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UNITE A

Dans le document SENOUFO DES CULTURES RAPPORTDANSL (Page 117-126)

Unit~ : pourcentage du nombre de jours d'enquête ..

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Les tableaux des deux pages précédentes précisent, pour les repas du soir et du matin (1), les commensaux, c'est-à-dire les individus mangeant ensemble. Leur compréhen-sion appelle quelques explications : les commensaux sont indiqués dans les colonnes, les membres de l'unité étant regroupés, et seules les personnes extérieures mangeant fréquemment avec un ou plusieurs enquêtés étant spécifiées ; les autres repas extérieurs sont portés dans la rubrique "autres unités" la colonne "hors village" correspond aux repas pris dans une autre agglomération (2). La fréquence des repas pris avec une personne est inscrite à l'inter-section de la ligne de l'enquêté et de la colonne de la dite personne. Les valeurs au croise-ment de la ligne et de la colonne d'un enquêté correspondent aux repas qu'il prend seul.

La régularité et la taille supérieures des groupes du soir, ainsi que la sépa-ration des sexes, constatées en 1975, se retrouvent sur ces deux tableaux. Les groupes de com-mensalité y sont visualisés par des cadres épais. Il ressort que les hommes mangent générale-ment ensemble, en un seul groupe pour la petite unité séno~fo A et en deux groupes (3) pour la grosse unité dioula C. Les membres masculins de la grande unité sénoufo B suivent une or-g~nisationdifférente en début et en fin de journée : alors que le matin ils mangent séparé-ment et parfois pas du tout (4), ils se retrouvent le soir avec les hommes de trois autres unités d'exploitation, formant une communauté de commensalité exceptionnelle, dont i l sera question dans la section 323.

Parmi les femmes, celles de l'unité dioula C se retrouvent généralement entre elles, exceptées la vieille Cl qui mange seule ou avec des femmes âgées d'autres unités, et C4 plus individualiste le matin. Les groupes féminins sénoufo sont de petite dimension : A2 mange le soir avec une belle-soeur de son mari et seule le matin; B6 mange avec ses filles dont BII ; la jeune femme BIO reste seule; l'autre jeune femme, B4, mange avec sa mère, ap-partenant à une autre unité chez les vieilles, BI est solitaire, tandis que B2 et B3 pren-nent leurs repas ensemble.

Quelques particularités sont à signaler. Le jeune homme A3, durant les trois mois suivant son admission dans l'enclos initiatique (5), dort dans ce dernier et y partage certains repas avec ses compagnons de classe d'âge. Se joint parfois à eux B5, de classe d'initiation directement sup~rieure (6) et responsable de" leur encadrement. Ces repas pris dans l'enclos initiatique sont indiquÉ's dans la colonne "initiés". De même, les membres de la danse ngoro, exécutée par les jeunes filles sénoufo et la promotion d'initiés sortante des kafokonL~ (7), se retrouvent fréquemment, pour manger devant la case de leur chef de file.

Ceci .concerne B5 et la jeune fille BII ; la colonne "ngoro" est consacrée à ces repas.

Les tableaux des pages 84 et 85 des annexes confirment que les femmes sont pres-que toujours les cuisinières, et surtout celles non encore âgées: A2 dans l'unité A, B6 et BIO dans l'unité B, C7 et C6 dans l'unité C. Toutefois BIO prépare souvent pour son mari B9, sur-tout le matin; B4 et sa mère, externe à l'unité, cuisinent en alternance l"'individualiste"

C4 prépare souvent son repas du matin. Pour les vieilles, soit elles sont leur propre cuisi-nière, surtout le matin, soit leurs filles mariées dans d'autres unités leur apportent un plat

(cas de BI, B2, B3) (8), soit une autre femme leur prépare à manger (cas de Cl).

(1) Les données sur les commensaux des repas de la mi-journée, pris généralement aux champs avec ceux avec les-quels on travaille, n'ont pas été exploitées, tout le village, ou tout au moins le quartier, étant concerné.

