• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE IX Recherche développement et relations euro-méditerranéennes

II. 1 2 Evaluation des retombées économiques de la recherche

III.2. Pour une coopération euro-méditerranéenne

La création de l’UMA en 1992 n’a pas dynamisé les échanges économiques au sein de cette zone régionale (cf. le chapitre II:). Il parait donc préférable d’étendre le cadre de la coopération à une zone économique plus large, qui pourrait être celle du bassin méditerranéen. La coopération multilatérale ne doit pas être perçue comme rivale de la coopération bilatérale car elle n'a pas les moyens de s'y substituer en prenant à sa charge de lourds investissements. La coopération euro- méditerranéenne devrait s'efforcer de promouvoir une réelle synergie entre ces deux types de coopération. Les mécanismes actuels de la coopération internationale, souvent liés aux stratégies de substitution, orientent la recherche dans un sens inégalitaire et contraire à un véritable esprit de partenariat. Les Centres internationaux de recherche, qui existent parfois dans les pays du Sud et dont les coûts de fonctionnement sont élevés et les mécanismes trop lourds, ne donnent pas les résultats escomptés.

Il serait préférable d'étendre les programmes qui existent déjà par des actions régionales conjointes plutôt que de lancer de nouveaux programmes concurrents. L'un des principaux avantages des programmes européens dans les pays Arabes (STD, ALAMED, AVICENNE...) qui ont permis d'équiper et de faire fonctionner des laboratoires est d'avoir activé un principe de compétition transnationale pour permettre aux projets d'être sélectionnés. Les expériences démontrant l'articulation entre l'enseignement et la recherche pourraient être davantage exploitées. On cite l'exemple des Centres Régionaux d'Enseignements Spécialisés en Agronomie, des contrats d'Étude et de Recherche entre l'ORSTOM et des universités (avec des échanges d'étudiants-stagiaires et de chercheurs confirmés ou débutants).

Il faut donc répartir judicieusement l'effort financier entre le bilatéral et le multilatéral et rassembler les financements de différents bailleurs de fond pour financer:

 des centres d'excellence et laboratoires associés,  des technopôles et parcs scientifiques,

 des pôles régionaux scientifiques maillés en réseaux,  des Bourses d'échanges de chercheurs.

La coopération Sud-Sud doit être encouragée et les programmes européens devront s'efforcer d'articuler la recherche régionale à la recherche internationale. Cela implique:

 la mise au point de réseaux et de séminaires thématiques régionaux,  le lancement de soumissions conjointes aux appels d'offres internationaux,

 l'établissement de conventions entre les équipes du Sud et les grands organismes de recherche pour des programmes cogérés en partenariat entre plusieurs pays du Sud.

En relation avec des organismes comme l'AUPELF-UREF, les programmes européens auront une vocation particulière pour réaliser le maillage université recherche sur le plan régional et multilatéral. Ils pourraient proposer:

 d'établir la carte régionale des universités, des instituts spécialisés et des centres de recherche,  de développer des expériences enseignement / recherche par le biais des filières de 3ème

cycle et même de 2ème cycle dans les universités du Sud

 de réfléchir sur les doctorats régionaux, que des organismes appropriés euro méditerranéens permettraient de suivre et d'évaluer,

 de formaliser des contrats d'échanges sur le modèle des échanges d'enseignants,  de mobiliser des milieux économiques privés .

IV. Conclusion1

Ainsi, pour développer le potentiel scientifique et technique des pays du Maghreb, le cadre coopératif le plus approprié est celui d’une action de l’Union Européenne vers chacun des pays du Maghreb en tenant compte de leurs spécificités économiques mais aussi politiques. En effet, notre travail montre que l'UMA n'existe pas comme une entité économique même si les engagements des partenaires à rationaliser leurs politiques douanières et commerciales sont louables. Il n’est donc pas question d’attendre le développement des structures administratives de l’UMA pour engager des formes multiples de coopération. Celles-ci pourraient être à géométrie variable, allant de relations ne concernant que l’un ou l’autre des pays jusqu’à des domaines concernant l’ensemble des pays. Ces coopérations permettraient d’ailleurs aux pays de l’UMA de réaliser plus facilement des progrès en direction de leur intégration régionale. En plus, la situation politique algérienne actuelle rend toute analyse économique extrêmement éphémère. Quoiqu'il en soit, les différences entre chaque système de recherche sont tellement fortes qu'on ne peut analyser le potentiel scientifique et technique des pays du Maghreb sans examiner les avancés de chaque partenaire2. Du côté européen, T. Rojo (1992) a souligné le manque de

coordination des différentes actions des pays européens vers les pays du Maghreb et a donc préconisé une coordination par l’Union Européenne.

Le tissu industriel des pays du Maghreb est constitué de P.M.E. fragiles sur le plan technologique, qui ne misent que sur le différentiel de coût de main d'oeuvre avec les pays européens. Des actions incitatives peuvent être mises en place pour supporter leurs dépenses d'investissement matériel (capital-risque, avantages fiscaux, etc....) et en personnel qualifié (aide à l'embauche de techniciens et ingénieurs). Des mécanismes d'incitation à l'innovation (brevets, subventions, etc...) appropriés doivent être pensés pour soutenir l'activité créatrice des P.M.E. Au niveau des institutions, l'Université peut être mobilisée pour jouer un rôle d'interface entre la

1 Nous reprenons ici les principales conclusions de notre étude en intégrant les avis des experts, joints

en annexe.

2 Dans le Chapitre VIII consacré à l'informatique, aux télécommunications et à la recherche

agronomique, nous avons été contraint de présenter les situations de chacun des 4 pays malgré notre volonté première de ne pas les distinguer.

recherche et l'industrie à travers des filières de formation adaptées aux impératifs techniques actuels.

La question du transfert de technologies est plus difficile: pour certaines technologies (les télécommunications et l'informatique), la stratégie efficace est d'opérer un "saut" technologique en accélérant l'équipement des centres de recherche (réseaux, ordinateurs, logiciels) pour leur donner accès au plus vite à toutes les informations scientifiques et techniques. Pour d'autres domaines techniques (l'agronomie, les machines-outils, l'énergie), il convient non pas de les importer en l'état avec des contrats de maintenance passés avec les pays "riches" (Europe, mais aussi Japon) mais d'adapter progressivement les technologies de production aux savoir-faire des individus et aux besoins de la population.