II. La répartition des pouvoirs
1.1.2.3. Un système électoral majoritaire (la loi électorale)
Les élections législatives basées sur un partage confessionnel sont‐elles un « moment » d’espace public ? Nous partons du constat suivant : le Liban est une démocratie parlementaire régie par la Constitution du 23 mai 1926, depuis modifiée six fois. Le changement le plus significatif étant la signature des Accords de Taëf. À cet effet, le pouvoir est réorganisé entre chiites, sunnites et maronites. Le Liban regroupe dix‐huit confessions. Les querelles entres elles rythment l’histoire du pays.
Nous mettrons la lumière dans ce qui viendra sur le fait que le système électoral est féodalisé et clientéliste. Nous sommes donc dans un espace privé étendu à l’espace commun, mais sans sphère publique. Les élections sont manipulées par des partis libanais et par l’occupant syrien au profit de personnes qui lui sont favorables depuis plus de trente ans. Grâce aux élections et aux institutions politiques, nous pouvons peut‐ être parler d’espace public d’apparence ou d’un espace public de façade sous un régime despotique abolissant en réalité toute sphère publique entre pouvoir et vie privée. Avec les manifestations organisées par l’opposition entre février et mars 2005, le modèle dramaturgique de la sphère publique de Max Weber prend tout son sens et, au printemps 2005, les premières élections législatives depuis trente ans sans la tutelle syrienne symbolisent l’espoir du retour à une vie démocratique. Toutefois, le non changement de la classe politique et l’utilisation du système électoral élaborée en 2000 sous tutelle syrienne engendrent une accentuation des conflits entre les différentes communautés qui prennent la forme de violences. En même temps, une vague d’attentats est perpétrée contre plusieurs hommes politiques. À cette agitation interne s’ajoute des pressions exercées par l’ONU et des tensions avec les pays voisins, c’est‐à‐ dire la Syrie et Israël.
La question posée est celle de la coïncidence d'un système électoral représentatif (censitaire ou au suffrage universel) et de l'espace (ou sphère) public de type habermassien. Cette coïncidence est attestée historiquement dans les pays ouest‐ européens et nord‐américains comme la France, l’Allemagne ou la Grande‐Bretagne, ce qui donne lieu au type d'espace public politique que les Occidentaux connaissent. Au Liban, cette coïncidence ne s'est pas produite aussi nettement que dans les pays précités
ou, en tout cas, est concurrencée par d'autres modes de fonctionnement, d'autres types d'espace public, par exemple dramaturgique. En outre, il ne faut pas oublier qu'en Occident, l'espace public, comme présenté par Jürgen Habermas, est toujours un espace public politique, ce qui n'est pas une réalité universelle.
Quelques questions disparates et hétérogènes s’imposent alors. Qu’est‐ce que l’espace public politique ? Comment fonctionne la loi électorale au Liban ? Comment se déroulent les élections législatives pendant la tutelle syrienne ? Et comment se déroule la première élection sans la tutelle syrienne ? Ces questions, très disparates, seront plus homogènes, si on s’aperçoit qu’elles s’organisent en un grand questionnement. Les élections législatives au Liban sont‐elles considérées comme un moment d’espace public ?
La réponse structurée apportée à ces différentes questions consiste à d’abord examiner la définition de la notion théorique de l’espace public politique, définie par le philosophe allemand Jürgen Habermas et par Emmanuel Kant. Puis, la loi électorale et son fonctionnement au Liban. « On peut définir la géographie des circonscriptions comme la cartographie des résultats électoraux et la confrontation avec des variables supposées explicatives.1 » Nous étudierons ensuite comment se déroulent les élections de 1992, 1996 et 2000 sous la tutelle syrienne. En effet, « dans un pays marqué par les migrations internes dramatiques de la guerre2 » et par une « émigration séculaire3 », « le mode de
constitution des listes électorales conduit à une disjonction forte entre la population officiellement enregistrée et la population résidente.4 » Dans un quatrième temps, nous nous intéresserons aux élections législatives de juin 2005, première élection sans tutelle syrienne qui suit une période de tension et d’affrontement très intense après l’assassinat
1 BUSSI Michel, BADARIOTTI Dominique, Pour une nouvelle géographie du politique, Economica‐
Anthropos, Paris, 2004.
2 KASPARIAN Robert, BAUDOUIN André, La Population déplacée par la guerre du Liban, L’Harmattan,
Paris, 1995.
3 KASPARIAN Chohig, L’Entrée des jeunes Libanais dans la vie active et l’émigration, Presses de l’Université
Saint‐Joseph, vol. 3, Beyrouth, 2003.
