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CHAPITRE IV: Les formes de la recherche en Algérie

IV. La recherche dans l'entreprise industrielle

Le potentiel de recherche dans ce secteur était pratiquement inexistant au début des années 1960 en raison de l'héritage insignifiant laissé par la France à l'indépendance de l'Algérie. Quelques laboratoires et services localisés dans les secteurs des ponts et chaussées, du bâtiment, du trafic aérien et des stations d'observation et de mesure dans les domaines de la météorologie, de l'activité sismique et de l'agriculture faisaient office de recherche. Au début de la décennie 1970 le deuxième plan national de développement (1974-1977) avance l'idée de la création d'un réseau de centres de recherche dans le secteur industriel mais sans succès. Vers la fin des années 1970 certaines entreprises se dotent de premiers laboratoires de recherche. Il s'agit notamment de:

 - SONATRACH (Hydrocarbures): à Boumerdes et Skikda (plastique).  - SONELGAZ (électricité-gaz)

 - SONELEC à Bel Abbes (électronique) et Tlemcen (téléphone)  - SNMC (matériaux de construction).

 - SNS (sidérurgie): cellule de recherche à El Hadjar.

La SNS, SONELGAZ et la SNMétallurgie mettent aussi en place des unités d'engineering. Ce sont toutes des entreprises du secteur public très largement prédominant en Algérie. En 1990, le nombre d'entreprises publiques s'élève à 400. Dans l'industrie (hors hydrocarbures) on en recense en 1990, 107 réparties de la manière suivante:

 - Production : 83  - Réalisation : 8  - Etudes : 12  - Distribution 4

Par secteur d'activité les entreprises de production se répartissent comme suit:

Mécanique métallique 12 Electricité électronique 9

Pharmacie chimie 7 Textile cuir 11

Matériaux de construction verre 12 Mines géologie 5

Sidérurgie métallurgie 7 Agro-alimentaire 11

Bois papier divers 9

Il faut mentionner enfin 12 entreprises issues de la restructuration de SONATRACH, 10 autres du secteur eau-énergie et enfin 1200 entreprises des collectivités locales dont 1000 dans le BTP. Les textes encourageant le développement de la recherche dans le secteur productif ne se sont traduits que par la création d'une quinzaine d'unités de recherche. Il est vrai que le statut de la recherche déjà peu attractif dans ce secteur n'est toujours pas clairement défini. Cela dit les pouvoirs publics espéraient de la mise en place de ces unités de recherche qu'elles permettent:

- La constitution d'un creuset de l'innovation et du "compter sur soi" pour la maîtrise technologique.

- L'amélioration de la productivité et de la qualité des produits. - La création de nouveaux produits.

En partie ces préoccupations ne sont pas éloignées de celles, par exemple, qu'expose J.L. BEFFA1 (PDG de St-Gobain) sur la question de la recherche en entreprise: "La recherche et le

développement (R&D) doit assurer à l'entreprise la maîtrise de ses technologies. De celles qui lui sont nécessaires dans l'immédiat, mais également de celles dont elle aura besoin à moyen et long terme. Ceci s'inscrit dans un ensemble d'éléments stratégiques essentiels qui vont de la nécessité de posséder les technologies permettant de rester dans un métier donné, jusqu'à la maîtrise de celles qui seront nécessaires dans le cadre d'une vision à long terme des ambitions de l'entreprise".

Si des similitudes existent quant aux objectifs généraux assignés à la R&D, la question se pose de façon tout à fait spécifique en Algérie en raison de multiples facteurs dont la nature du système socio-économique, le caractère du processus d'industrialisation, le retard scientifique et technique, l'absence de traditions de recherche. Longtemps marginale la fonction de recherche a commencé à être expérimentée depuis une dizaine d'années dans certaines entreprises. SIDER a créé une direction de la recherche appliquée en 1979 à EL Hadjar. L'entreprise nationale de

Production de Machines Agricoles (PMA) s'est elle aussi lancée, en 1984, dans la recherche en créant une direction centrale engineering et recherche pour répondre à un objectif unique: économiser les devises en arrêtant d'importer les produits technologiques simples. Sur 31 produits mis à l'étude, PMA a pu en fabriquer 12 destinés à des besoins spécifiquement nationaux: récolte d'alfa, mise en valeur des terres, mécanisation de travaux forestiers.

