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CHAPITRE V: RECHERCHE & DEVELOPPEMENT EN TUNISIE

II. L'organisation de la recherche publique en Tunisie

La restructuration de l'économie, l'accroissement continu de la compétitivité de l'ensemble du système productif, constitue une exigence majeure. La réalisation de cet objectif implique, parmi d'autres mesures, un fort développement du potentiel de recherche ainsi qu'une meilleure adaptation de la technologie à l'évolution des besoins du marché.

Tableau 48: Evolution du budget public alloué à la recherche/développement en Tunisie

Année 1991 1992 1993 1994

budget de l’Etat 4080 4450 4950 5515

budget de recherche 27.3 32.9 40.3

taux (en %) 0.67 0.74 0.81

(en millions de dinars)

sources: VII et VIII plans et secrétariat d'État à la recherche scientifique et à la technologie. Tableau 49: PIB et R/D publique/privée en Tunisie

Année 1991 1992 1993

PIB (en MD) 12131 13772 15239

% du PIB consacré à la recherche 0.237 0.25 0.275 Montant du PIB consacré à la recherche 28.805 34.448 41.929 Participation de l’Etat (en %age) 93.8 95.6 96.1 (en millions de dinars) ; source: VII et VIII plans.

La participation des entreprises à la R&D s'effectue sous la forme d'un impôt correspondant à environ 1% de leur chiffre d'affaires. La plupart des entreprises n'utilise pas directement ce montant et le reversent donc à l'État.

II.1. Le rôle du secrétariat d'Etat à la recherche scientifique et à la technologie

La création, en 1991, du secrétariat d'Etat à la recherche scientifique et à la technologie, traduit la volonté des Pouvoirs publics de dynamiser ce secteur. Il est doté d'une mission originale qui le conduit à être un organe d'animation, d'impulsion, de coordination et d'évaluation des besoins. Il n'a pas pour l'instant de moyens financiers spécifiques mais exerce une activité d'évaluation de la recherche-développement en Tunisie. Son rôle est d'inciter les coopérations Europe/Tunisie en favorisant les financements européens. Le personnel est donc en relation permanente avec la CEE. L'une de ses premières actions a été de définir en concertation avec l'ensemble de la communauté scientifique, une politique nationale de développement scientifique et technologique.

Les principales missions du Secrétariat d'État sont:

1 — Doter la recherche d'un cadre juridique adéquat par la préparation d'une loi d'orientation

et de programmation qui permettra un processus de financement tant public que privé pour faire évoluer la part du PIB réservée à la recherche de son taux actuel de 0,275 % de PIB à 0,5 % à la fin de l'année 1996 et à 1 % en l'an 2000, qui précisera les statuts des personnels de recherche et réformera le mode de fonctionnement des centres et des laboratoires de recherches.

2 — Lancer des programmes mobilisateurs scientifiques et technologiques s'inscrivant dans

le cadre des priorités du VIIIè plan et fédérant pour leur réalisation des laboratoires de recherches, des centres techniques, des opérations du développement et des entreprises. Une dizaine de programmes de ce type ont été définis comme par exemple, l'introduction de la productique dans l'industrie, la lutte contre la désertification, la gestion optimale des ressources en eau, l'application des techniques spatiales pour l'observation de la Terre et la transmission des données, l'aménagement et l'environnement littoral, l'arabisation de l'informatique, la biotechnologie appliquée à l'agriculture et à la santé, etc. L'ensemble de ces programmes vise à une indépendance économique de la Tunisie du point de vue des importations et notamment agricoles.

3 — Conduire un politique active de l'emploi scientifique en favorisant la formation à la

recherche et par la recherche. Il s'agit là d'un point central car la demande globale en chercheurs va aller en croissant compte tenu des besoins de l'enseignement supérieur, des centres de recherches et du monde économique de façon générale.

4 — Accroître l'effort de recherche industrielle et promouvoir la capacité de la maîtrise

technologique au sein des entreprises en favorisant l'accès aux ressources technologiques et en développant les divers modes de transfert des compétences et de résultats entre les laboratoires de recherches et les besoins d'innovation des entreprises1.