4 LEVY Jacques, L’Espace légitime. Sur la dimension géographique de la fonction politique, Presses de
de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri. En effet, la question de la loi électorale est la cause principale des querelles qui se déroulent de septembre 2004 à avril 2005. I. L’origine de l’espace public politique Une double origine : la pensée grecque et la pensée des Lumières Il y a une double origine de l’espace public. La première origine, c’est la pensée grecque. C’est l’opposition entre la koinè et l’oikos. La koinè, c’est‐à‐dire la vie publique qui se déroule pour l’essentiel sur l’agora qui réunit ceux qui sont considérés comme citoyens, dispensés de travailler et qui participent aux affaires publiques, mais préalablement débattent publiquement des questions d’intérêt commun. Ce sont uniquement des hommes et uniquement des hommes riches. C’est le lieu où se préparent les décisions politiques selon les règles de la vie politique grecque et en particulier athénienne. Et l’oikos, c’est‐à‐dire le domaine privé, la maison, mais aussi le lieu du travail agricole ou artisanal. C’est le travail nécessaire à la production de moyens d’existence. Cette distinction se retrouve dans pratiquement toutes les approches de l’espace public. À partir de cette période, l’accent est mis par ceux qui réfléchissent à la question de la vie publique sur les échanges interpersonnels, sur l’usage de la langue et du langage pour préparer les décisions, mais aussi pour mettre en visibilité toutes les actions sociales qui sont publicisées. Le processus délibératif, dès le IVe et Ve siècle avant J.‐C., est considéré
comme ayant une base argumentative et linguistique.
Jorgen Habermas et la notion d’espace public
Jorgen Habermas publie chez Payot, en 1978, un ouvrage sous le titre L’espace Public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise. Le plus important dans ce livre, c’est le sous‐titre : Archéologie de la Publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise. Le cœur de la démonstration consiste pour Habermas à montrer que le principe de publicité est central et qu’il a été opposé historiquement par les bourgeois cultivés et éclairés capables de raisonner (raisonner au sens des Lumières) à la pratique du secret qui est celle des états monarchiques autoritaires dans tous les pays d’Europe au XVIIe et XVIIIe siècle. Le secret, ce n’est pas le
fait que le processus de décision n’est pas connu, mais c’est le fait que le monarque et ses conseils ne sont pas tenu de justifier quoi que ce soit. Ce qui évidemment a beaucoup
changé depuis, en tout cas uniquement dans une partie du monde. Et de ce fait, ce principe de publicité crée un espace de médiation entre la sphère du pouvoir politique qui se concrétise dans l’État et ce que lui et d’autres auteurs appellent la société civile. Cependant, lorsque nous observons comment certains régimes autoritaires un peu partout à travers la planète aujourd’hui fonctionnent, il n’y a pas d’espace de médiation ou il y a des espaces de médiation très momentanés, parcellaires, secondaires, contestés par le pouvoir politique et par l’appareil d’État. Donc, ce principe de publicité, c’est ce qui est mis en avant par les bourgeois qui échangent entre eux et arrivent à mettre en avant des opinions publiques. La critique rationnelle et l’argumentation sont donc à l’origine d’une opinion publique sur chacune des questions en débat et le point le plus important est qu’il y a une sorte d’arbitrage entre opinion et intérêt particulier. Pour devenir une opinion publique, il faut dépasser les opinions et les intérêts particuliers et par conséquent débattre et si possible aboutir à un arbitrage. C’est le processus initial.
C’est surtout chez Emmanuel Kant dans deux textes (Réponse à la question : « Qu'est‐ce que les Lumières ? » et le Conflit des facultés) que le philosophe allemand fait le rapprochement entre « l’usage public de la Raison et son usage privé ». C’est lui qui met cet aspect en avant. Ce qui se passe dans les lieux de discussion, de délibération et dans les lieux privés, les lieux du travail. C’est lui qui insiste, par exemple, sur les compétences qui sont indispensables au citoyen pour faire en sorte que la vie publique soit éclairée. Chez les philosophes français qui parallèlement à lui mettent en avant des idées équivalentes, surtout chez Diderot, l’usage de la Raison doit aboutir à une certaine unification des consciences. Cette unification est le résultat d’un processus et elle est médiatisée par la publicité. Il ne peut y avoir que publicité. Publicité au sens originel, au sens qu’on trouve dans d’autres langues que le français. La publicité est absolument essentielle pour faire en sorte qu’à l’issue d’un procès délibératif, d’un procès de discussion entre les citoyens, il y ait publicité ou publicisation de sorte que se forme une opinion publique. « Espace public, publicité, publicisation et opinion publique » sont des concepts clés pour les auteurs des Lumières.
