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POINTS DE REPERES THEORIQUES ET METHODOLOGIQUES D’UNE DEMARCHE HISTORICO – DESCRIPTIVE

C. Saraceno (1999) parle de société locale lorsqu’on peut identifier des constellations relativement stables dans le temps d’acteurs, de processus, de cultures sociales et

1.2.3 Une démarche économiste ou gestionnaire ?

Ni spécifiquement démarche économiste ou démarche gestionnaire, nous développons ici une lecture stratégique du développement territorial, focalisée sur le développement métropolitain.

Nous avons choisi dans cette thèse de réunir des témoignages et des éléments d’étude

seulement des lectures territoriales partagées par ceux-ci, mais aussi la conviction commune de participer au développement d’un territoire innovant et à orientation gagnante.

Cette lecture semble validée par des observateurs extérieurs, mais par une autre méthodologie d’analyse.

1.Une première lecture plus économique que stratégique

Bernard Guesnier et Christian Lemaignan (CONNAISSANCE, SOLIDARITE, CREATION ; le cercle d’or des territoires, p.224-230, L’Harmattan, 2006) viennent renforcer par leurs travaux récents pour la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), cette assertion concernant la conviction des acteurs du territoire métropolitain nantais.

La CDC a confié à l’Institut d’Economie Régionale et Financière (IERF) de l’Université de Poitiers, la mission de réaliser un « Kit d’informations » permettant aux acteurs locaux et régionaux de renforcer leur capacité d’expertise et de diagnostic socio-économique, et plus précisément, leur qualification dans la conduite de projets.

Ce Kit d’informations, en s’appuyant sur les bases de données disponibles construit un tableau de bord actualisable qui synthétise les données essentielles par Zone d’Emploi (fichier de l’INSEE : SIRENE-état civil officiel des entreprises et établissements, RGP-Recensement Général de Population, fichier de l’UNEDIC-Union Nationale pour l’Emploi dans l’Industrie et le Commerce).

Il a pour objectif d’effectuer un pré diagnostic de territoire, chaque indicateur local, pouvant être comparé au référentiel composé des données de la France entière.

Les 348 Zones d’Emploi (ZE) françaises, constituent, selon la CDC, des espaces adaptés à l’élaboration de diagnostics. Défini par l’INSEE à partir de l’observation des déplacements domicile-travail autour d’un pôle d’attraction urbain, le périmètre des ZE permet d’appréhender, en effet, les relations qui s’établissent entre les systèmes productifs territoriaux et leur environnement socioéconomique proche. Les auteurs rajoutent en commentaire que la ZE n’est pas un territoire de gestion, ni une entité administrative, mais c’est dans l’état actuel des dispositifs statistiques, l’aire qui se rapproche le plus du territoire pertinent pour l’élaboration du projet collectif que ce soit le Pays ou la Communauté d’Agglomération.

Comme les indicateurs et différents ratios proposés ne sauraient rendre compte pleinement des réalités de terrain, cette connaissance du territoire est accompagnée d’une compréhension des logiques d’acteurs.

Nous avons reproduit ci-après en caractère italique le chapitre qui concerne l’espace métropolitain nantais. Nous ferons le lien de ce document avec le travail de cette thèse en fin

de cette présentation.

Nous faisons d’abord une remarque concernant le périmètre de cette étude dite métropolitaine : Il faudrait s’entendre au préalable quand on brandit l’espace métropolitain sur ce qu’il représente. Or actuellement les définitions répertoriées ne concordent pas.

- Dans une interview, Laurent Théry (novembre 2006), Directeur Général de la Samoa (Société d’Aménagement de la Métropole Ouest-Atlantique), rajoutait le Pays de Retz (région littorale au Sud de la Loire), à cet ensemble pris en compte dans l’étude. Nous retrouvons dans la troisième partie de cette thèse, Laurent Théry comme grand acteur du développement de la ville de Saint-Nazaire et bien placé pour entendre le maire de Pornic (en Pays de Retz) soucieux d’inscrire la réflexion communale d’aménagement du territoire dans le contexte élargi métropolitain. Les notions de flux et de déplacements de personnes qui sont pris en compte dans les SCOT (Schéma de Cohérence Territorial) mettent en exergue les besoins routiers et l’implantation d’un nouveau pont sur la Loire dans un contexte d’accueil en pays de Retz de plus en plus de personnes travaillant dans l’aire métropolitaine.

