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U SAGES PÉDAGOGIQUES EN FONCTION DES DOMAINES DISCIPLINAIRES

A travers le tableau suivant, nous voulions avant tout savoir quels étaient les domaines disciplinaires les plus représentés lors des usages pédagogiques médiatisés par la tablette tactile. De plus, nous désirions percevoir quelle étaient la répartition des inspirations psychopédagogiques en fonction des domaines disciplinaires. Ce classement est effectué sur les 43 activités pédagogiques, ce qui signifie qu’il inclut autant les activités réalisées prescrites par les enseignantes et réalisées par les élèves, que celles réalisées spontanément par les élèves lors de moment libres, ou encore les activités exécutées uniquement par les enseignantes. Néanmoins, nous avons pris soin d’identifier ces dernières en les encerclant d’une zone grisée.

Deux activités ont mêlé deux domaines disciplinaires, à savoir : « Travail sur l’histoire des armoiries du canton de Fribourg » (Histoire & Géographie) et « Recherches sur Internet » (Géographie &

Français). C’est donc la raison pour laquelle 45 domaines disciplinaires sont représentés sur 43 activités.

Nous avons ainsi classé par ordre d’importance les domaines disciplinaires les plus représentés, à savoir : Français, Géographie, Géométrie. La forte présence de ces trois domaines démontre que les enseignantes ont effectivement réalisé les activités pour lesquelles elles espéraient pouvoir utiliser la tablette (c.à.d. les domaines disciplinaires qu’elles avaient mentionné lors de notre 1ère rencontre).

Bien entendu, comme le démontre l’image ci-dessous, notre configuration (basée sur leurs envies) a aussi passablement influencé les usages de par le fait qu’elle proposait une bonne partie d’applications destinées à ces trois disciplines.

Figure 35: Page "étudiant" de la tablette.

104 0

2 4 6 8 10 12

Activités

réalisées (45/38) Béhaviourisme

(14) Socioconstructivi

sme (12) Cognitivisme (12)

Français (L1) 11 1 6 4

Géographie (SHS) 6 0 4 2

Géométrie (MSN) 4 1 0 3

Histoire (SHS) 2 1 1 0

Inconnu 2 0 0 2

Mathématique (MSN) 2 2 0 0

MITIC 1 0 1 0

Sciences de la nature (MSN) 2 2 0 0

Moments libres "divertissement" 6 5 0 1

Moment spécial (visite d’une pers. ext.) 2 2 0 0

Activités créatrices et manuelles (A) 2 0 0 0

Education physique (CM) 1 0 0 0

Travail enseignant 4 0 0 0

Nbre d'activités réalisées

Tableau 15: Quantification des usages pédagogiques en fonction des domaines disciplinaire et des stratégies mises en place par les enseignantes.

Lorsque nous avons découvert ces résultats, nous avons été ravis de constater qu’il était possible de réaliser des activités pédagogiques médiatisées par la tablette tactile dans des domaines disciplinaires variés et en lien avec les objectifs et les compétences transversales du plan d’études romand.

L’ensemble des usages recensés démontrent que l’artefact tablette tactile a été observé majoritairement dans les mains de l’élève démontrant ainsi une utilisation principale de l’outil par ce dernier plutôt que par l’enseignante. Néanmoins, plusieurs activités ont été effectuées uniquement par les enseignantes et majoritairement en « back office ».

Ce classement nous démontre que les enseignantes ont proposé à leurs élèves autant d’activités basées sur les courants psychopédagogiques144 béhavioriste (14), socioconstructivistes (12) que cognitiviste (12) et ce, dans des proportions quasi-similaires. Cette situation va dans le sens des observations présentées par Marcel Crahay (2006), professeur en psychologie de l'éducation, qui démontre dans son bilan des recherches processus-produit sur l’enseignement, qu’un même enseignant utilise inévitablement et nécessairement plusieurs approches psychopédagogiques en fonction des moments et des besoins. C’est pourquoi, il n’est pas possible de réduire un enseignant à l’utilisation d’un seul et unique style pédagogique. Nos deux enseignantes passent ainsi d’une posture à l’autre pour arriver aux résultats qu’elles visent à travers plusieurs activités et qui leur sont demandés à travers le plan d’études en vigueur.

