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Des enseignants plutôt motivés mais des implications hors temps scolaires plus variés

PARTIE II. L’EDUCATION DANS L’YONNE : CE QU’EN DISENT LES ACTEURS

et 37). Une particularité s’ajoute par rapport au niveau du primaire et du collège, celle de

II.6. Caractéristiques des équipes pédagogiques

II.6.2. Des enseignants plutôt motivés mais des implications hors temps scolaires plus variés

Nous avons également interrogé les directeurs d’écoles élémentaires sur la motivation des

équipes pédagogiques. Les éléments recueillis concernent uniquement les écoles ayant

plusieurs classes, les directeurs d’écoles à classe unique n’ayant pas de collègues. Au vu de l’appréciation des directeurs, on peut observer que la motivation des enseignants dans le primaire n’est pas une difficulté majeure. En effet les directeurs sont plutôt satisfaits des

éléments de leur équipe pédagogique quelle que soit la composition sociale des élèves et leurs résultats, « l’équipe est très impliquée, très motivée, il y a beaucoup de travail en

équipe, on se concerte beaucoup, ça vient du maître supplémentaire qui permet ce travail en équipe et oblige les enseignants, par la création des groupes de niveau pour mener les élèves au mieux, à avoir un regard sur les élèves » école J, zone 3, « l’équipe est très motivée et donne beaucoup d’elle-même » école O, zone 4. On peut noter cependant qu’il s’agit de gestion des relations humaines et qu’il y a parfois un ou deux individus qui ne sont pas intégrés dans l’équipe, plus par manque "d’atomes crochus" ou de volonté d’investissement

que par divergence d’opinions pédagogiques qui existent et qui ont été soulignées mais qui ne portent en général pas à conflit, « l’implication de départ est bonne, les trois quarts sont motivés, malgré des différences d’approches pédagogiques, il n’y a pas de jugement de valeurs, sauf deux avec qui ça ne passe pas bien » école G, zone 2. La motivation étant une caractéristique propre à chaque individu, elle est aussi variable que le nombre d’individus, « ils sont motivés à différents degrés » école H, zone 2, « c’est variable selon les individus, certains sont moins impliqués, c’est moitié/moitié » école I, zone 3. L’arrivée de nouveaux collègues est parfois source de tension, s’ils ne s’intègrent pas dans une équipe déjà constituée qui fonctionne parfaitement, « il y a un groupe d’anciens très motivés et très impliqués et sur les trois collègues nouvellement nommés, un est très motivé et les deux autres sont moins impliqués », école N, zone 4 « la relation ne passe pas avec la nouvelle, elle ne s’implique pas » école G, zone 2.

Nous avons également demandé le sentiment des directeurs sur l’investissement des enseignants hors temps de cours. Les réactions sont plus mitigées, dans certaines écoles les directeurs estiment que l’équipe est investie « il y a une coopération avec les demandes extérieures » école G, zone 2, « il y a notamment un investissement dans l’association "les amis des écoles" » école H, zone 2, « tout le monde participe à des évènements hors temps scolaires » école N, zone 4, « tous les travaux sont faits collectivement, les choix pédagogiques (…) » école O, zone 4. Dans d’autres écoles les réactions sont plus relatives mais pas négatives « hors temps institutionnel, l’implication est variée mais réelle » école K, zone 3, « il y a un manque de réflexions sur les finalités éducatives, pas de discussion sur le pourquoi des ZEP… » école I, zone 3. Ces deux établissements ont une composition sociale défavorisée et des résultats faibles. On peut penser que l’implication des enseignants hors

temps scolaire pourrait avoir une incidence sur les résultats55 mais dans les écoles N et O,

zone 4 où différentes activités sont organisées par les enseignants en dehors du face-à-face pédagogique, les résultats sont aussi faibles.

En ce qui concerne la motivation des enseignants du secondaire, là encore cet indicateur

vu par les chefs d’établissements ne semble pas expressément lié au secteur. On relève

une bonne motivation de l’équipe enseignante dans l’établissement 20 de la zone 1 et

55

l’établissement 31 de la zone 4 et dans une moindre mesure dans les établissements 10 et

36 de la zone 1, 16 de la zone 3 et 24 de la zone 4. L’établissement 20, plutôt défavorisé

avec de bons résultats qui montre une bonne motivation des enseignants, a pour particularité dans notre échantillon d’être l’établissement à plus faible effectif, ce qui peut être un facteur d’harmonisation des relations et favoriser les échanges ainsi qu’une dynamique professionnelle plus aisée. L’implication hors temps scolaire est également très forte, « c’est une équipe restreinte mais qui fonctionne fort bien, ils sont à l’écoute des élèves, ils ne rechignent pas à la tâche. Ils sont toujours volontaires pour toutes activités pédagogiques innovantes ». C’est le cas aussi pour l’établissement 31 du zone 4 « ils (les enseignants) sont investis dans les clubs sur le temps de 12h-14h, ils font de l’aide aux devoirs en dehors des heures d’ouverture, ils restent aussi pour recevoir les parents, parfois même très tard, ils sont assez conviviaux »