L’espace public politique
L’espace public grec et l’espace public kantien sont des espaces publics qui, d’une façon ou d’une autre, tournent autour des questions de politique. Cependant, il ne faut pas confondre. Chez les Grecs, politique veut dire la cité au sens de l’univers. Chez Kant, il
s’agit bien d’un espace public politique, d’une sphère qui s’inscrit entre l’espace privé (des intérêts privés) et le pouvoir, l’autorité obscure. Nous sommes bien là en présence d’une proposition politique au sens moderne du terme. Au Liban, la coïncidence d'un système électoral représentatif et de l'espace (ou sphère) public de type habermassien ne s'est pas produite aussi nettement ou, en tout cas, est concurrencée par d'autres modes de fonctionnement, d'autres types d'espace public. Quel rapport le système électoral libanais a‐t‐il avec la question qui nous occupe ?
L’espace public social
Bernard Miège met en question ce qu’il appelle « la fiction d’un espace public homogène d’essence politique.5 » Lorsque il met en question cette fiction, il s’en prend à deux sous‐ fictions. Il s’en prend à la fiction d’un espace public politique homogène et s’en prend à la fiction d’un espace public qui doit son homogénéité à son essence politique. Pour essayer de comprendre, nous allons donc voir trois éclairages et essayer, pour commencer, de défendre et d’illustrer l’hypothèse d’espace public politique hétérogène en s’interrogeant sur l’origine du phénomène pour passer ensuite sur la question du statut de ces espaces public politiques partiels par rapport à l’espace public politique général et finir en mettant en cause l’essence politique de l’espace public.
Pourquoi cette démultiplication d’espaces publics politiques ? Pourquoi des espaces publics partiels ? Bernard Miège donne trois explications à ce phénomène. La première explication, c’est la complexité croissante de la gestion des questions sociales. C’est‐à‐ dire que l’on va trouver que les décisions politiques qui engagent les transformations importantes sur les questions de la société sont devenues trop importantes, trop complexes pour qu’elles puissent être même débattues au sein d’une seule instance. D’une certaine manière, le fractionnement des lieux de décision et des lieux de gouvernementalité entraîne des micro‐gouvernementalités dans les régions et jusque dans les quartiers et qui en même temps favorise la mise en place d’espaces publics partiels. La deuxième explication, c’est la crise de l’engagement et de la participation à la sphère politique. Cet argument sert à montrer que les citoyens se reportent à d’autres espaces publics que des espaces publics politiques. C’est aussi la volonté de faire de la
5 MIÈGE Bernard, L'espace public contemporain. Approche info‐communicationnelle, PUG, coll.
politique autrement. La troisième explication, c’est ce que Bernard Miège appelle la « connivence (au moins systémique) [des appareils gouvernementaux et publics] avec les médias dominants.6 ». Une quatrième explication peut s’ajouter aux trois autres, c’est la diversification en cours dans le domaine médiatique. Nous voyons apparaître d’abord la télématique, puis aujourd’hui Internet, le web, les blogs, les forums, les portails. Tout un ensemble de supports qui se prêtent bien à cette diffusion de l’espace public politique général en toute une série d’espaces publics politiques. Ceci viendrait de la réflexivité accrue de la société. Le fait que nos sociétés soient des sociétés de gens savants. Mais nous ne le faisons pas dans un grand espace public politique national, nous le faisons là où nous sommes inscrits. La question qui se pose alors, c’est celle de savoir quels seront ces espaces publics politiques partiels et de savoir si l’on va maintenir, dans notre représentation de l’espace public politique réel, l’idée dans un grand espace public politique à côté duquel d’autres espaces publics plus limités s’articulent, ou bien si nous devons tout simplement abolir l’idée même dans un grand espace public politique. L’option que retient Bernard Miège est celle de l’autonomisation de micro‐espaces publics séparés indépendamment de toute référence à un grand espace public politique. Au service de cette grande option, il suggère l’idée d’une certaine forme de juxtaposition : « Le projet d’un espace public politique unifié n’est donc plus défendable. Il l’est d’autant moins qu’il semble fonctionner nulle part ainsi. Des espaces partiels, durables ou non, lui sont désormais adjoints7. » Ici, nous sommes bien dans l’idée qu’il y a « un
espace public global et des espaces publics partiels qui s’ajoutent ». Mais dans un autre passage, il dit : « Et plus particulièrement, si les débats sont menés en toute connaissance de cause en dehors de l’espace public politique, pourquoi maintenir à tout prix cette fiction de l’espace public, résultante obligée de toutes les discussions partielles.8 » Nous ne sommes donc plus obligés de faire l’hypothèse d’un espace public politique qui est la résultante obligée de toutes les discussions partielles et qui donne (toujours) la primauté au politique.
