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Une stabilité des équipes pédagogiques qui s’installe

PARTIE II. L’EDUCATION DANS L’YONNE : CE QU’EN DISENT LES ACTEURS

et 37). Une particularité s’ajoute par rapport au niveau du primaire et du collège, celle de

II.6. Caractéristiques des équipes pédagogiques

II.6.3. Une stabilité des équipes pédagogiques qui s’installe

En ce qui concerne la constitution des équipes, à savoir leur stabilité, la rotation et la présence de nouveaux Professeurs des Ecoles, on peut noter, dans les entretiens menés auprès des chefs d’établissements, dans un premier temps, que les écoles à classe unique qui ont été observées sont stables ou en cours de stabilisation, la remarque a été faite plusieurs fois qu’avant il y avait beaucoup de rotation de jeunes enseignants qui cherchaient notamment à repartir dans leur région d’origine et qui se plaignaient de l’isolement. On observe aujourd’hui que certaines de ces écoles ont trouvé des enseignants qui se plaisent dans cette situation. A

l’école E, zone 1, l’enseignante est en poste depuis quatre ans, à l’école F, zone 1, depuis neuf ans, à l’école A, zone 1 depuis dix ans. Elles pointent toutes les trois le fait qu’avant il existait une forte rotation. « Avant ma direction, il y a eu beaucoup de changements (l’ancienne est restée deux ans et avant, un an), il y a des problèmes avec les familles, des problèmes sociaux » école F, zone 1, « Il y a eu beaucoup de changements, mais là c’est stable depuis trois ans » école E, zone 1, « Avant il y a eu beaucoup de changements, surtout des jeunes qui se sentent perdus, isolés, personnellement je me sens bien ici et je souhaite y rester » école A, zone 1. Sur les écoles B, zone 1, et M, zone 4, les enseignantes récemment diplômées, sont là depuis deux ans et font remarquer toutes les deux que ce sont des écoles qui connaissent tous les ans la nomination d’un débutant qui ne reste pas « Il y a beaucoup de rotation, tous les ans, ce sont toujours des débutants qui viennent de loin (Dijon) et qui cherchent à partir » école M, zone 4, « Il y a assez de rotation, souvent des débutants qui ne restent pas » école B, zone 1. Dans les autres écoles qui ne sont pas en classe unique, le sentiment tend plutôt à considérer que les équipes sont stables, ou qu’une rotation existe mais qu’elle est faible. Seuls les directeurs des écoles G, zone 2 et N, zone 4 ne vont pas dans ce sens, mais pour deux raisons différentes. L’école N a connu cette année deux arrivées dont une pour une création de classe, pour l’école G, elle a connu deux ans de suite une rotation avec trois nouvelles arrivées, et connaîtra une nouvelle arrivée également en 2007. Une partie de ces changements sont dus à la procédure de recrutement, l’école par sa situation géographique et son contexte attire des enseignants en fin de carrière.

La stabilité des équipes semble engendrer de meilleurs résultats quand la composition sociale est défavorisée (écoles A, E, F, zone 1) puisque dans les écoles M et N, zone 4 où la

rotation est plus importante, les résultats sont plus faibles que ceux attendus ou espérés compte tenu du milieu social plutôt favorisé de leurs élèves. Cependant, ce fait est contredit par l’école B, zone 1 qui présente de bons résultats malgré une composition sociale défavorisée et une rotation des équipes pédagogiques forte.

Les chefs d’établissements du secondaire relèvent assez peu de rotation, ils parlent de

rotation "normale", "habituelle", ils qualifient même souvent leurs équipes comme étant "stables", mais selon plusieurs des chefs d’établissements la situation est en évolution et va tendre à produire plus de changements, « la rotation n’est pas énorme, mais c’est en train de changer à cause du vieillissement » lycée 35, zone 1, « il n’y a pratiquement pas de rotation, le turn-over est très faible, mais ça va changer avec les départs en retraite » lycée 36, zone 1. Il semble que la stabilité soit répandue chez les enseignants du secondaire, elle est même

parfois reprochée par certains chefs d’établissements comme étant trop développée. « Il y a peu de rotation, même dans tous les établissements, les gens habitent sur place, il y a quelques jeunes qui cherchent à s’en aller. Il n’y a pas de carottes au bout de la mutation, uniquement vers la ZEP. Il devrait y avoir une carotte pour faire changer d’établissement » collège 10, zone 1, « 30 à 40% des enseignants sont très stables, c’est trop fort, ils ne s’investissent plus » lycée 37, zone 4. A l’inverse, certains sont favorables à la stabilité des équipes pédagogiques pour rendre l’intégration et l’investissement dans l’établissement possible : « il y a une demande de stabilité, il arrive qu’il y ait des profs sur trois établissements sur 40km de distance, ce n’est pas possible, il y a un problème de présence et d’investissement dans le collège » collège 16, zone 3. Deux difficultés se font jour ici, à savoir une forte implantation, une sédentarisation d’une frange des enseignants, souvent les plus anciens, qui sont originaires de la région ou qui se sont sédentarisés dans le secteur où ils travaillent. Cette situation peut porter à deux interprétations, les personnes stables s’investissent dans leur établissement parce qu’elles le connaissent, qu’elles y sont intégrées, ou bien ces mêmes personnes stables tombent dans un épuisement et au contraire se détachent de la vie de l’établissement. Il semble se dessiner un profil d’une partie des enseignants qui sont et les plus anciens et les plus stables, qui sont désormais désintéressés, sinon de leur travail ou des élèves, au moins de la vie de l’établissement et du travail en équipe. Aux dires des responsables, les remplacements par les retraites renouvelleront dans les années à venir cette partie de la population enseignante. La deuxième difficulté qui est apparue est celle des enseignants employés sur plusieurs postes dans différents collèges, cette complication est soulevée dans le collège 16, établissement au public en difficultés qui nécessiterait un suivi particulier et certainement un investissement ou tout au moins une présence plus forte des enseignants. Un autre cas particulier est soulevé au collège 20 dans la zone 1 où on compte 60% d’enseignants « anciens » et 40% de Titulaires de Zones de Remplacement (TZR). Cette forte proportion de TZR, nommés en situation précaire, ne joue pas a priori sur les résultats du collège recensés comme globalement bons, mais elle est due à la situation d’isolement manifestement « ce sont des bouche-trou, ils ont envie de se rapprocher de chez eux, mais ils apportent quand même du sang neuf ». On peut alors se demander si ces enseignants, en situation d’être appelés à se déplacer sont à même de s’investir, plus ou moins que les enseignants implantés ou à l’inverse s’ils sont, par les changements qu’impliquent leur statut, plus dynamique et motivés.