La motivation est également présente, comme nous l’avons souligné dans les établissements du Migennois et de Saint Valérien, mais dans une plus faible proportion. Différents facteurs sont relevés pour expliquer la relativité de la motivation : soit par l’existence d’une part de l’équipe qui est moins motivée, « ce sont des gens soucieux de faire le mieux possible. Dans l’immense majorité ils ont le souci de bien faire, ils ne sont pas indifférents. Il y a 5% qui ne sont pas impliqués, qui ne font pas de remise en cause de leur savoir et de leur méthode » (collège 24, zone 4), soit par la présence d’une lassitude, en particulier chez les plus anciens, vis-à-vis de l’enseignement ou du public d’élèves. « Dans l’ensemble, l’appréciation est très positive, ce sont des gens qui sont très pédagogues, qui ont une conscience professionnelle. Mais certains sont démotivés. Les profs les plus anciens ont une petite lassitude. (…) les jeunes s’investissent car ils ont besoin d’argent (club ou cours de soutien), pour les anciens il y a plus de difficultés. Ils attendent la retraite, ils ne font pas d’heures supplémentaires, ils ne sont pas productifs les cinq dernières années » (collège 10, zone 1), « ils sont très motivés et ils sont stables. Certains ont une lassitude devant les difficultés grandissantes des jeunes. On n’arrive plus à les maîtriser. Ils ont des situations familiales difficiles, en conflit, ils sont dans le rejet de l’adulte, de l’école. L’enfant qui réussit est battu (par ses pairs), ils sont dans la non acceptation de la réussite (…) les enseignants sont là toute la journée, même quand il n’y a pas cours. Ils font de la régulation, ils sont dans l’investissement » (collège 16, zone 3). On observe aussi des équipes qui sont motivées

mais dont l’investissement hors temps scolaires est plus variable. « Globalement c’est une

bonne équipe, motivée, ce sont des gens volontaires, mais exigeants, mais c’est bien vis-à-vis de tout (…) ceux qui peuvent s‘investir en dehors des cours le font mais pas les mères de

famille, les élus locaux… » (lycée 36, zone 1). Les exemples cités ci-dessus relatent, malgré des variations individuelles, une motivation et un investissement assez conséquent. Il reste trois chefs d’établissements de notre échantillon (les lycées 34, 35, 37, zones 2, 1, 4) qui sont moins convaincus de la motivation en cours et de l’investissement hors temps de cours des enseignants. Il faut noter que ces établissements sont tous les trois des lycées et dans des zones totalement différentes. Dans tous les cas, il est remarqué que c’est une très faible part de l’équipe qui est motivée, « il y a des moteurs, mais peu, il y a ceux qui font juste leur travail et ceux qui sont la caricature type. Il existe une difficulté d’adhésion à la culture de projet, par exemple en seconde, beaucoup de constat d’échec et pas de solution pour y remédier, les solutions n’entraînent pas l’adhésion (…) par rapport aux autres académies il y a une sorte d’archaïsme et de volonté de ne pas faire, de pourquoi essayer de faire mieux ? » lycée 35, zone 1, « C'est très variable, ce sont toujours les mêmes, il n'y en a pas assez, environ une vingtaine. C'est un phénomène de société, on travaille pour gagner sa vie, le public est difficile. C'est très divers, les enseignants sont inquiets de l'évolution de leur travail. (…) Il y a un manque de réflexions pédagogiques. Manifestement il y a de l'échec, est- ce dû à la pédagogie qui est en place? Est-ce lié aux élèves? Peut-être, mais il n'y a pas de réflexions. Les profs ne donnent pas la motivation aux élèves. Il y a un échec pédagogique. Il y a très peu de travail en équipe. Peut-être à cause de la séparation des bâtiments, les profs ne se connaissent pas (…) C’est aussi lié à la formation universitaire des profs, ils n'ont pas l'habitude de travailler en équipe, ils ont une position de concurrence à cause du concours. Il y a une typologie des enseignants, ils n'aiment pas qu'on regarde leur pédagogie » lycée 34, zone 2, « c’est très difficile de juger, ils sont globalement consciencieux et compétents, mais ils ne sont pas très efficaces, ils ne s’interrogent pas assez sur l’efficacité (…) hors temps de cours, ils ne sont pas investis, c’est lié à l’immobilité, certains sont là depuis 1975, ils ne peuvent plus s’investir » lycée 37, zone 4.