de bijoux en or et de barrettes de cheveux raffinées qui leur permettent d’affirmer leur féminité et parfois de montrer une certaine distance face aux parents lorsqu’elles

69

L’école accueille les enfants de deux à six ans. La participation financière de la part des parents est symbolique car les frais de fonctionnement sont essentiellement couverts par des fonds récoltés par une association créée par Daniella et son mari.

70

Vu comme un héritage postcolonial, un surclassement des manières anglaises est plus généralement considéré comme un consensus entre les notables, les élites subalternes et les élites nationales, réduisant le risque de communautarisme (Heuzé, 2005 :218).

114 enseignent dans une école qui accueille des enfants d’un statut social inférieur au leur. Les assistantes qui aident les enseignantes portent un sari plus simple. Ce sont elles que rencontrent en premier les visiteurs. Issues de basse caste et d’un statut social inférieur à celui des enseignantes71, elles surveillent la cour, l’entretiennent ainsi que les locaux et sont présentes en dehors des heures d’enseignement.

Les parents les plus modestes sont soucieux de montrer que leurs enfants ont reçu les soins du matin : ils sont talqués, les fillettes sont nattées, les garçonnets peignés avec la raie sur le côté, un point rouge sur le front est appliqué à ceux qui ont assisté à une puja au temple ou plus souvent aux rituels religieux dispensé à la maison. Les sous-vêtements (culotte et débardeur pour les garçons) deviennent habituels pour des corps jusque là peu contraints. Les enfants sont encouragés à porter des chaussures fermées alors que les chaussures ouvertes, type tongs, sont portées par un très grand nombre d’adultes. Le port de chaussures, rarement à leur taille, peut être une gêne pour jouer, rendant immobiles certains, qui restent près de l’enseignante et attendent de rentrer. Les familles éprouvent le besoin de se procurer des chaussures pour leurs jeunes enfants, de la même façon qu’ils le font pour le cartable (qui transporte du reste assez peu de matériel entre l’école et la famille). Il est d’ailleurs intéressant de préciser que le gouvernement tamoul distribue aux écoliers un cartable et aux plus démunis des chaussures à leur entrée à l’école primaire publique. Une fois usées, ces dernières et le cartable servent ensuite aux cadets de la famille, car scolarisés en préscolaire ils n’en ont pas encore reçu. A cela s’ajoute, au début de l’année, une distribution d’un coupon de tissu et d’un bon chez un tailleur (ou du remboursement) qui permet la confection de l’uniforme des enfants à partir de six ans, parfois plus tôt dans certaines écoles publiques pilotes.

Entretien avec M. Nagarathnam72, directeur de l’école publique à Angammarnagar, Pondichéry, le 24 juillet 2015.

Les effectifs n’arrêtent pas de baisser : soixante-dix-sept élèves l’an dernier, cinquante-cinq cette année, pour les préscolaires : vingt élèves l’an dernier et seulement douze cette année. Les parents expliquent qu’ils partent pour l’école privée voisine, une grosse structure de plus de 1000 élèves, qui coûte au moins 500 Rs par mois même en première année. L’école voisine est subventionnée et elle est théoriquement gratuite pour la plupart des enfants mais la direction déguiserait cela en « donations ». Les parents m’expliquent qu’elles sont obligatoires pour pouvoir rester dans l’école. Pour moi, c’est inconcevable de payer si cher alors que l’école publique leur offre un enseignement gratuit et individualisé, du tissu pour l’uniforme, 300 Rs pour le faire coudre, du lait le matin et un repas chaud.

71 C’est le constat effectué lors des visites et des discussions, principalement lié au mode de recrutement des assistantes.

72

Il a 58 ans, il vit à Lawspet, à 2 km de Pondichéry. Il a deux filles installées à Dubaï où elles ont tout d’abord été accueillies par son frère qui travaille là-bas: sa première fille est « contrôleuse » à l’aéroport et sa deuxième fille est employée dans une grosse entreprise.