(2) On remarque que le jeune CI2 a mangé hors du village le quart du temps d'enquête; cela est dû au fait qu'il a fui par deux fois vers le Sud (cf. page 70 des annexes). .

(3) Dans l'unité C, le chef mange avec son fils Cg et les garçonnets de l'unité, tandis que tous les autres hommes forment un second groupe de commensalité. .

(4) Vue l'importance de l'absence de repas pour certains hommes le matin, nous supposons qu'ils se font braiser une igname ou du maïs au champ, considérant que cette collation ne constitue pas un repas.

(5) A3 est alors au début du stade tioZo. Cf. page 13 des annexes.

(6) La classe des kafokonZ~.Cf. page 12 des annexes.

(7) Il a déjà été fait allusion aux kafokonZ~et à leur ngorodia à la page 1II de la section précédente. Pour plus de détails, voir la page 13 des annexes.

(8) En fait, B3, partageant les repas de B2, profite des repas préparés par la fille de celle-ci.

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Les cas particuliers signalés plus haut pour les commensaux se retrouvent pour les cuisinières: lorsque A3 mange dans l'enclos ~nitiatique, une belle-soeur (1) de son père lui porte un p l a t ; B5 et Bll, dans le cadre des repas pris pendant le ngoro, pro-fitent souvent de plats d'autres cuisinières.

Tout comme pour les commensaux, les données sur les cuisinières des repas de midi n'ont pas été exploitées. Nos observations nous permettent cependant d'affirmer que les

jeunes femmes sont les cuisinières lors des travaux sur le champ collectif. Une femme prépa-re le prépa-repas lors des travaux effectués sur ses propprépa-res parcelles ou sur le champ de son époux.

Signalons aussi que des entraides se pratiquent entre cuisinières, une femme allant en aider une autre dans ses préparatifs de repas aux champs, en contrepartie d'une prestation identi-que (2) .

• Le chef d'unité, principaZ fournisseur

Le dernier type de tableau, celui sur les personnes qui fournissent les élé-ments du repas, est fondamental dans l'étude de la consommation. Afin d'alléger le dépouille-ment, trois composants ont été distingués: l'aliment principal, c'est-à-dire céréale ou tubercule; les protéines animales, c'est-à-dire viande ou poisson; enfin les condiments. Si le menu comprend toujours l'aliment principal, les deux autres composants ne sont pas toujours présents, ce qui explique que les valeurs, dans les tableaux des pages 86 à 89 des annexes, soient inférieures pour les protéines animales et les condiments à celles pour l'aliment

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cipal. Tout comme en 1975, aucune pesée n'a été faite, seuls les noms des fournisseurs étant demandés lors de l'enquëte, sans tenir compte de la quantité concernée (3).

Les résultats concernant l'aliment principal du soir et du matin sont les plus significatifs, parce que ce composant du menu apparaît dans chaque repas, et ~ue les repas de début et de fin de journée reflètent le mieux les unités de consommation. Aussi l'aliment principal pour ces deux repas sera-t-il d'abord étudié, les autres composants et le repas de la mi-journée étant ensuite abordés.

Les tableaux des pages 86 et 87 des annexes (4) prouvent que les chefs d'unité de production, définis dans la section précédente, sont les principaux fournisseurs de l'ali-ment principal la fréquence, toujours par rapport au nombre de jours d'enquëte, est de 71 % le soir et de 58 ~ le matin pour l'ensemble des trois unités suivies (5). Ces pourcentages confirment que la cohésion alimentaire est plus forte le soir que le matin. Ils permettent aussi de constater que cette cohésion est plus marquée pour l'unité dioula C que pour l'ensem-ble des deux unités sénoufo A et B : 85 %le soir et 80 %le matin pour la première communauté, contre 61 %et 40 %pour l'ensemble des deux unités sénoufo. En fait la dépendance alimentaire vis-à-vis du chef d'unité est comparable dans la petite unité sénoufo A (84 % le soir et 82 % le matin) et dans l'unité dioula C. La différence entre les deux ethnies provient donc de la grande unité sénoufo B dans laquelle la cohésion alimentaire est beaucoup plus faible.

