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Synthèse du chapitre 5 – Caractériser la contribution d’une tour à l’urbanité de la ville

Chapitre 6 : Partie empirique Analyse du cas francilien

2. Choix des terrains

2.2. Sélection des terrains d’étude selon les critères retenus

Ces constats sur les tours mixtes franciliennes existantes et en projet permettent d’isoler des composantes analytiques prégnantes dans la différenciation entre les constructions passées (les tours construites des années 60-70) et celles de la ville contemporaine (les projets de tours des années 2000- 2010). Ainsi ce sont les composantes programmatiques et spatiales qui émergent et nous permettent d’identifier les dimensions opérationnelles d’analyse de l’urbanité des tours franciliennes se raccrochant à la grille d’analyse théorique (Tableau 5et Tableau 6). Ainsi, nous pouvons sélectionner dans un objectif de diversité, parmi les tours franciliennes existantes ou en projet nos cas d’étude selon les critères suivants (critères de diversité) :

- Selon la composante programmatique, critère : mixité fonctionnelle et mixité d’usages, - Selon la composante spatiale, critère : ouverture/publicité et ancrage.

Nous choisissons quatre cas de tours plus ou moins mixtes et plus ou moins accessibles : une construite dans les années 1970 (la tour Les Poissons), et trois projets en cours (la tour Triangle, la

tour Phare et les tours Duos). A ces quatre tours, nous ajoutons un bâtiment non IGH mais dont la

mixité programmatique et l’organisation spatiale sont particulièrement marquantes, voire innovantes en Ile-de-France. Le CNIT, depuis sa réhabilitation en 2009 offre une mixité de fonctions assez complète et regroupe les usagers dans une place centrale mutualisée et qui se veut urbaine.

Les deux bâtiments existants permettront d’analyser les organisations spatiales : fonctions, usages, espaces communs, etc. L’avantage d’étudier des bâtiments existants permet d’analyser un résultat de

processus de production mené à son terme. Pour le cas du CNIT, même si le bâtiment ne doit pas répondre aux contraintes associées à la réglementation IGH, les enjeux et problématiques de mise en œuvre de la mixité programmatique et d’organisation spatiale au sein du bâtiment sont somme toute similaires à ceux observés dans les pieds de tours. De plus, l’un a été construit en 1970, et l’autre entièrement repensé et reconçu en 2009 : et chacun semble assez représentatif, d’après les constats réalisés dans la typologie, des choix architecturaux et programmatiques de leur époque respective. Les contraintes d’accessibilité aux terrains nous font reconsidérer les deux cas CNIT et Les Poissons comme terrains subsidiaires. En effet, la tour Les Poissons datant des années 1970, il n’a pas été possible de rencontrer les acteurs de sa production de l’époque. Une analyse du système d’acteurs n’est donc pas possible pour ce terrain. En revanche certains constats spatiaux et programmatiques peuvent être faits sur le bâtiment et permettent par la suite d’alimenter l’analyse et le débat de l’analyse comparée des terrains observés en détail. De la même manière, la rénovation du CNIT n’a pu être abordée que de manière très partielle : faute aux jeux d’acteurs et organisations des entreprises et institutions publiques (notamment chez l’investisseur-propriétaire-gestionnaire du site, Unibail, ou chez l’aménageur de La Défense, Epadesa) qui favorisent un grand turn-over des employés à différents postes ou dont la structure interne s’est beaucoup modifiée depuis la fabrique du projet. Ces constats ont rendu difficile la rencontre des acteurs de la réhabilitation du bâtiment et, il a donc été difficile de mener une campagne d’entretien complète comme nous avons pu le faire pour les trois tours en projet. De la même manière, ce terrain nous permettra d’alimenter la réflexion et l’analyse croisée de l’étude empirique de manière complémentaire, mais ne permettra pas de présenter une analyse complète du terrain. Celui-ci interviendra donc principalement dans la Partie 4 de notre étude. Les projets quant à eux permettent une approche plus précise du système productif, de la fabrique de l’opération : même si nous ne pourrons pas comparer les annonces ou les volontés des acteurs avec un produit fini (un bâtiment construit et en fonctionnement), nous pourront, à travers l’évolution du projet comprendre ses modifications, ses résultats intermédiaires de la même manière que le propose Arab (2004) pour l’analyse de la production des projets d’aménagement. En effet, nombreux projets de cette complexité évoluent énormément entre les premiers jets ou esquisses et les phases précédant la construction : en nous penchant sur les questions précises d’urbanité, d’espaces publics et mutualisés, ainsi que sur l’organisation de la mixité, nous pourrons en comprendre les motivations, les freins et les atouts organisationnels.

