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LA HIÉRARCHIE DES TERRITOIRES

1.1. Une approche intra-communale

L’accès à des données détaillées sur l’ofre commerciale n’est pas évidente. Il n’existe pas de bases de données exhaustives et géolocalisées accessibles aux chercheurs pour l’ensemble de notre périmètre d’étude. L’analyse des bases disponibles nous conduit à mobiliser les données des Pages Jaunes qui constituent une source iable pour déinir la localisation et le type des activités commerciales.

1.1.1. De l’ofre de commerciale à la distribution des commerces

Tenant compte des données statistiques disponibles en France, la littérature a souvent traité du sujet de la distribution des points de vente commerciaux à l’échelle de la commune à partir de la Base Permanente des Équipements : BPE (INSEE 2001, Motte 2006). Or, dans les espaces d’urbanisation dispersée, les communes ne représentent pas un échelon idoine, leur taille respective s’avérant être très hétérogène : « la dimension des communes […]

est plus importante dans les zones d’habitat dispersé que dans celles d’habitat aggloméré » (Prats 2000). De plus, étudiées sous l’angle de leur morphologie, les communes sont très rarement constituées d’une seule entité bâtie. Au contraire, elles sont composées d’un nombre important de lieux-dits, hameaux, villages, et bourgs disséminés au sein de leur territoire, comme nous l’avons montré dans le chapitre 3. Dans le chapitre 4, la mobilisation de la BPE à une échelle métropolitaine a permis de positionner les espaces d’urbanisation dispersée de la métropole parisienne et de mettre en évidence les mutations de la structure commerciale. Elle a ainsi fait ressortir des processus de concentration des points de vente des commerces alimentaires de proximité dans les communes les plus importantes. Cependant, du fait des données utilisées, cette approche ne permet pas d’ancrer l’ofre commerciale dans des lieux et d’en faire émerger des structures commerciales.

Figure 58 | Comparaison des modes de représentation de l’ofre commerciale : de l’analyse communale à l’intra-communale

Comme le montre la igure 58, l’objectif est ici de sortir du cadre des études portant sur la répartition spatiale de l’ofre de commerces pour s’intéresser plus spéciiquement à sa distribution dans les espaces urbanisés (Fleury et al. 2012, Delaville 2016, Araldi et Fusco 2017). Il s’agit de caractériser la distribution des commerces et leurs formes d’implantation au sein des espaces bâtis et pour ce faire, répondre aux interrogations suivantes : dans les espaces d’urbanisation dispersée, la distribution des commerces répond-elle à des formes d’organisation similaires pour une ofre commerciale équivalente ? Les commerces se concentrent-ils en un lieu unique ou au contraire sont-ils répartis entre plusieurs lieux, voire entre plusieurs établissements humains d’une même commune ou intercommunalité ?

L’intérêt de cette approche consiste à mettre en évidence les diférentes formes des systèmes commerciaux de la proximité, d’observer leur localisation sur le territoire et d’analyser dans quels types d’espaces ils sont présents.

1.1.2. Les annuaires téléphoniques, une base de données majeure

Dans notre périmètre d’étude, il n’existe pas de bases de données exhaustives accessibles aux chercheurs permettant de connaître la localisation précise et les caractéristiques de chacun des commerces implantés. La Base Permanente des Équipements ofre une vision quasi exhaustive du nombre d’équipements, de services et de commerces recensés à un instant donné dans les communes, mais ne permet pas de les localiser à un niveau intra-communal ni de connaître les caractéristiques de chacun d’eux. Pour contourner ces limites, Matthieu Delage mobilise une base de données originale dans son analyse de l’unité urbaine de Paris : Point de Vente Panorama 2008. Elle indique pour chaque établissement commercial recensé « le type d’activité qu’ils pratiquent, le type de structures juridiques auxquelles ils sont rattachés, la société mère, l’adresse, l’enseigne, les surfaces de vente et leur localisation » (Delage 2012 p.104). Si cette base présente l’intérêt d’être complète au sujet des informations qu’elle présente et l’avantage de couvrir correctement l’espace concerné, elle n’est en revanche pas exhaustive pour les commerces de proximité. Elle ne prend pas en compte les commerces indépendants isolés tels que les supérettes ou encore les boulangeries. Pour étudier les commerces de proximité, nous utilisons les Pages Jaunes qui regroupent une gamme beaucoup plus large de commerces, mais présentent l’inconvénient de disposer d’informations beaucoup plus lacunaires sur leurs caractéristiques en comparaison de la base Panorama.

Malgré le développement des nouvelles technologies et des services numériques, l’annuaire des Pages Jaunes reste un outil majeur de recensement des commerces en France du fait de sa couverture nationale et de sa bonne implantation sur le territoire. L’inscription pour igurer sur l’annuaire des Pages Jaunes étant payante, on peut cependant poser l’hypothèse qu’elle est majoritairement réalisée par les commerçants. Les Pages Jaunes constituent pour les commerçants une vitrine iable, qu’elle soit numérique ou physique (annuaire papier) et cette visibilité sur le territoire est utile autant que nécessaire pour les commerçants désireux de se faire connaître auprès de leur clientèle potentielle et capter leur attention. Nous pouvons ainsi poser l’hypothèse que l’annuaire demeure une base sûre et crédible ofrant un portrait complet, si ce n’est exhaustif, du territoire à un instant « T », actualisé chaque année.

Les données des Pages Jaunes sont constituées de manière ascendante, par un travail de terrain et de prospection auprès des commerçants. Le niveau d’information géographique y est très in, permettant de localiser chaque commerce par rapport à son adresse (voir l’exemple présenté à la igure 59). Chaque commerce étant géoréférencé, il peut ainsi être cartographié sur SIG à partir de son adresse. Pour bénéicier de ces informations, nous avons procédé à un recensement systématique de l’ensemble des commerces de proximité22

du périmètre d’étude, tous diférenciés en fonction de leur type et de leur localisation. Les données ont ensuite été reportées sur un SIG, étant observé que la surface de vente de ces commerces n’est pas une donnée disponible. Au total, en 2014, plus de 14 300 commerces ont été recensés et cartographiés à l’adresse dans notre périmètre d’étude.

L’analyse de la structure de l’ofre commerciale dans les espaces d’urbanisation dispersée ne peut toutefois pas être réalisée à partir de la seule localisation des établissements commerciaux qui renvoie à des logiques d’inventaires. La co-localisation des commerces doit être prise en compte pour mettre en avant les logiques de regroupement qui se dessinent et la force des polarités qui en émergent. En cela, la déinition de concentrations commerciales au sein de pôles de commerces est nécessaire pour comprendre et mettre en avant la structure de l’ofre commerciale dans les espaces d’urbanisation de la métropole parisienne. Il s’agit d’analyser

22 Les commerces de proximités sont déinis dans le chapitre 4. Ils regroupent les commerces pour lesquels la fréquentation peut se faire par des trajets de courte distance : boulangerie et pâtisserie, magasins populaires, alimentation générale et supérette, habillement et chaussure, coifure, supermarchés, hypermarchés.

leur taille et leur nature.