C'est d'ailleurs dans cette unité que l'écart entre le soir et le matin est le plus grand:

(1) Cette belle-soeur est différente de celle mangeant avec A2.

(2) Pour ces repas aux champs, lorsqu'une" femme ne fait que cuisiner, sa journée n'a pas été comptabilisée comme activité agricole.

(3) Dans le questionnaire, la nature de l'aliment principal était demandée; mais cette information n'a pas été exploitée. Nous savons cependant que les aliments de base sont le riz, le maïs, l'igname, c'est-à-dire les trois principaux produits d'autoconsommation définis à la page 25 du chapitre 1. Une fraction, minime toutefois, de l'alimentation est achetée; mais seuls les fournisseurs ont été demandés lors de l'enquête; les dépenses alimen-taires sont vues dans le chapitre 4.

(4) Ces tableaux sont divisés en 3 rubriques, selon chacun des composants du menu. Comme pour les tableaux sur les commensaux et ceux sur les cuisinières, n'ont été retenu, dans la présentation définitive, que les membres des unités enquêtés et les personnes extérieures revenant souvent. Les repas dans d'autres unités, non concer-nées par ces personnes, sont portés dans l'avant-dernière colonne; ceux pris hors du village dans la dernière colonne.

(5) Ces pourcentages, ainsi que ceux qui suivent, ont été calculés à partir des valeurs des tableaux des pages 86 et 87 des annexes, sans aucune pondération.

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son chef d'unité fournit l'aliment principal 52 % des jours d'enquête le soir, et seulement 25 % le matin.

Le croisement, avec le sexe et l'âge, de ces résultats sur l'aliment principal du soir et du matin, montre que les femmes sont moins dépendantes de leur chef d'unité (62%

le soir et 51 % le matin) que les hommes (80 % le soir et 65 % le matin), mais ceci est dû aux vieilles, plus autonomes dans l'alimentation (36 % le soir et 26 % le matin), les femmes

"jeunes" présentant une dépendance comparable à celle des hommes "jeunes" (1).

En effet, les quatre vieilles manifestent une dépendance plus faible vis-à-vis du chef d'unité. La vieille dioula Cl, de statut particulier, n'est même jamais nourrie par le chef de l'unité dont elle est me~bre, mais se procure elle-même son alimentation ou béné-ficie des plats quielle partage avec les femmes âgées d'autres unités. Cette femme constitue cependant une exception, tous les autres enquêtés recevant, dans une proportion variable, leur nourriture de leur chef d'unité. On retrouve, pour les vieilles sénoufo de l'unité B, lès liens privilégiés qui les unissent à leurs filles (2) : leur aliment principal, outre la part minoritaire mais non négligeable provenant du chef d'unité B7 et celle autofournie, est donné par le chef de l'unité dont leur fille mariée est membre. Ainsi l'aliment principal, porté par une fille de Bl (3), est .donné par le chef d'unité auquel cette fille est mariée;

la fréquence correspondante est portée dans la colonne "gendre Bl" des tableaux des pages 86 et 87 des annexes. De même, sous la rubrique "chef unité parente" de ces deux tableaux, sont indiquées les valeurs se rapportant à l'aliment fourni par le chef d'unité dont la fille de B2 et la deuxième de Bl sont membres.

La jeune femme B4, enfant de cette deuxième fille de Bl, avec laquelle elle mange le plus souvent, est nourrie très fréquemment par ce chef d'unité parente, le reste de son alimentation étant issu du chef d'unité B7. Cette unité parente est d'ailleurs l'une de celles dont les hommes composent avec ceux de l'unité B la communauté de commensalité excep-tionnelle évoquée plus haut (4), ce qui explique que les hommes de l'unité B, profitant par-fois des plats de leurs commensaux, soient nourris par le chef de cette unité parente (5).

