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Comme indiqué précédemment, la collecte des données a été réalisée lors d’entretiens en confrontation croisée sur la base d’une séquence vidéo mettant en scène successivement cinq individus considérés comme des stagiaires et animant une séquence de mathématiques dans cinq classes primaires différentes d’un même établissement scolaire. Le film proposé aux formateurs en établissement comprend des extraits sélectionnés dans ces cinq séquences didactiques et dure 27 minutes. Il a été élaboré à partir de moments-clé choisis dans les cinq séquences didactiques enregistrées, leur synopsis étant disponible en annexe.

Les images ont été tournées de manière à ne pas perturber le quotidien de l’enseignement ; elles ont donc été captées par une caméra fixe posée dans un endroit de la classe. Le peu d’intervention possible dans ce mode de tournage a quelque peu nui à la qualité des images mais a sans doute permis d’accentuer l’authenticité des instants captés.

Notre dispositif a été structuré en trois temps. Durant la première phase, les participants ont été invités à visionner individuellement la séquence vidéo et à l’analyser sur la base d’un questionnaire qui leur a été adressé (confrontation simple). L’outil employé lors de cette première phase a été construit sur la base du modèle proposé par la HEP-BEJUNE lors de la phase d’évaluation formative des stages. La forme du questionnaire a essentiellement été choisie pour s’approcher au plus près d’une pratique authentique. Ce choix a permis de légitimer le travail de recherche en l’inscrivant dans un référentiel institutionnel clair et permettre ainsi aux participants d’utiliser efficacement une grille qu’ils ont l’habitude d’employer dans leur fonction de FEE.

La deuxième phase de la recherche a réuni les participants dans les locaux bernois de la HEP-BEJUNE. Cette rencontre a pris la forme d’une discussion durant laquelle les formateurs en établissement avaient pour objectif d’aboutir à l’attribution d’une évaluation commune des séquences visionnées. Nous avons fait le choix de ne pas projeter tous les extraits des séquences didactiques lors de cette phase afin de mettre l’accent sur le discours formulé par les participants et ne pas alourdir le dispositif. Cependant, nous avons projeté l’extrait concernant Eric afin de nous assurer que tout le monde puisse référer aux mêmes informations.

Bien que les participants ne se soient pas trouvés dans une situation réelle, le dispositif retenu devait les amener à réagir de manière la plus authentique qu’il soit. Ainsi, les séquences vidéo basées sur des situations véritables ont été filmées dans la continuité du premier stage de la dernière année de formation ; les élèves, présents sur les images, ont

été mis au courant du dispositif de recherche. Habitués à recevoir la visite d’observateur externes, il leur a néanmoins été rappelé que ce n’est pas eux ni leur travail qui faisaient l’objet d’une observation mais l’action de l’enseignant.

Les cinq stagiaires filmés ont pu choisir une séquence d’enseignement s’inscrivant dans la continuité des activités menées dans la progression planifiée des apprentissages.

Cependant, ils ont dû essayer, dans la mesure du possible, de proposer une activité d’enseignement en mathématiques pouvant déboucher sur une mise en commun afin de permettre une comparaison des pratiques lors de la phase de confrontation croisée.

Identité Classe de stage Thème abordé lors de la séquence filmée Amandine Classe de 2P Géométrie (rotations)

Barbara Classe de 4P Géométrie (rotations)

Cécile Classe de 3P Numération (système positionnel) Denise Classe de 1P Numération (dénombrement, comptage) Eric Classe de 1P Numération (additions)

Tableau 4 : profil des situations filmées

Les observateurs ne connaissant pas les paramètres situationnels, nous avons fait le choix de ne communiquer aucune information tant en ce qui concerne la classe que les profils des individus filmés. Bien que ce choix ait amené une dimension artificielle à la situation de recherche du fait que les FEE ne travaillent jamais sur la base de séquences vidéo, la projection de séquences authentiques nous a permis d’obtenir des informations permettant d’une part de déceler le cadre de référence utilisé par les formateurs lors de phases d’évaluation de gestes professionnels et, d’autre part, de saisir ce qui motive les jugements évaluatifs formulés.

Enfin, la troisième phase a lieu à l’issu du visionnement des séquences vidéo et de leur évaluation par un groupe de formateurs en établissement. Chaque participant a été invité à remplir un questionnaire lui permettant de revenir sur les évaluations portées aux séquences visionnées. Cette phase individuelle trouve sa justification dans le besoin de recueillir un

point de vue plus personnel, d’articuler l’épreuve singulière et les enjeux collectifs qui tissent la trame contextuelle. En effet, elle permet, comme le relèvent Blanchet et Gotman (2005),

« d’analyser le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques » (p. 27) ou « de mettre en évidence les systèmes de valeurs et les repères normatifs à partir desquels ils s’orientent et se déterminent » (ibid, p. 27).

La figure ci-dessous résume le dispositif méthodologique employé.

Fig. 3 : schéma de la démarche méthodologique

Dans chacune des confrontations, simples ou croisées, le questionnement de la recherche a porté essentiellement sur le « comment faire », autrement dit sur le processus évaluatif.

L’intérêt ne résidait pas tant dans l’évaluation finale mais bel et bien dans la démarche employée pour y aboutir. La dimension opératoire a fait l’objet de remises en question et d’une confrontation entre les protagonistes.

Le choix d’une méthodologie interlocutoire nous a permis de saisir et d’objectiver les divers systèmes de représentation qui guident les pratiques, de passer « du registre procédural (savoir-faire) au registre déclaratif (savoir-dire) » (Blanchet & Gotman, 2005, p. 29). Les diverses phases de notre démarche nous ont donc conduit à déceler, dans les explications et justifications que les FEE donnent sur leurs pratiques, « les normes et les règles institutionnelles auxquelles ils se réfèrent » (Allal, Riedweg & Wegmüller, 2008, p. 137) ou les valeurs personnelles intervenant dans le processus d’évaluation.

Questionnaire FILM

Confrontation simple par questionnaire

Confrontation croisée avec

d’autres participants

Evaluation des gestes professionnels