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CHAPITRE IX Recherche développement et relations euro-méditerranéennes

II. 1 2 Evaluation des retombées économiques de la recherche

II.1.2. Une politique de recherche au sein de l’UMA

La typologie de la recherche devrait être établie sur la base des besoins prioritaires recensés dans chaque pays pour:

 définir des thèmes régionaux pluridisciplinaires suffisamment unificateurs (aridoculture, santé, environnement, etc.),

 intégrer les différents types de recherche fondamentale et appliquée.

Une meilleure exploitation des acquis de la recherche fondamentale devrait être rendue possible grâce à la coopération euro-méditerranéenne pour:

 déceler les applications potentielles, définir les programmes et les moyens,  encourager et dynamiser les réseaux.

Le transfert et la diffusion des innovations scientifiques et technologiques peut s'inspirer de:  des laboratoires associés aux entreprises dans le cadre des grands programmes de recherche

européens,

 l'exemple de l'Université de Montréal qui inclut dans son organigramme un Bureau de Liaison Entreprise - Université (BLEU),

 des alliances et des consortia pour la recherche.

L'évaluation de la recherche impose de prévoir des mécanismes avant l'attribution ou la répartition des fonds:

 internes (conseils scientifiques de sélection et de suivi),  externes (appels d'offres).

La recherche universitaire doit être réorientée vers:  l'intégration à la région au sens large,

 la coordination avec les organismes nationaux de développement,

 l'articulation avec les organismes professionnels chargés de la vulgarisation adaptative sur le terrain,

l'encadrement de haut niveau pour les jeunes chercheurs.

II.2 Enseignement technique et l'ingénierie

L'enseignement technique est marginalisé par rapport au système éducatif. Résultat des initiatives d'un secteur économique en quête de main-d'oeuvre qualifiée, l'enseignement technique s'inscrit dans une optique conjoncturelle et sectorielle plutôt que dans une stratégie de développement. Dès lors cet enseignement évolue formellement dans un contexte de séparation institutionnelle, juridique et pédagogique par rapport au système éducatif classique. Ainsi cet enseignement est soumis directement aux fluctuations de la conjoncture économique. Les effectifs augmentent ou baissent selon que la conjoncture est bonne ou mauvaise. Ainsi par exemple en Algérie la réalisation d'Instituts de formation d'ingénieurs et de techniciens

supérieurs menée à tambour battant pendant la période des plans d'industrialisation a été stoppée dès les débuts des années 80. Plus grave encore les effectifs régulièrement inscrits dans ces établissements existants ont enregistré une baisse sensible estimée à plus de 30% à 50% selon les Instituts1. Le même phénomène semble prévaloir au Maroc où une étude récente indique que les

effectifs des écoles d'ingénieurs oscillent de plus 30% à moins 30% selon que la conjoncture est bonne ou mauvaise2. Ce phénomène est le résultat d'une conception implicite situant

l'enseignement technique dans un état de subordination à l'égard des entreprises. Cette démarche est d'ailleurs suivie au moment même où l'enseignement classique, continue d'être renforcée.

En effet, les réformes successives subies par le système d'enseignement n'ont en fait visé que l'enseignement technique tandis que le référentiel principal, l'enseignement général demeure comme sacré et immuable. Faute d'introduire un changement dans « ce qui est pressenti par le public comme la voie royale de l'élite»3, les réformes se concentrent sur l'enseignement

technique. Tout se passe en fait comme si on voulait modifier une partie du système éducatif en maintenant l'ensemble intact. Ainsi, les résultats concrets de ces mesures ne se traduisent en fait que par une marginalisation de la formation technique en la maintenant hors du système d'enseignement dans son ensemble.

Or l'enseignement technique de 1er cycle ou de 2ème cycle universitaire suscite, en France, des coopérations fructueuses avec les entreprises. Les Instituts Supérieurs de Technologie (IUT), les Maîtrises de Sciences et Techniques (MST) ou les Diplômes Supérieurs Spécialisés (DESS) comportent un volet professionnel important qui oblige les étudiants à effectuer des stages et qui incite parfois les enseignants à répondre aux problèmes technologiques des entreprises. Des équipes de recherche appliquée se constituent alors autour de ces formations ; elles décloisonnent l'Université vers les partenaires socioprofessionnels. Ce type de formations doit être mis en place dans les pays du Maghreb en association avec les entreprises et si nécessaire sous la tutelle d'institutions de formation équivalentes en Europe. Les accords européens Med- Campus et les actions intégrées qui existent entre des IUT français et des IUT marocains pourront être étendus et développés.

Dans la mise en place d’une dynamique d’innovation ou de développement technologique, le rôle des laboratoires universitaires est important (Cf. G. Dosi, 1982, R. Nelson, 1984, etc...). Ainsi, certains pays occidentaux (USA, France, par exemple) mais également l’Algérie ont créé des structures d’interface entre l’Université et l’entreprise (cf. Chapitre IV: Les formes de la recherche en Algérie).

1voir Khelfaoui H. qui a contribué à la réalisation d'une étude "Contribution à une analyse

sociologique de la formation technologique supérieure" , dans le cadre d'un Mémoire de magistère, Alger, 1987.

2Voir Benmakhlouf N., " le statut social de l'ingénieur au Maroc", communication présentée au

colloque "Maghreb et maîtrise technologique", Tunis, Juin 1990.

3Khelfaoui H., "Systèmes d'enseignements et intégration maghrébine", communication présentée au

Rapidité de réaction, flexibilité des structures et des règles de recherche, modes de gestion plus souples (contrôle à posteriori) et une plus grande autonomie des unités et centres de recherche s'imposent pour le succès d'une telle coopération. Les possibilités qu'offre l'université sont immenses mais à certaines conditions. R.W. Smilor, G.B. Dietrich et D.B. Gibson (1993) indiquent, à propos de la nouvelle articulation instaurée entre l'université, l'industrie et l'Etat pour la recherche et les transferts de technologie aux Etats-Unis, que des études montrent qu'une université de recherche constitue le noyau à partir duquel peut se développer une technopole1.

Cela suppose comme dans le cas américain une modification du "paradigme originel de l'université" visant à adapter cette dernière à l'évolution d'un environnement mondial devenu hyper-compétitif. Les normes traditionnelles ne sont pas remises en cause mais, ajoutent-ils, l'université tente avant tout aujourd'hui de tirer parti des efforts de recherche, de contribuer à la croissance et à la diversification de l'économie, et de créer une atmosphère propice au développement de l'entreprise.

Il faut bien sûr que la recherche universitaire ait atteint un degré suffisant de maturité et de reconnaissance avant de se tourner vers les besoins des entreprises. Les équipes doivent avoir atteint une taille critique (40 à 50 personnes) et disposer d’un équipement expérimental approprié. En l'état, des structures telles que les GIS (groupements d’intérêt scientifique) doivent englober un partenaire européen, qui réalise un transfert de savoir et d’expérience.

III. Coopérations