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CHAPITRE IX Recherche développement et relations euro-méditerranéennes

I.. 2 Le personnel scientifique

Les équipes de chercheurs du Sud, éparpillés géographiquement et thématiquement, séparés en multiples petits établissements d'enseignement supérieur et de recherche, ont du mal à suivre l'évolution scientifique mondiale de leur domaine de recherche. Les meilleurs chercheurs du Sud sont souvent "détournés" par les laboratoires du Nord; en conséquence, leurs recherches se trouvent inadaptées aux besoins de leur pays d'origine. On constate enfin la faiblesse des moyens matériels, l'absence "d'horizons" professionnels et de statut défini pour les chercheurs du Sud.

Questions

 Comment garantir l'insertion des nouveaux diplômés qui reviennent de l'étranger ?

 Comment développer la complémentarité entre les disciplines, y compris les sciences sociales et humaines trop délaissées au Sud ?

 Comment éviter la confrontation recherche fondamentale/recherche appliquée et l'hypertrophie de la recherche dite " lourde " dans les sciences fondamentales ?

 Comment promouvoir la recherche universitaire comme facteur de formation générale (formation à et par la recherche) ?

Propositions:

Il faut organiser la relation entre l'équipe de recherche du pays d'origine et le laboratoire d'accueil du chercheur à l'étranger grâce à:

 un effort spécial d'encadrement des nouveaux diplômés qui doivent être cooptés par leur équipe dès avant leur départ à l'étranger,

 la planification des départs et des retours pour garantir la réinsertion la plus favorable,

 une politique de retour garantissant des structures minimales d'accueil et l'ouverture au monde scientifique international.

Un effort spécial doit porter sur l'environnement scientifique des pays du Sud:  définir un statut de chercheur par rapport à celui d'enseignant,

 développer l'esprit de recherche dès la formation de base jusqu'au supérieur en valorisant l'esprit critique, la curiosité et l'indépendance intellectuelle,

 mettre à profit la phase actuelle pour réfléchir sur la finalité de la formation (la place du diplôme) et définir les formations doctorales à mettre en place (les disciplines concernées),  créer un flux permanent d'échanges d'enseignants, de chercheurs, dans les deux sens (toute

université du Nord ou du Sud devrait compter un effectif scientifique de 10% d'étrangers),  assurer la reconnaissance par les organisations internationales des experts nationaux du Sud.

1La place de la Recherche scientifique et de la "Recherche Développement" dans les relations entre le

monde arabe et les pays francophones a fait l'objet d'un séminaire dans le cadre de l'Association des Universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF) dont nous avons pu consulter les actes (partiellement reproduits dans AUPELF-UREF, Assises Francophones de la recherche, 1994). Les responsables maghrebins concernés ont dressé à cette occasion un catalogue très complet, si ce n'est exhaustif, des mesures qui permettraient d'améliorer la coopération dans le domaine concerné entre leur pays et les pays francophones plus industrialisés (Belgique, Canada, France). Il nous est apparu utile d'adapter beaucoup des analyses formulées dans le cadre de la francophonie au contexte européen.

 Faciliter, grâce aux programmes de type Erasmus1: le ciblage des formations existantes et des

créneaux porteurs pour les pays de la région (3ème cycles et autres), la mise en place, après évaluation et sélection des institutions, de pôles d'excellence de formation supérieure spécialisés régionaux, pour atteindre un niveau de compétence élevé et l'octroi de bourses de recherche et d'échanges.

I.3. Le problème linguistique

Constats:

La recherche fait partie d'un ensemble - une culture - qui porte le génie logique d'une langue mais la recherche a pris un caractère international dans lequel un petit nombre de langues servent de support aux échanges en matière scientifique et technique. Une difficulté spécifique dans le cas des pays maghrébins vient de ce que les chercheurs doivent jongler entre trois (voire quatre) langues: l'arabe (et le berbère) d'une part, le français et l'anglais, d'autre part.

Pour la plupart des pays maghrébins, le français a eu un rôle historique, reste très répandu du fait des échanges de populations et joue encore un rôle important dans l'enseignement supérieur au Maghreb même. L'expérience de l'arabisation poursuivie dans l'enseignement supérieur des sciences humaines et sociales démontre la nécessité du bilinguisme: si l'arabisation était appliquée brutalement aux sciences exactes et à la recherche, elle risquerait de ralentir et de rétrécir la production scientifique.

Il existe un danger important que le français en tant que vecteur scientifique pâtisse des relations entre la France et les pays du Maghreb de sorte qu'il serait de l'intérêt de toutes les parties qu'il apparaisse comme une langue européenne dans le cadre d'une coopération euro- méditerranéenne.

Propositions:

L'accès des Maghrébins à la communication scientifique passe par la définition d'un cadre des relations Europe Méditerranée dans lequel le français mais aussi d'autres langues européennes2

pourraient jouer un rôle au côté de l'anglais. l'Europe doit envisager des moyens suffisants pour que les langues européennes se développent et se renforcent comme moyen d'accès à la connaissance et à la recherche scientifique pour les arabisants:

 en développant des moyens modernes et performants de communication: banques de données, supports audiovisuels et outils de consultation rapide (système IRIS).

1en intégrant les programmes bilatéraux notamment du Fonds francophone de la recherche.

2Notre enquête nous a conduit à interroger les différents pays de l'UE sur leur politique de coopération

avec les pays du Maghreb. Nous avons obtenu des réponses de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Espagne qui montrent l'existence de programmes de coopération bilatérale ou bien l'intégration des pays du Maghreb dans des programmes des pays européens en direction des pays en voie de développement. Aucun de ces programmes n'apparaît aussi clairement dirigé vers les pays du Maghreb que les programmes français.

 en irriguant la communauté scientifique francophone à travers des réseaux d’information scientifique et technologique (observatoires de veille technologique, groupements de producteurs et diffuseurs d'imagerie scientifique).

 en mettant en oeuvre une politique globale de relance des publications scientifiques français/anglais où les responsabilités éditoriales sont confiées aux scientifiques maghrébins: publications et lancement de nouveaux supports, revues primaires, manuels et traités, ouvrages scientifiques de références, grandes revues de synthèses, dictionnaires de terminologie scientifique (français-anglais-arabe...).