5 — Renforcer la coopération scientifique internationale en facilitant les échanges de

chercheurs, en insérant des équipes de recherches tunisiennes dans les différents réseaux

1 En vue de la privatisation du plus grand nombre des sociétés étatiques tunisiennes, une étude a été

lancée, commanditée par la Banque Mondiale et le Ministère de l'Économie sur la capacité de survie et d'innovation de ces sociétés face à l'ouverture des frontières.

thématiques mondiaux de laboratoires et en participant aux grands programmes internationaux de recherches. Ces programmes ne se situent d'ailleurs pas seulement au niveau de l'avancement des connaissances, ni dans celle de la compétitivité de l'économie mais touchent de plus en plus à des questions vitales pour l'avenir de l'humanité comme la préservation de l'environnement ou les grands problèmes de santé.

Les services relevant du Secrétaire d'État auprès du Premier Ministre chargé de la recherche scientifique comprennent:

- La Direction de la Recherche et de l'Innovation Technologique, qui oriente les efforts de recherche vers les priorités du développement, consolide les potentialités nationales en matière de maîtrise de la technologie et agit en vue de son amélioration.

- La Direction de la Prospective, de la Planification et de l'Evaluation assure l'étude prospective des besoins futurs de la nation dans le domaine de la recherche scientifique, la planification de leur réalisation et la collecte des statistiques à cet effet.

- La Direction Administrative et Financière est chargée d'assurer la gestion des ressources humaines et financières.

- Le Délégué Régional à la Recherche et au Développement Technologique assure le suivi du Secrétariat d'État au niveau régional. Il est chargé d'assurer la liaison entre les établissements de recherche et les entreprises économiques dans la région.

II.2. Les organismes publics de recherche

Il existe 8 organismes de recherche scientifique relevant du Secrétariat d'État:

- Le Centre national Universitaire de Documentation Scientifique et technique (CNUDST) comprend en 1991, 54 personnes et est chargé de récolter et fournir des informations scientifiques depuis 1979;

- L'Institut National de la Recherche Scientifique et Technique (INRST) existe depuis 1969 et regroupe en 1991, 189 personnes dont 86 chercheurs dans les domaines de la physique et l'énergie, la biologie, la chimie appliquée, les sciences et techniques de l'eau et les sciences de la terre ;

- L'Institut Régional des Sciences Informatiques et des Télécommunications (IRSIT), créé en 1986, a trois départements: arabisation, télécommunications, modélisation et simulation qui emploient 50 personnes dont 35 chercheurs. Les différentes liaisons de communications sont orientées vers la France (CNUSC Montpellier, CNET Paris, INRA Sophia-Antipolis) et la National Science Fondation ;

- Le Centre de Biotechnologie de Sfax (CBS) existe depuis 1983 et a 38 personnes (1991) dont 15 chercheurs et 12 ingénieurs ;

- Le Centre d'Etudes et de Recherches Economiques et Sociales (CERES) créé en 1962 employait en 1991, 134 personnes dont 40 chercheurs et 38 universitaires qui se consacrent au projet d'Atlas National de Tunisie ainsi qu'à divers projets collectifs et individuels sur la société tunisienne ;

- Le Centre d'Etudes, de Recherches et de Publications (CERP) a été créé en 1979 et a des activités de recherche en droit et sciences politiques, en économie et statistique ainsi que des activités d'animation scientifique ;

- L'Institut National Scientifique et Technique d'Océanographie et de Pêche (INSTOP), créé en 1964 a 117 personnes dont 28 chercheurs en 1991. Ses activités de recherche portent sur les ressources de la mer et les technologies de pêche ;

- L'Institut des Régions Arides (IRA) créé en 1976, a 12 chercheurs et 27 techniciens en 1991.

Tableau 50: Personnel des centres de recherche tunisiens en 1992

Scientifiques Techniciens Personnel Total du Secteur d'activité Ingénieurs auxiliaire personnel

& chercheurs 1)Sciences exactes et naturelles 86 31 72 189 2) Sciences d'ingénieurs et 77 16 50 143 technologique 3) Sciences médicales et 73 87 248 408 biologiques 4) Sciences agricoles 151 53 293 497 5) Sciences sociales et humaines 155 14 349 518 Total 542 201 1012 1755

source: Secrétariat d'État à la recherche scientifique et à la technologie.

Il est bien évident que les délais de réalisation des actions entreprises dépassent bien souvent quelques années et qu'une politique de développement scientifique et technologique doit s'inscrire dans la durée et exiger un effort soutenu des pouvoirs publics. Ces conditions sont présentes aujourd'hui et il existe une volonté politique au plus haut niveau pour faire véritablement de la science et de la technologie une composante essentielle du développement. Parallèlement à la participation aux programmes spécifiques de recherche de la C.E.E. destinés aux pays tiers comme le programme Sciences et Technologies du vivant pour les pays en développement, il a été engagé en 1992-93 une coopération scientifique bilatérale entre la Tunisie et l'Europe dont l'objectif est de promouvoir les échanges de scientifiques, d'associer des centres de recherches les plus qualifiés des deux parties pour résoudre conjointement des problèmes scientifiques d'intérêt commun et d'établir des liens permanents entre les communautés scientifiques européenne et tunisienne.