Bien que rares ces expériences n'en sont pas moins positives car elles ont révélé que des progrès sont possibles malgré la faiblesse des moyens disponibles. Aujourd'hui, dans le secteur industriel, la R&D est organisée autour d'une quinzaine de structures dites "unités de recherche scientifiques et technologiques" (URST) appartenant toutes aux instituts de formation et aux entreprises publiques sous la tutelle des ministères de l'industrie.

Un décret datant de juillet 1983 fixe les mission suivantes aux URST:

- Favoriser l'assimilation, la maîtrise et l'acquisition de nouvelles connaissances scientifiques et techniques.

- Reproduire à une échelle réduite certaines techniques industrielles pour solutionner les problèmes techniques de production.

- Réaliser des essais d'adaptation pouvant se traduire par une amélioration des techniques de production et des produits.

IV.1. Projets de R&D en cours par secteurs et entreprises

Le programme de recherche de l'année 1994 comporte 145 projets de R&D dont 124 en cours de réalisation et 21 projets nouvellement lancés que l'on peut classer par secteur (tableau 41) ou rattacher directement aux entreprises et instituts de formation suivants (tableau 42):

Tableau 41: Répartition des projets algériens de R&D par secteurs industriels

Branches Projets en cours Projets nouveaux Total

Electri.- électro. 44 14 58 Mécanique 18 2 20 Sidér.- Métallur. 40 5 45 Pharmacie 11 - 11 Mines 4 - 4 Agro-alimentaire 5 - 5 Matériaux de constr. 2 - 2 Manufacturière - - - Total 124 21 145

Tableau 42: Projets de recherche par entreprises et instituts algériens

Unités de Recherche Projets en cours Projets nouveaux Total Entreprises ENIE 9 9 ENSI 5 5 ENEL 11 4 15 ENTC 6 6 12 SIDER 37 37 ANABIB 3 5 8 PMA 3 2 5 PMO 4 4 SNVI 6 6 SAIDAL 11 11 FERPHOS 4 4 S/total 99 17 116 Instituts INELEC 13 4 17 INGM 5 5 INMC 2 2 INIA 5 5 S/total 25 4 29 Total 124 21 145

Sources: Ministère de l'industrie - 1994

IV.2. Le potentiel humain de la R&D

Tableau 43: Effectifs des unités algériennes de recherche en 1994

Unités de Recherche Chercheurs Personnel de soutien Total

ENIE 22 22 ENSI 26 2 28 ENEL 8 38 46 ENTC 7 6 13 SIDER 27 191 218 ANABIB 15 15 PMA 6 11 17 PMO 7 7 SNVI 3 142 145 SAIDAL 21 44 65 FERPHOS 8 32 40 S/total Entreprises 100 510 616 INELEC 5 1 6 INGM 10 1 11 INMC 11 5 16 INIA 5 10 15 S/total Instituts 31 17 48 Total 137 527 664

Sources: Ministère de l'industrie, 1994

En 1987, le secteur de l'industrie, hors hydrocarbures, comptait 73 chercheurs. Aujourd'hui les URST fonctionnent avec 137 chercheurs soit, dans l'absolu, une progression faible. Les 15 unités

de recherches mobilisent donc 137 chercheurs et 527 personnels de soutien ce qui représente environ 0,2% de l'effectif global du Ministère de l'industrie. La taille moyenne d'une URST est de 60 personnes. Hors SIDER/Annaba et SNVI elle tombe à une trentaine de personnes. Le rapport entre l'effectif global des entreprises et l'effectif affecté à la R&D est un indice des efforts entrepris en matière de recherche ; il est selon le Ministère de l'industrie, de l'ordre de: 3% à l'ENSI, SAIDAL ; 1% à SIDER/Annaba, SNVI, FERPHOS ; 0,5% à l'ENIE ; 0,2% à l'ENEL.

Au regard des programmes arrêtés, le potentiel humain reste très insuffisant qualitativement et quantitativement et inégalement réparti. La difficulté de recruter des compétences s'explique en partie par le statut peu attractif des URST. La concurrence de l'enseignement supérieur y est très vive puisque les conditions offertes par ce dernier sont nettement plus avantageuses (statut du chercheur, flexibilité des horaires, formation continue, gestion de carrière...).

