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Les espaces de la tour Triangle, qu’ils soient « fonctionnels » (mètres carrés occupés directement par une fonction) ou « afonctionnels » (vides, espaces de transition, de déplacement ou espaces mutualisés), se décrivent grâce à la typologie des espaces des tours multifonctionnelles proposées au

Chapitre 5, p. 103, dans le tableau suivant (Tableau 14) :

Tableau 14 : Typologie des espaces de la tour Triangle

Approche juridique Approche spatiale Approche par les usages Du plus

public Espace public extérieur La place de la porte de Versailles et les trottoirs de l’avenue Ernest Renan Espace ouvert La place de la porte de Versailles et les trottoirs de l’avenue Ernest Renan

Espace ouvert au grand public

Atrium au RDC Les belvédères publics Commerces au pied Cabinet médical

L’esplanade/la place au pied de la tour

(limite de propriété) Espace semi-public extérieur

AUCUN

Espace réservé/espace club (réservé à des groupes ou des membres de communautés)

Restaurant panoramique Crèche

Espace semi ouvert

AUCUN

(mur extérieur de la tour) Espaceprivé ERP intérieur Atrium au RDC Restaurant panoramique Les belvédères publics Crèche Cabinet médical Espaceclos Restaurant panoramique Les belvédères publics Espaces de bureaux et leurs services liés

Commerces au pied Atrium au RDC Cabinet médical Crèche

(porte/cloison vers les espaces privatifs)

Espace individuel ou personnel (à usage privatif)

Espaces de bureaux et leurs services liés

Au plus

privé Espace privé

intérieur

Espaces de bureaux et leurs services liés, ainsi que leurs circulations

Les espaces de la tour semblent assez variés en termes de « publicité » quelle que soit l’approche retenue ; juridique, spatiale ou par les usages. La place de la porte de Versailles et les trottoirs de l’avenue Ernest Renan sont considérés dans ce tableau comme « espaces publics » et « espaces ouverts » bien qu’ils ne soient pas directement développés, aménagés ou financés par les promoteurs de la tour1. Ainsi le projet propose quasiment tous les types d’espaces identifiés par la typologie des

1 En effet, ils sont, selon nous, complémentaires et partie intégrante de l’opération Triangle dans son ensemble

avec la redynamisation du parc des expositions et la vision urbaine et stratégique de liaison entre Issy-les- Moulineaux et Paris.

espaces des tours multifonctionnelles. Seul l’espace « semi-public extérieur » n’apparait pas, et cette absence s’explique par le fait que la tour ne dispose pas de parvis mais donne directement sur le domaine public.

Malgré l’atrium mutualisé et ouvert au grand public au rez-de-chaussée, Triangle ne propose pas une grande variété architecturale d’espaces atypiques en hauteur comme de ceux que l’on retrouve dans les projets de « villes verticales » : ainsi pas de jardin suspendu ni de rue dans le ciel, pas d’espace commun en hauteur ni de loggia dans les étages, etc. En effet, la tour semble plutôt vouloir s’ancrer dans le sol (lien à la rue, alignement, commerces, etc.) et rendre accessible au public des vues en hauteur. Cette accessibilité à la hauteur se fait cependant de manière ponctuelle et la tour se distingue de la « ville verticale » cherchant à développer des activités et des espaces divers en hauteur en se positionnant plutôt comme une tour « publique ».

3.4. Ouverture et publicité de la tour

La volonté de faire une « tour publique » se retrouve beaucoup dans les discours officiels des architectes et des politiques : « ce qu’on veut surtout atteindre avec ce bâtiment, c’est qu’il soit ouvert pour tout le monde » (Herzog et De Meuron cité par SCI Tour Triangle, 2012). Dès les premières phases du projet, la tour est pensée comme accessible au public : les concepteurs vont même jusqu’à se poser la question de la gratuité des espaces ERP en hauteur. Elle est censée offrir des perspectives inédites sur la métropole grâce aux équipements dédiés au public1. Cette qualité devient un atout

majeur pour le projet, son acceptabilité sociale et la justification de son intérêt général. Notamment dans les ateliers participatifs mis en place par la Ville2, l’accessibilité semble très importante pour

justifier le projet (Mairie de Paris (DU), 2009) ainsi que dans le rapport du commissaire enquêteur « l’un des objectifs forts du projet Triangle (…) réside dans son ouverture sur l’extérieur et sa capacité à inciter le public à y pénétrer (…) » (Lemasson & Herve, 2012, p.31).

Le projet avançant, le bâtiment s’est tour à tour « privatisé » puis ouvert à un plus large public. Dans un deuxième temps, il est devenu très rapidement évident que les ERP en hauteur tels que les belvédères et l’ascenseur panoramiques seraient payants3. Volonté du promoteur, il semblait

inconcevable d’imaginer la gratuité pour ce type d’espaces dans une tour (raisons de rentabilité, de gestion et de sécurités) et ces espaces sont devenus des équipements touristiques payants.Finalement, la proportion des espaces ouverts au public dans la tour équivaudra à 5%4.