115 Entretien avec le directeur et des enseignants de l’école publique à Ouppalam, Pondichéry, le 8 août 201473.

Les gens jugent beaucoup leurs voisins par ici. Depuis une dizaine d’années, les salaires ont vite augmenté et certains gagnent jusqu’à 450 Rs par jour. La plupart des mères travaillent à l’extérieur comme vendeuse de vêtements, de livres, de recharges téléphoniques, comme servante ou cuisinière (…) Quand les deux parents travaillent, ils se doivent d’offrir les meilleures opportunités à leurs enfants s’ils ne veulent pas être mal jugés par leurs voisins, s’ils ne veulent pas que l’on croit qu’ils gaspillent leur argent (…) Les écoles privées font beaucoup de publicité à la télévision et dans les journaux. Il y a des signes que l’on identifie tout de suite aux écoles privées: l’uniforme, la carte d’identité de l’établissement en bandoulière, les belles chaussures, une cravate (…) En plus, les parents imaginent que si leur enfant n’a pas les résultats escomptés, ils pourront demander des comptes plus facilement alors qu’en fait l’école essaiera de leur vendre des cours du soir en supplément et eux seront contents que leurs enfants restent plus longtemps à l’école.

Comme je le traiterai de manière plus approfondi dans les chapitres 5 et 6, scolariser ses enfants dans l’école primaire publique semble relever d’une absence de choix qui stigmatise la famille, l’uniforme public étant aisément identifiable. L’appartenance à une école privée dès le préscolaire se doit donc d’être visible aux yeux du voisinage. L’uniforme renseigne également sur l’appartenance sexuée rendue aisément identifiable dans l’espace. Il renforce l’idée d’une opposition binaire sur lesquels sont basés une grande majorité des stéréotypes sexuels, des comportements, des possibles et des qualités des individus agissant comme autant de prescription et de prohibition dès le plus jeune âge. La séparation des sexes est parfois encore plus marquée dans les écoles privées qui expriment plus ou moins clairement leur souhait d’accueillir plutôt des garçons ou des filles.

Une mixité plus ou moins visible

Entretien avec S. Dhanavanthani, maîtresse de Grande Section à l’école Little Angels School, à Thirumullaivoyal, le 22 juillet 2013.

Il y a plus de filles que de garçons et de moins en moins d’enfants dans les classes à mesure qu’on monte de niveau car le secteur est très concurrentiel. Par exemple, dans ma section, il y a cinq garçons pour onze filles74. Il y a déjà trois autres écoles

73 Cet entretien mené en focus group reprend les remarques de plusieurs professeurs, séparées par ces signes (…).

74 Ce jour-là, les élèves de première année de preschool étaient 35 (16 garçons et 19 filles), de deuxième année 16 (6 garçons et dix filles) et 16 pour ceux de troisième année avec Dhanavanthani (5 garçons et 11 filles).

116 dans la rue et elles sont couplées au primaire. Alors les parents préfèrent y mettre leurs enfants surtout si ce sont des garçons.

Les élèves de première année de l’école

LAS. Les élèves de troisième année de la classe de Dhanavanthani.

La notion de mixité questionne particulièrement la cour de la preschool. Hormis les anganwadis et quelques rares écoles qui font encore figures d’exception, il n’y a pas d’alternative publique au Tamil Nadu et les parents effectuent des choix parmi l’offre privée existante dans leur voisinage. Il faut rappeler que leur représentation vis-à-vis de l’ensemble du système éducatif est largement favorable, pour les filles comme pour les garçons, à une participation accrue au circuit scolaire. Pourtant, la mixité réelle est rarement observable dans cette cour.

La variable du genre influence les familles qui, même pauvres, investissent toujours plus dans l’éducation de leur fils que de leur fille alors même que les parents sont conscients de l’importance qu’elle revêt pour l’un ou l’autre (Härmä, 2009 :154). Dans une même famille, les garçons seront envoyés dans la meilleure école privée possible même pour les plus modestes, tandis que les filles de cette même famille iront plus fréquemment dans les écoles gérées par les associations caritatives et les institutions religieuses. Celles-ci occupent une place importante dans le secteur de la santé et de l’éducation75. Elles visent à promouvoir auprès des populations dites « défavorisées », une certaine idée de ce que doivent être les « bonnes pratiques » en matière d’éducation. Elles portent beaucoup d’intérêt à ce que le processus s’engage le plus tôt possible et elles ont été dans les premières à investir le champ de l’éducation préscolaire privée alors que les entrepreneurs individuels se concentraient encore sur le secteur primaire.

75 Les chrétiens d’Inde (2,3% de la population) soigneraient 15% de la population et éduqueraient entre 10 et 12% d’élèves et étudiants (Clémentin-Ojha, 2008 :31).

117 Entretien avec Teresa qui enseigne à l’école Jayarani depuis une vingtaine d’années, à Pondichéry, le 16 juillet 2013.