Ce programme repose sur une série d'actions comme la mise en oeuvre et le financement de projets conjoints de recherche, l'octroi de Bourses post-doctorales à des scientifiques tunisiens pour des séjours dans des laboratoires européens, l'organisation de conférences et de workshops.

II.3. Quelques programmes de coopération de recherche scientifique et technique

Divers programmes conjoints dans les domaines de la biotechnologie appliquée à l'agriculture et à la santé, du traitement des déchets et des énergies nouvelles ont déjà démarré et il est prévu un renforcement de ce programme qui offre une bonne flexibilité thématique et une grande facilité de mise en oeuvre.

- Le programme "Sciences et Techniques du vivant pour les pays en développement", couvre les domaines de l'agriculture, de la médecine, de la santé et de la nutrition. Les deux premières phases du programme (1991-1992) ont permis le lancement de plus de 750 projets dont 11 impliquaient six organismes tunisiens différents:

– L'Université, – L'Institut National Agronomique,

– L'Institut Pasteur de Tunis, – l'école Nationale de Recherche Vétérinaire, – L'Institut National de Recherche

Agronomique,

– L'Institut des Régions Arides.

a) Les projets menés dans le domaine de l'agriculture portaient sur des problèmes d'amélioration de plantes, d'élevage, de médecine vétérinaire et d'environnement, multiplication du palmier-dattier par culture des tissus, utilisation de la paille pour l'alimentation des ruminants, stratégie de contrôle des sauterelles par des méthodes basées sur l'utilisation de substances dérivées des hormones des insectes, étude du problème de la salinité des sols dans les régions du Maghreb, etc.1.

b) Le projet de recherche médicale portait sur l'amélioration du diagnostic, du traitement et de la prévention de la leishmaniose.

La troisième phase (1993-1994) implique quatre organismes tunisiens: deux projets en médecine vétérinaire sont consacrés à différents aspects de la lutte contre la theileriose. Les deux autres portent respectivement sur les problèmes de reproduction et d'alimentation de la chèvre et l'utilisation de légumineuses pour la réhabilitation des terres dégradées.

Par l'intermédiaire de l'ensemble des projets menés jusqu'ici dans le cadre du programme, des équipes tunisiennes se sont ainsi trouvées associées à des laboratoires de 9 pays européens différents, plus particulièrement la France, la Grande-Bretagne et l'Italie.

- Dans le cadre de la politique Méditerranéenne Rénovée (janvier 1992) décidée par l'ensemble des pays méditerranéens, deux projets conjoints de recherche ont été sélectionnés pour obtenir un financement:

° Le 1er porte sur le traitement des eaux résiduelles de moulins à olives par des champignons aérobies. Il associe le centre de biotechnologie de Sfax à un laboratoire de l'ORSTOM.

° Le 2ème implique les Instituts Pasteur de Tunis et de Paris et une unité du CNRS de l'Université de Marseille, a pour objectif la mise au point de vaccins contre le venin de scorpions et l'étude des toxines du venin de serpents tunisiens.

1 Pour une présentation détaillée des programmes de coopération France/Maghreb, se reporter aux

- Le programme "Avicenne" conçu comme une action de caractère préparatoire permettant de mieux connaître les capacités scientifiques des pays concernés et des potentialités de coopération avec eux. L'Institut Pasteur de Tunis, l'Hôpital Parnet d'Alger et le Centre National de Microbiologie espagnol sont engagés avec l'ORSTOM dans des travaux sur la variabilité génétique du parasite responsable de la leishmaniose. La Faculté des Sciences de Tunis, le Centre de Développement des Technologies Avancées Algérien et trois laboratoires français et espagnols développent et testent ensemble des méthodes de télédétection par fluorescence laser (LIDAR) des pollutions organiques et inorganiques à partir de stations terrestres mobiles. Un projet mené conjointement par le Centre National de Télédétection tunisien, son équivalent égyptien et l'ORSTOM a pour objectif l'intégration des différentes approches de l'évaluation de la désertification ; observations au sol; télédétection spatiale.