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Coup d’arrêt dans les années

2. Le retour des tours à Paris

2.4. Pendant ce temps, des tours construites en Ile-de-France et de nombreux projets proposés

Le quartier d’affaire de la Défense, de son côté, a continué à construire des tours après les années 1970 et jusqu’à aujourd’hui4. En particulier dans l’application du Plan Renouveau de 2006 (EPAD, 2006;

Ernst & Young, 2006b), de nombreux projets de construction, rénovation ou démolition-reconstruction se sont lancés. Certains ne sont pas encore achevés aujourd’hui5, d’autres de verront jamais le jour1,

1 Cette possibilité ne s’applique que dans les cas où la tour est d’initiative publique et qu’un cahier des charges est

rédigé par la municipalité (et/ou l’aménageur) dans le cadre de l’organisation d’un concours.

2 La municipalité a bien tenté de transformer règlementairement ces 24 recommandations, mais elle s’est heurtée à

de nombreuses difficultés telles que la nécessité des règles de rester opposables au tiers, celle de supprimer les éléments subjectifs, c’est-à-dire le jargon politique, les approximations, etc., ainsi que la nécessité de réussir une traduction réglementaire qui soit applicable à tous les sites concernés (informations recueillies auprès d’un des membres de l’équipe de la Municipalité ayant travaillé sur ce dossier).

3 Porte de Versailles par exemple avec le projet Triangle d’Herzog et De Meuron, Massena-Bruneseau avec le

projet Duo de Jean Nouvel ainsi que le Tribunal de Grande Instance prévu pour Clichy-Batignolle.

4 Avec quelques ralentissements dus aux crises financières et immobilières qui ont touchées le secteur tertiaire

(Brunet, 2010; Didelon, 2010).

5Par exemple la tour Trinity (167 m) prévue pour 2017 et la Rose de Cherbourg (220 m) prévue pour 2018, sont

toutes deux tour de bureaux avec des commerces au pied, d’autres attendent encore le lancement de leur construction; comme le projet Phare (287 m), symbole du renouveau de La Défense, aujourd’hui en attente des levées des recours sur permis de construire, le projet des tours mixtes Hermitage (307 m) lancé en 2008 et prévu initialement pour 2014 puis retardé pour 2019 ou encore la tour de bureaux Alto (160 m), prévue pour 2017.

mais au final c’est environ une dizaine de tours de bureaux qui sont venues compléter le quartier d’affaire2.

De même qu’à la Défense, et à l’opposé de la frilosité parisienne, de nombreux projets ont vu le jour dans les centres d’affaires émergeants aux portes de Paris. Ainsi, par exemple, Issy-les-Moulineaux a décidé d’enrichir son pôle tertiaire lié au cluster Communication et Multimédia en permettant à certaines entreprises d’installer leur siège dans des tours3 (APUR, 2012; Marty, 2006). Boulogne-

Billancourt dans un processus d’aménagement urbain d’une ancienne friche industrielle a aussi favorisé la construction d’une tour de bureaux comme symbole de renouveau4. Saint-Denis et

Aubervilliers ou même Levallois-Perret ont-elles-aussi espéré la construction de grande hauteur comme marqueur d’un territoire en phase de devenir clé pour le secteur tertiaire, mais aucune d’entre- elles n’a pu voir le jour5.

A Paris, avec la décision politique du milieu des années 2000 de relancer la réflexion sur la hauteur, de nombreux projets ont été engagés dans certains arrondissements périphériques depuis le milieu des années 20006, et ce, malgré la controverses et de nombreuses contestations. Ces oppositions ainsi

qu’un contexte immobilier et financier en mauvaise posture depuis la crise de 2008 freinent cependant la concrétisation de ces projets : tous sont aujourd’hui dans des phases critiques soit de blocage, soit de retard très préjudiciables quant à leur devenir.

Certaines de ces tours ou de ces projets se positionnent comme la concrétisation d’un nouveau type de grande hauteur, nouvelle génération bien différente des tours construites jusqu’alors ; légèrement plus hautes7, elles ne prennent cependant pas part à la course à la hauteur comme c’est le cas de nombreux

autres pays occidentaux ou orientaux. « Les programmes proposés sont parfois complexes mais tous témoignent d’une certaine audace, imbriquant de plus en plus de fonctions tout en rivalisant d’espaces publics ou communs, afin de convaincre les investisseurs et les citoyens de l’attrait qu’ils représentent » (Taillandier, 2009a, p. 225). En plus d’un argumentaire très porté sur le rayonnement international de la capitale, ces nouveaux projets sont aussi présentés, dans les discours des politiques et des architectes, comme des tours mixtes et mieux intégrées dans la ville et soucieuses de l’environnement : en d’autre terme, des constructions plus durables. Cette qualification génère néanmoins de féroces débats entre les partisans et les opposants de ces objets architecturaux si peu communs en France.

Finalement, à Paris comme ailleurs, les tours sont de plus en plus souvent justifiées comme des outils d’intensification des villes déjà denses, le plus souvent dans une optique de durabilité. Ces arguments se répercutent alors sur la conception même des bâtiments dont les objectifs sont de plus en plus souvent la mixité des fonctions urbaine et l’intégration urbaine. On constate alors un passage de la

1 La tour Signal de Jean Nouvel, projet mixte abandonné en 2010, le projet Delalande 300 (306 m) en standby

depuis 2006, le projet de tour Generali (264 m) abandonné en 2011, etc.

2 Par exemple, la tour Granite (184 m) de 2008, la tour First (231 m) rénovation de l’ancienne tour CB 31 a été

livrée en 2011, la tour Eqho (140 m) rénovation de la tour Descartes en 2013 ; la tour de bureaux Majunga (194 m), livrée en 2014 ; la tour de bureaux D2 (171 m), en construction depuis 2011 devrait être livrée en 2014 et proposera une brasserie à son pied ; la tour Carpe Diem (162 m) lancée en 2007 et dont la construction a pris fin en 2013 ; la tour de bureaux Air² (203 m), démolition-reconstruction de l’ancienne tour Aurore devrait voir le jour à la fin de 2017, etc.

3 Par exemple la tour Séquana (100 m), siège de Bouygues Telecom, construite en 2010. 4 Par exemple la Tour Horizons (88 m) construite en 2011 dans la ZAC Seguin.

5 A Saint-Denis, le projet des tours Estrel de 2007, comme à Aubervilliers celui de la Tour du Centre Aquatique,

ou encore les Tours Eollys de Levallois-Perret ont été abandonnés.

6 Le projet Triangle (180m) à la Porte de Versailles, celui du Tribunal de grande instance (180m) dans le quartier

des Batignolles non loin de Porte de Clichy, ou encore le projet des Tours Duo (180 et 115 m) à l’extrême Est de la ZAC Paris Rive Gauche à la limite d’Ivry-sur-Seine

tour monofonctionnelle, à la tour mixte, allant jusqu’au concept de « ville verticale » dont les définitions restent à donner.

3. De la tour à la ville verticale : définitions et concepts

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