Dans notre école, nous accueillons principalement des filles (dans la classe, vingt-huit filles sont présentes pour sept garçons). Les sœurs les préfèrent car les filles sont plus calmes, plus douces. C’est plus facile de les instruire. Elles viennent de familles très pauvres, leurs parents ne sont pas éduqués. Ils savent qu’ici elles pourront étudier et qu’elles ne seront pas importunées par les garçons. Les garçons sont plus difficiles à éduquer, obtenir la discipline est compliqué et je suis parfois obligée de les punir. Moi, je préfère les filles car elles sont plus disciplinées. Ici, les parents ne paient presque rien grâce aux subventions du gouvernement et nous avons une bonne réputation. Les enfants « de maintenant » sont plus agités que lorsque j’ai commencé (il y a une quinzaine d’années), je suis beaucoup plus vigilante quant à la sécurité.

La socialisation par l’école est un processus surdéterminant par lequel l’individu prend conscience des comportements dits « féminins » ou « masculins », et par lequel il perçoit et intériorise les stéréotypes sexuels. Dans les écoles gérées par les institutions religieuses, les valeurs jugées « féminines » liées à l’obéissance, la probité et la retenue sont des qualités encore aujourd’hui particulièrement recherchées, notamment lors des unions matrimoniales, lesquelles sont arrangées le plus souvent par les parents. Avoir étudié dans une école tenue par les sœurs est noté convent-educated dans les annonces matrimoniales (Clémentin-Ojha, 2008 :29). Grâce à l’importance du subventionnement de ces écoles au Tamil Nadu et à Pondichéry, les institutions religieuses représentent une alternative intéressante pour nombre de familles.

Un certain nombre d’ONG misent d’elles-mêmes sur la scolarisation des fillettes, choisissant une population cible dont l’accès à l’éducation a pu être marginalisé à grande échelle par rapport aux garçons. Elles s’appuient sur des données chiffrées de grande ampleur, par exemple le taux de redoublement par sexe, la moindre durée des études ou l’indice de parité des sexes évalué pour l’Inde à 0,83 en primaire en 2000…(un IPS de 1 indiquant la parité filles-garçons). Ces structures sont particulièrement bien implantées : elles profitent de l’absence de contraintes gouvernementales, créant de petites unités et recrutant un personnel local peu qualifié. Pour les parents, c’est l’occasion que les fillettes bénéficient d’un enseignement de « qualité » à moindre frais : la langue anglaise76 est mise en avant et les enfants ont par la suite la possibilité de continuer à fréquenter la structure à travers les cours du soir.

Dans le cas des écoles gérées par des associations et des ONG, la sur-visibilité des fillettes est rarement due au hasard. Cette surreprésentation du public féminin participe

76

Pour la majorité des familles la maîtrise de l’anglais, langue des élites indiennes, paraît aujourd’hui indispensable: elle représente la possibilité d’accéder aux meilleures opportunités d’emplois et de pouvoir se déplacer sans soucis entre les Etats indiens et à l’étranger.

118 à valoriser les actions de ces associations auprès de leurs donateurs77. La construction d’une « école pour les fillettes » est en quelque sorte une vitrine qui les sensibilise aux actions plus générales sur le terrain. Leurs structures sont parallèles à celles de l’Etat et bénéficient d’une grande liberté d’installation contrairement à celles qui souhaitent créer des écoles primaires. Il n’existe pas de cadre précis sur les normes d’encadrement, d’occupation des locaux ou de dispositifs de sécurité, des diplômes nécessaires ou de suivi de programmes officiels dans la mesure où elles n’ont pas de section primaire. Le contrôle d’une ONG pour l’obtention du droit à recueillir des fonds est souvent limité à une simple visite78. Ainsi, si la plupart des écoles sont mixtes, une majorité de l’un ou l’autre sexe est perceptible dans la cour et informe sur le type d’école et les choix de la famille.

Entretien avec Daniella, directrice et fondatrice de Shanti Joy Nivas, à Muthialpet, le 13 août 2013.

Il y a plus de filles que de garçons (sept garçons sur quarant-huit enfants aujourd’hui) car dans la misère, ce sont toujours les filles qui souffrent le plus. Les familles les plus pauvres trouveront toujours un peu d’argent pour envoyer un garçon dans une école privée. Grâce aux dons, nous essayons de les suivre dans leur scolarité et on les envoie dans les écoles privées du quartier. Et le soir, les maîtresses font l’aide aux devoirs pour les plus grands car les parents ne peuvent pas les aider à la maison et n’ont pas les moyens de payer des cours du soir. Les parents nous disent qu’ils ne peuvent pas compter sur l’enseignement des écoles publiques, que le seul avantage est le repas gratuit. Alors nous faisons travailler notre réseau de volontaires pour animer l’école.