144 Nous parlons ici de l’inspiration psychopédagogique dominante de ladite activité, rappelons-le.

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Période spécifique « one to one » 34

Rappelons-le, les enseignantes n’ont eu que 6 jours pour tester les tablettes sans les élèves. S’en est suivi une période de 2 semaines de test en classe avec les élèves, soit 10 jours seulement. Ce qui signifie donc qu’à peine 3 semaines après le début du projet, nos enseignantes se sont retrouvées avec 20 tablettes en classe.

Nous pouvons déduire avec une certaine assurance que les élèves, tout comme les enseignantes, ne devaient certainement pas être encore tout à fait à l’aise avec la tablette. Ils devaient ainsi se situer en pleine période d’exploration-appropriation

Figure 36: Ligne du temps illustrant les périodes des « modalité 4 tablettes » et « modalité 20 tablettes (one to one) ».

Durant les deux semaines pendant lesquelles 20 tablettes étaient disponibles (période one to one), 4 activités ont été réalisées sur 18 tablettes. Nous déduisons de ce fait que les enseignantes n’ont pas utilisé la tablette qui leur était personnellement destinée. La période one to one n’ayant duré que deux semaines (sur 21 semaines), il semble donc tout à fait normal qu’un nombre moins important d’activités ait été réalisées sur 18 tablettes. Durant cette même période, 2 activités ont été accomplies sur 9 tablettes, à savoir « Production de textes "faits divers" » et « Production d’une fiction basée sur le livre "Alice au pays des merveilles" » et ce, bien que 20 tablettes étaient à disposition des élèves et enseignantes.

Malgré cela, et bien qu’une tablette ait pu être assignée à chaque élève durant cette période one to one, le choix des enseignantes nous démontre que l’usage de ces machines ne se réduit pas nécessairement à un usage de type individuel et qu’au contraire, des activités en duo peuvent encore être réalisées.

L’inconvénient réside dans le fait que les tablettes restantes se retrouvent ainsi non utilisées et entreposées au fond de la mallette, ce qui nous porte à penser qu’un partage des appareils non employés entre classe et enseignant-e-s pourrait être envisageable dans ce genre de cas.

Nous pensons que cette situation est due au fait que la gestion de 18 élèves ayant chacun une tablette entre leurs mains, a pu s’avérer passablement compliqué à gérer pour les enseignantes. Cette situation difficile étant notamment favorisée par le fait que cette période one to one est survenue en début du projet prospectif (lors de la 3ème semaine d’utilisation). De ce fait, les élèves et les enseignantes entraient à peine dans une période de d’exploration-appropriation de l’outil et dans laquelle les enseignantes et élèves apprenaient à maîtriser les rudiments techniques afin de se les approprier progressivement. D’autre part, ces enseignantes désirent favoriser les activités en duo, du moment que ladite activité s’y prête. L’une de ces enseignantes s’exprime d’ailleurs très clairement sur ce sujet.

106 Ens2 : « Je trouve pas forcément utile d’avoir une tablette par élève. Je me demande en fait, est-ce que ça

change grand-chose par rapport à la feuille de papier ? Parce que ce qui est intéressant avec la tablette, c’est toutes les interactions qu’il y a entre deux élèves. Et ça, on n’a pas quand on est tout seul. Alors, évidemment pour faire du drill, on l’a utilisé en mathématique principalement, hé ben, c’était drôlement pratique d’avoir une tablette par élève parce qu’ils allaient chercher leur tablette et pouvaient avancer tout seul. Mais dès qu’on est dans de la production, au niveau des raisonnements, je trouve que c’est bien qu’ils soient deux sur une tablette. » [P9-§65]

Une activité (exercice de rotation en géométrie avec Tangram Enseignant) pointe un usage de 5 tablettes alors que seules 4 tablettes étaient mises à disposition de la classe. Cette situation est due au fait que l’enseignante n°1 avait apporté sa propre tablette pour tenter d’améliorer l’efficience dans les groupes.

