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CHAPITRE VII: LA RECHERCHE EN MAURITANIE

V. Les autres centres de recherche

V.2. La recherche minière

Le milieu de la décennie soixante dix, marqué par une grave récession qui a frappé le secteur minier mondial, a eu pour conséquence la fermeture de plusieurs mines et un fort ralentissement de l'activité de recherche minière. On entend par ici des activités de R-D et non de recherche pure ou appliquée. Prenant conscience de l'importance cruciale d'une recherche nationale autonome, l'Etat mauritanien crée en 1980 l'Office Mauritanien de Recherche Géologique (OMRG), organisme public chargé de promouvoir la recherche géologique et minière. Les missions essentielles qui sont confiés à l'OMRG sont:

-l'inventaire de toutes les substances minérales du pays,

-l'étude des indices miniers existants ou découverts jusqu'à un niveau de connaissance susceptible d'intéresser les investisseurs privés, nationaux ou étrangers.

-l'établissement de la couverture géologique de l'ensemble du territoire national.

L'OMRG constitue un exemple de coopération régionale maghrébine. C'est grâce à l'aide de l'Algérie, d'un montant s'élevant à 2 millions de dollars qu'en 1980 l'office a pu démarrer. Cette aide s'est concrétisée en matériels de prospection géologique, en matériels de topographie, de géophysique, de camp et aussi par la formation de six sondeurs, trois laborantins et sept prospecteurs, tous formés en Algérie.

Tableau 65: Répartition des ressources de l'Office Mauritanien de Recherche Géologique

ressources OMRG 1993

investissement 188 250 000 UM

fonctionnement 61 000 000 UM

source: Rapport d'activité de l'OMRG en 1993

La part du budget consacré à la formation est nulle, alors que celle consacrée à l'équipement s'élève à 59%, et de 1,8% pour le déplacement des chercheurs. La création de l'office s'est faite dans un contexte de crise , avec notamment la chute des prix des matières premières, les difficultés d'obtention de financement et le peu de priorité accordé à la recherche. A partir de 1988, la création d'un laboratoire d'analyse minérale et la mise en route de plusieurs projets financés par les bailleurs de fonds, surtout pour l'or et la tourbe vont relancer les activités de l'OMRG.

V.2.1. Activités d'innovation et de R-D

Conformément aux objectifs cités plus haut, l'OMRG, pendant ces quatorze années, a mis en oeuvre quatre projets de recherche:

-recherche minière sur le cuivre dans les Mauritanèdes Sud, -prospection de plomb, cuivre et zinc dans l'Adrar,

-prospection de tourbes dans le Sud Ouest Mauritanien, -prospection de soufre natif.

L'OMRG s'est surtout affirmé dans la recherche de l'or, du cuivre et de la tourbe. Ainsi, a été découvert, un gisement de tourbe destiné à une utilisation domestique, c'est à dire du charbon de tourbe en substitution à celui du bois. Débuté en 1990, la construction du laboratoire d'analyse minérales de l'OMRG s'est achevée en 1994. Ainsi, l'office dispose d'un outil d'appui à son programme de recherche minière. Il permettra d'orienter les travaux de terrain, de déterminer la nature et la quantité des éléments chimiques recherchés et d'établir les caractéristiques physico- chimiques des minerais appelés à être exploités. Néanmoins, à ce jour, ce laboratoire n'a pas réellement démarré. Il importe de signaler que l'équipement du laboratoire a été financé par la France et un expert français est mis à disposition pour une durée de quatre ans. L'effectif de l'ORMG est de 70 personnes, dont 10 géologues, 7 prospecteurs et cinq sondeurs.

V.2.2. La structure des contrats

Compte tenu de la faiblesse de ses moyens, les projets de l'ORMG, dans leur quasi totalité, sont financés par des bailleurs de fonds tels que le FED et le FAC. En ce qui concerne le FED, le contrat type est une convention basée sur les termes de référence d'une loi régissant les relations entre les états ACP-CEE.

Pour le FAC, les financements sont de deux types: -par les conventions,

-par le marché de gré à gré essentiellement par l'intermédiaire du Bureau de Recherche Généalogique et Minière (BRGM). Il s'agit d'études de recherche minière. En moyenne, la durée des contrats est de trois ans.

VI.2.3. Relations avec des Institutions publiques ou des laboratoires d'entreprise

Dans le cadre de la recherche des phosphates, un permis de recherches minières a été attribué en 1974 à un consortium composé des organismes suivants: SNIM (Mauritanie), BRGM (France), SSPT (Sénégal), et Géomine (Roumanie) auxquels est venue se joindre la SAMIR (Mauritanie) en novembre 1985. Les travaux de recherches ont mis en évidence un gisement d'une centaine de millions de tonnes avec possibilité d'extension, d'un minerai de 19% facilement enrichissable à 36%.