Les enquêtés,autres que les quatre vieilles (Bl, B2, B3, Cl) et la jeune femme B4, voient leur aliment principal fourni surtout par leur chef d'unité. Certains sont parti-culièrement dépendants du chef d'unité: tous les membres de l'unité A (6) ; tous ceux de l'unité C, exceptées la vieilie Cl déjà mentionnée, et la femme C4 autonome pour la moitié des repas du matin. Dans l'unité B, tous les individus non agés sont, le soir, très dépen-dants du chef d'unité; le matin, alors que la femme B6, la fille Bll et le frère B8 du chef d'unité reçoivent de ce dernier presque toujours l'aliment principal, par contre B10 et son mari B9 sont plus autonomes, ce dernier étant alors leur fournisseur. L'homme B5 est assez irrégulier: i l est nourri par le chef d'unité, reçoit un plat de sa mère Bl (7) ou mange à l'extérieur de l'unité. On retrouve dans les fournisseurs les cas particuliers cités pour les commensaux et les cuisinières. B5 et la jeune fille Bll partagent, lorsqu'ils se

regrou-pen~ avec leurs collègues de la danse du ngoro (8), les plats que les jeunes danseuses ap-portent à tour de rôle (9). De même le nouvel initié A3, pendant qu'il mange dans l'enclos initiatique, bénéficie souvent des plats issus d'autres unités· (10).

(1) Nous reprenons la distinction,faite dans la section précédente, entre jeunes (15-45 ans) et vieux (45-75 ans). Le taux de dépendance alimentaire est de 78 %le soir et 66 %le matin pour les femmes jeunes et 77 % le soir et 65 % le matin pour les hommes jeunes.

(2) Cf. page III.

(3) Cf. le paragraphe concernant les cuisinières, à la page 117.

(4) Cf. page 117.

(5) Il s'agit en fait d'échanges de plats, les hommes des autres unités commensales mangeant également des plats provenant de l'unité B.

(6) Excepté parfois A3, ainsi qu'il sera vu quelques lignes plus loin.

(7) Ce plat est parfois préparé par une des filles de BI et a donc pour origine le chef d'unité d'une de ces dernières.

(8) Voir plus haut dans l'étude des commensaux, à la page 117.

(9) Les fournisseurs sont alors les chefs d'unité des filles apportant un plat.

(IO)La belle-soeur de son père AI, qui, le matin, prépare pour les nouveaux initiés, reçoit l'aliment principal de AI. Le soir, l'aliment est fourni par d'autres chefs d'unité.

Le deuxième composant du repas est la viande ou le poisson. La viande, con-sommée principalement lors de festivités et de sacrifices, a une origine cynégétique ou pro-vient de l'élevage villageois (volailles, caprins, ovins, bovins) (1). Le poisson est soit pêché (2), soit, surtout, acheté fumé. Les résultats relatifs aux fournisseurs de ces protéi-nes animales du soir et du matin occupent la partie centrale des tableaux des pages 86 et 87 des annexes; ils révèlent une organisation comparable â celle observée pour l'aliment principal. Bien que les valeurs soient plus faibles que pour ce dernier, elles suivent une variation, par personne et par repas, similaire au premier composant du menu. Tout au plus constate-t-on une prédominance du chef d'unité, parmi les fournisseurs, plus nette que pour l'aliment principal.

Le troisième composant du repas, les condiments, montre une divergence de comportement importante selon l'ethnie. Les résultats de l'enquête, rassemblés sur la droite des tableaux des pages 86 et 87 des annexes, montrent que, pour les deux unités sénoufo A et B, les condiments ne sont jamais fournis par le chef d'unité mais presque toujours par la cuisinière (3). Ces mêmes résultats indiquent par contre que le chef de l'unité C est le fournisseur presque exclusif des condiments, excepté pour la vieille Cl· (4).