- Dans Nantes clefs pour le futur, Jean Joseph Régent, ancien Président de la CCI de Nantes et acteur du rapprochement de Nantes et Saint-Nazaire, actuel Président du Conseil de développement de la Communauté Urbaine, bataille dur pour faire reconnaître une autre réalité du déploiement de l’espace métropolitain que nous retrouvons en troisième partie.

- Dans l’ouvrage cité, ci après, la Métropole appelée Nantes Atlantique regroupe la Communauté Urbaine de Nantes, la Communauté d’Agglomération de Saint-Nazaire et la presqu’île guérandaise qui jouxte cette communauté d’agglomération nazairienne.

D'une logique de concurrence des territoires à une logique de concertation et de turbulence économique : Nantes

NANTES : dans un espace Métropolitain aussi dense et actif, il serait vain de prétendre à l'exhaustivité des logiques d'acteurs. Nous avons essayé de comprendre dans quel contexte le processus d'évolution s'est déployé.

A. Radioscopie

Capitale de la Région Pays de la Loire, Nantes a su renforcer son attractivité au point de présenter le profil socio-économique et les trajectoires caractéristiques d'une polarisation qui en fait une des métropoles les plus importantes de l'Ouest de la France.

D'une part, sur le plan démographique la densité passe entre 1990 et 1999 de 219 à 240 alors que la région se contente d'une densité qui passe de 95 à 100, restant largement en-dessous de la référence nationale qui passe de 104 à 108; l'indice de croissance de la population 1999 / 1990 s'établit ainsi à 109,61, en France à 103,36, c'est-à-dire une trajectoire générée par une économie performante.

D'autre part, sur le plan de la population active l'évolution déjà supérieure à la référence nationale entre 1982 et 1990 ; ZE = 106,81 ; FR = 103,31 s'accélère entre 1990 et 1999 ZE = 113,77 ; FR = 103,91, il en résulte que le taux d'activité dépasse celui de la France en 1999 : ZE = 39,613 ; FR = 38,962. Cela améliore le taux de chômage : pour la zone d'emploi, il passe de 12,10 % en 1991 à 10,00 % en 2000 sans l'amener cependant à un taux inférieur à la référence nationale 9,40 % en 2000.

Il est clair que l'attraction en renforçant le flux migratoire, (le solde passe de 13 393 à 29 371), ne garantit pas la multiplication des emplois ; par contre le solde naturel de la population en bénéficie, il s'accroît de 35 928 à 40 387 représentant ainsi 40 % du solde naturel de la région Pays de la Loire, alors qu'en population totale la Zone d'Emploi ne pèse que 25 % de celle de la région.

La structure socioprofessionnelle confirme le profil d'un pôle urbain tertiaire attractif.

Les écarts par rapport à la structure de référence nationale sont très significatifs. La CSP «agriculteurs » présente un écart négatif de 0,83 point ; la CSP « ouvriers » -1,30 point ; et la CSP «artisans, chef d'entreprises» -1,02 point.

Par contre, la CSP « cadres » affiche un écart positif de + 0,73 point certes faible, mais cela positionne la Zone d'Emploi dans le groupe privilégié des 38 Zones d'Emploi sur 348 qui dépasse la moyenne (la Région Ile de France capte en effet, la plus grande part de la partie «cadre » du capital humain). La CSP « professions intermédiaires » présente un écart positif important + 2,33 points et par contre la CSP

«employés», avec un écart de + 0,07 reste très proche de la référence nationale.

Le profil global de l'activité économique et les trajectoires des secteurs économiques sont tout à fait en cohérence avec la structure socioprofessionnelle. En effet, la composition du tissu économique et les trajectoires des différents secteurs d'activité confirment le rôle de métropole rempli par la Zone d'Emploi de NANTES.

L'agriculture caractérisée par une spécificité déjà faible et décroissante de 0,89 à 0,86 perd proportionnellement moins d'actifs que la France ;

ZE = 77,87 ; FR = 73,78 entre 1990 et 1999.

L'industrie malgré une spécificité inférieure à 1, mais croissante de 0,86 à 0,91, crée des emplois entre 1990 et 1999 ZE = 103,38 ; FR= 88,20.

La construction, dont l'indice de spécificité fléchit, perd proportionnellement moins d'actifs ZE = 87,78 ; FR = 85,01 mais par contre se reconstitue en salariés.

Le secteur tertiaire avec une spécificité, certes, un peu fléchissante de 1,05 à 1,03 entraîne une création d'emplois supérieure à la moyenne nationale ZE = 122,00, FR = 112,77: le poids des actifs du tertiaire passe entre 1990 et 1999 de 1,375 à 1,487 et dépasse nettement le poids démographique 1,359

% attestant un taux de service important et significatif pour l'attractivité.