L’attache aux savoirs familiaux, imités et transmis de génération en génération, influencent et justifient les inégalités de traitement des filles et des garçons : alors que l’arrivée d’un garçon renforce le statut de la mère, la rendant très attentive aux soins du bébé mâle, celui-ci comprend vite que ses sœurs assistent la mère et ne bénéficieront pas des mêmes loisirs que lui (Kumar, 2010). Les pratiques des enseignants tendent elles-mêmes à reproduire une certaine division sexuée basée sur un système de croyances et de préjugés que les programmes en faveur de l’éducation pour tous peinent à contrebalancer. Les observations des interactions entre les filles et les garçons au sein de la cour de récréation et de la classe révèlent également l’influence que le groupe peut exercer sur la conformité des comportements des filles et des garçons, à travers notamment l’élaboration d’une culture enfantine commune marquée par les normes de genre et l’appropriation d’une identité genrée (Rouyer & Mieyaa, 2013).

La standardisation des demandes en faveur d’une préscolarisation qui s’apparenterait à l’école primaire (pour mieux les préparer à la suite du cursus) contraint physiquement

77

Ce sont les déductions fiscales qui encouragent avant tout la philanthropie des donateurs indiens. Cependant, les associations communiquent sur l’image positive de « l’école » auprès des membres de la diaspora et des donateurs occidentaux pour récolter des fonds qui serviront à des projets plus vastes.

119 les enfants. Les classes sont souvent regroupées dans une même salle, séparées par des cloisons mobiles. Les écoles privées existantes se densifient en installant les sections préscolaires dans les couloirs ou les cours, sans que l’offre sanitaire ne s’améliore et sans que soit pensée la spécificité de l’accueil des jeunes enfants. Cela est particulièrement préjudiciable aux fillettes déjà encouragées par les pratiques éducatives familiales et sociétales à être plus retenues que les garçons. Un certain nombre d’activités peuvent être non-mixtes afin de répondre à des questions pratiques: passages aux toilettes, lavage des mains, délassement dans la cour. La séparation entre les rangs de garçons et de filles reste de mise lors des inspections de la hiérarchie alors que les autres jours, le placement se fera librement en fonction de leur ordre d’arrivée, sans encouragement particulier. En dehors de la classe, peu d’activités engagent les garçons et les filles à jouer ensemble. La récréation n’est pas vraiment perçue comme une soupape, le plus souvent ce temps tourne autour de la collation et les enfants n’ont que peu d’espace à leur disposition pour mettre en pratique des activités communes.

120

121 Les rôles sexués de la société traditionnelle indienne sont encore bien ancrés dans les comportements que l’on observe et la fonction émancipatrice de l’éducation ne se traduit pas automatiquement par un changement social spectaculaire mais les modifications sont en marche, notamment dans les Etats du Sud de l’Inde (Buisson, 2009 :139). Et si les enfants se saisissent de la construction culturelle des sexes que leur expose l’organisation sociétale et se l’approprient dans leurs relations avec leur environnement (Ruel-Traquet, 2010), les pratiques éducatives propres au préscolaire peuvent les accompagner. La présence de femmes dans le corps enseignant est particulièrement mise en avant par les études de développement pour son encouragement en faveur de la mixité scolaire.

L’établissement préscolaire : un monopole féminin ?

Si l’on questionne la mixité du point de vue des adultes, l’école s’adressant aux jeunes enfants apparaît plus qu’aux autres âges un monopole féminin. Les femmes représentent d’ailleurs 94% du personnel de l’EPPE dans le monde (UNESCO, 2015). Parmi les enseignants du préscolaire79, j’ai rencontré quarante-neuf femmes et un seul homme80. Certes, le personnage stéréotypé de la « bonne mère » et la série d’attributs qu’il entraîne (patience, dévouement, sollicitude, générosité…) ne véhiculent pas systématiquement une représentation ou une intention négative ou sexiste, mais la surreprésentation féminine dans ce corps de métier interroge tout de même la place des enseignantes, la reconnaissance de leurs fonctions et de leurs compétences.

Entretien avec Vinola, la coordinatrice de l’ONG qui finance et gère l’école Little Angels School, à Thirumullaivoyal, le 22 juillet 2013.

C’est mieux d’avoir des femmes avec les jeunes enfants. Elles sont aussi mères ou sœurs et ont l’expérience des enfants. Elles sont capables de les comprendre, savent

Outline

Documents relatifs