Pour le repas de la mi-journée, l'origine du produit consommé est beaucoup plus diversifiée. Pris généralement sur le champ cultivé ce jour-lâ, ce repas est lié â l'activi-té exercée et, les prestations dans d'autres unil'activi-tés étant fréquentes, fait intervenir un nombre important de fournisseurs. Ce foisonnement de situations possibles a exigé une con-ception de dépouillement différente de celle retenue pour les repas du matin et du soir. Ayant fixé comme objectif de croiser l'origine de la nourriture avec l'activité pratiquée, nous avons réduit le nombre de possibilités. Ainsi, sur les tableaux des pages 88 et 89 des annexes, l'activité est distribuée en quatre grandes rubriques: travail agricole sur une parcelle de l'unité dont l'enquêté est membre, travail agricole â l'extérieur de l'unité, repos ou autre activité, présence hors du village. Le travail agricole est lui-même réparti selon le type de champ bénéficiant des prestations champ collectif, champ individuel masculin, champ in-dividuel féminin; la colonne "champ individuel personnel" a été rajoutée pour l'activité dans l'unité (5). Pour les fournisseurs, nous avons distingué le titulaire de la parcelle cul-tivée (6), le chef de l'unité dont ce dernier dépend, et une autre personne. Pour le repos ou d'autres activités, l'intitulé "titulaire" a été remplacé par l'enquêté "lui-même" (7).

Seuls les résultats sur l'aliment principal et sur les protéines animales sont publiés pour le repas de la mi-journée (8). Sur les tableaux correspondants, les enquêtés sont portés â gauche, dans le même ordre que pour ceux du matin et du soir, mais ils sont repérés cette fois-ci uniquement par leur numéro d'identification et par leur sexe (9). Les résultats étant toujours exprimés en pourcentages du nombre de jours d'enquête, les Dioula, de religion musulmane, se caractérisent par une absence de repas élevée, due au jeûne observé durant le mois lunaire du ramadan.

(1) La viande est souvent achetée à un villageois débitant une bête en morceaux.

(2) La pêche se fait essentiellement en groupe, durant la saison sèche, en vidant des trous d'eau du lit d'un marigot partiellement asséché.

(3) Les condiments n'étant pas utilisés pour chaque repas, la confrontation des valeurs des tableaux sur les fournisseurs de ce composant (pages 86 et 87 des annexes) et de ceux relatifs aux cuisinières (pages 84 et 85 des annexes) n'est pas facile.

(4) Cette quasi-exclusivité du chef d'unité nous semble un peu excessive.

(5) Par manque de place, ces différents lieux de travail ont été codifiés CC, CI6, CIO, CI perso, pour, res-pectivement, chacune des quatre sous-rubriques venant d'être présentées.

(6) Le titulaire est le chef d'unité dans le cas d'un champ collectif.

(7) Cf. tab leau des pages 88 et 89 des annexes ..

(8) Pour les condiments, le mode de dépouillement rend l'interprétation des résultats difficile. Les condiments étant souvent fournis par les cuisinières, les fréquences correspondantes sont surtout dans la rubrique non dé-taillée "autres", sauf dans le cas d'une parcelle individuelle féminine, auquel cas les condiments sont four-nis par le titulaire.

(9) Se reporter aux autres tableaux des repas pour avoir le numéro de classe d'âge et le statut.