En dehors du cadre de référence en vigueur, les entreprises sont réticentes pour accorder à leurs personnels de recherche un statut spécifique. On note même ces derniers temps une érosion des potentialités des entreprises: une partie des cadres qualifiés formés par elles ont tendance à rejoindre l'enseignement supérieur.

IV.3. Les ressources financières

Dans ce domaine les entreprises n'ont obtenu aucun concours de l'Etat malgré l'approbation de leurs projets et budgets de la recherche par le Haut Commissariat à la Recherche. Les URST ne fonctionnent par conséquent que grâce aux avances de trésoreries allouées par l'entreprise mère. La recherche est désormais perçue comme une affaire de l'entreprise et c'est donc à celle-ci de lui dégager tous les moyens susceptibles d'assurer son développement. Dans le secteur industriel, le budget total de fonctionnement en R&D pour l'année 1992 était de l'ordre de 209 millions de dinars alors que le budget d'équipement en R&D s'élevait à 263 millions de dinars. La répartition sectorielle des budgets est la suivante:

Tableau 44: Budgets de R&D dans les secteurs industriels algériens

Budget de fonctionnement Budget d'équipement

Sidérurgie/Métallurgie 69 102 Mécanique/Métallique 50 44,8 Electrique/Electronique 54 75 Mines 18 13,9 Matériaux de construction 2,9 17 Pharmacie 8,4 - Industries Manufacturières 5 9 Total 209 263

Sources: Ministère de l'industrie, Année 1992 - En millions de dinars

Sur un budget de recherche évalué à 472 millions de dinars, les entreprises ont demandé que l'Etat participe à concurrence de 45% des dépenses. Les entreprises considèrent en effet qu'en

cette phase de transition vers l'économie de marché le soutien de l'Etat à la recherche en entreprise est indispensable dans la mesure où ce type d'investissement participe à l'effort national de développement. Mais l'Etat n'a pas répondu positivement à cette demande. A cela s'ajoutent également les difficultés financières que connaissent les entreprises en raison des dévaluations successives du dinars et l'introduction de nouvelles procédures à l'exportation qui ont pratiquement bloqué toute possibilité d'acquisition d'équipements nouveaux en 1990-1991. Compte tenu de ces multiples contraintes, les URST n'ont réalisé, en 1993, qu'une partie des objectifs qui leur ont été fixés. En raison, principalement, de la faiblesse des moyens humains et financiers mis en oeuvre, le programme 1994 est constitué des restes à réaliser des années précédentes soit 124 projets en cours et 21 projets nouveaux. Afin que ces projets aboutissent l'enveloppe financière nécessaire est estimée à:

* 190 millions de dinars de crédits de fonctionnement entièrement à la charge des entreprises. * 7 millions de dinars de crédits de fonctionnement des unités de recherche des instituts de

formation du secteur.

* 320 millions de dinars d'investissements dont 243 millions sollicités à l'Etat (216,50 millions de dinars pour les entreprises et 26,80 millions pour les instituts de formation).

Tableau 45: Budgets de R&D des entreprises algériennes en 1994 Unités de

Recherche Entreprises

Fonctionnement Investissements sur ressources propres des

entreprises. Invest. crédits sollicités à l'Etat Total budget investissement ENIE 7,3 4,5 - 4,50 INELEC 3 - 25 25 ENSI 5,4 10,50 14,50 25 ENEL 17,30 - 15 15 ENTC 4,40 - 2,10 2,10 SIDER 68,70 39,20 125 164,20 ANABIB 3 3 - 3 PMA 27,70 - 2 2 PMO 2,70 - 0,70 0,70 SNVI 31 19 - 19 SAIDAL 10 - 9 9 FERPHOS 11 - 48,20 48,20 S/total Entreprises 188,50 76,20 216,50 282,70 INELEC 3 - 25 25 INGM 2,70 - - - INMC 0,70 - - - INIA 1,20 - 1,90 1,90 S/total Instituts 7,60 - 26,90 - Total 196,10 76,20 243,40 319,60

(en millions de dinars)