Dans le tableau suivant(Tableau 8)sont présentés regroupés et présentés les cinq terrains à analyser et à comparer. Tous sont spécifiés selon les critères de différenciation abordés plus haut. Ainsi, concernant la composante programmatique, on peut voir que les terrains sélectionnés vont du cas « peu mixte » (pour les tours Phare et Triangle) à très mixte (pour le CNIT) avec un niveau intermédiaire « mixte » (Les Poissons).

Nous entendons par : - Peu mixte :

une fonction principale et des fonctions satellites ou secondaires. Phare et Triangle sont principalement dédiées aux activités tertiaires de bureaux, avec la palette de services qui leur sont liés (restaurant inter-entreprise par exemple). Elles proposent toutes deux à leur pied des commerces ouverts sur l’extérieur mais complètement indépendants de la fonction principale. La tour Triangle quant à elle devrait offrir un équipement public qui n’est pas encore précisément définit. Il est intéressant de noter que la Tour Triangle devait initialement être bien plus mixte que la version de projet qui semble être définitive : un hôtel a été proposé puis abandonné.

- Mixte :

selon la définition du CTBUH, au moins deux fonctions principales regroupées dans la tour. C’est le cas de la tour Les Poissons qui superpose logements sur bureaux auxquels

s’ajoute un cabinet médical. Nous verrons plus tard que ces deux fonctions principales sont complètement séparées.

- Très mixte :

plusieurs fonctions principales regroupées dans le même bâtiment. C’est le cas du CNIT qui imbrique les fonctions de commerces, bureaux, hôtel et centre des congrès sous sa célèbre voute en béton autoportée. Nous verrons aussi que l’organisation des flux et des usages est assez originale : tous sont regroupés autour d’une place « semi-publique » centrale qui se veut la plus urbaine et connectée à la ville possible.

Concernant l’organisation spatiale, deux critères permettent de différencier les terrains choisis : l’ouverture au public et l’ancrage au sol. Toutes deux se réfèrent à la question de l’insertion urbaine abordée par la question d’accessibilité à la fois physique et psychologique1.

L’ouverture au public se comprend par la proportion de fonctions ERP et ainsi que les espaces afonctionnels ou « vides » ouverts au public. Les ERP (Etablissement Recevant du Public), comme les commerces, les hôtels, restaurants, cabinets médicaux, équipement public, etc. agissent, selon nous, comme des fonctions permettant à un public élargi ou occasionnel de fréquenter la tour. Il en est de même pour les espaces afonctionnels semi-publics qui peuvent potentiellement participer de l’urbanité générale de la ville (Figure 11). Ceci dans les conditions où ces fonctions et ces espaces soient accessibles physiquement et psychologiquement par un public élargi. L’ancrage au sol ou l’intégration au site permet dans une première approximation de caractériser cette accessibilité : le fait d’être connectée à la rue, visible depuis celle-ci, à l’inverse d’un bâtiment en retrait, replié sur lui- même tel un ilot privé, donne à la tour un potentiel degré d’accessibilité.

Nous décrivons alors nos terrains d’étude comme plus ou moins potentiellement accessibles ou ouverts et comme plus ou moins connectés. Nous pourrions utiliser le terme de « publicité » de la tour, mais afin d’éviter toute confusion avec les dimensions juridiques du caractère public ou privé du bâtiment nous en restons au terme d’ « ouverture ».

Nous voyons dans le même tableau que les terrains sélectionnés varient de « fermée » (pour la tour Phare) à « très ouverte » (pour le CNIT). La tour Triangle est qualifiée d’ « ouvert e » alors que Les Poissons et Duo sont « peu ouvertes » (Tableau 8).

Tableau 8 : Choix des terrains selon les critères de différentiation

Les

Poissons

Phare

Triangle

Duo

réhabilité CNIT

statut Existant

1970 projet projet projet

Existant 2009

localisation La Défense La Défense Paris (15ème) Paris (13ème) La Défense

initiative Publique Publique/privée Plutôt privée publique Privé

Mixité

fonctionnelle Mixte Peu mixte Peu mixte Mixte Très mixte

Ouverture Plutôt fermée Plutôt fermée Ouverte Peu ouverte Très « ouvert » Connexion aux

espaces publics Déconnectée Plutôt connectée Très connectée Connectée Plutôt Très connecté

1 Où, selon nous, l’accessibilité correspond au couplage de l’ouverture au public et de l’ancrage au sol (cf Chapitre

Nous qualifions de :