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L'analyse de ces tableaux (1) sur le repas de la mi-journée permet de déga-ger un principe général: les travailleurs sont nourris le midi par l'unité dans laquelle ils cultivent. Le fournisseur est le plus souvent le titulaire de la parcelle bénéficiant de l'apport productif: presque toujours le chef d'unité pour un champ collectif, le plus sou-vent le titulaire pour une parcelle individuelle (2). Un individu est donc moins dépendant de son propre chef d'unité que'pour les repas du matin et du soir; mais la prédominance des chefs d'unité en général demeure parmi les fournisseurs, du fait de la supériorité du travail sur les parcelles collectives du village, et de la fourniture des aliments, lors de travaux sur une parcelle individuelle, parfois par le chef d'unité dont dépend le titu-laire de cette parcelle.

Cependant l'autonomie alimentaire s'exprime plus à midi que pour les deux au-tres repas de la journée. Tout comme le matin et le soir, cette autonomie est plus forte dans la grande unité sénoufo B que dans les deux autres unités ~nquêtées. L'examen des résultats par enquêté montre tout d'abord que, quelle que soit leur autonomie, tous dépendent, au moins en partie, de leur chef d'unité. Toute une gradation se manifeste dans l'autonomie alimen-taire. Certains se caractérisent par une dépendance étroite à leur chef d'unité: les deux fils jeunes A3 et A4 du chef de l'unité A ; l'épouse B6 et la fille Bll de celui de l'unité B ; les meffibres de l'unité dioula C, exceptées deux femmes, Cl et C4. Les hommes B8 et B5 sont moyennement autonomes. D'autres sont assez autonomes lorsqu'ils travaillent sur leur propre parcelle: l'épouse A2 du chef de l'unité A le couple B9 et BIO; les 3 vieilles BI, B2, B3 la femme C4 et surtout la vieille Cl.

Les jours de repos ou d'activité non agricole, le chef d'unité est aussi le principal fournisseur du repas de la mi-journée. Seules les quatre vieilles (BI, B2, B3, Cl) et l ' "individualiste" C4 sont alors assez peu dépendantes de leur chef d'unité. Pour ces jours de repos ou d'autre activité, la colonne "autre", "des tableaux des pages 88 et 89 des an-nexes, est importante pour quelques enquêtés : l'homme B5, à cause de repas pris avec ses compagnons de ngoro ; les trois vieilles sénoufo, vraisemblablement à cause de repas portés par leurs filles extérieures; BIO pour un motif inconnu; B4 parce qu'allant manger chez sa mère extérieure.

Concordance de t'autonomie dans ta production et dans ta consommation

Le parallèle, pour les trois unités enquêtées en 1978-1979, des résultats sur les prestations de travail, exposés dans la section précédente, avec ceux sur l'origine du produit, permet tout d'abord de confirmer l'unicité des centres de décision principaux dans la production et dans la consommation: le responsable du champ collectif, contrôlant la frac-tion dominante de la force de travail, est aussi le principal fournisseur de la nourriture, exceptés les condiments, procurés chez les Sénoufo le plus souvent par les cuisinières. Cette comparaison des deux volets de l'enquête permet aussi ae constater la coïncidence, si l'on excepte les improductifs, entre unité de production et unité de consommation: les membres de la communauté de production forment, avec les futurs et les anciens producteurs, une com-munauté de consommation. La production et la consommation ne sont en fait que deux formes d'expression d'une même cellule socio-économique, que nous désignons par l'expression "unité d'exploitation" (3). Le contrôle du chef d'unité est cependant plus étroit dans la consom-mation alimentaire que dans la production; tous les enquêtés sont nourris, au moins en partie,

(1) Pages 88 et 89 des annexes.

(2) Les fournisseurs des repas du matin et du soir n'ont pas été cr01ses avec le type d'activité de la jour-née, mais nous avons remarqué que, parfois, et notamment lorsqu'un chef d'unité reçoit de nombreux travailleurs, les prestateurs de travail sont nourris aussi le soir par le titulaire de la parcelle.

(3) Nous utilisons cette expression pour la différencier de l'''exploitation agricole" européenne, recouvrant une réalité différente.

par leur chef d'unité et leur dépendance à l'égard de ce dernier est plus forte dans l ' a l i -mentation que celle observée dans le travail (1).

