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Les espaces métropolitains constituant les niveaux les plus élevés de la trame urbaine bénéicient d’une abondante littérature d’un intérêt considérable, qu’elle soit issue de travaux théoriques, quantitatifs ou de synthèse (Christaller 1966, Pumain et Saint-Julien 1976, Pumain 1982, Bairoch 1985, Moriconni Ebard 1993, Cattan 1990, 2007, 2010, 2013, Cattan et al. 1999, Gilli 2005, Halbert 2010, Berroir et al. 2017). A l’inverse, les espaces composant le bas de la trame urbaine, pourtant proches géographiquement, et parfois même imbriqués bénéicient d’une littérature moins fournie (Kayser 1990, Chalas et Dubois-Taine 1997, Thomsin 2001, Donadieu 2003, Ascher 2004, Cailly 2008). Du fait du diférentiel de taille de population important existant entre les pôles urbains et les espaces d’urbanisation et de la mise en valeur des lux structurants les espaces métropolitains, les études se sont le plus souvent concentrées sur les phénomènes les plus importants laissant de côté les espaces d’urbanisation dispersée. L’aire métropolitaine parisienne est symptomatique de ce décalage. Pour preuve, les travaux portant dessus se sont principalement intéressés aux relations entre Paris, les villes avant-postes, les grandes villes régionales, conduisant dans une certaine mesure à une méconnaissance des espaces plus faiblement peuplés. Pourtant ces espaces ne sont pas isolés des pôles urbains et entretiennent des relations ensemble. Un des enjeux de cette recherche est d’analyser et de caractériser ces relations. En plus de ces raisons, le choix de la métropole parisienne comme périmètre d’étude se justiie par deux autres critères. Tout d’abord, en France, Paris est la métropole qui intègre les plus grands contrastes de densité humaine allant du centre de l’Haussmannien, à l’habitat difus en passant par les

capitales régionales qui bordent l’Ile-de-France. Enin, par sa grande étendue, elle intègre plus qu’ailleurs une multiplicité de formes variées d’espaces d’urbanisation dispersée dont les caractéristiques seront analysées dans cette thèse. Cette section a pour objectif de déinir le périmètre d’étude de la métropole parisienne mobilisé tout au long de cette thèse, et de dessiner ses contours.

1.1. A moins de deux heures en voiture depuis Paris

Les travaux menés sur la métropole de Paris montrent des systèmes urbains de grande envergure s’appuyant sur des espaces réticulés. La métropole parisienne s’inscrit dans un périmètre vaste, dépassant largement les limites de l’Ile-de-France et de l’aire urbaine de Paris. A ce titre, les igures 16 et 17 représentatives du système urbain parisien font ressortir des systèmes de longue portée qui articulent plusieurs pôles spatialement proches de Paris (Orléans, Le Mans, Tours, Caen,…), mais également des liens transversaux plus éloignés (Lyon, Bordeaux, Nantes, Rennes,..). Les liens internes au système urbain prennent appui sur des villes situées à l’Ouest et sont peu marqués à l’Est (Berroir et al. 2017). Pour Frédéric Gilli, l’aire d’inluence de Paris est très large et s’appuie sur un réseau de villes d’importance régionale localisées dans le périmètre du Bassin Parisien11 (Gilli 2005). Ces travaux se focalisent sur les grandes villes sans prendre en compte les espaces les plus faiblement peuplés qui les jouxtent. Notre objectif est d’analyser ces espaces d’urbanisation dispersée qui participent potentiellement au fonctionnement de cette métropole parisienne et qui sont peu étudiés. Pour cela, nous devons passer d’une vision réticulaire de la métropole mettant des grands pôles en réseau à une vision aréolaire incluant les espaces d’urbanisation dispersée.

S’il existe des déinitions administratives et politiques de la métropole, aucune ne correspond et ne répond à des périmètres fonctionnels et leur utilisation ne nous a pas semblé adaptée. Le périmètre métropolitain déinit a priori ne se base pas sur l’appartenance avérée des espaces d’urbanisation dispersée à la métropole, mais au contraire, interroge leur participation et leur intégration au regard de leur localisation. En cela, il s’agit d’un périmètre d’étude théorique qui a pour intérêt d’être requestionné au cours de la thèse et de faire émerger des

11 Il se compose de la région Ile-de-France, des régions Haute-Normandie, Picardie, Champagne Ardennes, Centre, Basse-Normandie et des départements de l’Yonne et de la Sarthe

Figure 16 | les systèmes urbains de proximité de Paris Source : Berroir, et al. 2017

Figure 17 | Flux majeur au départ de chaque lieu composant l’aire urbaine de Paris

diférences entre les espaces d’urbanisation qui le compose avec des degrés d’intégration plus ou moins importants à la métropole de Paris. Partant des travaux portant sur le système urbain de Paris (Cattan 2013), le périmètre retenu est basé sur l’accessibilité routière au cœur de la métropole parisienne. Il correspond à un isochrone de 2 heures en voiture depuis les portes de Paris. Ce périmètre englobe l’ensemble des villes qui au regard de la littérature scientiique participent au système urbain de Paris (igure 18). L’isochrone est construit à partir de l’application en ligne « owlapps ».

1.2. Une diversité des types d’urbanisation

Les espaces situés à moins de deux heures de Paris qui déinissent dans cette thèse le périmètre de la métropole parisienne sont composés de diférents types d’espaces ayant des caractéristiques morphologiques, économiques, démographiques et sociales variées. 10 439 communes composent la métropole parisienne. Au regard de la classiication de l’INSEE en aires urbaines, l’ensemble des classes sont représentées. Les grands pôles, leurs couronnes et les espaces multipolarisés représentent plus des deux tiers de l’échantillon et on observe une surreprésentation des communes appartenant à la couronne d’un grand pôle lié à la grande taille de l’aire urbaine de Paris (tableau 1).

Figure 18 | Superposition d’un isochrone de deux heures en voitures de Paris au système urbain de Paris

Réalisation : Damien Delaville à partir de Berroir et al 2017

Se basant ici sur le caractère morphologique et démographique, trois types d’espaces sont diférenciés (igure 19). Les espaces d’urbanisation dispersée sont déinis par une approche morphologique et par l’organisation de leurs structures de peuplement. Ils englobent des espaces variés qu’ils soient des espaces dits périurbains (couronne de pôle au sens de l’INSEE) ou des espaces ruraux (commune isolée hors inluence des pôles au sens de l’INSEE). Ils sont situés en dehors des grands pôles urbains dont les espaces bâtis sont marqués par une fragmentation et une discontinuité. Ils ne disposent pas d’une continuité urbaine directe avec les grands pôles. Les grands pôles urbains sont déinis à l’inverse, en reprenant les déinitions de l’INSEE. Ce sont des espaces disposant de nombreux habitants et emplois et dont les espaces bâtis sont de grande taille, denses et continus, et s’étendent sur plusieurs communes. Ce sont de grands centres urbains concentrant de nombreux et importants commerces, services et équipements. Une troisième catégorie d’espace est délimitée : les « couronnes des grands pôles ». Elle regroupe majoritairement des espaces localisés en périphérie de ces grands pôles, dont la morphologie peut se rapprocher de celle de pôles urbains, par la présence de villes moyennes, des continuités bâties importantes avec les pôles urbains ou encore des morphologies bâties concentrées.

2. CONSTRUIRE UNE GRILLE DE LECTURE

DES ESPACES BÂTIS POUR RÉVÉLER LEURS