Dans le domaine de l'or, des recherches d'or et de métaux connexes sont entreprises par le Groupement de Recherches de l'Inchiri (GRI) regroupant l'OMRG et le BRG. Le GRI qui a entamé une campagne de recherche en décembre 92 aux environs d'Akjoujt, a procédé à l'analyse de la teneur en or des échantillons prélevés. A l'heure actuelle, la production de l'or en

Mauritanie concerne le traitement des résidus TORCO (Treatment Of Refractory Copper Or) des minerais oxydés de l'ancienne exploitation de cuivre.

Si ces coopérations se sont globalement bien passées, il n'en demeure pas moins que certains consortiums ont eu un échec retentissant. Ainsi, un consortium constitué par l'OMRG, la SAMIA, les ICS de Sénégal et la SIAPE de Tunisie, avait effectué une campagne de recherche en 1989 ce qui avait permis l'établissement d'une carte géophysique au 1/10000e du secteur "cuprit" sur une superficie de 13,4 m2. Toutes ces recherches visaient la découverte de gisements de souffre et l'OMRG avait envisagé par la suite, la réalisation d'un forage profond en collaboration avec le PNVD. Le consortium a été dissous en 1990.

CHAPITRE VIII : LES POLITIQUES DE R/D AU MAGHREB : INFORMATIQUE ET RECHERCHE AGRONOMIQUE

Marie-Pierre BES & Yassine IDRISSI

Introduction

La maîtrise des technologies de l'information et de la communication (TIC) est l'objet d'un enjeu stratégique mondial. D'une part, les industries de l'électronique, de l'informatique et des télécommunications constituent un ensemble qui, avec un chiffre d'affaires prévu de l'ordre de 14 000 milliards de francs à la fin de ce siècle, représentera alors le premier secteur industriel mondial. D'autre part, ces technologies sont "diffusantes": elles s'infiltrent progressivement dans l'ensemble du tissu économique et social et deviennent partie intégrante de la stratégie de développement.

En tant que secteur d'activités, les TIC contribuent à 5 % du PIB mondial et leur importance va s'accroître pour devenir l'une des principales sources de progrès technologique. Les TIC constituent le secteur industriel qui connaît la croissance annuelle la plus importante avec 9 % en moyenne au niveau mondial, soit un rythme deux fois plus rapide que celui de l'économie mondiale dans son ensemble.

Les TIC affectent en profondeur la compétitivité de l'ensemble de l'économie moderne, la croissance économique ainsi que le niveau de l'emploi. Elles s'avèrent par conséquent vitales pour permettre au Maghreb de maîtriser son avenir et pour la réussite de son espace économique et social dans le cadre de l'UMA.

Progressivement, ces technologies mettent également à la disposition des sociétés une nouvelle richesse immatérielle, l'information, qui transforme notre façon d'organiser notre travail et notre vie; elles influencent un nombre croissant d'activités dans les domaines les plus divers tels l'éducation, la santé, les transports, la culture. Elles affectent ainsi la société dans sa globalité.

Les mutations intervenues dans les TIC pendant les années 70 ont profondément bouleversé le secteur des télécommunications. Ces changements ont eu des répercussions majeures d'une part, du côté de l'offre et de la demande, et d'autre part du côté des relations économiques Nord-Sud.

Ce sont les nouveaux pays industrialisés (NPI) qui tirent réellement parti de ces nouvelles technologies en utilisant ces dernières comme catalysatrices, en partie, de la compétitivité de leurs entreprises. En fait, c'est à partir de la commutation électronique que se démocratise l'accès aux nouvelles technologies de télécommunication , grâce à une sévère concurrence entre

producteurs qui va provoquer une baisse continue du prix des équipements. Cette rapidité de la diffusion de ces technologies concrétise, selon C. Antonelli1, la supériorité de la diffusion sur

l'innovation, en ayant pour conséquence inattendue, le retard des pays innovateurs par rapport aux pays imitateurs. L'auteur avance comme explication le fait que l'installation de ces nouvelles technologies provoque la destruction, l'obsolescence des anciennes. Par ailleurs, l'auteur soutient que les pays qui ont une forte demande, sont ceux où existe à la fois un fort potentiel de demande de lignes de télécommunications, et une large capacité d'investissement. La préexistence d'une infrastructure peut constituer un handicap car, dans le domaine des télécommunications par exemple, la diffusion rime avec un changement radical d'équipement.

Dans ce qui suit, nous avons choisi deux cas de diffusion de nouvelles technologies (informatique et télécommunications) et un cas de recherche avancé (la recherche agronomique). Nous présentons les politiques publiques de soutien à la diffusion et à la généralisation de ces technologies et des savoir liés à leur usage (learning by using). Nous avons cherché à présenter les grands programmes nationaux conduits dans les pays de l'UMA ainsi que les coopérations scientifiques et technologiques intra-maghreb ou Europe/Maghreb qui existent dans la diffusion des TIC ou dans la recherche-développement en agronomie.