Tout comme dans la production, l'unité de consommation n'est pas une cellule absolument homogène. Une certaine autonomie alimentaire se manifeste, qui concorde généralement avec celle observée dans la production. Ainsi la grande unité sénoufo B ; caractérisée par une au-tonomie élevée dans la production, est celle qui a la cohésion alimentaire la plus faible.

Si l'on prend les enquêtés un par un, on constate aussi cette concordance de l'autonomie dans la consommation avec celle dans la production, que ce soit par l'intensité de celle-ci ou par la formation des sous-ensembles. Seules deux épouses de chef d'unité (B6 et C2) font exception: elles sont presque toujours nourries par leur mari chef d'unité, alors qu'elles consacrent une part non négligeable de leur travail à leurs surfaces personnelles.

Les quatre vieilles, dont l'autonomie dans la production importante a été vue dans la section précédente, sont les moins dépendantes de leur chef d'unité. Mais cette fai-blesse de leur dépendance à l'égard de leur chef d'unité n'implique pas pour elles une auto-nomie équivalente ; elles se procurent souvent elles-même leur nourriture mais les filles extérieures de Bl et B2, préparent des plats à leur mère à partir de produits donnés par les chefs d'unité de ces filles.

L'autonomie plus modérée de A2, B9, B10, BS, BS et C4, constatée dans la pro-duction, se retrouve dans la consommation, s',exprimant surtout pour le repas de la mi-journée et, dans une moindre part, pour celui du matin. Parmi ces enquêt~s, le sous-ensemble formé par le ménage.de B9 et B10, signalé dans la production - B10 travaillant pour son mari B9 - a son pendant dans la consommation, B9 nourrissant fréquemment son épouse B10. Les autres titulaires de parcelles individuelles, très peu autonomes dans la production, dépendent presque intégra-lement de leur chef d'unité. La jeune femme B4, dont l'activité a été perturbée par une gros-sesse difficile, constitue un cas dans l'unité B, dépendant pour son alimentation, plus sou-vent du chef de l'unité de sa mère que de celui de l'unité dont elle est membre.

L'unité d'exploitation, cellule socio-économique de base de la communauté vil-lageoise, a été définie, dans les deux sections précédentes, comme unité de production et uni-té dè consommation. Mais sur quoi se base-t-elle ? Pourquoi certains individus se regroupent-ils pour travailler ensemble et partager le fruit de ce travail? Cette cellule, mise en évidence par son aspect économique, n'est pas le fait du hasard, mais trouve son fondement dans la pa-renté. Il nous semble donc difficile d'analyser les phénomènes de production et de consomma-tion sans aborder la parenté.

Mais s ' i l est indéniable que la parenté joue un rôle important dans la produc-tion et dans la consommaproduc-tion, constituant la "trame" de leur organisaproduc-tion, nous considérons qu'elle n'explique pas tout. En effet, à lien de parenté identique, deux personnes font, dans certains cas, partie de la même unité d'exploitation, alors que, dans d'autres situations, elles sont membres d'unités d'explôitation distinctes. Il nous semble que d'autres "facteurs"

interviennent aussi (2).

(1) Il faut rappeler toutefois que les pourcentages ne se rapportent pas à la même chose pour ces deux volets de l'enquête: par rapport au nombre total de jours de travail agricole pour la production, et par rapport au nom-bre de jours d'enquête pour la consommation. Mais nous pensons que' ces résultats peuvent être confrontés, les enquêtés mangeant aussi les jours de repos ou d'activité non agricole.

(2) Nous ne sOllllDes pas parvenus à déceler l'intégralité de ces "facteurs". Citons toutefois l'incompatibilité d'humeur, les âges relatifs entre deux individus, le statut politique et/ou religieux, le nombre et l'âge des dépendants de chaque homme.

Dans le document SENOUFO DES CULTURES RAPPORTDANSL (Page 117-126)