Au total la population active s'établit sur une trajectoire largement supérieure à la moyenne nationale 113,77 pour 103,31 (60 zones d'emploi seulement ont une croissance supérieure à 109,00 ce qui signifie que Nantes se trouve dans le peloton de tête).

L'évolution des emplois salariés de 1987 à 2000 loin de contredire les observations précédentes vient confirmer le diagnostic d'une trajectoire qui se renforce de 1994 à 2000 par rapport à l'évolution 1987 – 1993.

La croissance de l'emploi salarié dans le secteur BTP 109,03 pour 102,84 en France, alors que les actifs diminuent, traduit un renforcement des employeurs, d'ailleurs la taille moyenne est supérieure à celle de la France ZE = 9,46 salariés;

FR = 7,37 salariés : la trajectoire des effectifs salariés de ce secteur illustre l'attractivité du territoire.

L'évolution en salariés des autres secteurs ainsi que leur indice de spécificité sont conformes aux observations faites sur les actifs. Au total l'indice 2000 / 1994 s'établit à un très bon niveau par rapport à la référence nationale, l'écart positif entre les deux trajectoires s'élargit de 10,03 points entre 1987 et 1993, la croissance s'est même accélérée, il passe à 15,36 points entre 1994 et 2000.

La structure du système productif est caractérisée par une taille moyenne supérieure à la référence nationale 11,69; 10,24. La taille moyenne du secteur industrie est, certes, inférieure à la référence mais elle s'en est rapprochée entre 1994 et 2000.

tous les secteurs cependant combinée avec la progression des salariés la taille moyenne augmente sauf dans le secteur construction.

La dynamique entrepreneuriale loin d'être inhibée par la création d'emplois salariés (il est vrai que les établissements employeurs sont de taille proche de la référence nationale), a au contraire bénéficié de la tendance générale favorable. L'effet multiplicateur observé sur les emplois salariés s'est répercuté positivement sur la création d'entreprises, on observe, en effet, un bouillonnement dans la démographie des entreprises.

Les flux de créations pures évoluent positivemen t: seul le secteur industriel enregistre un léger ralentissement du flux ce qui entraîne sans doute l'infléchissement du stock d'entreprises de la Zone d'Emploi qui, tout en perdant 28 entreprises sur 2670, néanmoins progresse légèrement en proportion 01/01/1994: 1,006 %; 01/01/2001 : 1,062 % dans l'ensemble national.

Au total la progression du stock d'entreprises passe de 24 434 à 27 669 (le poids passe de 1,106 à 1,165). Cette extension, qui dépasse un simple renouvellement du système productif, est favorisée par un poids dans le flux de créations pures supérieur à celui du stock notamment dans le secteur tertiaire confirmant l'attractivité de la Zone d'Emploi et ses caractéristiques de pôle de croissance et de métropole.

Les taux de créations pures flux / stocks, en raison des évolutions constatées précédemment, sont supérieurs à la moyenne pour le tertiaire et très proches de la référence nationale dans les autres secteurs: il en résulte un taux global supérieur à la référence nationale période 2001 / 1999 : 7,40 pour 6,93 en France.

Le portefeuille d'activités industrielles se révèle très diversifié alors que l'indice de spécificité en salariés n’est que de 0,83. D'ailleurs face à la tertiairisation de la Zone d'Emploi, on observera que la spécialisation industrielle interne entre 1987 et 2000 fléchit de 27,46 % à 20,49 % et s'établissant ainsi en dessous de la référence nationale 24,81%. Il n'en reste pas moins que la trajectoire croissante de l'emploi salarié industriel est remarquable et sans doute imputable à la diversification du portefeuille d'activités : les pertes les plus importantes ne concernent que deux secteurs traditionnels 18 (habillement) et 19 (cuir, chaussure). Par contre la croissance est reportée sur un plus grand nombre de

secteurs, certes de taille plus restreinte, mais sans doute plus aptes à compenser les effets des mutations ou à propager un effet multiplicateur. Plus encore que par l'évolution du secteur industriel, la métropolisation de ce territoire attractif est marquée par la trajectoire du secteur tertiaire et la progression importante des emplois à haute valeur ajoutée. Le territoire nantais rayonne sur une partie de l'Ouest de la France, offrant les services d'une métropole régionale. On conçoit que ces performances prennent leur source dans une organisation dynamique