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CHAPITRE III: L'éducation et la formation des ressources humaines

I. Les étudiants maghrébins

I.1. Les systèmes éducatifs maghrébins

I.1.1. Le niveau d'instruction des populations maghrébines

Recul de l'analphabétisme

La baisse du taux d'analphabétisme dans la population âgée de plus de 15 ans donne une première idée du chemin parcouru dans la période récente. En Algérie, en l'espace de 20 ans, le pourcentage d'analphabètes baisse de presque 30 points. Au Maroc et en Tunisie, durant la même période, la baisse est plus lente, mais sensible malgré tout. En Mauritanie, pour laquelle on ne

dispose que de données récentes (1990), le taux d'analphabétisme reste important. Si l'analphabétisme est en voie d'être terrassé, il convient de rester vigilant compte tenu des difficultés financières des états maghrébins et de la croissance démographique.

Tableau 17: Taux d'alphabétisation des adultes

Pays Algérie Maroc Mauritanie Tunisie

Année 1970 1990 1970 1990 1970 1990 1970 1990 Totaux hommes et

femmes 54 82 22 50 n.d.* 34 31 65

(en % de la population de plus de quinze ans) * nd: non déterminé

Sources: PNUD, "Rapport mondial sur le développement humain", Economica, 1993.

Le recul de cet analphabétisme est avant tout le produit de la scolarisation croissante des enfants. Car les programmes d'alphabétisation des adultes, même lorsqu'ils sont lancés sur une certaine échelle et couronnés de succès, n'y contribuent que de façon marginale. Ce sont les nouvelles générations d'adultes, ayant bénéficié d'une scolarité complète dans le primaire, alors que leur aînés n'y avaient pas accès, qui viennent, années après années grossir, le pourcentage d'alphabètes.

. Les progrès de la scolarisation

Tableau 18: La progression de la scolarisation Taux d'inscription scolaire (brut)1

1980 1990

Pays Primaire Secondaire Supérieur Primaire Secondaire Supérieur

Algérie 94 33 6,2 95 60 11,8 Libye n.d.* n.d* 8 n.d.* n.d* 18 Maroc 83 26 6 65 34 10,2 Mauritanie 37 11 3 55 14 3,3 Tunisie 103 27 5,1 117 46 9,4 *nd: non déterminé

Source: UNESCO, Annuaire statistique 1993 et Statistiques scolaires.

La véritable mesure des progrès de l'éducation se lit dans les taux de scolarisation. Les efforts fournis par les gouvernements du Maghreb en matière d'éducation sont très appréciables. Les données suivantes permettent d’apprécier globalement le développement de l’éducation sur la décennie 1980-1990 dans les cinq pays du Maghreb.

1 Pour juger du développement de l'éducation, deux indicateurs statistiques sont couramment utilisés :

les taux d'inscription bruts et les taux d'inscription nets par degré d'enseignement. Le taux brut rapporte le nombre d'élèves scolarisés dans le degré d'enseignement considéré quel que soit leur âge, à la population totale du groupe d'âge normalement concerné par ce degré. Le taux net ne retient au numérateur que l'effectif des élèves ayant l'âge normal pour être scolarisé dans ce degré. Le taux brut est donc nécessairement supérieur ou égal au taux net. Il peut lui être largement supérieur lorsque les entrées à l'école interviennent après l'âge normal d'admission et (ou) lorsque le redoublement est fréquent. Lorsque les redoublements sont courants, le taux brut peut d'ailleurs être supérieur à 100 %, alors que par définition le taux net ne peut l'être. Les statistiques scolaires sont malheureusement souvent insuffisamment précises pour calculer les taux nets, surtout pour les années anciennes.

Comme il est indiqué dans le tableau 18, l'évolution générale des taux de scolarisation est importante pour les quatre pays en question. Avant de les examiner, précisons rapidement les grandes lignes des systèmes d'enseignement en vigueur. En Algérie et au Maroc, la scolarité est obligatoire. Elle ne l'est pas en Tunisie. La durée de cette scolarité obligatoire, les tranches d'âge concernées, et les cycles d'enseignements diffèrent d'un pays à l'autre. Mais, la scolarité obligatoire ne signifie pas, loin s'en faut, que tous les enfants des tranches d'âge concernées soient inscrits à l'école. Paradoxalement, il n'y a que la Tunisie, où la scolarité n'est précisément pas obligatoire, qui ait réellement atteint la scolarité universelle.

Ces statistiques font état d'importants progrès, différenciés toutefois selon les degrés d'enseignements et selon les pays:

- Dans l'enseignement primaire, la scolarisation a presque partout fortement progressé. On le voit à la hausse des taux d'inscription bruts qui ont augmenté entre 1980 et 1990, de 17 points pour la Mauritanie, de 14 points en Tunisie. En Algérie, la progression d’un point seulement du taux d'inscription masque une extension importante de la scolarisation. Car, le taux net augmente de 8 points. Cette différence entre la progression du taux net et la stabilité du taux brut en Algérie montre que les autorités se sont ici surtout efforcées d'améliorer l'âge d'entrée à l'école et de réduire la fréquence des redoublements. Seul le taux de scolarisation au Maroc enregistre une baisse, ce qui est fort inquiétant.

Il faut souligner d'emblée que l'évolution spectaculaire de ces taux ne traduit qu'imparfaitement les efforts consentis, car on ne doit pas oublier simultanément l'intensité de la pression démographique. En effet, faire progresser les taux de scolarisation est d'autant plus difficile que les effectifs à scolariser augmentent rapidement. D'ailleurs, d'un pays à l'autre les différences qui apparaissent dans la progression des taux d'inscription reflètent moins la disparité des efforts des pouvoirs publics que l'intensité variable de la pression démographique, qu'ils ont à affronter.

- Dans l'enseignement secondaire et supérieur, un constat s'impose. En 1990, la hiérarchie des pays est à peu près l'inverse de celle que l'on observe dans le primaire. La Tunisie par exemple a un des plus faibles taux d'inscription dans l'enseignement supérieur (9,4 %).

Ainsi, les efforts consacrés dans chaque pays à développer l'éducation sont indéniables, mais les objectifs ont manifestement différés. La Tunisie a recherché l'objectif de l'enseignement primaire universel, et s'est contenté d'une plus faible extension de l'éducation secondaire et supérieure. La Libye, pour laquelle on ne dispose pas de taux d'inscription dans le primaire et le secondaire, a poursuivi une politique ambitieuse dans le supérieur. Au Maroc, par ailleurs, le développement de l'enseignement supérieur est surprenant, eu égard au chemin qui reste à parcourir pour atteindre l'enseignement primaire universel. Enfin, l'Algérie semble avoir une stratégie singulière: dans la foulée des efforts entrepris pour avancer l'âge d'inscription dans le primaire et limiter les redoublements, les taux d'inscriptions dans le secondaire et le supérieur ont fortement augmenté.