- Plutôt fermée et peu ouverte,

une tour peu accessible au public c’est-à-dire ne proposant pas ou peu de fonctions et d’espaces ERP, ou bien ayant des régulations d’accès et des règlements très contraignants. Les tours Les Poissons d’abord, Phare et Duo ensuite car elles ne proposent qu’une seule fonction ERP à l’intérieur (un cabinet médical pour Les Poissons et un hôtel-restaurant pour Duo, un restaurant panoramique pour Phare). Ces fonctions ERP sont clairement distinctes et séparées des autres fonctions, il n’y a pas d’espace afonctionnel ou mutualisé qui soit ouvert au public. Duo a la particularité de proposer en supplément des commerces et une entrée de transport en commun à son pied mais situés à l’extérieur et sans lien avec l’intérieur : c’est ce qui la différencie légèrement de la tour Les Poissons et lui vaut la qualification de « peu ouverte » au lieu de « plutôt fermée ».

- Ouverte,

une tour accessible au public car proposant des fonctions ERP en intérieur, mais ne favorisant pas spécialement une coprésence dans des espaces afonctionnels et libre d’accès au large public.

La tour Triangle car elle propose une fonction ERP et publique à l’intérieur ainsi qu’un espace mutualisé avec les bureaux : le hall principal est lui aussi ERP, mais pas d’espace complètement afonctionnel.

- Très ouvert,

un bâtiment très accessible au public, proposant à la fois des fonctions et des espaces ERP avec des lieux afonctionnels libre d’accès au public et potentiellement appropriable dans un contexte de régulation plutôt permissif.

Le CNIT car il propose de nombreuses fonctions ERP (sous forme de centre commercial, avec un hôtel, un bureau de poste, etc.) regroupées autour d’une place centrale avec terrasses de café et bancs « publics » elle aussi ERP psychologiquement accessible et potentiellement appropriable dans la mesure du respect du règlement intérieur.

Pour ce qui est de l’ancrage au sol ou de la connexion aux espaces publics adjacents, les terrains sélectionnés vont de « déconnectée » (pour la tour Les Poissons) à « très connectée » (pour le CNIT et Triangle) en passant par « plutôt connectée » (Phare) et « connectée » (Duo) (Tableau 8).

Nous désignons comme : - Déconnectée

une tour qui ne s’intègre pas dans le site, son environnement immédiat et son espace public, soit parce qu’elle n’est pas visible ou physiquement accessible aisément depuis la rue (replié sur elle-même) ou parce qu’elle nécessite une connaissance des lieux que seul des riverains peuvent acquérir.

La tour Les Poissons de par son implantation en retrait de l’alignement et du niveau de la rue publique est qualifiée de déconnectée. Les entrées de la tour ne donnant pas sur la rue mais sur le complexe Charras ne sont accessibles ni physiquement ni visuellement depuis la rue, certaines d’entres elles ne sont accessibles que depuis la dalle du complexe attenant. Il n’y a pas d’effet adresse ou de visibilité.

- Plutôt connectée,

une tour plutôt intégrée dans son environnement urbain, soit parce que physiquement ou psychologiquement accessible depuis la rue ou les espaces publics.

La tour Phare est dite plutôt connectée car même si l’entrée principale des bureaux (au 9ème étage) se fait par l’intermédiaire d’un pavillon en hauteur déconnecté de la dalle

qu’un travail sur les espaces publics. En effet, la tour gère une transition entre le sol naturel et la dalle de la Défense via une « fenêtre urbaine » qui en marque l’entrée.

Les tours Duo sont plutôt connectées car même si partiellement établies sur dalle à un niveau différent de celui de la rue et qu’une bonne partie des rez-de-chaussée de sont pas physiquement ouverts, elles travaillent leur relation à l’espace public en respectant l’alignement, en créant une liaison visuelle entre l’intérieur et l’extérieur, rendant en rendant accessible le cœur d’ilot au public, en proposant une liaison naturelle entre la place publique attenante et l’arrière des tours.

- Très connecté,

un bâtiment très intégré dans son environnement et son contexte urbain existant, à la fois physiquement et psychologiquement accessible depuis la rue et les espaces publics. Le CNIT est dit très intégré grâce à ses espaces mutualisés centraux et conçus en fonction des flux piétons de la dalle et qui le traverse pour rejoindre les transports en commun. La connexion se fait en trois dimensions (sur plusieurs niveaux), les entrées du bâtiment sont stratégiquement placées et visuellement remarquables.

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