A l’opposé, une décision politique a contraint le promoteur à revoir la programmation et l’organisation de sa tour : en stipulant que l’équipement d’intérêt collectif situé dans l’atrium serait un centre médical de proximité (Conseil Municipal de Paris, 2013; Mairie de Paris, 2013) cette délibération a permis d’ouvrir la tour à un public légèrement plus élargi. Initialement, l’établissement d’intérêt public présenté comme équipement culturel (sans plus de précision) était imaginé par les promoteurs comme un centre de congrès et de conférences pouvant s’ouvrir temporairement aux associations et à

1 La tour ainsi « s’ouvre à la ville et au quartier à travers des composantes publiques accessibles à tous » (SCI Tour

Triangle, 2012) .

2 Ceux de février 2009.

3 Autrement dit espaces « clubs » moins ouverts qu’un espace accessible à tous gratuitement.

4 Une première quantification des espaces dits « publics » à l’intérieur de la tour (commerces, crèche, centre de

santé, atrium, belvédères et restaurant panoramiques) nous permet de donner un pourcentage d’espaces « ouverts au public » dans la tour regroupant les espaces ouverts au grand public et les espaces clubs présents à l’intérieur de la tour qu’ils soient juridiquement publics (aucun ici) ou juridiquement privés :

la collectivité. Ce type de programmation bien plus compatible avec les usages de bureaux, les gestion et l’image de la tour, mais aussi moins « grand public » qu’un cabinet médical de quartier facilitait la tâche d’exploitation et les affaires du promoteur. Et en effet, il ressort du discours des promoteurs que cette ouverture au public est vécue comme une contrainte, certes nécessaire pour une question d’accessibilité sociale et d’obtention de permis de construire, mais difficile à mettre en œuvre, et à rentabiliser par la suite. Selon eux, l’ouverture au public et le mélange d’usagers, qui ne semblent pas « compatibles » à priori, sont bel et bien contraignants pour le développement, le financement et la gestion d’un tel projet immobilier : il semble donc que les promoteurs fassent leur possible afin de minimiser l’ « ouverture » de la tour Triangle. Cependant, sur la question de la programmation de l’atrium, il semble que ce soit la volonté de certains groupes politiques qui l’ait remporté : et la tour accueillera bien cet équipement médical de proximité.

Afin de mieux appréhender la réalité de l’ouverture au public du bâtiment, il faudra analyser les conditions d’accès à l’atrium et aux équipements touristiques qui ne sont actuellement pas encore déterminées : le projet étant trop peu avancé aujourd’hui, le prix de l’accès aux équipements touristiques, les horaires d’ouverture, le règlement intérieur, les règles d’accessibilités, etc. ne sont pas encore connus.

3.5. La relation au sol et au quartier

« Le projet Triangle entretient un rapport simple et direct avec la rue. Il participe de l’urbanité de l’avenue […]» (Lemasson & Herve, 2012, p.31).

Le projet Triangle, dès ses premiers rendus, est présenté comme intégré au quartier, en relation directe et simple avec le sol et la rue. Les architectes désignent la tour comme accessible directement depuis la voie publique, de plain-pied et connectée au réseau piétonnier. Elle devrait aussi animer l’avenue Ernest Renan qui « retrouvera la dimension d’une rue parisienne avec ses commerces et son animation ». En devenant « une artère vivante du quartier », elle créera un lien entre Paris et Issy-les- Moulineaux » ( Herzog et De Meuron cités par SCI Tour Triangle, 2012).

Concrètement, la tour est directement accessible depuis la rue et les trottoirs (pas de construction sur dalle) et elle suit un alignement le long duquel elle ouvre des commerces en rez-de-chaussée ainsi qu’une adresse visible marquée par l’atrium. Les entrées des différentes fonctions se font sur la rue ou sur la place : elles sont à la fois physiquement et visuellement accessibles depuis le domaine public. Le bâtiment tente de générer de la vie en animant les fronts aujourd’hui inactifs. Le travail sur l’architecture et la forme du pied de tour a aussi permis aussi de laisser un espace libre au niveau de l’entrée du parc des expositions sur la place de la porte de Versailles.

Cette conservation de l’espace et le projet lui-même créent aussi l’opportunité à la ville de Paris d’aménager le nouvel espace vert, dit « jardin public » situé sur la place de la Porte de Versailles. Ce jardin est présenté, dans le contexte de l’opération Triangle, comme une aménité qui profitera directement aux habitants du quartier, ainsi qu’aux visiteurs. Il est en revanche difficile de conclure sur la raison d’être de cet espace public : est-il réellement issu des optimisations et opportunités foncières et économiques dégagées par l’opération Triangle, ou en est-il simplement un faire-valoir, un outil pour une meilleure acceptation sociale par les riverains ?

La programmation de la tour, notamment au rez-de-chaussée est aussi tournée vers les riverains et habitants du quartier1. En revanche, le projet étant trop peu avancé pour connaître les destinataires

finaux des baux commerciaux, il est difficile de présager de l’impact effectif sur les usages du

1 Les commerces de proximité, la crèche ainsi que le centre médical répondent à des besoins et des opportunités

quartier : par exemple une épicerie ou une pharmacie n’ont à priori pas le même impact sur la ville locale qu’une brasserie ou un pressing destinés aux employés de la tour (Figure 46 et Erreur ! Source

du renvoi introuvable.).

3.6. Les deux acteurs directs de la production de la Tour Triangle

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