Ens1 : « Des fois, avoir juste 4 tablettes, c’est vraiment restrictif. J’ai amené pour l’activité géométrie Tangram ma propre tablette perso. Mais j’ai pas aimé du tout parce que je leur avais dit que c’était ma tablette et que les programmes étaient pas les mêmes. Et évidemment, il y en a qui sont allés voir dessus ce que j’avais... » [P9-§56]

Cette situation pose la question de la limite entre sphère professionnelle et privée et emboîte le pas à la thématique du BYO (bring your own device). N’ayant pas étudié ces problématiques, nous ne nous prononcerons pas ici sur ces sujets.

Plusieurs moments de type expérimentation, découverte de la tablette (familiarisation avec les fonctionnalités, contenus et applications, apprentissage du clavier virtuel, utilisation de fonctionnalité tels qu’appareil photo, etc.) font partie d’activités réalisées en one to one. Les moments libres en one to one semblent eux aussi propices à ce genre d’activités. Selon de nombreux retours d’expérimentations et de projets d’écoles pilotes basés sur le one to one expliquent qu’une grande partie de l’appropriation de l’outil par l’élève se fait sur le travail effectué en dehors des cours, lors d’expérimentations ou des devoirs à la maison.

Nous nous sommes demandé si le fait d’avoir un plus grand nombre de tablettes utilisées en classe aurait une influence sur le groupe ou sur la pratique des enseignantes. La réponse semble tout à fait claire.

Ens2 : « Alors, ça change quelque chose au niveau de l’organisation de l’enseignant, ça c’est sûr. » [P9-§7]

A contrario, avoir trop « peu » de tablettes en classe peut demander un tout autre type d’orchestration et nécessiter de la part de l’enseignant de faire appel aux tournus.

Ens1 : « Mais c'est vrai qu’il faut réfléchir pour les activités quand on n’a que 4 tablettes. Il faut trouver comment faire pour que tous les élèves puissent faire l'activité avec quatre tablettes sans que ça prenne quatre semaines… Ça c'est un peu embêtant. » [P9-§93]

Elles notent donc une nette différence d’utilisation des tablettes en fonction du nombre disponible.

Ens1 : « Les 4 tablettes deviennent plus un ouvrage de référence qu’un outil de travail sur lequel ils peuvent vraiment construire des apprentissages comme on a pu le voir et le faire quand on avait plus de tablettes [période one to one]. » [P9-§61]

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34.1 Usages individuels ou collectifs ?

Nous percevons que le nombre de tablettes disponibles dans une classe engendre de la part de l’enseignant un certain type d’orchestration (répartition entre les groupes, tournus, etc.) et a par répercussion un impact au niveau des usages. En règle générale, les enseignantes ont eu tendance à proposer des activités majoritairement en duo, sous forme d’atelier et en demi-classe. Nous pensons que ce choix est dû au nombre de tablettes disponibles (4 pour une classe de 18 élèves), à la recherche d’un certain confort permettant autant aux élèves qu’aux enseignantes d’atteindre les objectifs visés à travers les activités prévues, et au fait parce qu’elles voient plus de sens dans des activités qui demandent aux élèves une certaine collaboration et qui favorisent la co-construction des connaissances. Quant à nos observations durant la période dite one to one, nous n’avons pas remarqué d’usages plus prolifiques et pertinents que lors de la présence de 4 tablettes en classe, ceci bien que la tablette soit clairement conçue par les constructeurs pour être avant tout un outil individuel.