Le deuxième apport de son analyse consiste à dire que l’on peut essayer de penser l’espace public sous un autre registre que celui exclusif du politique. Autrement dit, qu’il
6 MIÈGE Bernard, Ibidem, p. 203. 7 MIÈGE Bernard, Ibidem, p. 203. 8 MIÈGE Bernard, Ibidem, p. 197.
y aurait des espaces publics qui ne sont pas des espaces publics politiques. il explique qu’il n’y a pas de raison de toujours se référer à l’espace public politique. « Pourquoi maintenir à tout prix cette fiction d’un espace public politique, résultante obligée de toutes les discussions partielles.9 » Pourquoi donne‐t‐on toujours la primauté au politique, alors que les citoyens eux‐mêmes revendiquent le fait qu’ils ne font pas de politique. Ils se réclament d’un espace public, mais ne le font pas au titre de la politique. Dans les années 1970‐1980, nous avons tendance à voir du politique partout. Les femmes revendiquent, c’est une revendication politique. Les prisonniers se révoltent, les étudiants protestent, c’est du politique. Aujourd’hui, nous voyons bien que si des revendications peuvent trouver une traduction politique, elles peuvent échapper en partie à la question politique en restant dans le domaine sociétal. Dans l’analyse que fait Habermas de l’espace public politique, cet espace public politique a commencé en n’étant pas politique. Il commence en étant un espace public des amateurs. Dans cette sphère intermédiaire entre l’autorité dogmatique et l’opinion privée du particulier se constitue « une sphère d’amateurs » qui mettent en commun un certain nombre de critères, comme les salons d’art de Diderot, dans lesquels les participants jugent de la qualité d’un tableau ou d’un morceau de musique. C’est seulement à partir du moment où cet espace public artistique ou esthétique est constitué que l’on voit constitué un espace public politique. Donc si l’espace public politique commence par du non‐politique, nous pouvons très bien imaginer qu’il puisse y avoir des espaces publics qui ne soient pas politiques.
La question qui se pose maintenant est de savoir comment penser ces espaces publics non‐politiques. Qu’y‐a‐t‐il de public dans les espaces publics sociétaux et dans les espaces publics en général, y compris dans l’espace public politique ? En effet, l’idée de chose publique est variable selon les sociétés. Nous pouvons penser que dans certaines sociétés, il y a quelque chose qui relève de la Res Publica, de la chose publique. Ensuite, le contenu de la chose publique va varier, mais qu’il y ait quelque chose de public peut être sans doute retenu. À partir de ce moment‐là, la question qui se pose est de savoir comment et par quels critères nous pouvons caractériser ces espaces publics qui ne sont pas forcément des espaces publics politiques à travers ce qu’ils ont de public. C’est‐à‐
dire que nous n’avons pas des espaces publics tout faits, mais qu’à un moment donné, nous voyons apparaître un espace public. Quand cet espace public apparaît‐il et qu’est‐ ce qui laisse penser que cet espace public existe en tant qu’espace public ? Quatre principes nous permettent d’identifier des moments d’espace public dans des regroupements : la publicité, la visibilité, la régulation et l’accord sur les questions à la suite d’un débat (voir chapitre 1.2.2.4.). II. Le système électoral libanais, un système basé sur le confessionnalisme Ici, nous allons voir que le système électoral libanais est conçu de telle manière qu’il met en avant le confessionnalisme en institutionnalisant le partage confessionnel des sièges au Parlement et en incitant au vote confessionnel. Nous sommes plutôt en présence d’un espace privé féodalisé basé sur le clientélisme étendu à l’espace commun, mais sans sphère publique. L’espace commun est symbolisé par le commerce. Il peut être physique ou symbolique.
L’espace public prend tout d’abord la forme d’un espace physique matérialisé par les échanges commerciaux, la place publique, etc. Cet espace physique devient symbolique partir du XVIe siècle. « Ce mouvement prend facilement deux siècles. C’est en effet la
redéfinition du privé qui permet, en contrepoint, à l’espace public de se dessiner et de s’affirmer. Le mot public apparaît au XIVe siècle, du latin publicus : ce qui concerne « tout le
monde ». Public renvoie à « rendre public », à publier, du latin publicare. Cela suppose un élargissement de l’espace commun et l’attribution d’une valeur normative à ce qui est accessible à tous. Dans le passage du commun au public, se lit ce qui deviendra par la suite la caractéristique de la démocratie, à savoir la valorisation du nombre, le complément, en quelque sorte, du principe de liberté. L’espace commun concerne la circulation et l’expression, l’espace public et la discussion, l’espace politique et la décision10. » Au Liban, nous sommes loin du fonctionnement de l’espace public tel qu’il existe en France, par exemple.
L’inscription des électeurs sur les listes électorales de leur village d’origine
À la suite du dénombrement fait en 1924 et du recensement calculé en 1932, le mandat français a, entre autre, fixé que la ville ou le village d’origine de chaque personne est, dès sa majorité, inscrit sur le registre d’état civil et utilisé comme lieu de vote de cette personne. C’est pour cela que les Libanais sont automatiquement enregistrés sur la liste